jeudi 5 juin 2025

Dernière Limite / Deep Cover de Bill Duke. 1992. U.S.A. 1h47. Avec Laurence Fishburne, Jeff Goldblum, Charles Martin Smith.

                                   (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site senscritique. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

"Dernière Limite : Beauté du crime".
Troisième révision d’une référence du polar urbain des années 90, Dernière Limite semble probablement influencé par son aîné The King of New York, sorti deux ans plus tôt.

On y retrouve, toutes proportions gardées, cette même puissance formelle fascinatoire, ce sens du style qui irrigue les moindres pores de l’image, cette fascination pour la drogue et les armes, cette flamboyance sépulcrale imprimée aux charismes troubles de figures peu recommandables, engluées dans un univers de corruption aussi altier que décomplexé. Laurence Fishburne y campe un protagoniste anti-manichéen avec une aisance tranquille, bientôt rattrapée par la gravité de son évolution morale, asservie par les rouages d’un entourage mafieux. Une organisation du crime finement hiérarchisée, jusqu’aux plus hautes strates de l’autorité.

John Hull (Laurence Fishburne) flic novice, accepte in extremis d’infiltrer ce réseau de trafiquants pour le compte de la DEA, afin d’enrayer leur expansion programmée, vorace, sur un territoire rongé par l’argent facile, la toxicomanie et la prostitution. 
On connaît la musique, et Bill Duke excelle à nous plonger à corps perdu dans ce tourbillon de confrontations viriles, où l’autorité et le pouvoir se disputent dans une arrogance crasse, une lâcheté tapie, putassière.


Traversé d’éclairs de violence âpres sur fond de rap autonome, entrecoupé d’accalmies romantiques rythmées par la partition électrisante de Michel Colombier (compositeur français), Dernière Limite nous absorbe dans une odyssée criminelle crépusculaire. Sa cinématographie — sensuelle, charnelle, viscéralement émotive — est d’une inspiration rare, que Bill Duke transfigure avec un art consommé, frôlant la perfection. Sa dramaturgie, vénéneuse, hypnotique, presque toxique, dégage une atmosphère irréelle, peuplée de figures si imbus d’elles-mêmes qu’elles ne discernent plus le Bien du Mal, perdues dans une moralité nécrosée.

Bijou oublié des années 90, Dernière Limite (Deep Cover) mérite d’être redécouvert d’urgence, pour sa capacité alchimique à nous hypnotiser les sens, en nous familiarisant à cette confrérie mafieuse aussi séduisante que reptilienne, affranchie de toute morale, affamée de pouvoir. Jusqu'au point de non retour.

P.S: Evitez comme la peste sa VF hérétique.

*Bruno
05.06.25. Vost.

Sortie salles France: 7 Avril 1993. U.S: 15 Avril 1992

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