mardi 5 février 2019

Perdita Durango.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alex De La Iglesia. 1991. Mexique/Espagne. 2h10. Avec Rosie Perez, Javier Bardem, Harley Cross, Aimee Graham, James Gandolfini, Screamin' Jay Hawkins, Demián Bichir.

Sortie salles Espagne: 31 Octobre 1997

FILMOGRAPHIE: Álex de la Iglesia, de son vrai nom Alejandro de la Iglesia Mendoza, est un réalisateur, scénariste et producteur de film espagnol né le 4 Décembre 1965 à Bilbao (Espagne).
1992: Action mutante, 1996: Le Jour de la bête, 1997: Perdita Durango, 1999: Mort de rire, 2000: Mes Chers Voisins, 2002: 800 Balles, 2004: Le Crime Farpait, 2006: La Chambre du Fils (segment), 2008: Crimes à Oxford, 2010: Balada Triste. 2013: Les Sorcières de Zugarramurdi. 2014 : Messi. 2015 : Mi gran noche. 2017 : Pris au piège. 2017 : Perfectos desconocidos.


Road movie de tous les excès, Perdita Durango se veut le pendant vitriolé de Sailor et Lula si bien que Alex De La Iglesia reprend quelques personnages clefs du chef-d'oeuvre de Lynch sous l'impulsion du couple déjanté Rosie Perez, Javier Bardem. Et si ces derniers s'avèrent parfaitement crédibles en psychopathes vrillés prêchant pour la Santeria (religion originaire de Cuba), l'esprit décalé de leur périple provoque à mi-parcours un certain sentiment de lassitude selon mon jugement de valeur. Faute d'absence de rebondissements d'une intrigue finalement canonique et d'un flagrant manque de dérision (aussi ultra noir soit son humour cartoonesque infructueux) pour désamorcer une extrême violence parfois insupportable (du moins dans la version Uncut). Car sciemment trash, putassier et extrême dans une ambiance carnavalesque digne de Rio, Perdita Durango s'autorise à mon sens un peu trop d'insolence incorrecte pour provoquer et choquer de façon récurrente. A l'instar d'une abjecte séquence pédophile même si intégralement épargnée du hors-champs, ou d'une séquence de viol particulièrement malsaine et déstabilisante (on peut d'ailleurs prêter une petite allusion aux Chiens de Paille de Peckinpah de par la posture équivoque de la victime juvénile).


Pour en revenir au pitch, on nous illustre dans une facture formelle rutilante un couple de braqueurs mexicains décidés à prendre en otage 2 jeunes américains afin de les sacrifier à leur divinité, quand bien même la police et des trafiquants sont à leur trousse. Et pour pimenter leurs pérégrinations littéralement dévergondées, Romeo doit livrer une cargaison de foetus humains pour le compte du mafieux Santo. Comme le prouve cette mission baroque susnommée, Alex De La Iglesia n'y va pas avec le dos de la cuillère pour nous divertir et nous entraîner dans une initiation aux meurtres et au viol à renfort de sexe, de drogue et de violence nonsensique. Cocktail survitaminée de tequila frappée coupée à la sangria, Perdita Durango se veut donc ouvertement bête et méchant, ce qu'il parvient plutôt à mettre en exergue lors de sa première heure plutôt captivante et dégénérée. D'autant plus qu'il n'hésite pas par ailleurs à égratigner avec une louche d'onirisme macabre la religion catholique à travers le thème du sacrifice humain. Mais lorsque les deux couples (otages et antagonistes) se délitent peu à peu pour des enjeux de jalousie et de pouvoir, l'ennui s'y fait un peu ressentir, même si l'action quasi omniprésente perdure à vouloir nous ébranler lors de règlements de compte ultra sanglants qu'engendrent le duo passionnel. D'ailleurs, sont-ils réellement amoureux lors de leurs rapports intimes tant leurs expressions souvent impassibles, détachées, peinent à nous attendrir ? Si bien qu'ils nous provoquent même dégoût, malaise, colère à travers leurs insatiables turpitudes bâties sur une soif d'absolue liberté.


Red hot chilli peppers 
Soufflant le chaud et le froid à travers d'incroyables séquences débridées particulièrement intenses (les hallucinantes séances de Vaudou nous donnent le vertige de par leur réalisme aussi bien horrifique que magnétique !) alors que d'autres situations plus triviales tombent plutôt à plat, Perdita Durango me laisse dans une position médiane. Notamment faute d'absence d'empathie éprouvée pour le duo immoral alors que leur passion amoureuse peu frétillante nous laisse de marbre comme le démontre son dénouement tragique faussement poignant et désespéré. On peut d'ailleurs également pointer du doigt le second-rôle peu attractif du flic empoté traquant inlassablement le couple dans une posture ironique inopérante. Ainsi, il est donc dommage de nous avoir livré un road-movie aussi démanché car si Alex De La Iglesia avait fait preuve de dérision plus explicite et hilarante, et si les personnages peu recommandables avaient été quelque peu attachants (à l'instar de l'équipée sauvage du mythique The Devil's Reject !), on aurait sans doute pu présumer le chef-d'oeuvre du genre. Quoiqu'il en soit, à revoir d'un oeil curieux (et peut-être plus sardonique pour qui apprécie les expériences extrêmes rigides dénuées de toute morale).

*Bruno
2èx

Récompenses:
Mention spéciale, lors du Festival international du film fantastique de Bruxelles en 1998.
Meilleur film et meilleure actrice pour Rosie Perez, lors du Fantafestival en 1998.
Meilleur acteur pour Javier Bardem, lors des Fotogramas de Plata en 1998.
Prix Goya du meilleur maquillage et le la meilleure coiffure pour José Quetglás et Mercedes Guillot en 1998.

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