mardi 11 février 2025

Better Man

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Gracey. 2024. U.S.A/Australie/Chine/France/Angleterre. 2h15. Avec Robbie Williams, Jonno Davies, Carter J. Murphy, Steve Pemberton, Alison Steadman, Damon Herriman, Raechelle Banno, Anthony Hayes, Kate Mulvany 

Sortie salles France: 22 Janvier 2025

FILMOGRAPHIEMichael Gracey est un réalisateur et directeur d'effets visuels australien. 2017 The Greatest Showman. 2024: Better Man. 

"Je me suis toujours senti moins évolué que les autres"

Si la première heure me fit craindre un sympathique biopic musical en bonne et due forme, avec 2/3 chorégraphies époustouflantes, l'heure dix suivante m'a tellement pris par surprise que j'ai été pris d'un malaise dépressif, d'une certaine asphyxie lorsque Robbie Williams, grimé en singe durant toute la durée du métrage pour mieux se railler de sa posture de trublion provocateur, sombre dans une déliquescence morale à la fois suicidaire, mortifère, autodestructrice. 

Car se livrant à nu face caméra comme jamais au préalable, il nous confie à coeur ouvert ses états d'âme névrotiques, borderline, paranos. Son manque de confiance, son mal-être existentiel suite à la pressurisation de la célébrité la plus pailletée (euphémisme comme qui diraient les Beatles ou Oasis).  Un être torturé empli de noirceur, entre psychose et paranoïa également.

Toxicomane et alcoolique afin d'y pallier l'épuisement physique et moral d'une adulation trop lourde à porter, livré à l'isolement le plus glauque à travers son absence d'amour conjugal et amical qu'il génère fatalement lors de sa chute, notamment faute d'une démission paternelle qu'il pardonnera sans l'ombre d'une rancune lors d'un final d'adieux mémorables, Robbie Williams ne cesse de nous hurler (avec parfois même un silence assourdissant) sa souffrance primale avec une intégrité bouleversante. 

Pris d'un silence étouffé lors du score musical teinté de fragilité, on en sort (fra)cassé, troublé, dérangé, démuni, inconsolable à terme en proclamant que la célébrité est un cadeau empoisonné qu'on ne souhaiterait même pas dédier à son pire ennemi. 

Un biopic intime bien à part donc dont je n'aurai jamais imaginé la portée existentielle et spirituelle (Robbie est très catholique) de la star médiatique hantée ET habité par ses furibonds démons avant de relever ses manches pour accéder à la rédemption en compagnie des anges. Comme le symbolise tendrement sa grand-mère porteuse d'espoir et d'optimisme.

Quant à son échec commercial qu'il essuie actuellement, je le comprends aisément. 
Tant pour le parti-pris simiesque (potentiellement ou carrément déstabilisant) que pour sa rupture de ton à mi-parcours puisqu'elle fait appel à une acuité dramatique aussi (lourdement) opaque que vertigineuse.


*Bruno
Vost

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