mardi 3 juin 2025

Manhunt / Rovdyr. 2008. 1h18. Norvège. Avec Henriette Bruusgaard, Jørn Bjørn Fuller Gee, Lasse Valdal.

                             (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site senscritique. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

"Brûlure norvégienne".
Révision d’un survival des bois auquel je gardais un bon souvenir.
Et quelle surprise, en l’état, de l’avoir encore mieux apprécié aujourd’hui, tant l’implication porte ses fruits à suivre les vicissitudes d’une poignée de jeunes touristes harcelés par des rednecks psychotiques, assoiffés de haine, de vice et de violence.

En rendant un hommage appuyé aux bobines insalubres des seventies, Patrik Syversen s’y entend pour nous entraîner sur les pentes d’une impitoyable chasse à l’homme, au goût de soufre, de mort, de carcasses broyées — tant son réalisme cru évoque les exactions cinématographiques les plus poisseuses auxquelles il se réfère.

Cerise nostalgique : il suffit de contempler son générique liminaire, baigné d’insouciance estivale, de bonheur à vivre l’instant présent, bercé par une reprise suave de La Dernière Maison sur la Gauche, chantée par David Hess. Un générique touchant, presque candide, avant la plongée dans l’horreur.
Alors bien sûr, on n’échappe pas à quelques clichés qui font parfois tâche, ni à certaines facilités un brin improbables — et la maladresse de certains comédiens laisse à désirer, tant lors d'accalmies que dans les scènes les plus tendues. Le scénario, balisé, nous livre le strict minimum à travers l’éternel air connu du survival forestier : jeu du chat et de la souris, mené tambour battant (1h16 au compteur, autant dire qu’on ne voit pas venir le générique de fin).


Mais aussi perfectible soit-il, Manhunt emporte largement l’adhésion grâce à son intégrité, son attention, son goût pour un cinéma horrifique révolu que Patrik Syversen conçoit avec punch, motivation, désir de nous ébranler à coups de violence brute, sèche, sans jamais verser dans la complaisance. Le film fait peur, il terrifie, car on croit à la dangerosité d’une menace souvent invisible ; on croit à ses personnages — victimes épeurées ou bourreaux orgueilleux — galvanisés par une tension permanente, plutôt bien maîtrisée. Si bien qu’on se laisse embarquer par la main, avec une appréhension à la fois jouissive et malaisante. Les comédiens étant d'autant plus méconnus, l'identification n'en n'est que fructueuse. 

C’est cette contradiction des sentiments qui permet à Manhunt de s’imprimer dans la mémoire : série B méchamment efficace, sans pitié, bougrement viscérale et artisanale, notamment grâce à ses maquillages charnels, criants de crudité — le sang y est noir. Gratitude Patrick pour ton amour royal aux Seventies 💓

*Bruno
2èx. Vost

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