mercredi 19 décembre 2012

MASKS. Prix du Public au Festival de Paris 2011.

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site blogomatic3000.com

de Andreas Marschall. 2012. Allemagne. 1h52. Avec Susen Ermich, Magdalena Ritter, Julita Witt, Stefanie Grabner, Sonali Wiedenhöfer, Michael Siller.

Sortie salles Allemagne: 13 Avril 2012

Récompenses: Prix du Public au Festival International du film de Paris, 2011
Prix Ciné + Frisson au Festival International du film de Paris, 2011

FILMOGRAPHIE: Andreas Marschall est un réalisateur, scénariste, acteur et directeur de photo allemand.
2004: Tears of Kali
2012: Masks


Après l'expérimental Amer, originaire de Belgique, c'est au tour de l'Allemagne d'emprunter le même schéma hermétique avec Masks, giallo très influencé par l'univers de Suspiria auquel il émaille l'intrigue de multiples références (tonalité baroque d'une école pernicieuse, directrice patibulaire, esthétisme criard, demoiselles droguées et soumises, rituel de meurtres acérés, partition mélodique).

Une jeune comédienne novice arrive dans une école de théâtre pour tenter de décrocher un rôle majeur. Mais un mystérieux tueur sème la mort auprès de la gente féminine. Stella va apprendre que dans ce même établissement, des interprètes se sont autrefois suicidés sous l'allégeance d'un enseignant masochiste.


Photo saturée de nuances azurs et carmins, sauvagerie de meurtres stylisés, atmosphère aussi trouble que feutrée, personnages interlopes régis par une force diabolique, mise en scène épurée. Il n'y a pas de doute, nous sommes bien en présence d'un hommage horrifico-fantastique à l'illustre Suspiria, auquel le giallo s'y serait notamment introduit par la porte d'une serrure bloquée. Si l'intrigue absconse, volontairement décousue, peut rapidement irriter le spectateur, impliqué malgré lui dans un cauchemar diaphane, l'atmosphère anxiogène palpable et le pouvoir sensuel émanant de la présence timorée de Stella réussissent néanmoins à nous envoûter. Sorte de Black Swan immergé dans du vitriol où une comédienne se retrouve assujettie par une direction délétère, Masks nous dévoile sournoisement un jeu de duperie et de provocation ou l'émotion et le sang s'approprient d'un rôle substantiel !


En manipulateur indocile, Andreas Marschall use et abuse d'un canevas tortueux pour semer doute et  confusion auprès d'une héroïne droguée, compromise à déployer ses talents de comédienne pour mieux se parfaire à "la méthode". Une démarche morbide qui avait été enseigné par un gourou mystique au cours duquel chacun de ses élèves étaient contraints de décupler leurs émotions sous l'emprise d'une drogue hallucinogène. Une manière extravagante de pouvoir transcender leur jeu d'acteur emphatique ! Quarante ans plus tard, voilà qu'une mystérieuse porte cadenassée renferme un terrible secret auquel Stella va tenter d'affranchir pour découvrir l'ultime vérité ! Et quelle vérité ! Le point d'orgue macabre culminant sa déchéance morale vers une idéologie malsaine où le vampirisme adopte une politique séculaire. Pendant tout ce temps, quelques témoins gênants auront la déveine de périr égorgés ou transpercés d'une arme blanche, gros plans explicites à l'appui ! Mystère tangible, inquiétude oppressante, érotisme charnel, visions cauchemardesques se combinent au rythme d'un score entêtant. En dépit de sa structure tarabiscotée, Masks insuffle à rythme régulier une attention croissante avant de nous ébranler par l'implacable vérité !


Métaphore sur l'ambition artistique liée à l'improvisation, réflexion sur l'affres de l'échec, jeu de miroir où le mal tente de dévisager le masque de l'apparence en dévorant nos émotions, Mask multiplie les références argentesques tout en élaborant une intrigue originale finalement étonnante. Esthétiquement raffiné, violemment gore et pourvu d'un romantisme saphique (la relation homo entre stella et son amie), cet exercice de style suscite interpellation et séduction, même si sa narration désordonnée aurait mérité à être plus accessible. A revoir rapidement pour en saisir toute sa richesse thématique mais à réserver à un public  prémédité, au risque d'en égarer en chemin. 

19.12.12
Bruno Matéï



mardi 18 décembre 2012

SOUS LA VILLE (W ciemnosci / In Darkness)

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site pariscine.com

de Agnieszka Holland. 2011. Pologne/Allemagne/Canada. 2h24. Avec Robert Wieckiewicz, Benno Fürman, Agnieszka Grochowska, Herbert Knaup, Maria Schrader, Kinga Preis.

Sortie salles France: 19 Octobre 2012. U.S: 2 Septembre 2011. Pologne: 5 janvier 2012

Récompense: Meilleure Réalisatrice au Festival International de Valladolid

FILMOGRAPHIEAgnieszka Holland est une réalisatrice née le 28 Novembre 1948 à Varsovie.
1980: Acteurs provinciaux. 1985: Amère Récolte. 1988: Le Complot. 1990: Europa, Europa. 1992: Olivier, Olivier. 1993: Le Jardin Secret. 1995: Rimbaud Verlaine. 1997: Washington Square. 2001: Golden Dreams. 2002: Julie Walking Home. 2006: Copying Beethoven. 2011: Sous la Ville.


Avec son nouveau long-métrage, la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland relate l'histoire vraie d'un contrebandier qui tenta de sauver de l'épuration nazie 12 Juifs en les abritant dans les égouts de la ville polonaise de Lvov en 1944.
Film fleuve d'une durée de 2h24, Sous la Ville tente de nous décrire sans aucun misérabilisme et encore moins de complaisance la survie d'une poignée de juifs (hommes, femmes et enfants) plongés dans l'opacité des égouts urbains. Après avoir creusé un trou dans le sol de leur demeure, plusieurs familles décident de rejoindre les conduits souterrains afin d'éviter les exécutions en masse perpétrées par les soldats nazis. C'est à ce moment fatidique qu'un employé municipal va les surprendre. Pour protéger leur vie ainsi que la sienne, il décide de leur réclamer une taxe quotidienne en guise de nourriture et d'eau. Véritable enfer souterrain plongé dans la moiteur des eaux fétides et des rongeurs sauvages, ces rescapés vont devoir rester cloîtrés dans les ténèbres durant plusieurs mois en espérant échapper au génocide.


De manière implacable et avec réalisme abrupt, ce témoignage édifiant sur les horreurs du génocide juif et la bravoure qui s'ensuit d'un prolétaire cupide, peine malgré tout à retransmettre une authentique empathie pour chacun des témoins démunis. Son climat lourd et austère puis l'antipathie impartie au personnage vaillant (devenu héros malgré lui) suscite une certaine frustration chez le spectateur circonspect. D'autant plus que le rythme sporadique n'évite pas la redondance dans les agissements risqués d'un protecteur indécis mais épris de compassion pour la misère humaine. Ces incessants va et vient entre la clarté des extérieurs urbains et l'obscurité des égouts nauséeux nous suscite une certaine irritation, faute du manque d'intensité conférée aux enjeux dramatiques. Pourtant, hormis ces défauts précités et surtout la défaillance d'une narration assez désordonnée, on ne peut qu'éprouver une certaine émotion face la condition précaire de ces rescapés faméliques et insalubres, totalement isolés du monde extérieur. A travers ce douloureux calvaire intenté aux juifs durant le régime nazi, la réalisatrice souhaite notamment rendre hommage à l'héroïsme d'un quidam insidieux. Un employé individualiste mais davantage gagné par l'humilité pour tenter d'extraire de l'enfer des innocents envoyés en bûcher.


Hormis ses défaillances allouées au rythme irrégulier et à l'austérité des interprètes, Sous la ville reste néanmoins un drame poignant jalonné de moments forts dans son climat anxiogène régi par l'Allemagne du 3è Reich. D'autant plus que sa dernière partie, haletante et déterminante, provoque une émotion vigoureuse chez le spectateur lamenté. Ne serait ce que pour le caractère authentique de cette page historique impartie à la cause juive, Sous la ville mérite d'être découvert avec intérêt et considération.

18.12.12
Bruno Matéï

ATTENTION SPOILER !!!
"Les juifs de socha" passèrent 14 mois dans les égouts de Lvov. Le 12 Mai 1946, Leopold Socha fut tué en protégeant sa fille d'un camion de l'armée russe hors de contrôle. A ses funérailles, quelqu'un a dit: "Dieu l'a puni pour avoir aidé les juifs". Comme si nous avions besoin de Dieu pour se punir les uns les autres. Plus tard, Krystyna Chiger écrivit ses mémoires, "la fille au chandail vert" publiés en 2008. Krystyna et les autres survivants fuirent Lvov, alors en Union Sovétique, pour se réfugier en Israel, en Europe et aux Etats-Unis. Leopold et Wanda (Magdalena) Socha figurent parmi les 6000 polonais honorés par Israel en tant que Justes parmi les nations. Ce film est dédié à chacun d'entre eux.
FIN DU SPOILER


LE HOBBIT: un voyage inattendu (The Hobbit)


                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site hobbitmovienews.com

de Peter Jackson. 2012. 3h05. Avec Martin Freeman, Ian McKellen, Benedict Cumberbatch, Richard Armitage, Andy Serkins, Cate Blanchett, Christopher Lee, Hugo Weaving, Elijah Wood, Graham McTavish.

Sortie salles France: 12 Décembre 2012. U.S: 14 Décembre 2012

FILMOGRAPHIE: Sir Peter Robert Jackson est un réalisateur, producteur et scénarise néo-zélandais, né le 31 Octobre 1961 à Pukerua Bay, North Island (Nouvelle-Zélande).
1987: Bad Taste. 1989: Les Feebles. 1992: Braindead. 1994: Créatures Célestes. 1995: Forgotten Silver. 1996: Fantômes contre fantômes. 2001: Le Seigneur des Anneaux. 2002: Les Deux Tours. 2003: Le Retour du Roi. 2005: King-Kong. 2009: Lovely Bones. 2012: Le Hobbit: un voyage inattendu. 2013: Le Hobbit: la Désolation de Smaug. 2014: Le Hobbit: Histoire d'un aller et retour.


11 ans après sa légendaire trilogie des anneaux, Peter Jackson renoue avec l'héroïc fantasy de J. R. R. Tolkien pour nous narrer cette fois-ci une chasse au trésor préalablement survenue 60 ans avant la découverte de l'anneau ! Un soir, Bilbon Sacquet, paisible hobbit, est recruté par treize nains et le magicien Gandalf. Afin de récupérer l'or d'une forteresse gardé par un dragon, nos valeureux héros vont devoir traverser un périple semé d'embûches et d'antagonistes belliqueux pour accéder à la montagne solitaire.


De prime abord, si certains spectateurs auront à reprocher son côté puéril et conciliant, le roman originel rédigé à la fin des années 20 et au début des années 30 n'avait d'autre but que de divertir les enfants du célèbre romancier. Il s'agit donc d'un prélude à l'univers cher de l'écrivain, une première oeuvre explorant l'univers de la Terre du Milieu. Son succès fut d'ailleurs si fructueux qu'une suite, le Seigneur des anneaux, fut rapidement mise en chantier. Ode à l'altruisme inscrit dans les valeurs de la fraternité et à l'autonomie de pouvoir transcender sa routine usuelle, initiation au courage, au goût du risque pour accéder à l'ultime victoire, Le Hobbit est une odyssée fantastique vu à travers la personnalité d'un paisible pèlerin. Un individu vertueux entraîné malgré lui par la main d'un cortège de nains à l'esprit d'équipe et d'héroïsme empli de frénésie. A la manière de son remake King-kong, Peter Jackson s'alloue d'une générosité sans égale pour nous illustrer avec bravoure une quête au trésor rempli d'aventures échevelée et d'action homérique. Que ce soit les attaques récurrentes des orques belliqueux, la traversée inquiétante d'une forêt empoisonnée, la première rencontre avec le schizophrène Gollum (dépouillé de son anneau invisible !), l'altercation des hommes de pierre, l'apparition du nécromancien et surtout le repère de l'antre des Trolls. Si la première partie pittoresque laisse présager une aventure futile plutôt attendrissante dans son humour bon enfant, la suite des enjeux se révèle beaucoup plus intense et captivante pour nos héros compromis aux rixes d'antagonistes toujours plus pugnaces et sanguinaires. A ce titre, la dernière heure étourdissante de vigueur épique laisse place à de furieux moments de bravoure proprement anthologiques sous la caméra virtuose d'un Peter Jackson totalement maître de son art !


Chaque protagoniste qui empiète le récit s'avère attachant dans leur sens de camaraderie, leur crainte d'échouer mais aussi et surtout leur entrain à combattre sans abdiquer des rivaux sans vergogne. Leurs ennemis patibulaires remplis de haine et de fiel sont caractérisés par des êtres monstrueux toujours aussi charismatiques dans leur physionomie fétide. Mention spéciale à la créature Gollum, encore plus impressionnante dans son réalisme famélique, et au chef ventripotent des Trolls, immonde leader plein d'orgueil et de gouaille insolente. Mais le personnage le plus attrayant s'avère sans nulle doute Bilbon Sacquet, incarné par l'excellent Martin Freeman. A travers son personnage indécis épris de contrariété pour s'engager dans une guerre sempiternelle et fuir la sérénité du cocon douillet, l'acteur laisse exprimer une capacité exutoire à réprimer les affres de l'angoisse pour mieux présager une singulière destinée. Visuellement splendide dans ses immenses décors de paysages édéniques ou de contrées maléfiques et déployant avec une évidente générosité des séquences d'action gargantuesques (la bataille cinglante dans l'antre des Trolls), Peter Jackson réussit une fois de plus à enchanter sans fioriture le spectateur ayant su préserver son âme d'enfant. 


En dépit d'un petit air de déjà vu, Bilbo Le Hobbit est suffisamment flamboyant, homérique et magique dans son sens du divertissement prodige pour contenter les plus réfractaires à cette nouvelle trilogie. S'il n'atteint pas le lyrisme, la grâce et la sombre densité du Seigneur des Anneaux, il véhicule néanmoins un pouvoir de fascination prégnant au cours des vicissitudes incessantes allouées à nos petits héros indéfectibles ! Grandiose, émotif et purement divertissant !

Le Hobbit 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/01/le-hobbit-la-desolation-de-smaug-hobbit.html
Le Hobbit 3: http://brunomatei.blogspot.fr/…/le-hobbit-la-bataille-des-5…

18.12.12
Bruno Matéï

lundi 17 décembre 2012

L'ILE MYSTERIEUSE (Mysterious Island)

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmfestamiens.org

de Cy Endfield. 1961. Angleterre/U.S.A. 1h41. Avec Michael Craig, Joan Greenwood, Michael Callan, Gary Merrill, Herbert Lom, Beth Rogan.

Sortie salles France: 1962. U.S: 20 Décembre 1961

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Cy Raker Endfield (10 Novembre 1914 - 16 Avril 1995) est un réalisateur, scénariste, écrivain, magicien et inventeur américain, établi en Grance Bretagne depuis 1953. 1955: The Secret. 1956: Les Aventures du Colonel March. 1956: Child in the house. 1957: Train d'Enfer. 1958: Sea Fury. 1959: Jet Storm. 1961: l'Île Mystérieuse. 1963: Hide and Seek. 1964: Zoulou. 1965: Les Sables du Kalahari. 1969: Le Divin marquis de Sade. 1971: Universal Soldier.


L'île mystérieuse est la troisième adaptation cinématographique du roman homonyme de Jules Vernes façonnée par Cy Endfiel, réalisateur aussi discret que peu connu du public (en dehors du génial Zoulou). Des prisonniers de la guerre de sécession parviennent à s'évader par l'entremise d'un ballon dirigeable. Emportés par les vents violents, il échouent sur une mystérieuse île peuplée de monstres gigantesques. Mais l'arrivée fortuite de pirates ainsi qu'une éruption volcanique vont davantage compromettre la survie de nos pèlerins. Récit d'aventures fantastiques fertile en péripéties auquel une poignée de survivants vont se mesurer à l'hostilité d'une bande de pillards et de créatures animales, avant de s'allier avec un capitaine pacifiste, L'île mystérieuse nous insuffle un délicieux parfum rétro. Parmi l'accord musical d'un mélomane notoire (Bernard Herrmann s'il vous plait !), la flamboyance de son technicolor et un génie des FX élaborés en stop motion (Ray Harryhausen), Cy Endfield nous renvoie à une époque révolue où le fantastique et l'aventure se télescopaient pour l'allégeance d'une oeuvre artisanale.


Un spectacle familial un brin naïf dans les agissements indécis de héros primitifs mais à la spontanéité vigoureuse pour leurs vicissitudes en roue libre. Au sein d'un environnement insulaire à l'inquiétude sous-jacente, nos rescapés vont donc se confronter à l'arrivée aléatoire d'autres naufragés et tenter de refonder communément un semblant de vie plus confortable. Durant leur périple, ils vont découvrir une végétation sauvage particulièrement insolite mais aussi des lieux inquiétants repérés au sein d'une grotte, dans l'antre d'une ruche géante, sous les flots d'une ville engloutie ou encore à proximité d'une montagne volcanique. L'intrusion d'une bande de pirates et les diverses offensives imposées avec un crabe, une poule et une abeille atteints de gigantisme seront leurs enjeux les plus alarmistes. Une fois de plus, Ray Harryhausen accomplit des prodiges pour tenter de nous faire croire que nos animaux familiers sont en l'occurrence atteints d'une taille disproportionnée ! Exit donc le bestiaire mythologique tributaire des aventures de Sinbad, Jason ou Persée, le réalisateur optant ici pour un fantastique rationnel plus en phase avec notre réalité contemporaine.


Avec un sens du merveilleux hérité de l'imagination de Jules Vernes et le caractère haletant des péripéties que nos Robinson de fortune enchaînent vaillamment, l'île mystérieuse affiche un charme rétro d'une acuité toujours aussi exaltante. Son technicolor rutilant de l'époque, la présence magnétique de l'inquiétant Herbert Lom, le score orchestral aux cuivres imposants de Bernard Herrmann et la magie des FX animés par Ray Harryhausen le confinant au classique inoxydable. 

* Bruno
17.12.12. 3èx


jeudi 13 décembre 2012

Les Week-end maléfiques du Comte Zaroff / 7 Femmes pour un Sadique. Médaille d'Argent à Sitges, 1977

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinedweller.com

de Michel Lemoine (Michel Leblanc). 1976. France. 1h25. Avec Michel Lemoine, Howard Vernon, Joëlle Coeur, Martine Azencot, Sophie Grynholc, Robert Icart, Stéphane Lorry, Patricia Mionet.

                       Classé X, interdit au moins de 18 ans et banni des écrans français

Récompense: Médaille d'Argent au Festival du film Fantastique de Sitges, 1977.

FILMOGRAPHIE: Michel Lemoine (Michel Charles Lemoine) est un acteur et réalisateur français, né le 30 Septembre 1922 à Pantin (Seine-Saint-Denis). 1970: Comme il est court le temps d'aimer (co-réalisateur, non crédité). 1972: Les Désaxés. 1973: Les Chiennes / Le Manoir aux Louves. 1973: Les Confidences Erotiques d'un lit trop accueillant. 1974: Les Petites Saintes y touchent. 1976: Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff. 1978: Excitation au soleil / Viens, je suis chaude. 1978: Cuissardes. 1978: Tire pas sur mon collant. 1978: Langues Profondes. 1979: Viens, je suis chaude. 1980: Contes Pervers / les Filles de madame Claude (co-réalisateur). 1981: l'Amour aux sports divers / Alice... tu glisses. 1982: Desire under the sun. 1983: Ardeurs d'été. 1984: Neige brûlante. 1984: Rosalie se découvre / l'Initiation de Rosalie / Rosalie, ou la débauche d'une adolescente. 1984: La Maison des mille et un plaisirs. 1984: Mobilhome girls. 1985: Je t'offre mon corps. 1985: Marilyn, mon amour. 1986: Echange de femmes pour le week-end / Hot Desire. 1986: l'Eté les petites culottes s'envolent / Prenez moi ! / Flying Skirts. 1986: Le Retour de Marilyn. 1987: l'île des jouissances sauvages / Honeymoon in Paradise / l'île des jouissances perverses / Voluptés aux Canaries. 1987: La Déchaînée / Slips fendus et porte-jaretelles / Forbidden Pleasures. 2010: La Vierge au pays des trolls / String tendus et plaisirs Perdus / Lost Pleasures.


Unique incursion dans le fantastique d'un réalisateur lucratif tributaire de l'érotisme et du porno, Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff n'eut même pas les honneurs d'une exploitation en salles puisqu'il fut purement et simplement interdit de diffusion pour cause d'incitation au meurtre !!! Classifié X, le film sera tout de même distribué en vidéo après sa sortie célébrée à Sitges où il repart avec une médaille d'argent au festival ibérique du film fantastique. Exploité à l'étranger sous le titre Seven Women for Satan et parfois diffusé dans l'hexagone sur les chaines câblées, les amateurs de raretés atypiques ne se sont jamais vraiment remis de cette expérience onirique vaguement influencée par les braconnages du célèbre comte Zaroff.


Le pitch: Boris Zaroff, un châtelain nanti, occupe ses week-ends à kidnapper de jeunes filles égarées sous l'assistance de son majordome, Karl. Hanté par la mort de son ancienne maîtresse, Anne De Boisreyvault, le comte esseulé est quotidiennement victime d'hallucinations et de pulsions meurtrières. De surcroît, le père de Karl semble avoir une emprise diabolique sur le château. Ovni franchouillard honteusement boycotté par le comité de censure de l'époque (on se demande encore pour quelle raison équitable car aucune outrance graphique à l'horizon !), Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff s'avère une denrée incongrue de par son aura fantasmatique prégnante. Ainsi, à travers les délires érotico-morbides d'un châtelain partagé entre ses pulsions délétères et sa hantise d'un amour perdu, l'oeuvre de Michel Lemoine nous entraîne dans une sorte de trip expérimental dénué de raisonnement. 


Un poème charnel où les corps ardents des filles dévêtues se délectent d'apathie quand ils ne sont pas violés, molestés ou torturés par les exactions du comte névrosé. Traversé d'images baroques où l'architecture gothique du manoir insuffle un esthétisme pictural dans son jeu d'ombres et de lumières incandescentes, Michel Lemoine accorde un soin évident à émailler son atmosphère diaphane, accentuée par la paisible beauté de sa campagne isolée et d'une inquiétante nécropole. Si ce poème cynique parfois hilarant (le couple impassible assujetti à la torture de l'amour vaut son pesant de cacahuètes) provoque autant d'enthousiasme chez l'amateur de délire hermétique, il est en prime scandé d'une superbe mélodie entêtante composée par Guy Bonnet. Quand bien même l'aspect amateuriste des comédiennes juvéniles pourvues d'un joli minois insuffle à leur personnage une bonhomie toute naïve. Mais la palme de la prestance impayable en revient à nos deux protagonistes hautains, propriétaires du château maléfique et d'un dog pur-sang. Dans le rôle du majordome interlope, Howard Vernon traîne sa dégaine de manière hagarde et monolithique, quand bien même Michel Lemoine vampirise l'écran par son regard ahuri transi d'émoi dans celui du comte névralgique ! Si Karl correspond un étrange rapport morbide avec son ancêtre et laisse finalement périr un couple en étreinte dans la chambre des tortures, Boris, lui, est plongé dans ses délires lubriques parmi de charmantes inconnues et son fétichisme nécrophile auprès d'Anne !


Fantôme d'Amour
Avec sa narration sporadique dénuée de vraisemblance (ou si peu), ses comédiens excentriques, son érotisme polisson, sa musique psychédélique et ses images étonnamment graciles, Les Week-ends maléfiques du Comte Zaroff constitue un oeuvre saugrenue où la frénésie irréelle s'empare tranquillement de l'esprit du spectateur. Il en ressort de ce rêve onirique l'impression tangible d'avoir assisté à une sorte d'illusion surnaturelle si bien que notre conscience s'est laissé emporté par ce florilège d'images somme toute graciles. A voir absolument pour les amateurs de curiosité atypique inscrite dans la débrouille du système Z. 

*Bruno
17.09.22. 3èx
13.12.12. 


mercredi 12 décembre 2012

GREMLINS

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site lecritiqueurfou.blogspot.com

de Joe Dante. 1984. U.S.A. 1h30. Avec Zach Galligan, Phoebe Cates, Hoyt Axton, Frances Lee McCain, Polly Holliday, Glynn Turman, Dick Miller, Scott Brady.

Sortie salles France: 5 Décembre 1984. U.S: 8 Juin 1984

FILMOGRAPHIEJoe Dante (né le 28 novembre 1946 à Middletown, New Jersey) est un critique, scénariste, monteur, producteur et réalisateur américain. Son plus grand succès populaire est, à ce jour, Gremlins (1984). 1966-1975 : The Movie Orgy 1976 : Hollywood Boulevard, co-réalisé avec Allan Arkush 1978: Piranhas,1981 : Hurlements (The Howling) 1983 : La Quatrième Dimension (Twiling Zone the Movie), troisième épisode, Its a Good Life 1984 : Gremlins 1985 : Explorers 1987 : Cheeseburger film sandwich (Amazon Women on the Moon), 5 sketches 1987 : L'Aventure intérieure, 1989 : Les Banlieusards (The 'burbs) 1990 : Gremlins 2, la nouvelle génération (Gremlins 2 The New Batch) 1993 : Panic sur Florida Beach (Matinee) 1998 : Small Soldiers 2003 : Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes : Back in Action) 2006 : Trapped Ashes , premier segment,Wraparound. 2009: The Hole.


Plus grand succès populaire de la carrière de Joe Dante, Gremlins est l'un de ses petits films miraculeux de par sa conception originale d'habile dosage de frissons ludiques et d'émerveillement. Avec la collaboration de Steven Spielberg en tant que producteur exécutif, nos deux compères nous ont négocié un conte de noël horrifique rehaussé d'un humour sardonique résolument débridé ! Car il fallait oser pratiquer autant de dérision macabre et de subversion dans une production estampillée Spielberg destinée avant tout à un public conformiste ! Dans une petite contrée des Etats-Unis, une armée de Gremlins sème la terreur le soir de Noël. Un jeune garçon et son amie vont tenter de mettre un terme à cette folie incontrôlée. A partir de ce canevas simpliste mais d'une efficacité imparable, Joe Dante nous élabore une énorme farce macabre afin de désacraliser la célébration (mielleuse) de Noel. Bourré de clins d'oeil et d'hommages aux classiques du cinéma fantastique (l'Invasion des profanateurs de SépultureBlanche Neige et les 7 nains, Planète Interdite, Dr Jekyll et Mr Hyde, le Cauchemar de Dracula, mais aussi E.T, Indiana Jones et bien d'autres encore !), Joe Dante emprunte quelques idées à ces oeuvres antécédentes pour nous agrémenter un diabolique divertissement. Si de prime abord, Gremlins séduit le spectateur par son sens du merveilleux avec l'entrée en scène du personnage candide de Mogwai, sa métamorphose hybride, compromise par l'inattention du citoyen moderne, finit par engendrer une résurrection de diablotins facétieux !


A partir du moment où ces fameux Gremlins prolifèrent grâce à la matière nuisible de l'eau, le conte de fée timoré se transforme en sarabande horrifique sous les exactions cruelles de petits monstres teigneux ! Souvent hilarant lors de ces séquences d'anthologie que l'on connaît par coeur (l'assaut des monstres au sein de la ville en état d'alerte, la beuverie dans le bar, la projection de Blanche Neige et les 7 Nains dans une salle comble, la cabriole mortelle d'une sexagénaire sur son fauteuil électrique et son final homérique en interne d'un magasin de jouets), Joe Dante n'hésite pas pour autant à provoquer une cinglante terreur lorsque, par exemple, la maman de Billy est contrainte de se défendre seule dans sa cuisine contre un groupe de gremlins. Ou lorsque le père-noël traditionnel se retrouve sévèrement agressé par ces monstres agrippés à son échine ! En prime, pour mettre en exergue le côté sombre de cette invasion terroriste, il insère y notamment une certaine dimension tragique envers la cantique de Noël. Ce que Kate avouera finalement à son compagnon Billy pour lui expliquer de quelle manière accidentelle son paternel déguisé en père-noel s'est retrouvé piégé dans la cavité d'une cheminée pour mieux surprendre sa famille le soir du réveillon. En dehors de son esprit cartoonesque et de sa verve insolente qui imprègnent tout le récit, Joe Dante aborde également en sous texte social une réflexion écologique sur la responsabilité parentale et sa négligence à provoquer diverses catastrophes au mépris des bienfaits de la nature.


Inventif en diable, hilarant d'ironie sournoise entre deux plages de féerie, Gremlins reste le classique décomplexé de Noël bafouant les règles de la bienséance. Mené à un rythme effréné et interprété avec spontanéité par deux interprètes juvéniles (Zach galligan et Phoebe Cates se révèlent très attachants dans leur bonhomie candide), Gremlins réussit à transcender les altérations du temps grâce en priorité à son insolence constamment gouailleuse. 

12.12.12. 5èx
@ Bruno 

mardi 11 décembre 2012

Le Maître des Illusions / Lord of Illusions - Director's Cut

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site expertcomics.com

de Clive Barker. 1995. Angleterre. 2h01. Avec Scott Bakula, Famke Janssen, Barry Del Sherman, Ashley Cafagna-Tesoro, J. Trevor Edmond, Wayne Grace, Jordan Marder.

Inédit en salles en France. U.S: 25 Août 1995

FILMOGRAPHIEClive Barker est un réalisateur, écrivain, peintre, producteur et scénariste anglais, né le 5 Octobre 1952. 1973: Salome (court). 1978: The Forbidden (court). 1987: Hellraiser. 1990: Cabal. 1995: Le Maître des Illusions


Dernier film à ce jour du romancier Clive Barker, Le Maître des Illusions eut la déveine de ne pas pouvoir bénéficier d'une sortie hexagonale dans nos salles. En prime, alors que l'édition VHS française comportait la version intégrale du Director's cut, sa sortie Dvd sera malencontreusement charcutée de plus de 16 minutes ! Enfin, pour parfaire l'infortune, le film essuya notamment un bide commercial outre-atlantique. Ainsi, à travers l'investigation assidue d'un détective privé contraint de côtoyer l'univers chimérique des illusionnistes, Clive Barker nous concocte un film fantastique absolument fascinant jalonné d'éclairs de terreur cinglante à marquer d'une pierre blanche. Ca commence fort avec un prologue de 14' bien malsain au cours duquel une communauté de fanatiques réfugiés en interne d'une cabane isolée s'extasient à subir l'allégeance d'un gourou adepte de forces occultes de la magie noire. Mais un groupe d'insurgés régi par l'adversaire Swann décide de mettre un terme à cette mascarade pour assassiner leur ancien oracle et libérer une adolescente prise en otage. 13 ans plus tard, un détective privé se retrouver mêlé à fréquenter l'univers des illusionnistes par l'entremise de Swann, devenu en l'occurrence le plus notable des magiciens. 


Bienvenu dans l'univers surréaliste de Clive Barker de nouveau exposé à adapter l'un de ses propres romans afin d'y transcender un spectacle d'onirisme macabre et de magie noire observé nulle part ailleurs. Sous l'autorité sectaire d'un gourou adepte d'une éthique maléfique, le réalisateur nous élabore une vertigineuse descente aux enfers proprement démoniale où l'enquête policière et le surnaturel se conjuguent avec une dextérité plutôt inattendue. Dans une ambiance glauque et malsaine où la fascination morbide occupe une place de choix pour y singer une réalité illusoire, Le Maître des Illusions nous décrit le portrait marginal d'antagonistes fanatisés par l'injonction divine. Un séminaire mystique convaincu que la vie n'est qu'un amas de chair putride et que l'au-delà est une délivrance afin de s'extasier dans la plénitude d'une solitude indolore. Avec la bonhomie rassurante du détective assidu campé à contre-emploi par un Scott Bakula compromis au genre horrifique, Clive Barker nous immerge de plein fouet en interne d'un monde occulte où magiciens interlopes et démons innommables s'opposent afin d'y préserver leur propre doctrine. Par conséquent, à travers cet affrontement escompté entre deux maîtres d'illusion férus de pouvoirs surnaturels, le réalisateur nous énonce avec fougue une réflexion métaphysique sur l'illusion de l'existence (fantasme ou réalité ?), sur l'ambiguïté divine et l'emprisonnement corporel de notre propre chair.


La chair et un piège et la magie peut nous en libérer
Jeu d'illusion où l'horreur tente de s'emparer de la banalité de l'existence, fusion de mystère et de fascination baignant dans un climat glauque et malsain, Le Maître des Illusions est notamment exacerbé de la présence iconique d'un nouvel archétype du Mal, Nix ! Campé par l'impressionnant Daniel Von Bargen, l'acteur extériorise avec une aisance hallucinée une véritable emprise démoniaque dans sa corruption à l'idéologie nihiliste. Pour mettre en exergue la démesure de ses pouvoirs diaboliques ainsi que ses exactions meurtrières impassibles, nous ne sommes pas prêts d'oublier l'ultime point d'orgue apocalyptique où l'inventivité morbide y déploie un florilège d'images cauchemardesques incongrues (les corps martyrs des adeptes encastrés dans le sol argileux, le caractère homérique du sanglant duel Swann/Nix ou encore la putréfaction de ce dernier !). En résulte une perle horrifique, que dis-je, un chef-d'oeuvre singulier particulièrement finaud au travers de sa narration charpentée nantie d'un pouvoir de fascination prégnant. Indispensable pour le genre. 

*Bruno
Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-fiction
29.12.23. VOSTF. 4èx
11.12.12.