Photo emprunté sur Google, appartenant au site filmsfix.com
de Srdjan Spasojevic. 2010. Serbie. 1h47. Avec Sergej Trifunovic, Jelena Gavrilovic, Katarina Zutic, Slobodan Bestic.
Interdit en salles en France. Sortie Blu-ray: 2 Février 2012
FILMOGRAPHIE: Srdjan Spasojevic est un réalisateur et scénariste serbe né en 1976 à Belgrade.
2010: A Serbian Film. 2012: The ABC of Death ( "R Is for Removed").
AVERTISSEMENT: Interdit aux - de 18 ans.
Avis à chaud après une expérience immorale aussi jusqu'au-boutiste car nous entraînant dans l'incongru sans aucune retenue ! Srdjan Spasmodique, réalisateur, producteur et scénariste, ayant échafaudé un premier film hybride (trait d'union entre le cinéma d'exploitation et le film d'auteur) scandaleusement décrié partout où il fut projeté dans divers festivals et projections privées. Sans anesthésie, A Serbian Film tente de repousser les limites du trash en dénonçant les pratiques davantage frauduleuses du buziness du sexe consommé sans modération. Un voyage au bout de l'enfer Serbe, une forme d'écho indirect à Combat Schock (révolte, haine et régression dans un climat social bouleversé par les conflits politiques), Bad lieutenant (l'âme souillée en quête d'une rédemption) voir aussi à Bad Biology (l'addiction sexuelle exacerbée jusqu'à overdose). Milos, ancienne star serbe, étalon du X, reprend du service auprès d'une de ses amies pour l'acquisition d'un contrat tenu secret par un producteur. L'entrepreneur véreux étant un fan invétéré des talents sexuels du hardeur. Seulement Milos élude les conditions du contrat et signe en reconnaissance d'un gain faramineux. C'est le début d'un Voyage au bout de l'enfer du sexe et de l'ultra violence...
A serbian film nous décrit donc la descente licencieuse d'un hardeur autrefois maître de ses désirs, de son équilibre et de ses états d'âme pour une profession marginale aussi dépréciée de l'opinion. Quand bien même la comédienne esclave, soumise, est souvent réduite à un objet de consommation et de domination. En l'occurrence, Milos est en retraite mais contraint de reprendre du service pour subvenir aux besoins de sa famille. Un groupuscule mafieux décide donc de l'asservir pour le compte d'un film porno inspiré de la télé-réalité. Qui plus est, Milos ne sera jamais averti de l'agencement du scénario et de l'affiche des comédiens inconnus. Les conséquences psychologiques seront irrémédiables pour lui face à l'horreur oppressive des situations. Cette nouvelle tendance cinématographique étant façonnée dans le but d'authentifier autant que possible les séquences extrêmes vulgairement mises en boucle. Spoiler ! Les séquences pornographiques sans limite devenant plus obscènes et dénuées de compassion pour les victimes mises à épreuve. Comme celui de faire intervenir une mère et sa fille sans savoir au préalable si nous avons affaire à des comédiennes assumées ou à des quidams pris en otage contre leur gré ! La sexualité mise en exergue de manière bestiale va furtivement s'affilier à une violence permissive afin de rendre complice un Milos désorienté car dérouté de ce climat crapuleux. Un florilège d'exactions improbables vont donc se perpétrer avant de commettre l'irréparable: le meurtre en direct ! Plus communément prénommé snuff movie auquel notre étalon complètement drogué au viagra et ecstasies participera sans modération. Le lendemain du drame, notre cobaye épris de réminiscence et en perte de repère s'aperçoit qu'il a été trompé en visionnant les vidéos laissées en témoignage sur camescope. Mais quand la pire des révélations est à venir, il est déjà trop tard, plus possible de faire marche arrière ! Fin du Spoiler.
Dans une réalisation soignée, à l'instar de son design d'ameublement et de sa photo léchée, le réalisateur Srdjan Spasmodique traite du thème de la pornographie sans concession requise. Un empire du sexe ouvertement dévoilé par le biais de la pellicule pour le mettre en pratique de la manière la plus malsaine et brutale possible ! Le cinéaste y dénonçant un univers davantage corrompu par la demande addictive d'une clientèle insatiable toujours plus exigeante. Jusqu'où peut-on braver les interdits pour satisfaire les pires instincts de la bassesse humaine ? Ce sont surtout dans les pays précaires où le totalitarisme règne en maître que les actes les plus tendancieux sont commis chez une population martyrisée par les guerres civiles entre la Yougoslavie et la Serbie. Certaines scènes tournées en extérieure dans un souci documentaire montrent bien l'état d'esprit d'une démographie discrète où seuls les marginaux sortent librement la nuit (l'agression de Milos par 2 dealers qui s'étaient empressés de violer une mineure). L'impact cinglant du film est de démontrer explicitement qu'à force de mettre en pratique un hardeur plongé dans une sexualité sans limites, un monstre erratique peut en être enfanté. Dans la peau de Milos, l'interprétation névralgique de Sergej Trifunovie s'avère saisissante d'intensité viscérale ! Il faut d'ailleurs le voir la larme à l'oeil lors de l'épilogue traumatique, se permettant au passage d'effleurer notre empathie dans sa condition lamentée !
05.08.10
Bruno Matéï
http://www.scifi-universe.com/critiques/23711-12-a-serbian-film.htm