jeudi 26 avril 2012

Les Machines du Diable / The Losers


de Jack Starrett. 1970. U.S.A. 1h35. Avec Fran Dinh Hy, Vic Diaz, Paraluman, Lillian Margarejo, Ana Corita, John Garwood, Paul Koslo, Eugène Cornelius, Houston Savage, Adam Roarke, Bernie Hamilton, William Smith.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE (IMDB): Jack Starrett est un réalisateur américain, né le 2 Novembre 1936 au Texas, décédé le 27 Mars 1989, en Californie. 1969: La Cavale Infernale. 1970: Les Machines du Diable. Le Dernier des Apaches. 1972: Slaughter. 1973: Dynamite Jones. 1974: The Gravy Train. 1975: Course contre l'Enfer. 1976: La Vengeance aux Tripes. Hollywood Man. 1977: Justice Sauvage, chapitre final. 1982: Kiss My Grits


Réalisé 3 ans avant les accords de paix de Paris de 1973 qui permis à l'armée des Etats-Unis de se retirer du conflit vietnamien, Les Machines du Diable est une production sacrément couillue, pour ne pas dire incongrue. Car il fallait oser entreprendre un projet de film de guerre aussi débridé alors que les soldats américains étaient partis au front. D'autant plus que cette première défaite de l'histoire des Etats-Unis impliqua plus de 3,5 millions de jeunes américains entre 1965 et 1972 et traumatisa toute une génération ! Un escadron de Bikers sont recrutés en pleine guerre du Vietnam avec pour ordre de mission de récupérer un technocrate, retenu prisonnier dans un camp de vietcongs.
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Par le réalisateur de Dynamite Jones et de l'excellent road movie sataniste Course contre l'enfer (de loin son meilleur film !), Les Machines du Diables est un film de guerre aberrant tirant son originalité dans la caractérisation de marginaux affiliés à la culture hippie. Imaginez une seconde le concept ! En pleine guerre du Vietnam, un groupe de Hells Angels se retrouvent enrôler pour libérer un technocrate de la CIA, retenu en otage dans un camp cambodgien ! Ces panoplies de grandes gueules marginales ont en outre rappliqué avec leur grosse pétoire cylindrée pour s'en aller sauver l'autre gus en costard dans le fin fond d'une jungle asiatique ! Sur le papier, ça donne l'impression de se retrouver face à une BD live, sorte d'ascendant indirect des aventures du colonel James Braddock (Portés Disparus) accouplé avec l'équipée motorisée de Max le fou ! Seulement voilà, durant une bonne partie du récit, nos hippies libertaires passent leur temps à sa bourrer la gueule dans les bars malfamés, s'envoyer en l'air avec des putes juvéniles et provoquer des bagarres de rue avec des agitateurs récalcitrants. Tandis que d'autres renouent avec leur ancienne copine asiatique rencontrée avant la guerre pour flâner sous les palmiers. Il faut donc quand même avouer qu'à part deux, trois scènes ludiques et son prologue pétaradant, les Machines du Diable peine à trouver son rythme plutôt rébarbatif.


Néanmoins, ce nanar émaillé de trognes sympathiques (Bernie Hamilton, le capitaine Dobey de la série TV Starsky et Hutch, ainsi que William Smith, l'immonde Falconnetti de la série Le Riche et le Pauvre !) rattrape ses plages d'ennui par une dernière partie littéralement hallucinée ! Pour preuve, nos 5 bikers envoyés en mission de sauvetage débutent enfin leur intervention après avoir trafiqué leur bécane (de marque japonaise Yamaha !!!) en véritable engins futuristes sortis tout droit de Mad-Max 2 !!! Du délire à l'état pur ! D'autant plus que l'action spectaculaire et les explosions en tous genres sont exécutées avec compétence (revalorisées par moments en slow motion pour agrémenter les chorégraphies). Le point d'orgue risible vaut également son pesant de cacahuètes quand nos motards retenus à leur tour prisonniers parmi l'otage américain décident de s'évader de leur cabane de bambou. Et de quelle manière ! Après avoir fortement abusé de Marijuana, nos irréductibles mal rasés, rendus complètement hilares sous l'effet de la drogue, réussissent (avec facilité déconcertante !) à se libérer de leur tanière en supprimant un à un les geôliers disposés autour de la hutte. ATTENTION SPOILER ! Mais leur déroute se clos dans un bain de sang inéquitable quand nos patriotes sont pris à parti avec les vietcongs repliés en masse, mais aussi l'armée américaine réfutant de leur porter assistance ! FIN DU SPOILER


Longuet et pesant mais rattrapé par une dernière partie proprement hallucinée, Les Machines du Diable est un nanar amical finalement fréquentable. On peut même le considérer comme le précurseur de la saga Portés Disparus, Rambo ainsi que Mad-Max 2 dans son alliage hétéroclite des genres. Cette plaisanterie insensée laisse surtout en mémoire le profil improbable de ses Bikers d'apocalypse ainsi que quelques généreuses scènes d'action, jouissives et trépidantes, où les impacts de balle font voler en éclat les chairs déchiquetées en slow-motion ! (pour rappel, le film était interdit au moins de 18 ans à l'époque !)
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Dédicace à Videopartymassacre et Daniel Aprin
26.04.12
Bruno Matéï

mercredi 25 avril 2012

DETACHMENT

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site atthecinema.net

de Tony Kaye. 2011. U.S.A. 1h37. Avec Adrian Brody, Sam Gayle, Bryan Cranston, Lucy Liu, James Caan, Blythe Danner, Renée Felice Smith, Marcia Gay Harden, William Petersen, Tim Blake Nelson.

Sortie salles France: 01 Février 2012

FILMOGRAPHIE: Tony Kayle est un réalisateur, directeur de photo et producteur anglais, né en 1952. 1998: American History X
2011: Detachment
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"Jamais je ne me suis senti si profondément en un seul et même moment aussi... détaché de moi-même et tellement présent au monde" Albert Camus

Depuis 1998, nous étions restés sans nouvelle de Tony Kayle, réalisateur du percutant American History X. Une oeuvre choc d'une grande puissance dramatique sondant les rouages du parti de l'extrême droite à travers l'engagement d'un jeune militant (magistralement interprété par Edward Norton). En l'occurrence, le réalisateur sort de son mutisme pour nous asséner un nouvel uppercut. Une production indépendante sortie dans l'indifférence (en dépit de ses récompenses à Deauville et Valenciennes) démontrant avec une noirceur implacable l'impuissance du milieu scolaire à endoctriner une jeunesse caractérielle au bord de la faillite. Henry Barthes est un professeur remplaçant. Il est assigné pendant 3 semaines dans un lycée difficile de la banlieue new-yorkaise. Lui qui s'efforce de toujours prendre ses distances va voir sa vie bouleversée par son passage dans cet établissement.


Une société confinée dans le dénigrement peut-elle avancer ?
13 ans après American History XTony Kayle nous retrace avec Detachment le cheminement désabusé d'un professeur de lycée prêchant les valeurs d'humanisme dans la spéculation. Mis en scène avec un âpre réalisme proche du documentaire, ce constat impitoyable de l'échec scolaire nous éprouve durement de son climat blafard hautement dépressif. Un prof remplaçant parvient à prodiguer une certaine discipline à ces élèves chahuteurs d'un lycée difficile. Mais son passé galvaudé, entaché par le suicide de sa mère, l'état pathologique de son grand-père sur le déclin, puis la rencontre impromptue d'une jeune prostituée, vont peu à peu l'éprouver lors de sa remise en question existentielle. Avec une sensibilité écorchée et un humanisme empli de désespoir, Tony Kayle nous livre ici un tableau élégiaque d'une jeunesse discréditée de tous repères. Par la faute d'une démission parentale égocentrique rejetant leur responsabilité sur des professeurs tout aussi perdus et désemparés, la jeunesse new-yorkaise se morfond dans une déchéance en roue libre. Bien que ce professeur altruiste finisse par gagner la confiance de ses élèves perfectibles par la tolérance et l'érudition, le climat social en dégénérescence d'une société individualiste et l'inconfiance d'une population désengagée finiront par ternir les aspirations personnelles. Même si au bout du chemin, la rédemption d'une prostituée semble être la consolation d'un homme névrosé confronté à la cécité d'une société au bord du marasme. Dans un rôle chétif empli d'humanité affaissée, Adrian Brody se délivre corps et âme ! Il livre avec pudeur une essentielle conviction spirituelle dans sa quête d'inculquer à ses élèves l'importance d'être guidé. Le soutien d'un éducateur aidant à comprendre la complexité du monde dans lequel nous vivons. Notre nécessité de nous défendre et nous battre contre la lassitude dans un processus de réflexion. Apprendre à lire, à stimuler notre imagination, à cultiver notre propre conscience, notre propre système de croyances. Le besoin inhérent de ces compétences pour préserver nos esprits.


"C'était une glace au coeur". "Un naufrage". "Un malaise du coeur".
Surchargé en émotion par un pessimisme foudroyant de nihilisme, Detachment ne pourra faire l'unanimité dans sa détresse inconsolable fustigeant le genre humain. Pourtant, il s'agit d'un drame éloquent qui interpelle et prend aux tripes dans son cri d'alarme asséné au malaise de la nouvelle génération mais aussi aux adultes dévalués. Avec la prestance dépouillée de protagonistes à la fragilité humaine fléchissante, Tony Kaye nous illustre dans leur vérité humaine la lutte intrinsèque que chaque individu doit combattre pour éclipser sa colère, ses injustices et renouer avec notre raison d'être. Detachment est alors une réflexion sur la foi, une quête identitaire (la plupart des gens jouent le rôle de ce qu'ils croient être) sur ce que nous sommes capables d'extérioriser quand une personne lambda vous a acquise sa confiance, notamment l'importance que vous pouvez administrer aux yeux des autres. Ames sensibles et dépressifs, je vous prie néanmoins de vous abstenir car il est impossible de sortir indemne d'un tel fardeau discriminatoire pour énoncer l'avilissement civil. Un tourbillon d'émotions aussi ardues nous acheminant inévitablement au malaise ontologique !


Note: Hormis une critique globale relativement dubitative, Detachment a récolté quatre prix !
Prix de la révélation Cartier et Prix de la critique Internationale au Festival de Deauville 2011, ainsi que le Grand Prix et le Prix du Public au Festival de Valenciennes 2011.

Un grand merci à atthecinema.net
25.04.12
Bruno Matéï


lundi 23 avril 2012

FRAYEURS (La Paura / Paura nella città dei morti viventi / City of the Living-Dead)

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site paperblog.fr

de Lucio Fulci. 1980. Italie. 1h32. Christopher George, Catriona MacColl, Carlo De Mejo, Antonella Interlenghi, Giovanni Lombardo Radice, Daniela Doria, Fabrizio Jovine, Luca Venantini.

Sortie salles France: 10 Décembre 1980. U.S: Mai 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


"Seuls les morts connaissent la mort. Les vivants en ignorent tout. Ils ne font qu'imaginer." 
Un an après l'Enfer des zombies, Lucio Fulci continue d'apporter sa touche singulière avec Frayeurs, second volet d'une quadrilogie érigée sur le mythe du zombie latin. Véritable poème putride où les morts tourmentent les vivants par l'entremise de la peur, cette clef de voûte du cinéma transalpin insuffle un sentiment perpétuel de peur tangible au point d'obséder son spectateur. D'ailleurs, le public du festival du Rex ne s'y est pas trompé si bien qu'il lui attribua personnellement son Grand Prix à Paris ! A Dunwich, le père Thomas se pend dans un cimetière. Depuis ce suicide improbable, un climat de peur s'empare des habitants convaincus que les morts se relèvent de leur tombe pour venir les persécuter. Une médium, un journaliste, un psychiatre et l'une des ses patientes décident de retrouver sa tombe avant la veillée de la toussaint et avant que les morts ne s'emparent de notre monde. 


En 1979, l'Enfer des Zombies avait déjà conquis le public du monde entier grâce à sa disparité  d'horreur exotique et de gore subversif. Un an plus tard, Lucio Fulci transcende son ambition de provoquer l'effroi chez nous avec Frayeurs. Sa pièce maîtresse indéfectible souvent collationnée avec l'Au-delà, l'autre chef-d'oeuvre pictural imputé au destin maudit d'un peintre immolé ! La trame toujours aussi simpliste reste quasi inchangée ! Un quatuor d'acolytes se réunissent pour enrayer la menace toujours plus hostile de morts-vivants en ascension. Ces derniers s'exhumant de leur tombe par la faute du suicide blasphématoire du prêtre mécréant. Nos protagonistes sont donc contraints de retrouver son caveau pour pouvoir refermer la porte de l'enfer avant l'aube de la toussaint. Un script linéaire vite emballé, prétexte à un florilège d'évènements sanglants estomaquants et surtout conçu pour distiller une ambiance de peur qui va littéralement plaqué le spectateur à son fauteuil. Son incroyable efficience émane du talent inné de son réalisateur à façonner un véritable climat de trouille à l'aura d'onirisme macabre ! A l'instar d'un cauchemar éveillé, nous assistons donc à une succession d'épisodes cinglants conçus pour nous prouver l'existence de morts exhumés de l'au-delà. Sous l'autorité d'un prêtre reniant sa foi, ces charognes de l'enfer se destinent à revenir sur terre pour déverser leur immondice. Et à la manière d'ectoplasmes, ils se jouent notamment de leur présence immatérielle afin d'apparaître et disparaître à leur gré !


L'atmosphère mortifère qui émane de la réalisation assidue de Fulci nous immerge totalement de son pouvoir d'étrangeté. Et à ce niveau, le poète du macabre nous élabore un florilège d'images horrifiantes ancrées dans un morbide révulsif (les apparitions saisissantes d'Emilie, du prêtre et de la grand-mère, la pluie d'asticots déversés sur nos héros, ou encore le lyrisme du point d'orgue confiné dans les souterrains d'un caveau azur). Les scènes gores concoctées par l'artisan Gianetto De Rossi (la femme pleurant des larmes de sang puis dégobillant ses viscères par la bouche, ou l'illettré trépané à la perceuse) nous éprouvent par leur impact réaliste aussi incisif qu'innovant. Parmi la fidélité d'une équipe de techniciens factuels, il est impossible d'occulter l'incroyable partition funèbre de Fabio Frizzi. Mélodie brutale et percutante, parfois même chorégraphiée afin de scander ces séquences flamboyantes (le ballet final régi sous la grotte des damnés), sans compter l'utilisation judicieuse d'une bande son ombrageuse exacerbant les râles agonisants de lépreux anémiques. Des postures latentes camouflées derrière le grincement de portes et placards poussiéreux !
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Danse Macabre
Faisant preuve d'ambition à travers sa fulgurance macabre et redoublant de virtuosité, d'audaces et d'inventivité (notamment cette séquence de claustration qu'une victime éprouve en interne de son cercueil) à extérioriser la prédominance de la peur, Frayeurs nous frappe de plein fouet par son atmosphère morbide en crescendo. A la manière d'un ballet spectral, les fantômes insidieux imaginés par Fulci envahissant la terre pour propager mort et désolation et d'y contaminer les vivants étourdis de leur emprise. Pour parachever, s'il y avait un conseil à préconiser au spectateur afin de mieux savourer son essence de terreur, ce serait de le (re)voir seul la nuit avec le volume de votre ampli majoré ! Frayeur garantie !

Bruno Dussart
Dédicace à Mr Fabio Frizzi et Masonna Maruosa Matsumoto
Un grand merci à Paperblog.fr
23.04.12.

Récompense: Grand Prix du Public au festival du film fantastique du Rex à Paris, 1980.

A lire également, l'excellente critique chroniquée par Leatherfacehttp://deadstillalive.canalblog.com/archives/2011/09/25/22136386.html


vendredi 20 avril 2012

THE WIZARD OF GORE

                                                 
                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedb.avcesar.com

d'Herschell Gordon Lewis. 1970. U.S.A. 1h35. Avec Ray Sager, Judy Cler, Wayne Ratay, Phil Laurenson, Jim Rau.

FILMOGRAPHIE: Herschell Gordon Lewis est un réalisateur, scénariste, producteur, directeur de photographie, acteur et compositeur américain, né le 15 Juin 1926 à Pittsburgh, Pennsylvanie (Etats-Unis).
1963: Blood Feast. 1964: 2000 Maniacs. 1965: Monster a go-go. 1965: Color me blood red. 1967: A taste of blood. 1970: The Wizard of Gore. 1972: The gore gore girls. 2002: Blood Feast 2.

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En 1970, le pape du gore nous concocte un énième film gore dégueulbif, juste après quelques illustres friandises restées dans les annales du genre (Blood Feast et surtout 2000 Maniacs, son délire sudiste le plus drôle et original). The Wizard of gore ne déroge pas à la règle ! C'est amateuriste, grand-guignolesque, débridé et fatalement redondant ! Pour les amateurs de tripaille faisandée, cette curiosité vintage ne manque pas de charme dans son florilège de provocations incongrues. Montag, un magicien venu de nulle part réalise devant un public médusé des tours de prestige particulièrement sanglants. Il démontre tout son talent artistique à torturer en direct un spectateur désigné après l'avoir hypnotisé. Quelques instants après chaque représentation, les jeunes femmes préalablement sélectionnées sont retrouvées assassinées dans les mêmes circonstances. Une journaliste et son amant vont tenter de percer le mystère de ce prestidigitateur. 


Décors minimalistes, acteurs dérisoires, photo ocre délavée, scénario grotesque et surtout gore festif autopsié en gros plan ! Nous sommes bien en présence d'une pellicule obsolète mise en scène par notre ancêtre du gore, toujours plus motivé à nous balancer à la face nombre de scènes-chocs ultra sanglantes. Enucléation d'un oeil, corps coupé à la tronçonneuse ou écrasé par une presse, estomac éviscéré, empalement d'épée au fond de la gorge, tête tranchée à la guillotine, pieu enfoncé dans la tempe ! Des FX cheaps filmés en plan zoom, à grands renfort d'organes démembrés, comme tout bon film de cannibales ou zèderies ritales estampillés d'Amato Ketchup ! Le scénario improbable mais farfelu est un prétexte à aligner de façon récurrente nombre de mises à mort perpétrées par un mage souhaitant altérer réalité et fiction dans des tours de passe-passe singuliers. Paradoxalement, sitôt le numéro de torture exécuté, les personnes préalablement mutilées mais bel et bien vivantes sont retrouvées assassinées sous le même mode opératoire. Une journaliste et son compagnon dubitatif vont tenter de lever le voile sur le mystère de cette vague de crime et convier ce magicien orgueilleux dans une émission de télé ! Et on peut dire que l'épilogue halluciné vaut son pesant de délire métaphysique sur notre perception de la réalité et le sens illusoire de la fiction ! A croire que Lewis et toute son équipe ont du abuser de substance psychotrope pour rallonger un final décousu totalement irraisonné !


The Wizard of gore est donc un petit classique du gore risible, assez ludique et croquignolet pour tout amateur de curiosité datée. Le caractère clairsemé du script saugrenu, l'aimable sympathie des protagonistes incultes et surtout la galerie insolente des scènes chocs vomitives concourent à égayer cette plaisanterie au mauvais goût assumé. En prime, le cabotinage disproportionné de notre meurtrier azimuté, affublé d'un costume noir d'aristocrate valorise un charme désuet dans ses ambitions autocrates.

Un grand merci à cinedb.avcesar.com
20.04.12
Bruno Matéï

jeudi 19 avril 2012

L'ORDRE ET LA MORALE

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
de Mathieu Kassovitz. 2011. France. 2h16. Avec Mathieu Kassovitz, Iabe Lapakas, Malik Zidi, Alexandre Steiger, Sylvie Testud, Philippe Torreton, Daniel Martin.

Sortie salles France: 16 Novembre 2011

Récompense: Grand Prix du Festival du film de Sarlat, 2011

FILMOGRAPHIE: Mathieu Kassovitz est un acteur, scénariste, réalisateur et producteur français, né le 3 Août 1967 à Paris.
1993: Métisse
1995: La Haine
1997: Assassins
2000: Les Rivières Pourpres
2003: Gothika
2008: Babylon A.D
2011: L'Ordre et la Morale
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Avertissement ! Cet hommage concerne l'avis subjectif d'un puriste amateur, amoureux de cinéma de genre, en toute indépendance. Il ne s'agit pas d'un plagiat. Toute analogie avec une critique d'un site spécifique ne serait que pure coïncidence.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
D'après le livre de Philippe Legorjus (La Morale et l'Action), Mathieu Kassovitz aura mis plus de 10 ans à échafauder son scénario remanié en 25 versions distinctes. Alors que le tournage était prévu sur les lieux mêmes de la prise d'otage d'Ouvéa, le réalisateur dû se résoudre à s'orienter vers la Polynésie française puisqu'une partie de la population calédonienne s'opposa à sa présence. D'autres controverses ont également été rapportées puisque l'armée française remis en cause la version historique des faits jugés trop militants.

Avril 1988, en Nouvelle-Calédonie. Un clan d'indépendantistes assassinent quatre gendarmes et en kidnappent 30 autres pour les emprisonner dans une grotte insulaire. Alors que l'état français déploie 300 militaires pour intimider les preneurs d'otage, le capitaine Philippe Legorjus va tenter de négocier avec les rebelles Kanaks. Des rivaux beaucoup moins délétères et sanguinaires que les médias vont daigner le prétendre.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
En frondeur intègre, Mathieu Kassovitz nous retrace le conflit politique de la Nouvelle-Calédonie survenue en 1988 avec un groupuscule d'indépendantistes opposés à l'armée française déployée de 300 hommes. Au moment des élections du second tour, un négociateur du GIGN va tenter d'apaiser la situation chez ces insurgés pour éviter un assaut meurtrier décrété par le gouvernement.
Avec une structure narrative géométrique et limpide, l'Ordre et la Morale est un drame politique captivant soulignant l'hypocrisie de certains dirigeants. Là où leur notion d'éthique est bannie au profit d'une présidence favorisant l'adversaire désigné.
Avec un souci de vérité documentée, Mathieu Kassovitz dénonce les calomnies de l'armée française, de certains politiciens et de la gendarmerie privilégiant une guerre sanglante pour favoriser le parti d'une victoire présidentielle. Alors que le capitaine Philippe Legorjus tente de gagner la confiance du chef des insurgés par un compromis pacifiste, ce négociateur compatissant va se retrouver contraint de le trahir par la cause de sa déontologie professionnelle. C'est cette confrontation humaine de deux rivaux finalement octroyés au subterfuge de la trahison que notre réalisateur nous retranscrit dans une morale indigne et intolérable, faute de l'opportunisme de nos pouvoirs politiques.
Le point d'orgue irréversible illustrant l'assaut meurtrier perpétré par l'armée française est réalisé avec un souci de réalisme cinglant. Sans esbroufe, filmés caméra à l'épaule, les combats en interne de belligérants aussi pugnaces qu'apeurés nous sont caractérisés de manière âpre et abrupte, jusqu'au bain de sang promu.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
Réflexion sur le sens de nos responsabilités et sur la moralité de nos engagements, l'Ordre et la Morale est un brûlot politique qui ose pointer du doigt la corruption déversée par certains leaders gouvernementaux, adeptes de l'extrême droite. Hormis le jeu théâtral des comédiens (en dehors de l'assurance appliquée de l'acteur Mathieu Kassovitz), ce dérisoire jeu de pouvoir démontre ici notre incapacité à gérer un conflit terroriste quand le mensonge engendre l'assassinat. Car, à l'image assumée de notre négociateur: si la vérité blesse, le mensonge tue !

Un grand merci à Cinemovies.fr
19.04.12
Bruno Matéï

mercredi 18 avril 2012

HUGO CABRET (Hugo)

Photo empruntée sur Goggle, appartenant au site lyricis.fr   
de Martin Scorsese. 2011. U.S.A. 2h06. Avec Asa Butterfield, Chloe Moretz, Jude Law, Michael Pitt, Christopher Lee, Emily Mortimer, Sacha Baron Cohen, Ben Kingsley, Ray Winstone, Helen McCrory.

Sortie salles France: 14 Décembre 2011. U.S: 23 Novembre 2011
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Récompenses: Oscar 2012: Meilleur Photographie, Meilleure Direction Artistique, Meilleurs Effets Visuels, Meilleur Montage Sonore, Meilleur Mixage Son.
Golden Globes 2012: Meilleur réalisateur pour Martin Scorsese
National Board of Review Awards 2011: Meilleur Film, Meilleur Réalisateur
Critics Choice Awards 2012: Meilleure Direction Artistique
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FILMOGRAPHIE: Martin Scorsese est un réalisateur américain né le 17 Novembre 1942 à Flushing (New-york).
1969: Who's That Knocking at my Door, 1970: Woodstock (assistant réalisateur), 1972: Bertha Boxcar, 1973: Mean Streets, 1974: Alice n'est plus ici, 1976: Taxi Driver, 1977: New-York, New-York, 1978: La Dernière Valse, 1980: Raging Bull, 1983: La Valse des Pantins, 1985: After Hours, 1986: La Couleur de l'Argent, 1988: La Dernière Tentation du Christ, 1990: Les Affranchis, 1991: Les Nerfs à vif, 1993: Le Temps de l'innocence, 1995: Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain, 1995: Casino, 1997: Kundun, 1999: Il Dolce cinema -prima partie, A Tombeau Ouvert, 2002: Gangs of New-York, 2003: Mon voyage en Italie (documentaire), 2004: Aviator, 2005: No Direction Home: Bob Dylan, 2006: Les Infiltrés,  2008: Shine a Light (documentaire), 2010: Shutter Island. 2011: Hugo Cabret.
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Avertissement ! Cet hommage concerne l'avis subjectif d'un puriste amateur, amoureux de cinéma de genre, en toute indépendance. Il ne s'agit pas d'un plagiat. Toute analogie avec une critique d'un site spécifique ne serait que pure coïncidence.
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En 2011, Martin Scorsese entrepose à l'écran le roman de Brian Selznick, l'Invention de Hugo Cabret, pour nous confectionner son hommage au 7è art et au cinéaste français Georges Méliès. Des prémices du cinéma muet à l'invention du genre fantastique innové par un créateur de génie, Hugo Cabret est un voyage au centre de l'illusion, où des artistes vigoureux réparent les machines pour cristalliser leur destin.

Dans une gare parisienne des années 30, Hugo se retrouve seul après avoir perdu son père dans un incendie. Sous la garde d'un oncle alcoolique, il est contraint d'activer le cadran d'une  immense horloge en guise de travaux forcés. Pendant son temps libre, il est surtout entêté à réparer un automate au mécanisme complexe et retrouver une mystérieuse clef en forme de coeur. 
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Conte enchanteur au pouvoir de féerie insatiable, le nouveau film de Martin Scorsese est un somptueux ballet d'illusion et d'émotion sous l'effigie parisienne d'une station de métro des années 30. Dans la reconstitution antique d'une gare française remplie de citadins fluctuants, Hugo Cabret est l'histoire flamboyante de deux destins agencés pour la consécration.
Hugo, jeune orphelin de douze ans, décide d'achever la confection d'un vieil automate préalablement débusqué par son père dans le grenier d'un musée. Après la mort accidentelle de celui-ci, l'enfant est obsédé à l'idée de rétablir sur pièce ce pantin rubigineux aux éléments partiels. Pour cela, il est contraint de voler des outils et pièces mécaniques chez un marchand de jouet acariâtre. Hanté par la mort inéquitable de son paternel, il souhaite retrouver la clef qui pourrait lui permettre de ressusciter son automate de plomb. Alors qu'au fil de son cheminement, il va également découvrir son incroyable destinée affiliée à l'un des plus grands génies du 7è art !
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En sorcier utopiste délibéré à renouer avec les émotions séculaires du cinéma muet, Martin Scorcese 
nous retransmet avec fougue et virtuosité les prémices du 7 art, sous l'étendard d'un maître de l'illusion. Déclaration d'amour à l'imaginaire et à la créativité, au pouvoir évasif de la fiction par le procédé novateur du cinématographe, Hugo Cabret est un hommage rempli d'éloges à ces créateurs illuminés. En en particulier à Georges Meliès, magicien et cinéaste obstiné à convoiter un public songeur. C'est son parcours qui nous ait retranscrit avec une verve infatigable à travers les yeux candides d'un enfant en quête identitaire, fasciné par les attractions inédites plus vraies que nature. Sa réjouissance, il la retrouve au sein d'un vieux cinéma orné d'une toile géante et jalonné de sièges de velours pour accueillir la popularité curieuse d'un public novice. Le spectacle singulier est confiné dans cette vaste salle de théâtre tapie dans l'obscurité où l'on projette en boucle les premiers essais des Frères Lumières, les débuts comiques d'Harold Lloyd et de Chaplin et les féeries enchanteresses du Voyage dans la lune d'un certain Méliès. Mais encore l'avènement du western ou du film catastrophe quand un train de marchandise fonçait droit devant la foule ébahie de spectateurs affolés ! Un public aussi horrifié que rieur d'assister à la duperie d'un métrage conçu pour les impressionner, sans d'autre ambition que de les divertir avec plaisance. Et cela avant que n'intervienne le procédé moderne du cinéma parlant avec Don Juan ou le Chanteur de jazz.
Sous contexte historique, Martin Scorcese aborde également le préjudice de la guerre quand Georges Mélies fut contraint d'abdiquer à son métier de cinéaste par la cause d'un conflit militaire à échelle mondiale. Sous cet aspect politique, il montre à quel point l'homme dépité peut renoncer à ses désirs, ses ambitions inhérentes quand la violence et la mort ont annihilé toute notion d'optimisme. Mais Hugo Cabret est autant un conte merveilleux transcendant l'incroyable destinée d'un orphelin tourmenté par la mort d'un père chérissant. Sa quête initiative va lui permettre de retrouver la foi par l'entremise d'un pantin prodigieux compromis à la rencontre insensée d'un personnage de légende !
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Cinéma Paradiso
Magnifiquement interprété et mis en scène avec une virtuosité ébouriffante, Hugo Cabret est un chef-d'oeuvre de fantaisie où l'émotion gracile nous ranime la flamme des premiers émois du cinématographe. Là où nos doyens spectateurs s'extasiaient devant des trésors d'ingéniosité conçus par des travailleurs manuels amoureux de leur firme artisanale. Une oeuvre candide au parfum rétro délectable, une éloge au cinéma originel et surtout au rêve qui en découle par l'imaginaire prolifique de magiciens nobles. 
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Un grand merci à Lyricis.fr
Dédicace à Isabelle Rocton
18.04.12
Bruno Matéï


mardi 17 avril 2012

EVA

Photo empruntée sur Google, appartenant au site be.com   
de Kike Maillo. Espagne. 2011. 1h34. Avec Daniel Brühl, Marta Etura, Alberto Ammann, Claudia, Vega, Lluis Homar, Anne Canovas, Sara Rosa Losilla, Jordi Diaz.

Sortie salles France: 21 Mars 2012

FILMOGRAPHIE: Kike Maillo est un réalisateur, scénariste, acteur, compositeur espagnol, né le 3 Juin 1975 à Barcelone.
2011: Eva

Un joli film, étrange et touchant mais perfectible car beaucoup moins persuasif et prégnant que le magnifique A.I de Steven Spielberg, basé sur le même thème.
A découvrir...

Bruno Matéï
17.04.12