mardi 13 octobre 2015

Terre Brûlée / No Blade of Grass

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site surtestripes.blogspot.com

de Cornel Wilde. 1971. U.S.A. 1h35. Avec Nigel Davenport, Jean Wallace, Lynne Frederick, John Hamill, Patrick Holt.

Sortie salles France: 12 Juin 1974 (Interdit aux - de 18 ans). U.S: 23 Octobre 1970

FILMOGRAPHIE: Cornel Wilde est un acteur et réalisateur américain, né le 13 Octobre 1912 à Prievidza (Autriche-Hongrie), décédé le 16 Octobre 1989 à Los Angeles. 
1956: Storm Fear. 1957: Le Virage du Diable. 1958: Tueurs de feux à Maracaibo. 1963: Lancelot, chevalier de la reine. 1966: La Proie Nue. 1967: Le Sable était rouge. 1970: Terre Brûlée. 1975: Les Requins.


Série B post-apo oubliée et peu diffusée à la TV, Terre Brûlée traitait déjà des thèmes de la pollution de l'environnement (les pesticides), du réchauffement climatique et de la famine trois ans avant que Richard Fleischer ne les transcendent dans l'éprouvant Soleil Vert. Illustrant les pérégrinations d'une famille anglaise sillonnant les campagnes avec l'appui d'un groupe de survivants depuis la pandémie d'un virus, Terre Brûlée joue la carte du divertissement d'action dystopique parmi l'efficacité de péripéties aussi hargneuses qu'escarpées (d'où son interdiction aux moins de 18 ans lors de sa sortie). A l'instar de l'attitude meurtrière des pèlerins, Hells Angels et métayers ne comptant que sur leur autonomie afin de subsister, certains cédant même parfois à leurs bas-instincts innommables (le viol en réunion des motards). Dès lors, tous les coups sont permis lorsque par exemple quelques propriétaires se laissent influencer par une justice expéditive afin de défendre leur ferme et préserver leur potager. 


Si la tournure conventionnelle des évènements dramatiques ne propose aucune surprise quant au cheminement périlleux de nos rescapés en quête de nourriture et d'asile alors que le cannibalisme émerge chez certaines régions, la caractérisation équivoque impartie à la famille Custance ne manque ni d'audace ni d'intérêt dans leur posture anti-manichéenne souvent dénuée d'empathie. En particulier le leader borgne, John, capable d'enfreindre les lois sans remord (tirer sur des militaires et des fermiers même si ces derniers sont affublés d'armes afin d'intimider l'étranger) avant de trahir le compromis de son frère (pour un enjeu de survie), voir même duper sa femme (son baiser échangé avec une jeune courtisane). On peut aussi relever la manière détachée à laquelle il recourt lorsque quelques secondes plus tard l'amant jaloux décide d'abattre sa concubine infidèle face à son témoignage ! D'autres déconvenues meurtrières vont renforcer le caractère hétérodoxe de ce personnage supposé héroïque (il organise autour de lui un véritable convoi humain pour se prémunir du danger et rejoindre le bercail de son frère) au fil de péripéties toujours plus bellicistes (la charge épique des Hells Angels), et parmi l'appui d'un anarchiste juvénile (l'amant jaloux précité !) beaucoup trop erratique dans son comportement criminel bien que valeureux et burné. Bref, ce climat d'hostilité permanent régi autour de leur posture amorale renforce le caractère nihiliste d'une situation de crise rendue ingérable par les autorités (même la loi Martial est en déroute). Terre Brûlée se déclinant en véritable descente aux enfers d'une brutalité malsaine encore aujourd'hui sacrément perturbante car si intolérable, individualiste et sans pitié. 


En dépit de sa mise en scène académique entrecoupée de flashforward inutiles (un procédé désamorçant l'effet de surprise pour l'intensité des scènes-chocs à venir) et de quelques incohérences au niveau de certaines réactions (trop) naïves de personnages secondaires, Terre Brûlée ne manque ni de sincérité, ni de puissance dramatique, ni de trouble fascination à dépeindre une écologie en extinction parmi le comportement sournois de l'espèce humaine en totale déliquescence morale. Il y émane un constat d'échec aussi désespéré que terrifiant, une oeuvre pestilentielle aussi rude et nauséeuse que trouble et équivoque auprès de sa traversée d'éclairs de violence primitifs qu'une scénographie rurale agonisante nous retransmet en mode olfactif. A redécouvrir d'urgence avec le moral solide (car d'autant plus tristement actuel).  

*Bruno 
4èx. Vostf

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