de Robert Mulligan. 1972. U.S.A. 1h40. Avec Uta Hagen, Diana Muldaur, Chris Udvanoky, Martin Udvanoky, Norma Connolly, Victor French, Loretta Leversee, Lou Frizzell.
Sortie salles U.S: 23 Mai 1972. France: 20 Décembre 1972
FILMOGRAPHIE: Robert Mulligan est un réalisateur américain, né le 23 Août 1925 à New-York, décédé le 20 Décembre 2008 à Lyme, Connecticut. 1957: Prisonnier de la peur. 1960: Les pièges de Broadway. 1961: Le Rendez-vous de Septembre. 1961: Le Roi des Imposteurs. 1962: l'Homme de Bornéo. 1962: Du Silence et des Ombres. 1963: Une Certaine Rencontre. 1964: Le Sillage de la Violence. 1965: Daisy Clover. 1967: Escalier Interdit. 1969: l'Homme Sauvage. 1971: Un Eté 42. 1971: The Pursuit of Happiness. 1972: l'Autre. 1974: Nickel Ride. 1978: Les Chaines du sang. 1978: Même heure l'année prochaine. 1982: Kiss me Goodbye. 1988: Le Secret de Clara. 1991: Un Eté en Louisiane.
Car derrière cette lumière d'été faussement sereine, c’est un drame familial en décomposition que nous explorons. Une dynastie ravagée par une série de morts tragiques, et au cœur du chaos : Niles, enfant candide broyé par le deuil de son père et de son jumeau. Terrifié à l’idée de mourir, effrayé par sa solitude, il s’accroche à l’illusion qu’Holand est toujours là. L’esprit malicieux — ou maléfique ? — du frère défunt finit par contaminer Niles, l’entraînant dans une spirale schizophrène où les frontières entre réel et imaginaire se désagrègent.
L’intrigue prend racine dans une relation clé : celle qu’il entretient avec sa grand-mère, Ada. Pour l’aider à traverser l’épreuve du deuil, elle lui enseigne un étrange jeu mental — une projection sensorielle dans l’esprit d’un autre. Mais ce jeu d’apparence inoffensive devient un piège. En se fondant dans l’illusion, Niles ouvre une brèche d’où surgit la chair spectrale de son double. Et, peu à peu, bascule.
Le drame devient alors insoutenable. Parce qu’il touche à ce que l’enfance a de plus vulnérable. Sous sa pudeur narrative, le film insuffle une horreur feutrée, presque indicible, rythmée par les tourments d’un enfant en dérive et les silences d’une grand-mère impuissante. Ajoutez à cela une mère veuve, murée dans une mélancolie mutique, incapable d’absorber la disparition de ses fils. Et l’atmosphère s’épaissit jusqu’à l’étouffement.
Jusqu’à ce point d’orgue, cette révélation atroce, innommable, qui scelle le destin de tous. Cette image terminale, aussi glaciale que définitive, nous laisse exsangue. Deux questions alors, suspendues dans le néant : Niles était-il réellement possédé par l’âme d’Holand ? Ou bien le "jeu" d’Ada, combiné à la cruauté du monde, n’a-t-il fait que réveiller une folie latente ?
L’Autre, film inoxydable, continue de hanter — et d’ensorceler — ceux qui osent y plonger.
*Bruno28.11.12
L'avis de Mathias Chaput: http://horrordetox.blogspot.fr/2012/11/the-other-de-robert-mulligan-1972.html
Très peu prolixe dans le cinéma d'outre Atlantique, Robert Mulligan signe avec "The Other" un véritable chef d'oeuvre du cinéma fantastique contemporain...
Un scénario d'une originalité totale, sans redondances ni esbroufes...
Aucun effet gore n'est à déplorer dans le métrage !
Un climat malsain s'intègre parfaitement prenant le contre-pied de l'environnement et de l'innocence des protagonistes qui y végètent, en l'occurrence de simples et frêles pré adolescents qui ne demandent qu'à vivre et aimer la vie !
L'astuce de Mulligan consiste à faire virer crescendo son intrigue avec une révélation imparable et glaçante au bout d'une heure de projection !
Puis il fait tout partir en live pendant la dernière demie heure !
Dans la lignée de "Psychose" réalisé douze ans avant, voire même un petit côté "Carnival of souls" mais se démarquant par une mise en scène affûtée aux limites de l'onirisme, matinée de la plus grande schizophrénie pour le personnage principal !
"The other" est un film culotté et carrément révolutionnaire qui fera date dans le genre !
Avec des séquences sorties de nulle part, notamment cette virée dans une fête foraine avec les "monstres", ou ce plan aérien où Nels s'imagine être un corbeau survolant le village !
Mulligan ne recule devant aucun stratagème pour augmenter la terreur chez le spectateur, jusqu'à un final apocalyptique à la fois immoral et sans "happy end" !
Très bien joué et excellemment mis en scène, "The other" est à marquer d'une pierre blanche, film rare et précieux, il se doit d'être vu par tout cinéphile fantasticophile !
Note : 10/10 (pour l'originalité du scénario et l'intelligence du traitement de ce dernier)