dimanche 27 février 2011

AMAZONIA, LA JUNGLE BLANCHE (Inferno in diretta - Cut and run). "Uncut Version"

               


de Rugero Deodato. 1985. Italie. 1H30. Avec Lisa Blount, Leonard Mann, Willie Aames, Richard Lynch, Richard Bright, Michael Berryman, Eriq La Salle.

Sortie en France en 1986.

FILMOGRAPHIE: Ruggero Deodato (7 mai 1939 -) est un réalisateur italien.
1964 : La Terreur des Kirghiz , 1968 : Fenomenal e il tesoro di Tutankamen , 1968 : Gungala la pantera nuda, 1968 : Donne... botte e bersaglieri , 1968 : Vacanze sulla Costa Smeralda , 1969 : I Quattro del pater noster , 1969 : Zenabel, 1975 : Una Ondata di piacere , 1976 : Uomini si nasce poliziotti si muore , 1977 : Le Dernier monde cannibale , 1978 : L'Ultimo sapore dell'aria (Last Feelings), 1979 : Concorde Affaire '79 , 1980 : Cannibal Holocaust , 1980 : La Maison au fond du parc , 1983 : Les Prédateurs du futur, 1985 : Amazonia: La jungle blanche , 1986 : Per un pugno di diamanti ,1987 : Les Barbarians, 1987 : Body Count, 1988 : Le Tueur de la pleine lune , 1988 : Angoisse sur la ligne , 1992 : Les Petites Canailles , 1993 : The Washing Machine.

                     

5 ans après son controversé et maladif Cannibal Holocaust, Ruggero Deodato nous refourgue une de ces séries B d'exploitation jouissive et vigoureuse allouée à une mise en scène particulièrement fougueuse et endiablée entièrement dédiée à un sens de l'efficacité roublard.
Sur le même schéma que son compère notoire précité, Amazonia, la jungle blanche mélange le cinéma d'aventures et l'horreur gore éclaboussante avec un savoir-faire probant proprement attachant.

Une équipe de journalistes se retrouve en pleine jungle hostile après qu'un groupe de trafiquants de drogue soit retrouvé mystérieusement massacré sans mobile apparent. Dans le même temps, le fils du directeur d'une célèbre chaine de télévision a disparu.
Avec leur caméra, nos deux journalistes vont s'enfoncer dans la forêt pour découvrir l'horreur primitive de deux clans opposés se disputant un trafic de drogue et tenter par tous les moyens de retrouver la trace du jeune garçon pris en otage par l'un des groupuscules.

                 

Amazonia démarre sur les chapeaux de roue avec une séquence introductive explosive et sanglante qui voit une bande de trafiquants se faire subitement agresser par des indigènes demeurés. Action et gore vont agréablement fusionnés pour nous faire partager un moment décomplexé fun rondement mené.
La suite de notre aventure nous entraine en plein coeur de l'amazonie avec ce duo de jeunes journalistes enquêtant sur cette sombre affaire de meurtres crapuleux commis par des sanguinaires sans pitié.
Pour pimenter le récit riche en épisodes conflictuels de personnages mesquins, le réalisateur s'octroie à une guerre des gangs commanditée par deux groupes de mercenaires chevronnés. Alors que l'un des leaders contestataires les plus réputés se soit associé avec une tribu d'indigènes tributaires de son influence autoritaire et farfelue. Ce leader surnommé le Colonel Brian Horne (Richard Lynch) est un ancien adepte d'une dérive religieuse tristement célébrée par un fondateur religieux fanatique et communiste, le révérend Jim Jones ! (un drogué dépendant qui affirmait ente autre à ses disciples être la réincarnation de Jésus !).

                     

Toute la narration est donc un chassé croisé haletant, une traque sanglante parsemée d'embuches et un reportage de choc que nos 2 reporters vont dépeindre avec leur matériel vidéo pour dénoncer l'horreur d'une guerre impitoyable subordonnée au marché de la drogue.
A travers cette trame basique à peine débridée prétextant une surenchère violente échevelée, on sent que Ruggero Deodato est particulièrement inspiré à nous offrir un généreux spectacle d'action ludique dont chaque scène trépidante est souvent accentuée par le caractère choc de ses scènes sanglantes réussies. A cet effet racoleur volontairement explicite (et la touche polissonne, intermittente de quelques pointes d'érotisme), il ne faut pas manquer de relever une séquence quasi anthologique auquel un homme va se voir le corps déchiré en deux parties, dans le sens de la longueur ! L'effet spectaculaire inopiné dans sa cruauté viscérale se forge d'un impact réaliste très impressionnant !

                   

Au répertoire des comédiens, quel plaisir non simulé de voir réunir à l'écran une galerie de trognes secondaires bien connues des amateurs de bisseries, séries B ou projets plus ambitieux ! S'affrontent donc dans un délire festif commun l'impayable Michael Berryman (la colline a des yeux) avec sa trogne d'ahuri, Eriq La Salle (l'Echelle de Jacob, la série TV Urgences), notre regrettée et séduisante Lisa Blount (Réincarnations, Officiers et Gentlemans, Prince des Ténèbres), Leonard Mann (le Dernier des Salauds, les Yeux de la terreur), Richard Bright (Marathon Man, l'ambulance) et enfin le patibulaire Richard Lynch et sa gueule pernicieuse (l'Epée Sauvage, Panics, Invasion U.S.A, les Barbarians) en leader déluré, suicidaire et orgueilleux.

Amazonia, la jungle blanche est sans aucun doute l'un des métrages les plus nerveux et réussis du réalisateur. Exacerbé par l'entraînante partition musicale de Claudio Simonetti offrant un punch supplémentaire à la structure du récit, il s'agit d'une véritable perle du Bis rondement menée dont la mise en scène appliquée maitrise avec une belle vigueur son tempo endiablé et l'utilisation esthétique d'un environnement hostile traversé de décors naturels de toute beauté.
Un pur spectacle de série B savoureusement concocté pour nous faire passer un moment de plaisir complice à la fougue communicative.

Dédicace à David Marchand et Léonard Lauwrence.

26.02.11.


samedi 26 février 2011

THE DOOR (Die Tur)

Grand Prix au Festival du Film Fantastique de Gérardmer

(avis subjectif d'un puriste amateur)


de Anno Saul. 2009. Allemand. 1H40. Avec Mads Mikkelsen, Jessica Schwarz, Heike Makatsch, Nele Trebs, Rüdiger Kühmstedt, Corinna Borchert, Valeria Eisenbart, Thomas Thieme, Tim Seyfi.

Sortie en France : 20 Janvier 2011, Pays d'origine Allemagne : 26 Novembre 2009
Récompense: Grand Prix au Festival du film Fantastique de Gérardmer 2010.

FILMOGRAPHIE: Anno Saul est un réalisateur et scénariste allemand.
- Kebab Connection 2005
- The Door 2009


Basé sur le roman de Akif Pirinçci, l'adaptation cinématographique The Door va y apporter sa touche personnelle et plutôt s'orienter sur la mort d'une petite fille.
Ce film fantastique intimiste venu d'Allemagne va prendre comme argument le thème du voyage temporel (à moins que tout ceci n'était qu'un cauchemar extériorisé !?) afin d'élucider le choix affectif des protagonistes tourmentés et meurtris, douloureusement rongés par la mort de leur fille de 7 ans.

David, artiste peintre se rend chez sa maitresse au moment où sa petite fille tombe par accident dans la piscine et meurt noyée.
Cinq ans plus tard, rongé par le remord, l'homme dépité et boycotté tente de reconquérir son ex-amie, en vain. Désespéré, il tente de se suicider en se jetant dans sa piscine mais un de ses ami le sauve in extremis. Quelques moments après cet acte incongru, David erre sans but dans les rues nocturnes jusqu'au moment où il découvre sur son chemin hasardeux un étrange tunnel capable de remonter le temps vers le passé. C'est à dire 5 ans en arrière, au moment où sa fille rendit l'âme. Mais cette seconde chance salvatrice sera loin de renouer avec les liens favorables du pardon et de la rédemption.


En prenant comme trame principale un drame accidentel familial et l'épouvantable labeur à accepter son deuil, la première partie de The Door décrit avec sensibilité humaine, attention psychologique et subtilité narrative particulièrement bien ordonnée le cheminement lourdement éprouvé du héros principal, avant que son destin ne lui permette la possibilité de se racheter de prime abord grâce à la découverte d'une faille temporelle.
Tandis que la seconde partie lui attribuera un préjudice condamnable dans son exutoire compromis au crime involontaire.  Une potentielle rédemption d'un mince recours puisque la trame linéaire, futilement inquiétante et latente va s'empiéter dans un cauchemar irraisonné où d'autres protagonistes connaissant l'existence de ce fameux passage dans le temps va irrémédiablement défavoriser et incriminer chacun de ses témoins.

La première séquence clef d'une tension dramatique affligée, adroitement réalisée, détonne par son acte de mort imparable. Un père affolé se jette dans une piscine pour tenter de manière désespérée d'extirper sa fille piégée au fond de l'eau (les lacets des chaussures de l'enfant étant emmêlés à la cage d'aération !). Un bref évènement terrifiant de réalisme dans son marasme tangible, véritablement poignant dans l'expression rendue apeurée et asphyxiée d'un père impuissant à vouloir remonter à la surface de l'eau un enfant frêle, inconscient, immergé dans ces fluides sans oxygène.
Les évènements suivants nous attèlent aux actions psychologiques de ce père endeuillé, impossible à s'octroyer le pardon dans sa culpabilité éloquente. Jusqu'au moment où il découvre ce fameux tunnel à remonter le temps et découvre cette chance improbable de pouvoir réanimer sa fille indolente. C'est ce qu'il fera instinctivement sans hésitation mais dans son acte de bravoure démené avec vigueur, un autre élément dévastateur va entrer en jeu et sérieusement compromettre sa nouvelle vie d'homme repenti avec la présence de son "double" humain !


La réalisation particulièrement soignée et affinée prend son temps à dresser la construction de son récit et apporte surtout une grande attention aux personnages principaux voués à une potentielle réconciliation dans leur vie conjugale démembrée !
C'est la seconde partie, beaucoup plus vigoureuse et haletante qui va entrainer nos héros vers un cauchemar débridé quand d'autres protagonistes connaissant l'existence de ce tunnel vont eux aussi s'entacher de remonter le temps pour réparer leurs erreurs personnelles !

Le nouvel acteur adulé Mads Mikkelsen apporte beaucoup de force, d'humanité et d'intérêt dans son personnage éprouvé de paternel infidèle et responsable, vilipendé de la mort subite de sa fille. Un être rempli de chagrin, de désespoir et de remord mais non dénué d'une prise de conscience cathartique, d'un véritable désir amoureux de reconquérir sa vie de couple trop longtemps écornée. Son visage renfrogné et son regard anxiogène accentuent le caractère trouble et pernicieux du climat davantage contraignant du film lui imposant contre son gré une succession de revirements perfides.


LA PORTE DU TEMPS.
Soigneusement réalisé dans une photographie pastel et épurée, honnêtement écrit dans une structure narrative dédiée à l'humanité accordée aux personnages, The Door est un excellent film fantastique, intelligent et adulte qui ne révolutionne pas le genre mais permet d'aborder sur un thème délicat un drame intime d'une belle sensibilité, tout en jouant la carte ludique d'un argument délirant.
ATTENTION SPOILER !!!!
Le final inopiné qui laisse les états d'âme d'un couple dubitatif en suspension clôture de manière logique leur potentielle réconciliation après qu'un deuil aura lourdement affecté leur rancoeur et leur révolte intérieure.
FIN DU SPOILER.

17.01.11.

ROCK'N'ROLL OVERDOSE (HATED GG. ALLIN AND THE MURDER JUNKIES)

de Todd Phillips. 1994. U.S.A. 52 minutes. Avec GG Allin, Merle Allin, Shireen Kadivar





Avertissement: ce documentaire est à réserver à un public adulte et averti, certaines séquences incongrues, hardcores et déviantes portant gravement atteintes à la dignité humaine.

In memoriam : GG Allin (Kevin Michael Allin, né Jésus Christ Allin) : 29 août 1956 – 28 juin 1993.




GG ALLIN est un artiste qui a un message à adresser à une société malade. Il nous renvoie l'image de ce que nous sommes vraiment. L'homme n'est qu'un animal capable de parler librement. Ne vous méprenez pas, derrière tout ça, il y a l'empreinte d'un cerveau.
John Wayne Gacy, couloir de la mort.

VIVRE LIBRE PRESENTEMENT ET CREVER L'INSTANT D'APRES.
Voici un documentaire hors du commun que vous ne verrez jamais sur une chaine publique illustrant un personnage revendiquant un mouvement culturel et musical né en Angleterre au milieu des années 70, le Punk ! (A la base, ce mot présumé est un terme anglais signifiant "vaurien", "voyou").
Ce reportage hypnotique retrace donc la vie du chanteur punk hardcore GG Allin qui se réclame de l'indépendance anarchiste et la liberté d'expression dans une philosophie manichéenne et réactionnaire jusqu'au boutiste, aux confins de la démence.
Cet homme marginal, masochiste, ultra violent, alcoolique et héroïnomane, au bord de la folie mentale s'est rendu célèbre par son public punk d'activistes juvéniles conquis par son spectacle putride alloué à un florilège de provocations verbales et physiques comme le fait de déféquer en plein concert, s'en induire le visage et balancer sa merde au public transi ou affolé !
Durant ses concerts, GG Allin interprétait ses chansons entièrement nu (comme l'un de ses bassistes), se cognait parfois le micro contre les dents pour les fracasser, s'introduisait des objets ou de la nourriture dans son anus, proposait au public des fellations ou de se faire uriner dans la bouche d'une donzelle puis s'engageait régulièrement dans des bastons improvisés parmi ses fans (filles compris) ou les propres membres de son groupe en pleine représentation musicale.




Par ailleurs, à de nombreuses reprises, il a suggéré publiquement aux médias ses tentatives de suicide en notifiant la date ultime (ex: halloween 1989). Et quand on lui demandait pour quelle raison il ne respectait pas ses promesses, il répondait : Avec GG, tu n'obtiens pas ce que tu attends — tu obtiens ce que tu mérites.
Il rétorqua également que le suicide devait seulement être utilisé quand la personne concernée était au top, rencontrant l'au-delà au meilleur de soi même, et non au pire.
Il évoqua aussi des menaces de mort à autrui et déclara ouvertement en toute spontanéité ses tendances psychopathes de pulsions meurtrières. D'ailleurs, il rendra visite au célèbre serial-killer John Wayne Gacy ! (voir citation au début de mon article) pour disserter communément du sexe dans toute sa perversité malsaine.
Indubitablement, à cause de ses excès incessants, subversifs, immorales et incorrects (comme celle d'une visite impromptue dans une université américaine, s'attribuant à une exhibition sexuelle compromettant une "banane"), GG Allin n'échappera pas à certaines peines de prison (la plus longue date du 22 décembre 1989 au 26 mars 1991 après avoir été accusé du viol avec torture d'une femme à Ann Arbor dans le Michigan), comme son bassiste rendu coupable de s'être exhibé devant une fille mineure.
Mais Allin était capable par moment de  se présenter comme quelqu'un de rationnel et réfléchi dans ses propos spéculatifs dénonçant une société de consommation pernicieuse et perfide lobotomisant l'être humain. Alors que l'instant d'après il pouvait subitement changer de comportement et se montrer ultra violent (se claquer la tête contre les murs ou prendre une femme par les cheveux pour la frapper), ordurier et vulgairement provocateur (balancer une chaise sur des témoins ou se scarifier devant une foule fascinée).
Entre temps, sa renommée grandissante entraîna des apparitions télévisuelles sur Morton Downey, Jr., Geraldo, The Jerry Springer Show et un épisode mémorable de The Jane Whitney Show.




VOYAGE AU BOUT DE LA DECHEANCE.
Allin mourut d'une overdose d'héroïne le 28 juin 1993, dans l'appartement d'une amie à New York, situé 29 Avenue B, Manhattan. Il était âgé de 36 ans. Son dernier concert fut donné dans un petit club appelé The Gas Station à New York.

Voilà pour l'essentiel de ce reportage choc éludé de complaisance racoleuse, retraçant de manière intelligible et édifiante la vie du chanteur parmi des images d'archives et vidéos amateurs, avec l'intervention des membres de son groupe, ses fans indétrônables (ne ratez surtout pas le générique de fin avec un inconditionnel maso endurci !!!) et divers témoins familiers de sa courte existence.

Que dire d'un personnage aussi cynique, nihiliste, insalubre, abjecte, vomitif mais totalement libre de son existence et ses fantasmes destructeurs voués à la débauche, la défonce, l'auto-mutilation, l'exhibition, la violence gratuite et la provocation putassière.
L'envie de vivre tout simplement en étant autonome de toutes contraintes, tous préjugés, crachant sa haine sur la race humaine (il n'avait aucun ami et détestait son public de fans conquis) et vouant un hymne à la décrépitude, la décadence, la déliquescence, l'indignité, l'avilissement et la bassesse sur fond passionnel de musique rock punk !

En résulte un documentaire fascinant, expérimental, passionnant sur un personnage hors normes, corrompu dans le vice, la haine et la folie perverse. Peut-être un psychopathe lucide d'une vie méprisable et aliénante qui a su transcender ses peurs, ses doutes et sa timidité en embrassant sa vie avec sa propre merde et ses excréments !
GG Allin peut-être abordé comme le reflet indocile de nous même en quelque sorte, le miroir de notre inconscient tributaire de notre société totalitaire et dictatoriale, auquel nous sommes résolus à tourner indéfiniment autour du cadran solaire en attendant la mort fatidique rédemptrice.

Dédicace à Christophe Krust Masson.

10.02.11





Extraits de titres notoires:
  • "J'en ai tellement marre de vous que je commence à en avoir vraiment marre de moi" (Bored to Death)
  • "Je me fous de ce que tu dis, car je suis moi" (You'll Never Tame Me)
  • "Poupées sans tripes et décérébrées - qui a besoin de vous ?" (You Hate Me and I Hate You)
  • "Est-ce que tu penses que j'en ai vraiment quelque chose à faire ?" (No Rules)
  • "Je ne veux pas jouer dans aucun putain de groupe des années soixante" (Abuse Myself, I Want to Die)
  • "J'avais l'habitude de renifler les collants des filles, mais il n'y a rien de mieux qu'une fille s'asseyant sur ton nez" (Gimme Some Head)
  • "Si tu as un cancer, va mourir, putain ! / Si tu as le SIDA, répand le autour de toi et prend des vies" (Die When You Die)
  • "Frappe moi avec une putain de hache, je ne broncherais pas" (Abuse Me, I Want to Die)

CITY OF CRIME (City of Industry)

(avis subjectif d'un puriste amateur)


de John Irvin.1997. U.S.A. 1H37. Avec Harvey Keitel, Famke Janssen, Stephen Dorff, Michael Jai White, Timothy Hutton, Wade Dominguez, Michael Jai White, Lucy Liu, Reno Wilson, Dana Barron...

Sortie France: 25 juin 1997,  Sortie U.S: 14 mars 1997

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Irvin est un réalisateur britannique né le 7 mai 1940 à Newcastle-upon-Tyne (Royaume-Uni).
1981 : Les Chiens de guerre, 1981 : Le Fantôme de Milburn, 1984 : Champions, 1985 : Turtle Diary,   1986 : Le Contrat, 1987 : Hamburger Hill , 1989 : Un flic à Chicago, 1994: Parfum de Scandale, 1997: City of Crime, 2001: le 4è Ange.  


    Polar méconnu passé inaperçu à la fin des années 90, City of Crime (en anglais City of Industry qui trouve tout son sens vers son final salvateur) ne compte pas révolutionner le genre et encore moins innover avec le classicisme d'un scénario superficiel de prime abord. Il s'agit pourtant d'un affrontement intense non dénué d'intérêt entre deux gangsters aux caractères opposés et de générations différentes. L'un est une ordure finie sans foi ni loi, l'autre un briscard talentueux, respectable et honnête envers ses compatriotes dans leurs méfaits illégaux.
    Il faut dire aussi que le personnage principal interprété par Harvey Keitel porte le film à bout de bras avec une narration haletante au suspense solidement entretenu, non dénué d'une certaine ambiance funeste.

    A la suite d'un braquage réussi dans une bijouterie, 4 gangsters, 2 frères et de 2 associés se décident de partager la somme équitable dans un camping-car quand le plus jeune, surnommé Skip, décide d'entourlouper son groupe en les abattant de sang froid un à un.
    Mais Roy, l'un des frères qui était réfugié dans les toilettes réussit à prendre la fuite in extremis sans pouvoir bénéficier de son argent rétribué.
    Une chasse à l'homme s'engage pour Roy, déterminé à récupérer son fameux butin et venger la mort de son frère.


    Dans la prémices d'une présentation traditionnelle des personnages et des préparatifs d'un braquage à haut risque, on pouvait craindre le pire dans ses vingts premières minutes classiquement établies, à peine plus clinquantes qu'un télé-film d'hollywood night.
    La brève scène de braquage où une poignée de gangsters chevronnés font irruption à visage découvert avec violence et professionnalisme se révèle sans surprise dans sa réalisation impersonnelle sans éclat particulier.
    Ca n'est qu'à partir du moment où le jeune Skip va abattre froidement ses coéquipiers que le film va prendre son envol et se voir attribuer d'une ambiance de film noir à la mise en forme adulte vouée à un affrontement intense et brutal entre deux fauves à la gâchette sensible !
    Cette chasse à l'homme haletante et captivante trouve une véritable efficacité dans la conduite du récit adroitement mené et l'idée d'inverser les rôles vers la fin du métrage se révèle ironiquement abrupte dans les va et vient incessants pour la quête d'un magot que tout le monde souhaite s'approprier.
    La relation que va entretenir Roy avec la jeune veuve Rachel Montana (la ravissante et déjà douée Famke Janssen à ses touts débuts !) n'est pas non plus sans intérêt dans leur état d'esprit en contrariété et les états d'âme bafoués.
    Un duo inopiné rendu attachant dans cette complicité diamétralement opposée de prime abord, pour être finalement concordée dans leur compassion commune.


    L'immense Harvey Keitel dans le rôle du frère dépité s'empare de l'écran avec une grâce et un sens de la repartie exacerbant chaque épisode du récit. Sa présence autoritaire, son tempérament flegme, sa détermination inflexible, vindicative à fustiger et condamner un jeune malfrat sans scrupule permet d'alimenter la narration d'une réelle ampleur et d'un impact émotionnel rigide dans les enjeux conflictuels interminables.
    La tête à claque Stephen Dorff est parfaitement appropriée dans sa trogne de beau gosse détestable autant qu'irritable dans son arrogance désinvolte et son refus des concessions permissives. Nous n'avons alors qu'une seule idée en tête au fil du récit, que ce malfrat exécrable soit trucidé par notre revanchard intolérant d'une balle dans la tête!

    LA TRAQUE.
    Partant d'un scénario sans surprise plutôt folichon et d'une réalisation peu ambitieuse, City of crime répercute cependant un polar dur et intense, à l'atmosphère noire apposée pour un affrontement parfaitement efficace entre deux anti-héros acharnés et charismatiques qu'Harvey Keitel porte de tout son poids d'acteur inné.
    La bo mixant Massive Attack et Tricky ajoute de surcroit un tempo régulier assez stylé et varié, sans effet de vogue tape à l'oeil pour un rendu de petit polar prenant et dense.

    19.01.11

    LA LAME INFERNALE (La Polizia Chiede Aiuto)

                                        Photo emprunté sur Google, appartenant au site culture-prohibee.blogspot.com

    de Massimo Dallamano. 1974. 1H35. Italie. Avec Giovanna Ralli, Claudio Cassinelli, Mario Adorf, Franco Fabrizi, Farley Granger, Marina Berti, Paolo Turco, Corrado Gaipa, Micaela Pignatelli, Ferdinando Murolo...

    Titre Anglais: What have you done to your daughters ? (qu’avez-vous fait à nos enfants ?)

    FILMOGRAPHIE: Massimo Dallamano est un réalisateur et directeur de la photo Italien, ex-assistant de Sergio Leone, né le 17 avril 1917, mort le 4 novembre 1976 des suites d'un accident de voiture. 1969: La Vénus en Fourrure, 1972: Mais qu'avez vous fait à Solange ?  1973: Piège pour un tueur, 1974, Innocence et désir, La Lame Infernale, 1975: Emilie, l'enfant des Ténèbres, 1976: Section de choc.


    Jeunes et insouciantes
    Deux ans après son mythique Mais qu'avez vous fait à Solange ? Massimo Dallamano récidive avec le Giallo à travers une (nouvelle) sombre affaire de moeurs sexuelles établie du point de vue d'une corruption politique. Pour cause, un sordide groupuscule de fonctionnaires ainsi qu'un ministre notoire sont liés à un réseau de prostitution mineure auquel la police aura la lourde tâche de poursuivre en justice. Giallo rare, oublié et méconnu, la Lame Infernale demeure pourtant une des grandes réussites du genre auquel Ténèbres d'Argento semble acquérir certaines similitudes. De par la tonalité du rythme vif et percutant, la violence brutale des meurtres frénétiques (même si plutôt concis, telle cette main tranchée aspergeant un mur ensanglanté !) et surtout la rythmique d'un score entêtant adoptant une démarche clippesque. Pourvu d'un solide scénario fustigeant une société avilie par une hiérarchie policière, La Lame Infernale  est une merveille d'efficacité menée à un rythme sans faille (comme son joli titre français le suggère !). L'inspecteur Silvestri associé à une séduisante juge d'instruction vont tenter de démasquer et faire éclater au grand jour une sordide affaire de meurtres juvéniles compromettant une haute organisation de notables et politiciens. A travers une mise en scène nerveuse et assidue, accentuée de la bande son de Stelvio Cipriana, La Lame Infernale  développe un récit charpenté auprès d'un enquête fertile en rebondissements et actions cinglantes.


    Course poursuite automobile prenant en chasse une moto, homicides au hachoir d'une violence rigoureuse et suspense diaboliquement soutenu (Spoiler !!! jusqu'à sa conclusion incorrecte au risque d'en dérouter plus d'un lors de sa résolution laissée en suspens. Fin du Spoil). Un parti-pris fructueux dans le sens où Massimo Dallamano souhaite dénoncer l'omnipotence de ces politiciens véreux rendus intouchables face à une police aussi bien désarmée qu'impuissante. Qui plus est, nombre de scènes angoissantes rehaussées d'une ambiance ténébreuses s'avèrent particulièrement tendues (la poursuite dans le parking, la tentative de meurtre dans l'hôpital, la visite de la mère dans la morgue), la caméra mobile arpentant de façon obsessionnelle les lieux insécurisants. D'autres séquences autrement suggérées dégagent enfin une atmosphère licencieuse incommodante, telle l'écoute d'une cassette sur magnéto auquel est enregistré le discours d'un notable vicié s'adressant avec sadisme auprès d'une ado moralement désarmée. L'excellent Claudio Cassinelli (le Lion du Désert, Le Continent des Hommes poissons), prête son assurance en inspecteur inflexible de par sa détermination à traquer sans relâche un motard affublé d'un hachoir. D'ailleurs, l'accoutrement vestimentaire peu commun de ce dernier sera utilisé plus tard par le réalisateur Ken Hughes afin de parfaire Les Yeux de la Terreur (justement récompensé à Avoriaz en 1981 du Prix Spécial du Jury). Semblable à la plantureuse Edwige Fenech, Giovanna Ralli (Nous nous sommes tant aimés) lui partage la réplique avec un charme discret en juge d'instruction non dénuée de compétence et de caractère pour défendre ses opinions. 


    Qu'avez vous fait à nos enfants ?
    Jouissif en roue libre, de par l'impact de sa partition formidablement entraînante (au passage, l'expérimental Amese réappropriera du thème !), l'efficacité de sa mise en scène nerveuse ne laissant nul répit et son scénario particulièrement fétide alimentant un suspense tenduLa Lame Infernale constitue un fleuron du genre auquel l'autre étalon du genre, Ténèbres, s'y fait lointainement écho. 

    * Gaïus
    20.01.11.

    LE BATEAU DE LA MORT (Death Ship)


    de Alvin Rakoff. 1980. Angleterre. 1H31. Avec George Kennedy, Richard Crenna, Nick Mancuso, Sally Ann Howes, Kate Reid, Victoria Burgoyne, Jennifer McKinney, Danny Higham, Saul Rubinek, Murray Cruchley.

    FILMOGRAPHIE:  Alvin Rakoff est un réalisateur canadien né le 6 Février 1927 à Toronto.
    1958: Passeport pour la Honte, 1959: Larry, agent secret, 1960: Vendredi 13 Heures, 1970: Hoffmann, 1971: Say Hello to Yesterda, 1979: Cité en feu, 1980: Accroche toi j'arrive, 1980: Le Bateau de la mort.


    Jack Hill ("Coffy") et son co-scénariste David P. Lewis nous dépêchent une trame tirée d'une légende séculaire (le hollandais volant et ses flibustiers fantômes) mais remise au goût du jour dans notre époque contemporaine au sein du décor photogénique d'un vaisseau fantôme ! A la suite d'une collision mortelle entre deux bateaux (l'un réunissant des touristes pour une croisière festive, l'autre déclinant toute identité), un groupe de rescapés embarquent sur le paquebot mystérieusement dénué de passagers et de gouverneur. Très vite, des évènements inexpliqués et meurtriers ne tardent pas à les terroriser. Modestement réalisé sans prétention, Le Bateau de la mort constitue une petite série B au scénario linéaire et sans surprise, mais interprétée avec conviction et agrémentée d'un charme Bis autour de seconds couteaux (Richard Grenna, Georges Kennedy). Un divertissement mineur qui aurait pu sombrer dans l'indifférence s'il n'eut été rehaussé d'une ambiance ombrageuse sous-jacente, atmosphère rubigineuse infiltrée en interne d'un paquebot. Abordant les thèmes du nazisme et du vampirisme, ces derniers sont traités de manière peu commune, de par l'immoralité morbide d'officiers SS sous emprise surnaturelle puisque à la merci impérieuse d'un navire se nourrissant de sang humain afin de se régénérer.


    Le premier meurtre surprend par sa cruauté escarpée et suffocante. Un homme suspendu par les pieds d'un câble se ballote en l'air avant de périr noyé dans l'eau glaciale de la mer. Cette séquence particulièrement éprouvante se joue de sadisme latent afin de savoir si ce dernier accroché aux pieds pourrait éventuellement s'en délier et sortir de sa besogne. La suite des évènements nous invoque la visite impromptue de nos passagers déambulants dans les couloirs lugubres du vaisseau alors que le capitaine, rescapé de l'ancienne croisière, est possédé par l'entité invisible. Dès lors, la panique s'accapare de chacun de nos invités emprisonnés à bord de ce lieu clos opaque et tentant désespérément de réchapper à moult phénomènes inexpliqués. A l'instar de cette sonnerie de téléphone sans qu'un quelconque interlocuteur ne soit au bout du fil ou de cet électrophone émettant sans raison une musique jazzy, ce visage subitement défiguré d'une héroïne tuméfiée de pustules, ces chuchotements et voix d'outre-tombe faisant écho dans les couloirs, ce bain de douche ruisselant de sang et enfin ces accidents meurtriers souvent commis par les mécanismes industrielles du sous-sol. On peut également souligner le soin accordé aux décors lugubres en interne du bateau suintant la rouille, les toiles d'araignées agrippées aux parois ainsi qu'une présence diabolique palpable à travers les murs de l'embarcation. Telles ses fameuses machines permettant d'alimenter le navire, veines motrices de l'engin maritime. Il y a aussi la découverte blafarde d'une chambre froide renfermant une poignée de cadavres congelés, empalés par des crochets de boucher. Ce décorum sensiblement photogénique insuffle donc une réelle efficacité au cheminement  narratif, de par son atmosphère glauque diluée autour d'une énigme macabre.


    Nonobstant son manque de densité narrative, ces dialogues sommaires et ces personnages peu développés, Le Bateau de la mort prône le film d'ambiance horrifique avec une aura irrésistiblement malsaine. Quand bien même certaines scènes-chocs (le meurtre liminaire, la femme piégée dans la douche, l'un de rescapés baignant dans un filet de pêche rempli de cadavres liquéfiés) marquent les esprits par leur impact graphique particulièrement réaliste. Une sympathique série B à l'ancienne sauvée par son esthétisme sépulcral d'où émane une angoisse assez persuasive. 

    NOTE: Un remake nullissime réalisé par Steve Beck fut entrepris en 2001. L'ambiance qui faisait tout le sel du film d'origine en est totalement bannie au profit d'FX horrifiques pétaradants.

    22.01.11.  2.
    Bruno Matéï


    Angoisse / Anguish / Angustia

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site worldscinema.org

    de Bigas Lunas. 1987. Espagne. 1h24. Zelda Rubinstein, Michael Lerner, Talia Paul, Ángel Jovè, Clara Pastor, Isabel García Lorca, Nat Baker, Edward Ledden, Gustavo Gili, Antonio Regueiro...

    Date(s) de Sortie(s) :  France: 19 avril 1989  U.S.A: 08 janvier 1988

    Récompenses: Prix très spécial, Prix de la critique, Prix du public, Prix du meilleur scénario au Festival du Rex à Paris en 1988.
    Prix de la meilleure photo à Avoriaz 1988.

    FILMOGRAPHIE: Juan José Bigas Luna est un réalisateur espagnol, né le 19 mars 1946 à Barcelone (Espagne). 1978 : TatuajeBilbao, 1979 : Caniche, 1981 : Reborn, 1985 : Kiu i els seus amics (série TV),1986 : Lola, 1987 : Angoisse (Angustia), 1990 : Las Edades de Lulú, 1992 : Jambon, jambon (Jamón, jamón),1993 : Huevos de oro, 1994 : La Teta y la luna, 1995 : Lumière et Compagnie, 1996 : Bámbola, 1997 : La Femme de chambre du Titanic, 1999 : Volavérunt, 2001 : Son de mar, 2006 : Yo soy la Juani.


    Quand la fiction dépasse la réalité
    Passionnante réflexion sur le pouvoir influent de l'image, sur la manipulation du cinéma et sa compétence sensorielle à ménager les émotions, Angoisse est aussi une magistrale expérience sur la confusion de la fiction et de la réalité brouillant les repères du spectateur. Un ophtalmologiste vit reclus auprès de sa mère. Bientôt, John va devenir aveugle suite à un problème de diabète. Sa mère qui exerce sur lui une grande influence profite de ses pouvoirs télépathiques pour l'inciter à perpétrer des crimes par vengeance en extirpant les yeux des victimes. Rares sont les films d'horreur à nous insuffler un état anxiogène sensoriel et rares sont ceux réussissant l'exploit de nous faire partager un trip expérimental. En découle ici une réflexion passionnante sur notre rapport affectif à l'image et sur notre faculté intellectuelle à se fondre dans une fiction brouillant la carte du réalisme. Bigas Lunas, plus inspiré que jamais, débute sa trame avec le portrait inquiétant d'un schizophrène myope obsédé par les yeux, co-existant avec sa mère (formidable Zelda Rubinstein, magnétique et patibulaire). Une sexagénaire possessive douée de télépathie et d'hypnotisme. A travers quelques images baroques (l'escargot rampant sur un corbeau noir) et cauchemardesques (les relations équivoques mère/fils sous effet d'hypnose et la série de meurtres qui s'ensuit), nous poursuivons la besogne de John à daigner se venger de ceux qui l'auront humilié pour leur extirper les yeux des orbites avant de les assassiner. A travers cette idée destructrice et obsessionnelle d'annihiler la vue chez les coupables, le double meurtre ayant lieu chez des bourgeois entraînent déjà chez le spectateur un malaise diffus du fait du réalisme cru des situations sauvagement exposées et des scènes gores explicites misant sur l'effroi d'orbites arrachées au scalpel. Après cette morbide exaction impliquant les mobiles de John et de sa mère perfide, Angoisse  lève subitement le voile pour nous dévoiler le subterfige auquel nous venons d'assister !!!


    Spoiler !!! Si bien que cette mise en scène n'étant qu'un leurre, une mise en abyme que des spectateurs contemplatifs étaient entrain d'expérimenter en interne d'une salle de cinéma !Dès lors, deux histoires distinctes, la continuité du récit fictif de John ayant lieu devant l'écran et les horribles "nouveaux" évènements que vont subir nos spectateurs(/acteurs) réunis dans la salle, vont s'agencer pour former une analogie. Car par une intrusion inopinée, un second maniaque s'est réellement introduit dans la salle pour reproduire à l'identique le cheminement narratif du film diffusé dans la salle. Obsédé par le récit, les meurtres et surtout l'identité de l'assassin, il s'efforce de s'y influencer pour passer à l'acte criminel ! Fin du Spoiler. Or, pour amplifier l'effet de malaise mêlé d'angoisse tangible, Bigas Lunas va introduire à mi-parcours une séance d'hypnose commanditée par la mère de John. Cette modification temporaire de la conscience va soudainement produire un phénomène de vertige chez certains spectateurs, en priorité cette jeune fille terrorisée accompagnée de son amie inflexible. Ce trip expérimental agissant également sur notre conscience comme si nous étions communément sous l'emprise de la mère de John. Le malaise rigoureux de l'héroïne, au bord du marasme, déteignant sur notre psyché en proie à un semblant de vertige. Mais le pire est à craindre pour le sort des deux spectatrices juvéniles harcelées par le tueur ! Cette seconde partie terriblement déstabilisante et claustrophobe (nous sommes enfermés avec les spectateurs durant quasiment 1h00 au sein d'une salle de cinéma) s'accapare de nos sens émotionnels afin de nous égarer au coeur de deux intrigues parallèles. Un jeu de miroir manipulateur continuant de perpétrer chez nous la confusion de la fiction et de la réalité. D'où cette réflexion sur l'influence que le 7è art peut exercer chez certains esprits fragiles et cette ambivalence de la réalité et du faux semblant que Bigas Lunas manipule avec brio alchimiste.  


    Faux Semblant 
    Bénéficiant d'un scénario aussi retors que passionnant et baignant dans une atmosphère schizo en chute libre, Angoisse s'édifie en film piège, sommet d'épouvante sensoriel d'un réalisme perturbant. Une pierre angulaire des années 80 à redécouvrir d'urgence, pour peu que certains se soient pâmer devant l'expérience Enter the Void de Gaspard Noe. Luna réussissant ici avec trois fois rien et moins de virtuosité à nous aspirer dans un dédale horrifique vertigineux. Culte, dérangeant et terrifiant.

    BM
     
    30.07.23. 5èx
    24.01.11.