vendredi 14 février 2025

L'Amour ouf

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gilles Lellouche. 2024. France/Belgique. 2h40. Avec Adèle Exarchopoulos, François Civil, Mallory Wanecque, Malik Frikah, Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi, Élodie Bouchez, Karim Leklou, Raphaël Quenard, Anthony Bajon, Nicolas Wanczycki, Andranic Manet, Liv Del Estal, Guillaume Mélanie, Syrus Shahidi, Affif Ben Badra.

Sortie salles France: 16 Octobre 2024 (tous publics avec avertissement)

FILMOGRAPHIEGilles Lellouche, né le 5 juillet 1972 à Savigny-sur-Orge, est un acteur, scénariste et réalisateur français. 2004 : Narco. 2012 : Les Infidèles (segment Las Vegas). 2018 : Le Grand Bain. 2024 : L'Amour ouf. 

"l'Amour plus fort que la haine".

Quel spectacle, ces 2h32 durant ! Un feu d’artifice d’émotions éclectiques. Que dis-je : un vortex d’émotions pures et candides, irradiant le parcours criminel d’un jeune délinquant (Malik Frikah, LA révélation !) frappé par Cupidon — incarné par Mallory Wanecque (quelle fraîcheur innocente !) et Adèle Exarchopoulos (force de caractère et fragilité à fleur de peau en parts égales) — dans une temporalité à la fois diurne, nostalgique, mélancolique.

Car Dieu sait si Gilles Lellouche, habité par son projet de longue haleine (plus de dix ans d’endurance), est un nostalgique pur et dur, à nous faire revivre avec une attention maniaque les années 80 et 90 : jusque dans le moindre détail matériel, ornemental, industriel, musical — avec, en tête de peloton, un tube inoubliable de The Cure. Une fresque lyrique, désenchantée, passionnelle, dédiée à ses parents, selon ses propres mots.

Techniquement ébouriffant (chaque plan alambiqué, ou presque, est une leçon de mise en scène), L’Amour Ouf nous en met plein les mirettes, faisant vibrer et côtoyer ses personnages utopistes avec une intensité dramatique aussi capiteuse que galvanisante.

Romance, drame, action, jukebox, pincées d’humour se chevauchent dans deux actes distincts que Gilles Lellouche orchestre avec un sens du rythme électrisant. Et si l’on peut préférer la jeunesse du couple Clotaire / Jackie du premier acte — d’une émotion solaire, épurée, onirique —, leur passion amoureuse ne tarde pas à se voir nécrosée par une violence criminelle.

La seconde partie, admirablement contée mais plus sombre, est transcendée par les solides prestances de François Civil (viril, magnétique) et d’Adèle Exarchopoulos, à nouveau bouleversante en jeune femme paumée, jamais remise de son échec sentimental. Un segment plus latent, levant le voile sur la véritable nature de leurs sentiments, passée une longue séparation. L’action y redouble d’intensité, entre vendetta et altercations impeccablement chorégraphiées, mais heureusement rééquilibrée par une éthique volatile, potentiellement rédemptrice.

Gilles Lellouche, transi d’amour pour le cinéma et pour ses acteurs, y déclare sa flamme avec une générosité, une soif de création, une intégrité qui forcent le respect. On pourrait disserter sur les compositions saillantes de Benoît Poelvoorde, parrain d’abord respectable puis sclérosé, ou d’Alain Chabat en papa débonnaire, semi-démissionnaire. Mais leur notoriété s’efface naturellement derrière leur vibrante sincérité à incarner ces figures blessées, à la fois autoritaires et désolantes.

Et pour clore de la manière la plus noble : je voue une admiration sans borne à la petite force de caractère de Mallory Wanecque (native de ma région, qui plus est !) qui illumine l’écran d’une fraîcheur émoustillante. Elle rappelle, par son franc-parler décomplexé, les prémices d’une Béatrice Dalle provocante : une sorte de Lolita caractérielle, d’une infinie tendresse éternelle pour sa mauvaise fréquentation impétueuse qu’elle tentera d’assainir, tant bien que mal.

Quant au néophyte Malik Frikah (quatrième apparition au cinéma), je lui tire mon chapeau. Il m’a rappelé, au creux de mon inconscient, la légende Alain Delon, voire même James Dean — par son naturel tranquille, son aisance innée devant la caméra, sa spontanéité jamais outrée. Son charisme de beau gosse en devenir, son regard bleu subtilement métallique et magnétique, sa puissance en herbe à se fondre dans le corps d’un dur à cuire avec une persuasion héroïque, aussi intrépide que fragile.

Toute ma grâce, Monsieur Lellouche, de m’avoir servi sur un plateau d’airain cet arc-en-ciel pailleté — nullement gratuit, encore moins racoleur — dédié à la puissance de l’amour, capable d’escamoter une guerre de gangs tristement actuelle. Dans une région nordiste minée entre mélancolie et nostalgie, L’Amour Ouf ravive cette liberté de ton et d’expression aujourd’hui révolues.

*Bruno


Box Office au 11 Février 025: 4 929 906 entrées

Budget : 35,7 millions d'euros  (plus gros budget d'un film français de Studiocanal, et film le plus cher de l'année 2024 derrière Le comte de Monte Cristo - 42.9 Millions d'euros - ). 

Le tournage de 18 semaines a lieu principalement dans ma région des Hauts-de-France, notamment à Villeneuve-d'Ascq, Lille, Dunkerque, Douai, Valenciennes, Cambrai, Avesnes-sur-Helpe, Calais, Saint-Omer, Béthune, Lens, Arras, Boulogne-sur-Mer, Montreuil-sur-Mer et Roubaix.
Des scènes sont également tournées dans le tunnel de la N58 (dite Route Express) à Mouscron en Belgique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire