"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
mardi 13 octobre 2015
Terre Brûlée / No Blade of Grass
lundi 12 octobre 2015
La Morsure / The Bite
"Curse 2: The Bite" de Frederico Prosperi. 1989. Italie/U.S.A/Japon. 1h38. Avec Jill Schoelen, J. Eddie Peck, Jamie Farr, Savina Gersak, Marianne Muellerleile.
FILMOGRAPHIE: Frederico Prosperi est un réalisateur, scénariste et producteur italien.
Petite série B sans prétention bien connue des rats des vidéos-clubs des années 80, La Morsure est une co-production italo-américano-japonaise, l'unique réalisation de Frederico Prosperi (à ne pas confondre avec Franco Prosperi, réalisateur de Les Bêtes Féroces attaquent). S'inspirant de la Mouche sorti 3 ans au préalable, ce film d'exploitation particulièrement maladroit dans sa réalisation, ses situations aussi foutraques qu'improbables et le développement stérile des personnages puise l'essentiel de son intérêt dans la qualité des FX confectionnés par l'artisan Screaming Mad George et par son accumulation (immodérée) de péripéties complètement hallucinées. Le maître des maquillages s'en donnant à coeur joie pour insister sur les détails crapoteux d'une métamorphose imbitable rongée par la nécrose. Linéaire, le scénario se focalise sur la lente dégradation physique (et parfois morale pour ses actes de violence incontrôlée) d'un jeune touriste depuis sa morsure à la main d'un reptile d'origine inconnue.
Alors que le médecin part à sa recherche, faute de lui avoir inoculé le le mauvais antidote, sa compagne tente désespérément de le rejoindre depuis son arrestation policière. Une intrigue sommaire que le cinéaste illustre avec beaucoup de naïveté, de par l'attitude puérile des personnages (la VF proprement horripilante rajoutant dans le ridicule des situations), des incohérences parfois compromises par les ellipses et d'une gestion narrative malhabile (Frederico Prosperi ne sachant absolument pas structurer son histoire, aussi futile soit-elle !). Si l'improbabilité du concept peut prêter à rire (un serpent se met à germer dans le bras de la victime avant de proliférer de l'intérieur de son corps), la résultante émétique à l'écran nous provoque une fascination malsaine au fil d'une progression dramatique en crescendo. De par l'efficacité de l'imagerie crapoteuse ne lésinant pas sur les détails infectieux, le climat méphitique qui y règne préserve constamment notre attention, notamment par le biais intermittent de dérives gores à l'italienne. Et si la relation désoeuvrée des amants tombe à plat, faute d'une caractérisation dénuée d'intensité, on se prend néanmoins d'une futile compassion pour eux. En priorité pour la victime sévèrement martyrisée par sa condition reptilienne, d'autant plus contrainte de s'exiler depuis l'injustice de son emprise meurtrière et de l'impuissance de l'entourage.
Bourré de défauts, de maladresses, de dialogues et tronches à la fois affligeants et risibles, La Morsure s'extirpe pourtant miraculeusement de la médiocrité grâce à son climat fétide irrésistiblement fascinant, son charme bisseux et la facture tantôt homérique, tantôt cradingue des séquences-chocs et métamorphoses protéiformes. Un spectacle totalement débridé donc au goût de souffre palpable si bien que la génération 80 parviendra à nouveau à s'extasier auprès de ce concept aussi vrillé que jouissif.
Dédicace à Cédric Pichard
*Bruno
17.02.23. 4èx
vendredi 9 octobre 2015
LA DAME ROUGE TUA 7 FOIS
jeudi 8 octobre 2015
Moi, Christiane F., 13 ans, droguée et prostituée... / Christiane F. - Wir Kinder vom Bahnhof Zoo
(Nous, les enfants de la gare du Zoo) de Uli Edel. 1981. Allemagne. 2h10. Avec Natja Brunckhorst, Thomas Haustein, Jens Kuphal, Rainer Woelk, Jan Georg Effler, Christiane Reichelt, Daniela Jaeger.
Sortie salles France: 24 Juillet 1981 (Interdit aux - de 13 ans). Allemagne: 2 Avril 1981.
FILMOGRAPHIE: Uli Edel est un réalisateur, producteur et monteur allemand, né le 11 Avril 1947 à Neuenburg am Rhein (Allemagne). 1971: Der Kleine Soldat. 1976: Die Erzählungen Bjelkins (télé-film). 1977: Der Harte Handel (télé-film). 1978: Das Ding: (série TV). 1981: Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée. 1984: Eine Art von Zorn (télé-film). 1987: Waldhaus (série TV). 1989: Dernière sortie pour Brooklyn. 1993: Body. 1994: Confessions d'une rebelle (télé-film). 1995: Mike Tyson, l'histoire de sa vie (télé-film). 1996: Raspoutine (télé-film). 1999: La Ville des Légendes de l'Ouest (télé-film). 2000: Le Petit Vampire. 2001: Les Brumes d'Avalon (télé-film). 2002: King of Texas (télé-film). 2002: Jules César (télé-film). 2003: Evil Never Dies (télé-film). 2004: L'Anneau Sacré (télé-film). 2008: La Bande à Baader. 2010: Zeiten Andern Dich.
« D'la pisse et d'la merde, partout ! Y'a qu'à r'garder ! Qu'est-ce que ça peut faire, que de loin tout ait l'air neuf et de grand standing, avec des blouses vertes, des supermarchés !
Ce qui pue l'plus à l'intérieur, c'est les cages d'escalier. Les enfants, qu'est-ce qu'ils peuvent faire quand ils jouent dehors et qu'ils ont envie d'pisser ? Le temps qu'l'ascenseur grimpe au 11ᵉ ou au 12ᵉ, ils ont fait dans leur culotte et s'en ramassent une. Autant le faire dans la cage d'escalier.
Et j'habite là depuis qu'j'ai six ans, avec ma mère, ma sœur et mes chats. Et j'en ai ras l'bol !
En ville, y a des affiches partout. Le Sound, la discothèque la plus moderne d'Europe. C'est là qu'je veux aller... »
À mon frère de cœur Pascal, disparu en décembre 93, et à tous ceux qui n’ont pas eu la chance de s’en sortir.
* Bruno(4èx)
"Christiane F. : une sœur perdue sous la came"
Comme le film, je n’ai jamais rien lu de plus fort sur la toxicomanie, la déchéance et le suicide. À travers cette jeunesse sacrifiée, souillée par la came, l’entourage et la SOCIÉTÉ, on comprend qu’un toxicomane est l’esclave de sa pathologie, abandonné à lui-même, et qu’il n’a rien à faire derrière des barreaux.
Plongé corps et âme pendant deux semaines dans l’esprit de Christiane (une quinzaine d’heures de lecture à tout casser), j’ai la troublante impression d’avoir connu mon double. Même passé balafré, mêmes amitiés fangeuses, même décomposition du corps, même impuissance morale. Par ses confidences à vif, ses états d’âme jetés comme des cailloux dans le vide, j’ai senti sa rage de survie, son désespoir à vouloir extirper le démon niché sous sa peau. Son calvaire, c’est Sisyphe shooté au poison blanc.
Inévitablement bouleversant, cruel, d’une âpreté insupportable, le chemin de croix de Christiane s’enracine aussi dans une histoire d’amour maudite — sa passion incurable pour Djev — et se clôt sur l’interrogation insoutenable d’une rédemption possible.
Un témoignage viscéral, sensitif, d’une humanité mise à nu, qu’on devrait placer entre toutes les mains, sur tous les pupitres. Christiane s’infiltre dans notre corps, notre cœur, notre esprit, avec une lucidité sauvage, une vérité sans fard, une audace de vivante. Inoubliable.
Biographie: Qu'est-il arrivé à Christiane F ?: http://brunomatei.blogspot.com/2011/03/quest-til-arrive-christiane-f.html
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Natja Brunckhorst |
À 14 ans, elle est remarquée par le réalisateur Uli Edel qui la choisit pour le rôle de Christiane Felscherinow. Le tournage dure d'août à novembre 1980. Son interprétation y fut saluée tant par la critique que par le public.
Le tapage médiatique autour de sa personne, à la suite du grand succès du film, la prend par surprise. Pour échapper à la pression, elle se rend en Angleterre, où elle poursuit ses études jusqu'en 1986. Elle séjourne ensuite à Paris.
En 1987, Natja Brunckhorst retourne en Allemagne, où elle suit des études d'actrice à la Schauspielschule Bochum. Elle en sort diplômée en 1991. Pendant ce temps, elle tourne d'autres films, relativement inconnus (comme Enfants de pierre ou Babylone). Sa carrière s'interrompt vers 1993/94, alors qu'elle se bat contre un cancer, dont elle guérit.
En 1998, elle écrit pour la première fois un scénario, celui de la série télévisée Einsatz Hamburg Süd. Elle poursuit pendant 26 épisodes. En 2000, Natja Brunckhort apparaît aux côtés de Franka Potente et Benno Fürmann dans le film La Princesse et le Guerrier. Depuis 2002, elle est également apparue dans 105 épisodes de la série Dr. Sommerfeld - Neues vom Bülowbogen.
Natja Brunckhorst vit à Munich avec sa fille Emma, née en 1991 d'une relation avec l'acteur Dominic Raacke qui dura de 1988 à 1993.
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L'avis de Mathias Chaput:
Ouch !
"Moi Christiane F." est un film très dur, presque atroce !
Plongée radicale et sans compromis dans le quotidien de toxicos, dans un Berlin gangrèné par la misère et la délinquance, vision très réaliste d'un contexte social en plein délitement, le métrage prend bien aux tripes !
Au début pour nous mettre directement dans l'atmosphère, le cinéma où va Christiane projette "Night of the living dead" de Romero !
Référence glauque et ambiance morbide qui seront inhérentes tout le long !
ça vomit partout, même des giclées intenses sur les murs, ça se pique dans les chiottes et la prostitution y est montrée ultra crûment !
rien ne nous est épargné, ni les urophiles, ni les scatophiles ou les sadomasochistes, Edel prend le parti de ne rien cacher !
On a l'impression que Christiane est atteinte du mythe de Sisyphe, à chaque fois qu'elle monte la pente, quelque chose la fait de nouveau dégringoler et basculer en arrière !
Nombre de fois elle essaiera de stopper l'héroïne pour replonger régulièrement !
Edel ne lésine pas sur les effets chocs et le film multiplie les gros plans de seringues plantées dans le bras (donc attention aux personnes sensibles ! personnellement il m'est souvent arrivé de tourner le regard sur certains moments que je jugeais profondément insupportables et indisposants !)...
La bienséance en prend un coup mais n'empêche pas le film d'être de qualité !
Interprétation soignée, réalisme abrupt, décors parfaitement appropriés et dynamisme dans la réalisation, "Moi Christiane F." tient bien en haleine et s'avère passionnant !
Un témoignage du désoeuvrement d'une certaine jeunesse, indispensable pour comprendre les mécanismes de la toxicomanie et les motivations "qui font que ..."
Inoubliable !
Note : 8.5/10
mercredi 7 octobre 2015
VICE-VERSA
"Inside Out" de Pete Docter et Ronnie del Carmen. 2015. 1h34. Avec les voix de Amy Poehler, Lewis Black, Mindy Kaling, Bill Hader, Phyllis Smithn Kaitlyn Dias.
Sortie salles France: 17 Juin 2015. U.S: 19 Juin 2015
FILMOGRAPHIE: Pete Docter est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 9 Octobre 1968 à Bloomington (Minnesota).
1988: Winter. 1989: Palm Springs. 1990: Next Door. 2001: Monsters and Cie. 2002: La Nouvelle voiture de Bob. 2009: Là-haut. 2915: Vice Versa.
Ronnie del Carmen est un dessinateur de bande dessinée et animateur américano-philippin, né le 31 Décembre 1959 aux Philippines.
1995-1996: Freakazoïd ! (2 épisodes). 2009: Doug en mission spéciale. 2015: Vice Versa.
Véritable odyssée humaine en interne du cerveau d'une fillette de 12 ans où chacune de ses émotions est symbolisée par des personnages fantasques, Vice Versa est un enchantement visuel de tous les instants, un hymne à l'optimisme du point de vue rebelle d'une adolescente en perdition. Car depuis que Joie et Tristesse ont été exclues par inadvertance de son quartier cérébral, Dégoût, Colère et Peur insufflent communément l'impression de la morosité afin d'inciter Riley à fuguer depuis que ses parents ont emménagé à San Francisco. Livrée à la solitude, le désespoir (notamment son échec sportif au Hockey) et la désillusion depuis l'absence de ces anciens camarades de classe, elle tente de rejoindre sa ville natale après avoir osé frauder ses parents.
Initiation à la sagesse et à la probité pour le parcours introspectif d'une fillette gagnée par ses sentiments pessimistes de peur, d'isolement et de tristesse, Vice Versa prouve avec une invention poétique fulgurante à quel point la fragilité de nos émotions influe sur notre comportement pour chambouler notre destin journalier. Totalement immersif, de par les stratégies épiques que les émotions de Riley tentent de véhiculer afin de l'accéder à l'optimisme, Vice Versa double l'aventure du point de vue interne de Joie et de tristesse, quand bien même Riley est illustrée sous l'angle externe parmi sa dépression du dépit. Par son cheminement psychologique en désarroi d'une nouvelle existence blafarde (l'état inconnu de San Francisco), Riley va notamment apprendre à mesurer la tristesse d'un point de vue autrement optimiste (passons par la souffrance pour accéder au bonheur !) lorsque la culpabilité lui permettra d'affronter ses remords avec soulagement. A travers cette passionnante réflexion sur la gestion de nos émotions afin de matérialiser la persévérance, la confiance en soi et le bonheur, Vice Versa s'édifie en puzzle psychanalytique par le biais d'une trépidante course contre la montre pour déjouer le défaitisme. On peut également souligner le bénéfice salvateur des rêves et de nos souvenirs, nos instants fructueux du passé permettant au cerveau d'y préserver les instants du bonheur afin d'y consolider un moral plus coriace.
L'Aventure Intérieure
Immodérément inventif parmi sa flamboyance d'un onirisme expérimental et immersif en diable au point de bouleverser nos émotions parmi la fragilité d'une adolescente en phase d'apprentissage, Vice Versa est également transcendé par la bonhomie altruiste de ses émotions contradictoires que Joie, Tristesse, Dégoût, Colère et Peur matérialisent ici avec tempérament en émoi. Un chef d'oeuvre d'émotions contradictoires, une aventure humaine pleine de lyrisme où la drôlerie irrésistible se télescope avec une poésie bouleversante.
Bruno Matéï
mardi 6 octobre 2015
COOTIES
de Jonathan Milott et Cary Murnion. 2014. U.S.A. 1h28. Avec Elijah Wood, Rainn Wilson, Alison Pill, Jack McBrayer, Leigh Whannell, Nasim Pedrad, Ian Brennan.
Sortie salles U.S: 18 Septembre 2015
En résulte une série B de comptoir aux airs de déjà vu, une déception inconsolable malgré l'ambition louable des auteurs à daigner déroger les lois de la révérence par une violence cartoonesque trop hésitante et l'originalité d'un point de départ dénué d'audaces et de surprises (ou alors très peu !) .
lundi 5 octobre 2015
MEN IN BLACK 3
"MIB 3" de Barry Sonnenfeld. 2012. U.S.A. 1h46. Avec Will Smith, Tommy Lee Jones, Josh Brolin, Jemaine Clement, Emma Thompson, Michael Stuhlbarg, Alice Eve, Nicole Scherzinger.
Sortie salles France: 23 Mai 2012. U.S: 25 Mai 2012
FILMOGRAPHIE: Barry Sonnenfeld est un réalisateur américain, acteur, producteur et directeur de la photographie, né le 1er Avril 1953 à New-York. 1991: La Famille Addams. 1993: Les Valeurs de la famille Addams. 1993: Le Concierge du Bradbury. 1995: Get Shorty. 1997: Men in Black. 1999: Wild Wild West. 2002: Big trouble. 2002: Men in Black 2. 2006: Camping Car (RV). 2012: Men in Black 3. 2016: Nine Lives.
Bruno Matéï
vendredi 2 octobre 2015
PINK FLOYD THE WALL
d'Alan Parker. 1982. Angleterre. 1h39. Avec Bob Geldof, Christine Hargreaves, James Laurenson, Eleanor David, Kevin McKeon, Bob Hoskins, David Bingham, Jenny Wright.
Sortie salles France: 14 Juillet 1982. U.S: 13 Août 1982
FILMOGRAPHIE: Alan Parker (Alan William Parker) est un réalisateur, compositeur, scénariste et producteur britannique, né le 14 Février 1944 à Islington, Londres.
1975: The Evacuees (télé-film). 1976: Bugsy Malone. 1978: Midnight Express. 1980: Fame. 1982: Shoot the Moon. 1982: Pink Floyd The Wall. 1984: Birdy. 1987: Angel Heart. 1988: Mississippi Burning. 1990: Bienvenue au Paradis. 1991: Les Commitments. 1994: Aux bons soins du Dr Kellogg. 1996: Evita. 1999: Les Cendres d'Angela. 2003: La Vie de David Gale.
Chef-d'oeuvre du film musical qui mit en transe toute la génération 80 (que ce soit auprès des spectateurs lambdas, des millions de fans pour l'album référentiel de Roger Waters, des fumeurs de joint et des toxicos), Pink Floyd the Wall est l'objet filmique de tous les fantasmes, de toutes les exubérances. Une plongée vertigineuse dans l'âme d'un artiste moribond, un florilège de métaphores constituées autour de la question de libéralisme où sa puissance visuelle se télescope harmonieusement parmi une rythmique musicale tantôt tempétueuse, tantôt mélancolique.
Un méga trip visuel et auditif d'une puissance évocatrice dans son violent réquisitoire contre le fascisme des sociétés modernes, les sempiternels génocides des guerres d'états, le système scolaire et son éducation arbitraire, le conservatisme de nos juridictions, et à moindre échelle l'adultère provoquant chez la victime une déception morale en perdition. Conçu comme un gigantesque video-clip expérimental étalé sur une durée d'1h40, Alan Parker retrace avec onirisme, stylisme et lyrisme baroque (à l'instar des plages d'animation aussi fulgurantes qu'ensorcelantes !) le destin torturé de Pink, artiste rock notoire plongé dans une solitude aliénante. Reclus dans sa demeure tamisée, il se remémore avec hantise toute son enfance, de son trauma de la seconde guerre auquel son père s'y sacrifia, de sa relation avec sa mère poule, de sa solitude éprouvée à l'école, de son mariage raté et de son refuge vers la drogue. Au fil de ses souvenirs peu glorieux, il se rapproche un peu plus de la folie après avoir construit un mur mental l'empêchant de communiquer avec le monde extérieur. Alors que les fans hystériques s'impatientent à le retrouver sur scène, Pink se fond dans l'esprit schizophrène d'un dictateur tyrannique afin de châtier sa starification injustifiée et avant d'exploser les briques de son rempart.
Maelström d'imagerie musicale en roue libre, opéra-rock habité par la sédition libertaire d'un mélomane progressiste, Pink Floyd the Wall prêche pour l'assainissement de nos sociétés contemporaines sous la direction d'un cinéaste alchimiste adepte de poésie picturale. Sommet d'émotions viscérales et sensitives, ce cri d'alarme et de désespoir contre le carcan de nos magistratures politico-juridiques se porte en sacro-saint pour son appel à l'insurrection. Un témoignage essentiel, une validité musicale inoxydable traitée à la cadence infernale des tubes de Roger Waters, ténor légendaire de son double album fondateur.
Bruno Matéï
4èx
mercredi 30 septembre 2015
Unhinged
de Don Gronquist. 1982. U.S.A. 1h22. Avec Laurel Munson, Janet Penner, Sara Ansley, Virginia Settle, John Morrison, Barbara Lusch.
Sortie salles U.S: 15 Octobre 1982
FILMOGRAPHIE: Don Gronquist est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
1982: Unhinged. 1995: The Devil's Keep.
Listé dans la rubrique prohibitive "Video Nasties" à l'aube des années 80, Unhinged s'est inévitablement traîné une réputation de série B horrifique cradingue alors que certains amateurs de l'époque l'ont sans doute dénigré, faute du caractère timoré des séquences les plus sanglantes. Car hormis un final particulièrement choquant et malsain quant à la révélation de l'assassin et le meurtre sauvage qu'il ritualise vulgairement, Unhinged évite de se complaire dans une violence racoleuse en privilégiant l'atmosphère d'inquiétude régie autour d'une bâtisse funèbre. Le pitch: Après leur accident de voiture sur la route d'une campagne isolée, trois jeunes filles se retrouvent hébergées dans la demeure vétuste d'une mère et de sa fille. Mais la nuit, d'étranges respirations importunent leur sommeil quand bien même la disparition de l'une d'entre elles va attiser leur inquiétude. Avec son budget étriqué, sa réalisation aussi maladroite qu'intentionnée et ses comédiens amateurs au jeu théâtral mais pleins de bonnes intentions, Unhinged ne s'affiche pas sous ses meilleures auspices pour frissonner de plaisir.
Surfant sur la vague du slasher initié par Halloween et Massacre à la Tronçonneuse, Don Gronquist privilégie néanmoins une ambiance Hitchcockienne (même si mon allusion au maître peut prêter à sourire !) au sein d'un huis-clos archaïque, à l'instar de l'attitude castratrice d'une mégère imposant sa dictature auprès de sa fille esseulée. Le réalisateur accordant beaucoup de crédit à leurs rapports de discorde avant de s'attarder sur la relation amicale que partagera l'une des convives avec cette dernière. Pendant ce temps, et avant de les blâmer à l'arme blanche, un mystérieux assassin rode autour de la bâtisse en les épiant par la fenêtre ! Avec son rythme languissant et son suspense menu rehaussé d'un climat anxiogène tantôt fascinant, tantôt capiteux, Unhinged exploite la thématique du dysfonctionnement familial au sein d'une intrigue nébuleuse lorsqu'on nous dévoile les aboutissants d'une révélation traumatique plutôt tirée par les cheveux. Toutefois, grâce à l'inspiration (malhabile) de la réalisation surfant sur le climat fétide de Massacre à la Tronçonneuse (l'entrepôt des macchabées) et le ressort psychologique de Psychose (la schizophrénie de l'assassin), ce point d'orgue cauchemardesque provoque chez le spectateur un sentiment tangible de malaise rehaussé de l'impact graphique d'un meurtre cradingue Spoiler ! ne laissant aucune échappatoire à l'héroïne ! Fin du Spoiler.
Produit d'exploitation au rabais de par sa réalisation bricolée et le jeu limité des comédiens plaisamment bonnards, Unhinged parvient constamment à cristalliser une ambiance lourde tantôt oppressante, tantôt envoûtante autour d'un obscur huis-clos au climat d'insécurité fantasque. Sa dissonance musicale rehaussant l'aspect ombrageux d'un climat gothique aussi feutré que malsain. Pâtissant d'un rythme monocorde pour autant jamais ennuyeux, cette attachante curiosité au charme désuet est à réserver en priorité aux nostalgiques aguerris du genre. Finalement très sympa pour qui raffole des purs films d'ambiance crépusculaire.
P.S: Pour les intéressés, le métrage est disponible en Dvd en France sous l'effigie Uncut Movies !
*Eric Binford
26.01.22. 4èx
mardi 29 septembre 2015
THE SUICIDE THEORY
de Dru Brown. 2014. Australie. 1h38. Avec Steve Mouzakis, Leon Cain, Joss McWilliam, Matthew Scully, Todd Levi, Nicholas G. Cooper, Warwick Comber.
Sortie salles U.S: 10 Juillet 2015
FILMOGRAPHIE: Dru Brown est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
2012: Sleeper. 2014: The Suicide Theory.
Seconde réalisation d'un jeune cinéaste australien, The Suicide Theory s'érige en petite oeuvre indépendante créant la surprise par son concept surréaliste (sauvé du ridicule par l'intelligence narrative et psychologique) et l'émotion qui en émane dans les contrariétés des protagonistes en quête de rédemption. Depuis ses tentatives ratées de suicide, Percival engage un tueur afin de mettre un terme à son existence esseulée. Après multiples essais inexplicablement infructueux, son assassin aguerri se prend de compassion pour lui au moment même où leur destinée va adopter une tournure inopinément bouleversante. Nanti d'un climat mélancolique palpable (notamment pour l'ambiance musicale du bar de nuit que notre duo fréquente en intermittence), de par le cheminement existentiel de deux personnages que tout oppose de prime abord, The Suicide Theory aborde les thèmes de l'autodestruction et de la destinée avec une surprenante pudeur.
Le réalisateur prenant soin de brosser leur portrait avec une sensibilité exponentielle, sachant que d'étonnantes révélations sur leur passé tragique nous seront dévoilées au fil de leur aparté psychologique. L'émotion fragile véhiculée par le brio du réalisateur et des deux acteurs nous prenant par surprise au gré d'une tournure d'évènements lourds de conséquences tragiques. Si la première partie du récit amorce une structure prévisible pour les exactions meurtrières du tueur à gages contraint de répéter les homicides sur sa victime increvable (éclairs de violence brutaux à l'appui !), la suite de leurs vicissitudes se focalise sur l'apprentissage de la compassion, l'écoute de l'autre et le respect d'autrui du point de vue de l'assassin en révélation identitaire. Son cheminement partagé entre son impuissance criminelle d'assister le suicidé, son appétence de vengeance et sa nouvelle stature héroïque lui ouvrant la voie de la raison existentielle parmi l'appui d'une destinée acquise d'avance. A travers ce thème métaphysique, le cinéaste tend à nous interroger sur le sens de notre fatalité par le biais des rencontres impromptues, de nos agissements personnels et des drames du quotidien n'ayant rien du fruit du hasard. C'est ce que nous illustre la seconde partie, notamment après nous avoir signalé l'intolérance de l'homophobie et la dépendance à la violence que les ignorants expriment par des pulsions de haine. A travers ce récit d'amitié en ascension compromis par l'inimitié rancunière, Dru Brown poursuit une autre réflexion sur le mal-être suicidaire où pardon, rédemption et culpabilité en seront les vecteurs psychologiques afin de décanter deux tragédies inconsolables.
Intrigant et captivant pour la tournure singulière des évènements (le scénario faisant preuve d'une structure baroque !), violemment brutal mais rattrapé par une émotion (à fleur de peau) au fil des états d'âme du duo maudit, The Suicide Theory déconcerte l'habitude du spectateur pris entre les mailles d'un drame psychologique inopinément bouleversant. Par le biais du suicide potentiellement salvateur et des conséquences de nos faiblesses (la rancoeur, l'inattention), il en émane un douloureux poème sur la sollicitation du pardon, la repentance criminelle et la logique de notre destinée où le hasard n'a pas lieu d'être. Un choc émotionnel nous prenant par stupeur d'une accablante confrontation entre coupable et victime ! (et inversement !).
Dédicace à Jen Winter
Bruno Matéï
lundi 28 septembre 2015
Men in Black
de Barry Sonnenfeld. 1997. U.S.A. 1h38. Avec Tommy Lee Jones, Will Smith, Linda Fiorentino, Vincent D'Onofrio, Rip Torn, Tony Shalhoub, Tim Blaney, David Cross.
Sortie salles France: 6 Août 1997. U.S: 2 Juillet 1997
FILMOGRAPHIE: Barry Sonnenfeld est un réalisateur américain, acteur, producteur et directeur de la photographie, né le 1er Avril 1953 à New-York. 1991: La Famille Addams. 1993: Les Valeurs de la famille Addams. 1993: Le Concierge du Bradbury. 1995: Get Shorty. 1997: Men in Black. 1999: Wild Wild West. 2002: Big trouble. 2002: Men in Black 2. 2006: Camping Car (RV). 2012: Men in Black 3. 2016: Nine Lives.
Succès planétaire que ce premier volet d'une illustre franchise, Men in Black est l'adaptation ciné du comics homonyme créé par Lowell Cunningham en 1990. A partir d'un pitch délirant détournant avec dérision la présence d'extra-terrestres au sein de notre société, Men in Black joue la carte de la comédie familiale sous l'autorité de deux agents en noir, experts en filature et traque d'une menace interplanétaire. En cool attitude, Tommy Lee Jones et Will Smith endossent le duo amical avec verve impayable (leur interrogatoire musclé imparti aux commerçants extraterrestres !) et héroïsme stoïque eu égard des gadgets ultra innovants (notamment l'outil permettant d'effacer la mémoire des témoins oculaires) que le doyen Agent K inculque à son équipier en herbe sur le champs de l'action. Outre le caractère saugrenu de l'intrigue (une créature hostile débarque sur terre pour s'emparer d'une galaxie préservée par le prince arquilien) et la stature distinguée de nos sympathiques agents secrets, le film tire parti de sa fantaisie grâce à l'univers excentrique décrit avec moult détails.
Epaulé d'effets spéciaux en CGI souvent réussis (en dépit de la confrontation finale perfectible), Barry Sonnenfield nous ouvre les portes du MIB, agence ultra secrète surveillant les présences martiennes à travers les galaxies tout en tolérant depuis les années 50 leur arrivée hospitalière pour des milliers d'entre eux. D'une réjouissance sans modération pour les gags inventifs se chevauchant parfois avec l'action de poursuites homériques (le prologue sur les chapeaux de roue, l'échappée automobile au dessus du tunnel), Men in Black met également en appui le portrait insidieux d'une galerie d'E.T à la physionomie fallacieuse. Ainsi, par le biais de leur investigation et leur traque d'y appréhender un dangereux alien, nos agents sont contraints d'interroger (voir également débusquer certains d'entre eux) ces E.T à forme humaine. On peut notamment louer la présence du fameux "méchant" de l'histoire, une créature arthropode (un cafard géant nous dévoilera le point d'orgue) ayant dérobé l'enveloppe humaine d'un fermier après l'avoir occis, mais en l'occurrence pourvu d'une posture dégingandée dans sa condition corporelle putrescente. Ce zombie extraterrestre provoquant (à l'instar d'un antagoniste du film Hidden !) des accès de violence erratiques lorsqu'il accoure dans les rues new-yorkaises pour se procurer un précieux pendentif.
De par la complicité impayable de notre duo en roue libre, de l'univers excentrique formellement fascinant et l'inventivité des gags et d'une action échevelée, Men in Black exploite son argument d'anticipation avec une dérision irrésistible. Mené sans répit donc, notamment grâce à l'efficacité d'une réalisation vigoureuse, cet excellent divertissement parvient surtout à réguler l'intérêt par les rencontres impromptues d'E.T de tous horizons que nos agents côtoient avec un flegme aussi distingué qu'amusé.
La chronique du 3è opus: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/10/men-in-black-3.html
*Bruno
05.09.24. 5èx. Vostfr
vendredi 25 septembre 2015
MISSION IMPOSSIBLE: ROGUE NATION
de Christopher McQuarrie. 2015. U.S.A. 2h12. Avec Tom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg, Rebecca Ferguson, Ving Rhames, Sean Harris, Simon McBurney.
Sortie salles France: 12 Août 2015. U.S: 31 Juillet 2015
FILMOGRAPHIE: Christopher McQuarrie est un réalisateur et scénariste américain, né en 1968 à Princeton, New Jersey.
2000: Way of the Gun. 2012: Jack Reacher. 2015: Mission Impossible: Rogue Nation
Cinquième volet d'une saga trépidante (plus inventive et attractive à mon sens que la série des James Bond !), Mission Impossible: Rogue Nation relance l'objectif ardu qu'Ethan Hunt doit aujourd'hui surpasser: c'est à dire prouver l'existence d'une organisation criminelle prénommée le Syndicat alors même que la CIA, délibérée à dissoudre l'IMF, se charge de l'appréhender sous l'autorité du gouvernement américain. Tandis qu'Ethan se rend à l'opéra de Vienne pour y déjouer un projet d'attentat contre le chancelier, il est épaulé par son équipier Benji Dunn au moment même où la nouvelle apparition d'une mystérieuse émissaire, Ilsa Faust, continue de semer le doute quant à sa véritable identité et ses mobiles meurtriers.
Afin d'assurer le spectacle fertile en traquenards, stratagèmes d'espionnage (le centre de données sécurisé imposant une opération sous-marine claustrophobe afin d'y dérober un fichier), manipulations, traîtrises et subterfuges dans les tractations d'une transaction capitale, Christopher McQuarrie équilibre un scénario retors parmi l'intelligence de moult bravoures au service narratif. Outre sa séquence d'ouverture aérienne épique, on peut surtout vanter deux séquences anthologiques où la mise en scène virtuose alterne suspense exponentiel et action chorégraphique avec ce projet d'attentat infiltré en pleine procession théâtrale (hommage non dissimulé à Hitchcock et l'Homme qui en savait trop pour la géométrie scrupuleuse du montage !) puis avec une course-poursuite en motos multipliant itinéraires urbains et routiers avec vigueur aussi fluide qu'effrénée ! Pour épicer la mission de longue haleine (que Tom Cruise rempile avec le même héroïsme outre-mesure !) engagée dans la traque du magnat Solomane Lane (Sean Harris s'avère délectable de prétention avec son faciès monolithique !), l'aventure est également compromise parmi l'ambivalence d'un personnage féminin (remarquablement campée par la charmante et flegmatique Rebecca Ferguson). Une espionne pugnace redoutablement finaude dans son art de distiller l'ambiguïté auprès de ses supérieurs et de la compagnie MFI par un sang froid infaillible !
Mené sur un rythme alerte ne laissant nul répit au spectateur, Mission Imposisble: Rogue Nation parvient à se démarquer de la routine grâce à ses séquences d'action renversantes (l'improbabilité de la bravoure s'insinue dans le domaine du crédible grâce à l'humour, l'inventivité et le réalisme d'une réalisation avisée) et la dextérité d'un scénario où protagonistes et antagonistes se disputent l'autorité avec une diabolique sagacité. Du Blockbuster intelligent donc d'une redoutable efficacité quand bien même le charisme distingué des comédiens s'y prête fougueusement avec une détermination en roue libre.
Bruno Matéï