Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Alice Winocour. 2022. France. 1h45. Avec Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin, Maya Sansa, Amadou Mbow
Sortie salles France: 7 Septembre 2022
FILMOGRAPHIE: Alice Winocour, née à Paris le 13 janvier 1976, est une réalisatrice et scénariste française. 2012 : Augustine. 2015 : Maryland. 2019 : Proxima. 2022 : Revoir Paris.
Revoir Paris et mourir serein.
Il y a des films qu'on attend pas qui emportent tout. Il y a des intuitions qui ne trompent pas quand on est notamment fan d'une actrice aussi forte (de caractère) et talentueuse que Virginie Efira (bon sang, comme j'aimerai lui déclarer à voix ouverte: "je t'aime pour toujours"). Et puis il y a des oeuvres qui sont destinées à nous ébranler sans émotion programmée. Aussi rude, épeurant et grave soit son sujet bateau parfois générateur d'émotions à gros bouillons de la part de cinéastes mal intentionnés. Sauf que de la part d'une réalisatrice aussi lucide que pétrie d'humilité pour aborder scrupuleusement sa thématique d'actualité, Revoir Paris nous bouleverse, nous enivre, nous attendri même, de par son humanisme écorché vif où la retenue demeure pourtant le maître mot afin de ne pas chavirer le navire vers un pathos de mauvais goût. Les victimes d'un attentat (avec une allusion à celui du Bataclan) essayant ici de se reconstruire passée l'agression en se prêtant mutuellement main forte auprès de leurs confidences (entre victimes et psychiatres à l'écoute), quand bien même Mia (Virginie Elfira) s'efforcera de retrouver la mémoire en interrogeant l'entourage meurtri tout en dépistant ensuite celui qui lui offrit la main en guise d'entraide et d'espoir la nuit du drame.
Superbement photographié au sein d'un Paris presque tranquille, avec un travail rigoureux sur l'éclairage (à la limite de la féerie sans s'y complaire), Revoir Paris demeure autant une introspection immersive de rude haleine à travers le cheminement moral de Mia en quête d'exutoire, qu'une balade presque romantique entre une ville en mutabilité et un amant estropié en quête éperdu de main secourable. On peut d'ailleurs aussi prôner le jeu si naturel de Benoit Magimel insufflant une force de caractère plutôt altruiste et décomplexé quant à ses rapports rapprochés avec Mia ballotée entre ses sombres réminiscences, sa culpabilité biaisée faute des accusations d'une mythomane inconsolable, et sa perplexité à se réfugier dans les bras de son amant absent le fameux soir de l'attentat. Ainsi, à travers le jeu extrêmement persuasif des comédiens (sans aucune diction théâtrale, à l'exception d'un petit second-rôle féminin), Revoir Paris s'entoure d'une splendide bande-son envoûtante d'une justesse imparable pour susciter l'émotion contenue alors que son prologue estomaquant de réalisme suggéré joua la carte d'une terreur aussi couarde qu'animale lors d'une séquence imparable intelligemment concise.
Moment de cinéma en apesanteur au gré d'une émotion à la fois fébrile et chétive transie de pudeur, de sagesse et d'humilité (quel exemple de tolérance et d'éducation à travers le personnage de Mia !), Revoir Paris rend hommage aux victimes des attentats, tant auprès des morts sacrifiés que des vivants-morts déambulant tels des fantômes errants dans leur requête d'une seconde naissance. Illuminé de la présence candide de Virginie Elfira en bout de femme égarée en proie au sacre de l'existence, Revoir Paris touche en plein coeur par sa faculté innée à nous immerger dans l'intimité de ces personnages névralgiques au sein d'un climat urbain à la fois épuré, fantasmagorique, feutré, naturaliste. Si bien que l'on en sort autant émerveillé et rassuré que troublé et commotionné.
*Bruno
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