de Eli Roth. 2007. U.S.A. 1h35. Avec Lauren German, Bijou Philips, Heather Matarazzo, Jay Hernandez, Roger Bart, Vera Jordanova.
Sortie salles France: 11 Juillet 2007. U.S: 8 Juin 2007
FILMOGRAPHIE: Eli Roth est un réalisateur américain, né le 18 Avril 1972 à Boston.
2002: Cabin Fever. 2006: Hostel. 2007: Thanksgiving (faux trailer). 2007: Hostel 2. 2009: Nation's Pride - Stolz der Nation (trailer). 2013: The Green Inferno.
Alors que l'un s'excite à l'idée de commettre ses horribles méfaits sur une jolie étudiante, l'autre semble beaucoup plus distant et timoré à oser braver l'interdit. C'est dans la caractérisation de ces antagonistes maladifs, deux pères de familles aisés qu'Eli Roth prend soin de nous développer leur divergence morale. Roger Bart (découvert dans la série Desperate Housewives) insufflant une complexité psychologique dans son esprit introverti et refoulé, faute d'une mégère asexuelle, mais néanmoins rattrapé par ses pulsions misogynes. En père de famille contrairement serein et plein d'aplomb, Richard Burgi (également issu de la même série TV !) lui partage la vedette avec un cynisme pervers autrement assumé. La densité névrotique qu'ils véhiculent spontanément s'avère donc l'atout capital pour l'entreprise de ce second chapitre. Quand aux trois jeunes étudiantes, consécutivement endossées par Lauren German, Bijou Phillips et Heather Matarazzo, elles réussissent à nous retransmettre leur douleur morale et leur affres de la mort avec une fragilité féminine beaucoup plus empathique que nos machistes lubriques du précédant opus. En manipulatrice aguicheuse oh combien insidieuse, la sublime et longiligne Vera Jordanova impose l'antinomie d'une prédatrice vénale sous son regard noisette de louve mesquine.
Emaillé de séquences chocs douloureuses et radicales (le supplice du bain de sang inspiré par la comtesse Elisabeth Bathory est une scène d'anthologie à marquer d'une pierre blanche), non exempt d'humour potache vers son dernier quart d'heure festif (le dîner anthropophage que Ruggero Deodato pratique en autodérision, la partie de foot des orphelins avec une tête décapitée, l'émasculation risible), Hostel 2 bénéficie d'un savoir-faire infaillible auprès de son efficacité métronome culminant à l'horreur hardcore aussi incisive que dérangeante. Son constat social sur la cupidité démontrant aussi avec ironie mordante à quel point l'argent, la richesse, le pouvoir peuvent conditionner les bas instincts des fortunés les plus dépravés. Une séquelle supérieure à son modèle donc, techniquement mieux maîtrisée, formellement rutilante (avec un sens du détail constamment stylisé !), si bien que l'effet de surprise est (miraculeusement) renouvelé de par la densité psychologique des antagonistes et des victimes soumises s'efforçant de s'extirper de l'atrocité avec une force d'expression à la fois démunie et hystérisée. A ne pas rater, en le priorisant toutefois à un public aguerri (il est d'ailleurs interdit aux - de 16 ans).
La Chronique de Hostel: http://brunomatei.blogspot.fr/2016/01/hostel.html
*Bruno Matéï
19.09.13.
23.04.22. 3èx