vendredi 23 janvier 2015

LES YEUX DU MAL (The Godsend)

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site fredanderson.typepad.com

de Gabrielle Beaumont. 1980. U.S.A. 1h27. Avec Malcolm Stoddard, Cyd Hayman, Angela Pleasance, Patrick Barr, Wilhelmina Green.

Sortie salle France: 16 Mars 1983. U.S: 11 Juin 1980

FILMOGRAPHIE: Gabrielle Beaumont est une réalisatrice, productrice, scénariste et actrice anglaise, née le 4 Juillet 1942 à Londres (Royaume-Uni).
1980: Les yeux du Mal. 1981: Meurtre d'une créature de rêve (télé-film). 1983: Secrets of a Mother and Daughter (télé-film). 1984: Gone are the Dayes (télé-film). 1987: He's my Girl. 1993: Fatal Inheritance. 1993: Riders (télé-film). 1996: Dar l'Invincible 3 (télé-film). 1998: Diana, princesse du peuple (télé-film).


Exploité sous l'étendard étoilé d'Hollywood Video, Les Yeux du Mal aura fait fantasmer tous les fantasticophiles des vidéos-clubs avec sa jaquette flamboyante héritée de la Malédiction et de l'Exorciste ! On imagine alors au vu de cette affiche crépusculaire une série B plaisante dans la lignée d'Une si gentille petite fille, des Tueurs de l'éclipse ou du rigolard De si gentils petits monstres ! Des petits plaisirs coupables redoutablement ludiques pour qui sait apprécier les bisseries décomplexées au délire assumé ! Primé au Festival Fantastique de Paris dixit la jaquette française ! Mais au vu du résultat affligeant de maladresse, on imagine sans peine l'effronterie de son argument commercial bâti sur le simulacre. Car oui, Les Yeux du Mal s'avère un mauvais film dans tous les sens du terme, et hormis le charisme inquiétant (mais inexpressif !) de la petite Wilhelmina Green (son regard noir et rigide met parfois mal à l'aise !), il n'y a quasiment rien à sauver de ce succédané de "l'enfant diabolique".


La faute incombant à un scénario trivial d'une rare vacuité et bourré d'incohérences (d'où vient cette femme enceinte ? Que souhaite t'elle précisément ? Pour quelle raison elle laisse son bébé à cette famille lambda ? Quelle est la véritable ambition de Bonnie ? Qu'en est-il de cet épilogue irrésolu ?), à un jeu d'acteurs effroyablement mal dirigés, à des dialogues aussi grotesques qu'ineptes, et à une réalisation infructueuse. Pour résumer, une paisible famille se voit contrainte d'élever un bébé abandonné depuis la disparition soudaine d'une étrange iconnue qu'ils venaient d'héberger par charité ! Depuis, des incidents meurtriers vont ébranler chaque enfant de la cellule parentale ! Si le score musical ombrageux s'efforce à distiller une ambiance oppressante dans le cadre champêtre d'une demeure isolée et pour l'influence malsaine de la fillette maléfique, et que son final rocambolesque réussit parfois à nous arracher quelques sourires, de par la cocasserie (involontaire) des parents en alerte; la lenteur du récit, les situations récursives d'incidents meurtriers (établis hors-champs !), et la perplexité des protagonistes en discorde finissent rapidement par nous démotiver. En dépit de ses multiples maladresses, une séquence réussit peut-être à tirer son épingle du jeu lorsque l'un des bambins se retrouve défenestré par l'autorité diabolique de la gamine. Une séquence spectaculaire assez réaliste dans la violence tolérée à sa chute abrupte, quand bien même la victime sans défense est impartie à l'innocence !


Pour les amateurs de curiosité oubliée des années 80, Les Yeux du Mal peut peut-être intéresser les collectionneurs incorrigibles de films d'horreur au rabais (moi même, je le conserve en guise mémorative !). Pour les autres, il restera sans doute un navet que je me démotive à vous conseiller, même si avec indulgence, le dénouement chaotique de l'intrigue peut prêter à sourire et le charisme inflexible de la gamine peut parfois créer une certaine illusion ! On garde en tous cas en mémoire la chimère d'une splendide jaquette, le fantasme d'un B movie d'apparence prometteuse mais reflétant au final une arnaque mercantile issue de la célèbre firme Cannon

Bruno Matéï

jeudi 22 janvier 2015

INTERSTELLAR

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site flicksandbits.com

de Christopher Nolan. 2014. U.S.A/Angleterre. 2h49. Avec Matthew McConaughey, Anne Hataway, Jessica Chastain, Mackenzie Foy, Ellen Burstyn, Michael Caine, Casey Affleck, Timothée Chalamet, John Lithgow, Wes Bentley, David Gyasi, Matt Damon.

Sortie salles France: 5 Novembre 2014. U.S: 7 Novembre 2014

FILMOGRAPHIE: Christopher Nolan est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 30 Juillet 1970 à Londres en Angleterre.
1998: Following. 2000: Memento. 2002: Insomnia. 2005: Batman Begins. 2006: Le Prestige. 2008:The Dark Knight. 2010: Inception. 2012: The Dark Knight Rises. 2014: Interstellar.


Etablir un point de vue objectif à la sortie de la projo d'Interstellar est pour moi une gageure irréalisable au premier visionnage. De par la complexité d'un scénario trop confus comme de ses nombreux termes scientifiques paraphrasées, l'odyssée de Nolan ne m'a pas empêché de m'étourdir face à ce trip interstellaire plus vrai que nature ! Pour faire bref, l'intrigue retrace l'expédition cosmique d'un groupe d'explorateurs partis en mission afin de sauver l'humanité en pénurie alimentaire et d'oxygène. C'est à dire envisager une évacuation de la terre en confectionnant des vaisseaux spatiaux adéquats pour transporter la population, ou en cas d'échec, préparer une colonisation à partir du développement d'embryons humains. Contraints de s'exiler dans l'espace pour une durée indéterminée, Joseph Cooper doit quitter précipitamment son fils et sa fille inconsolable afin de tenter de trouver une alternative de secours, et sans savoir s'il reverra un jour ses enfants. 


Space-opera extrêmement ambitieux mais aussi abstrait et imbitable qu'un 2001, Interstellar nous fait vivre une expérience cinégénique hors des sentiers battus ! Christopher Nolan manipulant et maîtrisant nos sens émotionnels avec une virtuosité aussi vertigineuse que l'intensité musicale de Hans Zimmer ! Le tour de force technique imparti aux images sidérales d'une planète océan, d'un trou de ver et d'un trou noir nous transcendant également un dépaysement aussi crédible que celui de Gravity d'Alfonso Cuaron. Mais ce qui m'a principalement interpellé durant cette dérive spatio-temporelle où plane l'existence extra-terrestre, c'est sa dimension humaine impartie entre un père et sa fille. Leur brutale séparation étalée sur un nombre infinie d'années, leur tentative de communication à partir de messages audiovisuels envoyés depuis la Terre, et enfin leurs différences d'âge imparties à l'éventuelle retrouvaille laissent en mémoire des séquences intimistes bouleversantes dans leur relation précaire non avare d'aspiration ! Les thèmes de la famille, de l'amour, de la foi, de l'espoir, de l'optimisme étant illustrés avec une sensibilité écorchée vive ! A l'instar du dénouement renversant vécu à mon sens comme l'un des plus beaux moments de cinéma que j'ai pu vivre de mémoire de cinéphile. Déchirant car d'une intensité dramatique éprouvante, Spoiler ! la séquence érigée autour d'une retrouvaille Fin du Spoiler m'a littéralement crevé le coeur par sa puissance humaniste, sa dignité et son sens de loyauté. C'est donc pour moi avant tout une bouleversante histoire d'amour entre un père et une fille que nous relate Nolan avec un humanisme à fleur de peau, et avant que les rebondissements, subterfuges et cliffhanger ne viennent nous plaquer au siège !


D'une richesse thématique universelle dans sa réflexion spirituelle et métaphysique mais aussi dans sa notion temporelle, sa foi en l'optimisme et à l'intelligence de l'être humain, Interstellar n'a pas besoin d'être studieusement analysé pour apprécier le spectacle vertigineux auquel Nolan nous a préparé. Dans une démesure et, à échelle égale, dans la pudeur ! Véritable ode aux sentiments et au sens de la responsabilité, Interstellar s'adressant de prime abord au coeur d'un vibrant témoignage. Celui du fondement familial, du courage et de l'espoir de concrétiser un avenir autrement optimiste par l'intelligence scientifique. Du cinéma sensitif à coeur ouvert, à l'instar de la prestance écorchée du monstre sacré Matthew McConaughey

Bruno Matéï

                                      

mercredi 21 janvier 2015

WILD

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site commeaucinema.com

de Jean-Marc Vallée. 2014. U.S.A. 2h00. Avec Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern, Michiel Huisman, Charles Baker, W. Earl Brown, Kevin Rankin.

Sortie salles France: 14 Janvier 2015. U.S: 5 Décembre 2014

FILMOGRAPHIE: Jean-Marc Vallée est un réalisateur et scénariste américain, né le 9 Mars 1963 au Québec.
1992: Stéréotypes. 1995: Les Fleurs Magiques. 1995: Liste Noire. 1997: Los Locos. 1998: Les Mots Magiques. 1999: Loser Love. 2005: C.R.A.Z.Y. 2009: Victoria: les jeunes années d'une reine. 2011: Café de Flore. 2013: The Dallas Buyers Club. 2014: Wild. 2015: Demolition.


"Le chemin qui mène à la sagesse est long, tortueux et semé d'obstacles".

Un an après l'oscarisé The Dallas Buyers ClubJean-Marc Vallée entreprend d'adapter l'histoire vraie de Cheryl Strayed à travers son périple de 1500 kms de marche à pied. Afin de tolérer le deuil de sa mère subitement éteinte d'un cancer, puis son divorce avec son compagnon, Cheryl décide d'entreprendre un pèlerinage de longue haleine pour évacuer ses démons, ses blessures et peut-être renouer avec une rédemption existentielle. Si le sujet avait déjà été magnifiquement traité dans Into the WildJean-Marc Vallée n'a aucunement l'intention de le plagier dans sa mise en scène personnelle à contre-courant de l'acuité émotionnelle du chef-d'oeuvre de Sean Penn


Le film se réservant un sentiment contenu dans le cheminement moral de l'héroïne vouée à se dépasser pour accéder à la sérénité. Ce qui compte avant tout ici est donc de retranscrire avec vérité et pudeur les états d'âme de cette excursionniste livrée à sa raison d'être au beau milieu d'une nature contemplative, tout en alternant avec les flash-back concis de son passé déchu. Endossée par Reese Whiterspoon, l'actrice porte littéralement le film sur ses frêles épaules dans un jeu de sobriété axée sur l'introspection torturée d'une solitaire hantée par les remords et le fardeau de la douleur. Celle d'avoir accumulé les incidents de parcours, comme ses relations sexuelles multiples ou son addiction pour l'héroïne, faute de son échec sentimental et de sa colère à réfuter l'injustice du deuil. Durant son épreuve semée de rencontres impromptues avec des pèlerins et quidams parfois interlopes, elle tentera de comprendre les aboutissants de ses échecs récursifs dans une initiation identitaire. C'est donc une leçon de vie que nous retrace sans fioriture le cinéaste, les aléas de notre destinée commune auquel le hasard n'a aucune emprise. A travers cette remise en question du point de vue fragile de la femme (notamment sa paranoïa instinctive de se confronter à l'homme suspicieux !) et en se pardonnant à soi même ses erreurs, Wild met notamment en évidence le côté fructueux de nos incertitudes, de nos souffrances et faiblesses intrinsèques pour mieux concrétiser le bonheur !


Le chemin de la destinée
Avec son parti-pris authentique et son émotion toute en retenue, Jean-Marc Vallée illustre sans effets de style l'aventure humaine d'une femme en berne renouant difficilement avec la quiétude dans son cheminement existentiel. Mais envisageant sa vie comme un voyage insaisissable, sauvage et sacrée, et après avoir purgé sa douleur dans une interminable errance solitaire, elle finira par retrouver le salut en s'acceptant telle qu'elle est.  

Bruno Matéï

mardi 20 janvier 2015

LA NUIT DE LA MORT (Les Griffes de la Mort).

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Vhsdb

de Raphael Delpard. 1980. France. 1h34. Avec isabelle Goguey, Betty Beckers, Charlotte de Turckheim, Georges Lucas, Michel Debrane, Jean-Paul Lilienfeld, Michel Flavius.

FILMOGRAPHIE: Raphael Delpard est un acteur, réalisateur, scénariste, journaliste et écrivain français, né en 1942 à Paris.
1976: Perversions. 1978: Ca va pas la tête. 1979: Le Journal. 1980: La Nuit de la Mort. 1981: Les Bidasses aux grandes manoeuvres. 1982: Le Marionnettiste (télé-film). 1984: Vive le fric ! 1984: Clash. 1998: Les Enfants Cachés (doc). 2009: Les Convois de la Honte.


"C'est un film que l'on a fait avec des bouts de ficelle et des bouts de carton. Il nous a rapporté de l'argent. (...) Il a été vendu aux Etats-Unis, en Allemagne, en Angleterre, en Italie. Tobe Hooper m'a envoyé un télégramme que malheureusement j'ai perdu (nous avions le même diffuseur vidéo) et lorsque je suis allé à Hollywood j'ai été absolument stupéfait de rencontrer des gens qui avaient vu le film et qui me récitaient des répliques entières du film en français, et qui disaient "Ce n'est pas un Français qui a fait ça, il n'y a aucune patte française." C'est très curieux et le film m'a valu une petite renommée. (...) Le film est sorti la même semaine que Shining. C'est ridicule de sortir deux films fantastiques en même temps (...) Le temps a fait que c'est devenu un film culte, au début seuls quelques journalistes et le petit milieu du fantastique ont véritablement apprécié, le public, lui, était indifférent.". Propos du réalisateur recueillis sur le site Nanarland.

Réalisateur touche-à-tout ayant oeuvré à deux reprises dans le domaine du Fantastique, Raphael Delpard est loin d'avoir convaincu les journalistes de l'époque, puisque n'hésitant pas à le discréditer pour ses essais entrepris avec La Nuit de la Mort et Clash. Sorti à la même période que Shining, La Nuit de la mort fut également boudé par le public français, alors qu'aux Etats-Unis il remporte le succès au moment même où Tobe Hooper délégua au cinéaste une lettre d'approbation ! Commercialisé ensuite en location Vhs dans les rayons de nos Vidéos-Club, les amateurs de gore attisés par sa jaquette explicite (on y voyait la tête en lambeaux d'une femme ensanglantée suspendue à un croc de boucher !) s'empressèrent de le louer avant une certaine côte d'appréciation. Film d'horreur franchouillard surfant sur la vague gore des bisseries transalpines, La Nuit de la mort aborde le thème du cannibalisme dans le cadre inquiétant d'une maison de retraite. Alors qu'une nouvelle gouvernante, Martine, vient d'être recrutée par la directrice, les pensionnaires avides de chair et sang frais sont sur le point de sacrifier leur domestique actuelle afin d'accéder à la pérennité ! Inquiète de sa disparition soudaine, Martine commence à suspecter le comportement interlope des vieillards ! 



Série B d'exploitation conçue avec une réelle sincérité de divertir en toute simplicité, La Nuit de la Mort fait presque figure d'ovni dans le paysage français par son esprit foutraque et débridé à illustrer l'orgie dégueulbif de pensionnaires incapables d'accepter le fardeau de la vieillesse. Tour à tour blagueurs, cyniques, mesquins et un brin polissons, ces cannibales du 3è âge s'avèrent l'attraction principale de ce délire macabre n'hésitant pas en 1er acte de surenchérir dans l'horreur vomitive ! Je parle bien évidemment du fameux banquet sanglant auquel nos vieillards sont invités pour dévorer goulûment la tripaille d'une Charlotte de Turckeim éventrée ! Epaulé de maquillages de latex minimalistes, l'effet choc désiré fait son petit effet de répulsion, notamment par la texture d'un sang onctueux et d'organes crus fraîchement arrachés de leurs entrailles ! Passé cette séquence choc, La Nuit de la mort laisse place ensuite au suspense lattent (entre une séance inopinée de flagellation SM !) lorsque la gouvernante Martine tente de déjouer les prochaines pitreries de nos cannibales en jouant l'investigatrice nocturne. Sans jamais céder à l'ennui, cette seconde partie réussit à éveiller l'intérêt dans les chassés-croisés impartis entre les vieillards et notre héroïne toujours plus fouineuse à élucider la vérité. La compagnie attachante des seconds-rôles sclérosés, la posture maladroite de Michel Flavius (en boiteux déficient !) et surtout la vertu sensuelle d'Isabelle Goguey accentuant l'aspect délirant de cette confrérie orgueilleuse en dépit de maladresses et d'incohérences narratives. Enfin, le final bordélique renoue avec l'esprit gore du 1er acte dans une succession de péripéties haletantes autour de la survie de l'héroïne, sans compter deux rebondissements assez bienvenus dans leur facture horriblement mesquine !


Epaulé d'un score dissonant, de décors parfois sinistres ou inquiétants (la chaufferie, la salle insalubre du banquet ou encore les longs couloirs étroits auquel une assemblée de vieillards abordent une marche funèbre), et d'une ambiance malsaine palpable, La Nuit de la mort s'avère l'une des rares réussites franchouillardes dans le domaine peu exploité du gore bisseux. Si l'aspect mineur de la réalisation et le jeu amateur de certains seconds-rôles le rattachent au nanar Z, il n'en demeure pas moins aussi attachant que divertissant, à l'instar de l'apparition impertinente d'une Charlotte de Turckheim mise à nu ! 

Bruno Matéï
2èx

+

lundi 19 janvier 2015

LES RATS DE MANHATTAN (Les Mutants de la 2è Humanité / Rats - Notte di terrore)

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de Bruno Mattei. 1984. Italie. 1h37. Avec Richard Raymond, Janna Ryan, Alex McBride, Richard Cross.

FILMOGRAPHIE: Bruno Mattei est un réalisateur, monteur et scénariste italien, né le 30 Juillet 1931 à Rome, décédé d'une tumeur au cerveau le 21 Mai 2007 à Rome (Italie).
1980: Virus Cannibale. 1980: L'Autre Enfer. 1982: Caligula et Messaline. 1981: Holocausto Porno. 1982: Les Aventures sexuelles de Néron et de Poppée. 1982: Pénitencier de Femmes. 1983: Révolte au pénitencier de filles. 1984: Les Rats de Manhattan. 1986: Bianco Apache. 1987: Scalps. 1988: Robotwar. 1988: Zombie 3. 1995: Cruel Jaws. 2003: Horror Cannibal 1 et 2. 2007: L'île des Morts-vivants. 2008: Zombie: la création.


Fleuron du Z transalpin moins réputé que son compère Virus Cannibale, les Rats de Manhattan s'avère pourtant beaucoup mieux rythmé et plus drôle dans sa succession de péripéties fantaisistes auquel un groupe de survivants tentent de déjouer la menace de rats meurtriers au sein d'une bicoque abandonnée. Ce pitch d'une simplicité désarmante, cumulant les situations grotesques d'attaques animales, est transcendé par la prestance cabotine de comédiens au comportement particulièrement extravagant dans leurs enjeux de survie et les effets de panique qui s'ensuivent. Que ce soit dans leur performance outrée d'insuffler la terreur face à la menace animale, dans leur cohésion combative mais aussi couarde (un traître est infiltré parmi eux !), dans leur esprit potache de camaraderie ("chui dev'nue toute blanche, euh !") et dans leur patronyme risible ("Chocolat", "Video" et "Lucifer" se disputent le pseudo le plus ringard !), tous les protagonistes semblent évacués d'une bande dessinée vitriolée.


Confiné dans le huis-clos d'une demeure délabrée et souvent filmé dans la pénombre, Bruno Mattei pallie sa carence budgétaire et sa scénographie restreinte par la vigueur d'une réalisation fertile en péripéties, à l'instar des nombreuses agressions sanglantes. D'ailleurs, on remarque bien la marque de fabrique de nos chers italiens à insister sur l'imagerie gore des plaies purulentes ou déchiquetées, entaillées sur les victimes, alors que d'autres effets spéciaux prêtent à sourire dans leur aspect bricolée ! (la tête d'un rat s'évacuant de la bouche d'une victime !). Pas le temps de surveiller le cadran de notre montre donc tant l'aventure affolante laisse toujours place à des rebondissements horrifiques aussi grotesques qu'impayables ! Qui plus est, la mine sympathique des protagonistes militant pour l'esprit de fraternité donne lieu à des moments empathiques hilarants dans leur fonction désoeuvrée ! Émanant d'un pitch d'anticipation surfant sur la vague post-apo de Mad-Max, Les Rats de Manhattan rejoint rapidement le survival horrifique parmi cette offensive de rats exterminant un à un la communauté des laissés-pour-compte. Le problème, c'est que le résultat à l'écran fait risible figure dans la capacité du cinéaste à nous faire croire que les rongeurs, régis en nombre, redoublent d'agressivité auprès des victimes pourchassées, alors qu'ils s'avèrent plutôt aussi inoffensifs et dociles qu'une souris ! Souvent violemment largués sur les comédiens afin de simuler leur vélocité meurtrière, les rats provoquent plus la bonhomie dans leur insouciance à se voir contraint d'ébranler leurs adversaires ! Enfin, et pour parachever, on ne manquera pas de souligner l'incroyable audace du cliffhanger à faire pâlir de jalousie Franklin J. Schaffner ! Un moment de suspense saisi par la stupeur d'une révélation aussi improbable qu'hilarante !


Souligné par l'harmonium lugubre de Luigi Ceccarelli, Les Rats de Manhattan ne manque pas de distiller une ambiance horrifique assez prégnante dans le huis-clos d'une bâtisse poussiéreuse. D'une rare vacuité dans le cheminement de survie de nos protagonistes, l'aventure post-apo ne provoque pourtant jamais l'ennui dans sa succession d'incidents rocambolesques où l'homme, sévèrement malmené, semble encore plus erratique que son oppresseur quadrupède. Un nanar fastueux donc comme seuls les italiens ont le secret, sans doute le meilleur film de son auteur (voir même son plus attachant !), si on épargne l'Autre Enfer !

Bruno Matéï
3èx 



vendredi 16 janvier 2015

Freddy 3, les Griffes du Cauchemar (A Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriors)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site rowsdowr.com

de Chuck Russell. 1987. U.S.A. 1h36. Avec Heather Langenkamp, Craig Wasson, Patricia Arquette, Robert Englund, Ken Sagoes, Rodney Eastman.

Sortie salles France: 17 Juin 1987. U.S: 27 Février 1987

Récompense: Prix de la Critique, Fantasporto, 1988.

FILMOGRAPHIE: Chuck Russel est un réalisateur, producteur, scénariste américain, né le 6 Août 1952 à Highland Park dans l'Illinois (Etats-Unis). 1987: Freddy 3. 1988: Le Blob. 1994: The Mask. 1996: l'Effaceur. 2000: l'Elue. 2002: Le Roi Scorpion. 2014: Arabian Nights.


Troisième volet de la franchise des Freddy, Les Griffes de Cauchemar renoue avec l'originalité du premier opus après une séquelle (bonnard) assez conventionnelle réalisée par Jack Sholder. C'est au débutant Chuck Russel, futur réal du Blob, The Mask et de l'Effaceur, qu'incombe la tâche de prendre la relève, et on peut dire qu'avec une intrigue haletante et le brio d'effets spéciaux réussis, Freddy 3 réussit à divertir avec modeste efficacité. Qui plus est, outre l'aspect cosmétique de la psychologie des jeunes héros, le réalisateur compte tout de même à les humaniser dans leur autonomie fragile à redouter les attaques de Freddy et dans leur pugnacité à relever ensuite le défi pour le combattre communément au sein de leur rêve. On reconnaîtra d'ailleurs l'attachante Patricia Arquette pour sa seconde apparition juvénile à l'écran, et en terme de figuration, la futur star Laurence Fishburne dans celui d'un aide-soignant prévenant. 


Le pitch: Dans un institut psychiatrique, de jeunes patients deviennent les nouveaux souffre-douleur du Boogeyman aux griffes d'acier. Rescapée du premier opus, Nancy Thompson va y apporter son soutien pour les aider à le combattre en communauté. Avec l'aide d'un thérapeute ayant pour mission de retrouver le cadavre de Freddy afin de l'enterrer sous une terre bénite, les étudiants vont de leur côté tenter de l'annihiler en interne de leurs cauchemars. Dès lors, une lutte sans merci s'engage entre nos héros et le tueur, sachant que certains d'entre eux ont la faculté d'extérioriser des pouvoirs surnaturels par le biais du songe ! Une intrigue efficace donc, menée sans temps morts de par son jeu de duperie entre rêves et réalité, son lot de meurtres aussi spectaculaires que redoutablement inventifs, son humour sardonique et enfin son action échevelée conçue à travers la chimère du rêve ! Ce qui donne également lieu à une scénographie onirico-macabre de par la variété des décors baroques et crépusculaires ! Et pour consolider la psychologie torturée du personnage de Freddy, nous en apprenons un peu plus sur ses origines par le biais d'une apparition maternelle divulguant précisément dans quelles conditions sordides son fils bâtard fut enfanté, et donc pour quelle raison il voue une aversion viscérale pour les enfants ! 


Pur divertissement prioritairement bâti sur l'aspect festif d'effets spéciaux aussi remarquables qu'impressionnants, Freddy 3 évite honorablement la surenchère grâce à l'alibi d'un scénario bien construit où les héros persévèrent en bravoure de par leur loyauté solidaire, et ce en dépit du sacrifice de certains d'entre eux (on est d'ailleurs surpris de la tournure dramatique impartie à un personnage essentiel !). Dénué de prétention, Chuck Russel assure donc le quota d'une série B horrifique cartoonesque avec une volonté sincère de livrer un spectacle flamboyant. 

*Bruno
23.10.20. 5èx


jeudi 15 janvier 2015

WHIPLASH

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site imgkid.com

de Damien Chazelle. 2014. U.S.A. 1h46. Avec Miles Teller, J. K. Simmons, Paul Reiser, Melissa Benoist, Austin Stowell, Jayson Blair.

Sortie salles France: 24 Décembre 2014. U.S: 10 Octobre 2014

FILMOGRAPHIE: Damien Chazelle est un réalisateur et scénariste américain, né le 19 Janvier 1985 à Providence (Rhode Island).
2009: Guy and Madeline on a Park Bench. 2013: Whiplash (court-métrage). 2014: Whiplash. 2015: La La Land.


Célébration au jazz et à tous ces néophytes mélomanes rêvant de consécration, Whiplash est une épreuve de force d'une intensité à couper au rasoir ! Pour ces plages musicales les plus incisives afin de parfaire la réussite, celle ordonnée par un chef d'orchestre féru d'élitisme, et pour cette relation masochiste entamée entre ce dernier et un batteur en ascension. Le cinéaste filmant ses compositions musicales à l'instar d'un match de foot ou d'un combat de boxe auquel tous les participants studieux s'affrontent pour déployer le meilleur d'eux mêmes. Rehaussé d'un montage rapide étourdissant de maîtrise géométrique, Whiplash est un véritable uppercut émotionnel pour l'affrontement au sommet imparti entre un jeune musicien avide de notoriété et un professeur tyrannique n'hésitant pas à humilier chacun de ses candidats.


Oubliez donc la simplicité de son intrigue, et pour les réfractaires au Jazz, soyez même rassurés, le film dégageant une telle acuité dans son suspense implacable (Andrew Neiman va t'il accéder au rêve avant que son professeur ne le détruit moralement ?), une telle énergie viscérale dans ce duo au sommet, et une telle immersion musicale dans les sonorités éclectiques des instruments de Jazz, que le plus amateur d'entre nous se surprend à tendre l'oreille la plus prévenante afin d'ausculter le morceau d'anthologie régi de main de fer ! A travers les rapports à couteaux tirés d'un élève et de son maître, et les méthodes despotiques employées par celui-ci, Whiplash nous questionne sur l'abus de pouvoir et la notion d'élitisme (favoriser les élèves les plus talentueux au détriment des plus faillibles, quitte à briser la vie des plus fragiles !), sur la limite séparant la passion de l'obsession, sur le désir du dépassement de soi et la détermination d'accéder à la réussite au risque de se décourager, faute d'un professeur orgueilleux avili par sa dictature. Quelle est à la limite à ne pas franchir lorsque l'esprit est habité par la gagne, quel est le seuil de tolérance à appliquer afin de se prémunir contre l'éventuel échec ? Faut-il également s'infliger le dilemme du choix cornélien lorsque les sentiments amoureux peuvent ternir la concentration et la constance de l'épreuve professionnelle ?


Full Metal Jacket, ou La Rage de Vaincre
Spectacle musical étourdissant de rythme, de rigueur et d'émotions dans son panel de sueurs, de larmes et de sang, Whiplash fait figure d'ovni pour son registre alloué à l'intimité écolière du Jazz. Outre la virtuosité de sa mise en scène scrupuleuse, on est estomaqué par le brio viscéral des acteurs transis de frénésie passionnelle (le novice Miles Teller et le briscard J. K. Simmons se disputant le pouvoir avec un masochisme démesuré !). La tension infernale de leur relation houleuse culminant vers un point d'orgue de rude épreuve ! Un film inoubliable, un moment de cinéma singulier où les sens sensitifs du spectateur sont totalement asservis par l'alchimie du cinéaste ! A couper le souffle !

Bruno Matéï 

Récompenses:
Festival international du film de Calgary 2014 : People's Choice Award
Festival du cinéma américain de Deauville 2014 : sélection en compétition
Grand prix du jury
Prix du public
Festival du grain à démoudre 2014 : prix du public
Festival du film de Mill Valley 2014 : prix du public
Festival du film de Sundance 2014 : sélection « U.S. Dramatic Competition »
Grand prix du jury
Prix du public
Festival international du film de Valladolid 2014 :
Golden Spike du meilleur film
Pilar Miró Award pour Damien Chazelle
American Film Institute Awards 2014 : top 10 des meilleurs films de l'année
Boston Society of Film Critics Awards 2014 :
Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Meilleure utilisation de musique dans un film
Chicago Film Critics Association Awards 2014 :
Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Réalisateur le plus prometteur pour Damien Chazelle
Meilleur montage pour Tom Cross
Los Angeles Film Critics Association Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
New York Film Critics Circle Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
New York Film Critics Online Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Toronto Film Critics Association Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Washington D.C. Area Film Critics Association Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
National Society of Film Critics Awards 2015 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons (1re place)
Vancouver Film Critics Circle Awards 2015 :
Meilleur film
Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Golden Globes 2015 : Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons