vendredi 23 décembre 2016

LE FACTEUR

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site vostfr.club

"Il postino" de Michael Radford. 1994. France/Belgique/Italie. 1h48. Avec Philippe Noiret, Massimo Troisi, Renato Scarpa, Linda Moretti, Maria Grazia Cucinotta, Mariano Rigillo, Anna Bonaiuto.

Sortie salles France: 24 Avril 1996

FILMOGRAPHIEMichael Radford est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur anglais né le 24 février 1946 à New Delhi (Inde). 1980 : Van Morrison in Ireland (doc). 1980 : The White Bird Passes (TV). 1983 : Another Time, Another Place. 1984: 1984. 1987 : Sur la route de Nairobi. 1994 : Le Facteur. 1998 : B. Monkey. 2000 : Dancing at the Blue Iguana. 2002 : Ten Minutes Older: The Cello. 2004 : Le Marchand de Venise. 2007 : Le Casse du siècle. 2011 : Michel Petrucciani (doc). 2011 : La Mule. 2014 : Elsa & Fred.


Crève-coeur inconsolable d'une intensité dramatique capiteuse quant à l'issue tragique de son épilogue, Le Facteur est la réunion au sommet de deux acteurs innés: Philippe Noiret et l'immense révélation Massimo Troisi. Dédié à sa mémoire, le film décuple son impact dramatique lorsque l'on sait que ce dernier décéda d'une crise cardiaque seulement 12 heures après la fin du tournage. Au préalable, le projet lui tint tellement à coeur qu'il avait repoussé son opération cardiaque contre l'avis du corps médical. Avec son regard ébène constamment incandescent, ses yeux innocents d'enfant placide, sa démarche discrète et sa timidité irrésistiblement attachante, Massimo Troisi ensorcelle l'écran dans le personnage plus vrai que nature de Mario. Un facteur novice avide de curiosité et d'apprentissage auprès du grand poète chilien, Pablo Neruda. Exilé dans un petit village italien depuis la présidence de González Videla sévèrement opposé aux communistes durant la guerre froide, Pablo va entretenir une incroyable histoire d'amitié avec Mario. Ce dernier inculte étant fasciné par la poésie, il décide de lui enseigner l'apprentissage des vers autour du thème de la métaphore.


Au fil de leurs passionnants entretiens conçus sur l'enseignement des mots, Mario en profite pour avouer à son nouvel ami qu'il est passionnément amoureux de la jeune tenancière Béatrice. Par la magie de la poésie, et avec le soutien de son mentor, Mario tente de la conquérir avec une persévérance tantôt désespérée. Hymne aux poèmes et à la fidélité de l'amour, Le Facteur constitue l'une des plus belles histoires d'amitié du cinéma doublé en annexe d'une magnifique romance. Illuminé par la présence de Massimo Troisi et du monstre sacré Philippe Noiret, ces derniers insufflent à l'écran une complicité chaleureuse dans leur échange passionnel où l'élève s'éveille à la parole du maître. Spoil ! Quand bien même dans les circonstances d'une crise politique, ils seront amenés à se séparer avant d'escompter d'inévitables retrouvailles du point de vue de Mario fin du Spoil. Ce sentiment diligent d'une patience de longue haleine et de dépit sous-jacent, Massimo Troisi le retranscrit à l'écran avec une vérité humaine aussi subtile que bouleversante dans sa ferme persuasion de n'avoir pu été trahi par son acolyte. Si bien que Mario a su évoluer, persévérer, s'affirmer (sa relation avec Béatrice, sa révolte contre un industriel perfide), s'affranchir de l'ignorance grâce à la culture du langage, à la valeur de l'amitié et la fidélité qui en émane par instinct de confiance.


L'amitié est une âme en deux corps. 
A travers une quête identitaire dans la fougue de dépasser ses lacunes intellectuelles et la dignité d'une douloureuse histoire d'amitié où perce le poids du regret, Michael Radford inscrit sur pellicule un chef-d'oeuvre d'émotions à fleur de peau sous l'impulsion élégiaque du thème inoubliable de Luis Bacalov. Un déchirant drame humain sur fond de crise politique (les communistes sont mis sous verrou sous le régime de González Videla) que le talent viscéral des acteurs retransmet avec une pudeur toute fragile.  

B-M. 3èx

Et ce fut à cet âge... Que la poésie vint à ma recherche. J'ignore, j'ignore d'où elle surgit, de l'hiver ou du fleuve. Je ne sais ni comment ni quand. Non, ce n'était pas des voix, ni des mots ni le silence, mais d'une rue elle me héla, des branches de la nuit, soudain parmi les autres, parmi des feux violents ou rentrant seul, j'étais là sans visage et elle me toucha. Pablo Neruda. 


Massimo Troisi (né le 19 février 1953 à San Giorgio a Cremano, dans la province de Naples en Campanie - mort le 4 juin 1994 à Ostie) est un acteur, réalisateur, scénariste et metteur en scène de théâtre italien.

jeudi 22 décembre 2016

LE PERE NOEL EST UNE ORDURE

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jean Marie Poiret. 1982. France. 1h31. Avec Anémone, Thierry Lhermitte, Marie-Anne Chazel,
Gérard Jugnot, Christian Clavier, Josiane Balasko, Bruno Moynot, Jacques François, Martin Lamotte, Michel Blanc, Claire Magnin, Jean-Pierre Clami.

Sortie salles France: 25 Août 1982

FILMOGRAPHIEJean-Marie Poiré est un réalisateur, scénariste et producteur français né le 10 juillet 1945 à Paris. 1967 : Oscar (assistant réalisateur). 1977: Les Petits Câlins. 1979: Retour en force. 1981: Les hommes préfèrent les grosses. 1982: Le père Noël est une ordure. 1983: Papy fait de la résistance. 1986: Twist again à Moscou. 1988: Mes meilleurs copains. 1991 : L'Opération Corned-Beef. 1993: Les Visiteurs. 1995: Les Anges gardiens. 1998: Les Couloirs du temps : Les Visiteurs 2. 2001: Les Visiteurs en Amérique. 2002: Ma femme s'appelle Maurice. 2016: Les Visiteurs: La Révolution.


Vilipendé par la critique de l'époque alors que le public l'accueille plutôt avec fougue (1 582 732 spectateurs), le Père-noël est une ordure est aujourd'hui reconnue comme l'une des comédies cultes les plus réputées du cinéma français. D'après une pièce de théâtre créée et jouée par le Splendid en 1979, Jean Marie Poiret réunit la même troupe afin de transposer à l'écran un vaudeville aussi déjanté que fébrilement psychotique ! Dans un appartement parisien, deux bénévoles introvertis d' S.O.S Detresse Amitié" sont perturbés par l'intrusion d'invités surprises en pleine nuit de Noël. A savoir, un couple de laissés-pour-compte, un travelo solitaire, un voisin bulgare adepte de spécialités culinaires, une voisine coincée dans la cage d'un ascenceur et un harceleur obsédé du téléphone. Spoiler ! Peu à peu, la nuit se transforme en cauchemar lorsque Josette et Felix commettent malencontreusement un meurtre auprès du dépanneur de l'ascenseur. Fin du Spoil.


D'une fantaisie insolente dans son accumulation de quiproquos sévèrement désopilants, le Père-Noël est une ordure est le divertissement populaire irrigué d'outrances. Tant au niveau de la verve des réparties souvent grossières et inventives, de l'extravagance des personnages tous plus fêlés les uns que les autres, que des situations scabreuses (parfois volontairement incohérentes) qu'ils enchaînent incidemment à renfort d'humour noir décomplexé ! Politiquement incorrect et d'un mauvais goût assumé (le film aurait pu s'intituler "Affreux, sales et méchants" !), Jean Marie Poiret se raille de la fête de Noël (les enfants malmenés en préambule par un père-noël véreux), de l'homosexualité, de la solitude, des timides, des dépressifs et de la marginalité avec une ironie vitriolée. Les gags à répétition s'enchaînant sans répit au fil de règlements de compte physiques et verbaux que nos protagonistes gèrent maladroitement par leur absence d'autorité. Les comédiens totalement investis dans leur fonction boute-en-train ou contrairement timorée s'en donnant à coeur joie dans l'excentricité, entre hystérie collective et bravoures cartoonesques (la tentative de secours dans l'ascenseur, la stratégie criminelle de Josette et Felix). Cette ambiance de folie frénétique régie au sein d'un huis-clos de toutes les bévues insuffle une vigueur si jouissive que l'on se surprend de voir débouler si vite le générique de fin !


Une comédie monstre imputrescible à se cramper la mâchoire !
Chef-d'oeuvre de comédie corrosive et décalée au sein du paysage policé du cinéma français, Le Père-Noël est une ordure constitue une perle rare de divertissement débridé sous l'impulsion galvanisante de comédiens en roue libre. Anémone, Lhermitte, Chazel, Jugnot, Clavier, Balasko, Bruno Moynot menant la danse avec une euphorie contagieuse dans leur ressort provocateur. Bref, l'antidépresseur estampillé "label rouge" en ses fêtes de fin d'année ! 

B-M. 3èx

mercredi 21 décembre 2016

DEUX SOEURS. Grand Prix, Grand Prix de la Jeunesse, Gerardmer 2004.

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Hangeul" de Kim Jee-woon. 2003. Corée du Sud. 1h55. Avec Im Su-jeong, Moon Geun-young, Kim Kap-su, Yeom Jeong-a, Lee Seung-bi.

Sortie salles France: 16 Juin 2004. Corée du Sud: 13 Juin 2003

FILMOGRAPHIEKim Jee-woon est un réalisateur, scénariste et directeur de la photographie sud-coréen, né le 6 juillet 1964 à Séoul. 1998: The Quiet Family. 2000: The Foul King. 2003: Deux sœurs. 2005: A Bittersweet Life. 2008 : Le Bon, la Brute et le Cinglé. 2010 : J'ai rencontré le Diable. 2013: Le Dernier Rempart.


Multi récompensé dans divers festivals comme le souligne honorablement son double Grand Prix ovationné à Gérardmer, Deux Soeurs joue dans la cour des grands en prônant un drame psychologique derrière l'alibi d'un Fantastique éthéré. Si cette oeuvre classieuse et épurée s'est quelque peu inspirée de Picnic à Hanging Rock et de Créatures Célestes selon les dires de l'auteur, j'ai personnellement eu en mémoire le chef-d'oeuvre L'Autre de Robert Mulligan dans sa manière d'aborder la schizophrénie du point de vue pubère et le profil intrinsèque imparti à sa victime soumise. De retour dans leur maison de campagne, deux soeurs tentent de cohabiter avec leur belle-mère particulièrement drastique. Faute du comportement lymphatique du paternel, elles tentent communément de se préserver de la dictature de cette dernière alors qu'au même moment un fantôme semble daigner les persécuter.


En abordant les thèmes du deuil et du traumatisme infantile, Kim Jee-woon parvient à renouveler le genre horrifique grâce à l'ossature tentaculaire de sa narration (volontairement) nébuleuse car construite à la manière d'un puzzle. L'une des qualités majeures du film résidant dans l'art de conter son récit avec autant de brio technique (réalisation inventive, soin stylisé des décors domestiques) que de dextérité (révéler les indices au compte-goutte) afin d'élever le genre avec dignité. Constamment ombrageux et intriguant malgré la lenteur du rythme si bien que l'intrigue prend son temps à se mettre en place (ce qui pourrait toutefois rebuter une frange du public), Deux Soeurs maintient constamment l'attention. De par son suspense latent brillamment ciselé autour de personnages suspicieux contrariés par le poids de leur culpabilité et sa dramaturgie en crescendo émanant de leur responsabilité morale. Sur ce dernier point, les comédiens vibrant d'humanité et de conscience instable s'avèrent tous remarquables afin de nous impliquer dans leur désarroi intime où la rédemption semble impossible. Baignant dans un climat feutré au son périodique d'une mélodie classique, cette douloureuse histoire de deuil familial où chacun endosse une part de responsabilité nous ait conté avec une sensibilité capiteuse si bien qu'elle finit par nous bouleverser quant à la résolution de l'énigme non exempte d'interrogations. Tant pour l'éventuelle existence du fantôme revanchard que des sorts éventuels de la belle-mère et des 2 soeurs.


Sous couvert d'une horreur surnaturelle somme toute classique (le film insuffle une angoisse timorée si on épargne un très impressionnant incident domestique !), Kim Jee-woon transfigure le genre pour aborder de manière introspective un cas névralgique de schizophrénie. Par son intensité dramatique en expansion découle une oeuvre fragile magnifiée par le talent des comédiens, son élégie musicale et la manière tarabiscotée de structurer une intrigue tortueuse où continue de planer doute, pessimisme et culpabilité. 

B-M

Récompenses:
Festival international du film de Catalogne 2003 : Prix du meilleur film
Festival Screamfest 2003 : Prix du meilleur film
Festival international du film fantastique de Bruxelles 2004 : Prix de la meilleure actrice (Yeom Jeong-a)
Festival Fantasporto 2004 : Prix du jury, du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure actrice (Im Su-jeong)
Festival du film fantastique de Gérardmer 2004 : Grand prix et Grand prix de la jeunesse

mardi 20 décembre 2016

DRILLER KILLER. Uncut Version.

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood70.com

"The Driller Killer" d'Abel Ferrara. 1979. U.S.A. 1h41 (version Uncut inédite en France). Avec Abel Ferrara, Carolyn Marz, Baybi Day, Harry Schultz, Alan Wynroth, Maria Helhoski.

Sortie salles U.S: 15 Juin 1979 (Interdit - de 18 ans). Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Pasolini. 2014: Welcome to New-York.


Production fauchée réalisée juste après un premier essai porno (9 Lives of a Wet Pussy), Driller Killer dû une partie de sa petite notoriété auprès de l'Angleterre qui le répertoria dans leur fameuse liste des Video-Naties alors que William Friedkin ne fut pas insensible au talent prometteur de Ferrara (c'est sous ses conseils que la Warner Bros acceptera de produire l'Ange de la Vengeance). Réalisateur mais aussi interprète endossant avec une vérité viscérale un tueur schizo, Abel Ferrara exploite le cinéma d'horreur avec un réalisme social résolument fascinant. Car sous couvert de la banalité quotidienne d'un peintre fauché sombrant peu à peu dans la folie, Driller Killer en profite pour dresser un autre portrait tout aussi crapoteux. Celui d'une cité new-yorkaise engluée dans une marginalité miséreuse dans laquelle le héros ne parvient pas à s'extraire. Ferrara improvisant en prime quelques séquences ultra réalistes de dépravation autour du témoignage de certains figurants sans doute filmés contre leur gré (je pense à la séquence ultra glauque du clochard comateux vomissant à deux reprises son pinard sur le trottoir).


Parmi cette faune constituée de clodos, marginaux, chômeurs mais aussi mélomanes à la p'tite semaine (l'entourage du tueur), Driller Killer porte notamment un témoignage à la culture punk. Mouvement contestataire qui eut son apogée entre 1976 et 1980 si bien que le tournage du film s'étala de Juin 1977 à Mars 1978. Emaillé de séquences de concert improvisées dans des appartements précaires et de situations grotesques de démence soudaine (la scène de la station de métro avec ce quidam déjanté brimant un sexagénaire), Driller Killer désarçonne par son aspect reportage pris sur le vif. Et ce en dépit de l'amateurisme des comédiens et d'une réalisation expérimentale tantôt hésitante, tantôt ambitieuse. C'est justement ce qui fait le charme de cette oeuvre typiquement underground parvenant sans fard ni prétention à nous immerger dans une jungle urbaine en décrépitude, quand bien même Ferrara, acteur en improvisation, en impose dans les expressions dérangées depuis sa fragilité de s'exposer à ses hallucinations morbides.


Dérangeant et malsain par son environnement aussi fétide que suffocant, comme le souligne en prime les moments d'égarement du tueur (le lapin dépecé planqué dans une armoire, charcuté l'instant d'après à coups de poignard !), et gore pour ses exactions à la perceuse (maquillages simplistes pourtant saisissants de réalisme !), Driller Killer ne manque pas de personnalité (frondeuse) pour dépeindre la descente aux enfers d'une urbanisation sinistrosée. A (re)découvrir avec vif intérêt. 

B-M. 2èx

TOP / FLOP 2016 (Films + Séries)

Top 1: Ex-aequo 

 

Top 2: 


Top 3: 


Dans le désordre: 











BONUS: 




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