lundi 4 décembre 2017

LES ENVAHISSEURS DE LA PLANETE ROUGE

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.or

"Invaders from Mars" de William Cameron Menzies. 1953. U.S.A. 1h22. Avec Helena Carter, Pat
Arthur Franz, Jimmy Hunt, Leif Erickson, Hillary Brooke, Morris Ankrum.

Sortie salles France: 22 Avril 1953

FILMOGRAPHIEWilliam Cameron Menzies est un décorateur, réalisateur, producteur et scénariste de cinéma américain, né le 29 juillet 1896 à New Haven, mort le 5 mars 1957, à Los Angeles. 1931 : Always Goodbye. 1931 : The Spider. 1932: Almost Married. 1932 : Chandu le magicien. 1933 : I Loved You Wednesday. 1934 : Wharf Angel. 1936 : Les Mondes futurs ou La Vie future. 1937 : Nothing Sacred, réalisateur seconde équipe (non crédité), réalisation William A. Wellman. 1937 : The Green Cockatoo. 1944 : Address Unknown. 1946 : Duel au soleil, non crédité, réalisation King Vidor. 1951 : Le Rocher du diable. 1951 : The Whip Hand. 1953 : Les Envahisseurs de la planète rouge. 1953 : The Maze.


Inédit en salles en France (et on le comprends après visionnage), Invaders from Mars demeure une curiosité tout juste regardable même s'il s'avère le précurseur du chef-d'oeuvre de Don Siegel, l'Invasion des Profanateurs de Sépulture. De par sa réalisation académique, une direction d'acteurs timorée et un cheminement narratif prévisible, l'intensité des enjeux tombe souvent à plat si bien que le réalisateur privilégie lors de sa dernière partie une action redondante (la traque belliqueuse sous le sablier) afin de pallier son manque de surprises. On se console alors auprès des apparitions hilarantes (et donc très Z) des Extra-terrestres affublés d'un pijama vert et sur le soin apporté aux décors (naturels et caverneux) parfois teintés d'un onirisme envoûtant. Quant à l'épilogue (involontairement) pittoresque il rappellera aux fans du genre le génialement déjanté, l'Avion de l'Apocalypse !

@ Bruno

vendredi 1 décembre 2017

LA GUERRE DES MONDES. Oscar 1954 des meilleurs effets spéciaux, Gordon Jennings

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

"The War of the Worlds" de Byron Haskin. 1953. 1h25. Avec Gene Barry, Ann Robinson, Les Tremayne, Robert O. Cornthwaite, Sandro Giglio, Ann Codee, Lewis Martin.

Sortie salles France: 5 Mars 1954. U.S: 26 Août 1953

FILMOGRAPHIEByron Haskin est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste  américain, né le 22 avril 1899 à Portland, Oregon et mort le 16 avril 1984 à Montecito, États-Unis. 1927 : Ginsberg the Great. 1927 : Matinee Ladies. 1927 : Irish Hearts. 1927 : The Siren. 1943: Convoi vers la Russie. 1948 : L'Homme aux abois. 1948 : Man-Eater of Kumaon. 1949 : Too Late for Tears. 1950 : L'Île au trésor. 1951 : Tarzan's Peril. 1951 : Le Sentier de l'enfer. 1951 : La Ville d'argent. 1952 : Denver and Rio Grande. 1953 : La Guerre des mondes. 1954 : Le Roi des îles. 1954 : Quand la marabunta gronde. 1954 : Long John Silver. 1955 : La Conquête de l'espace. 1956 : The First Texan. 1956 : The Boss. 1958 : De la Terre à la Lune. 1959 : Little Savage. 1959 : Bagarre au-dessus de l'Atlantique. 1960 : September Storm. 1961 : Armored Command. 1963 : Capitaine Sinbad. 1964 : Robinson Crusoé sur Mars. 1968 : La Guerre des cerveaux.


Précurseur du film d'invasion extra-terrestre d'un point de vue belliqueux, La Guerre des Mondes fait aujourd'hui office de relique. Une curiosité datée faute d'un scénario sans surprise à l'enjeu dramatique dénué d'intensité et d'une caractérisation psychologique aseptique. Le réalisateur privilégiant le plus souvent la surenchère au grand dam d'une structure narrative poussive. On se console toutefois sur un ou deux moments spectaculaires à l'accent sardonique, sur la bonne volonté de certains comédiens charismatiques (notamment le héros principal), sur des FX perfectibles mais néanmoins soignés, sur la patine flamboyante de sa photo "technicolor" et sur l'apparition surprise d'une créature extra-terrestre auquel Spielberg s'est sans doute inspirée en 82 pour son chef-d'oeuvre E.T.


A réserver en priorité aux nostalgiques avec une grosse dose d'indulgence selon moi même si cette série B reste un modeste classique dans son genre novateur. 

@ Bruno

jeudi 30 novembre 2017

LE CHATEAU DE VERRE

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Glass Castle" de Destin Daniel Cretton. 2017. U.S.A. 2h07. Avec Brie Larson, Ella Anderson, Chandler Head, Woody Harrelson, Naomi Watts, Max Greenfield, Sarah Snook

Sortie salles France: 27 Septembre 2017. U.S: 11 Août 2017

FILMOGRAPHIEDestin Daniel Cretton est un réalisateur, producteur, monteur et scénariste américain né le 23 novembre 1978 à Haiku à Hawaï. 2002 : Longbranch: A Suburban Parable
2006 : Bartholomew's Song. 2006 : Drakmar: A Vassal's Journey. 2007 : Deacon's Mondays. 2008 : Short Term 12. 2012 : I Am Not a Hipster. 2013 : States of Grace. 2016 : Scenes for Minors. 2017 : Le Château de verre.


Abordant les thèmes de l'alcoolisme, de la marginalité, de l'éducation puis de la démission parentale autour d'une famille dysfonctionnelle (co-existant en autarcie sauvage), Le Château de Verre pâti d'un manque évident de sincérité et de naturel, comme le soulignent les interprétations cabotines de Naomi Watts (en épouse paumée) et Woody Harrelson (en ivrogne marginal) s'efforçant de nous tirer les larmes avec un pathos trop démonstratif pour être honnête. Car si le récit (inspiré d'une histoire vraie) reste fort et digne d'intérêt (notamment auprès de la reconstruction morale des enfants livrés à eux mêmes et de l'amour épineux que se dispute la fille aînée avec son père), les poncifs pullulent autour des situations conjugales et familiales en crise. Reste l'irrégularité d'une poignée de séquences touchantes inopinément intenses, les prestances très convaincantes (car beaucoup plus sobres et réservées dans leur posture victimisée) de Brie Larson, Ella Anderson et Chandler Head endossant communément le rôle de Jeannette Walls (de l'enfance à l'âge adulte) et une dernière image bouleversante, moment de dignité d'une pudeur à fleur de peau (et pour le coup je me suis laissé emporté par un rideau de larmes).


Un mélo à l'émotion (souvent) programmée donc en manque de souffle et d'oxygène si bien que cette production typiquement hollywoodienne se contente trop facilement d'émouvoir un grand public couramment influençable.

@ Bruno

mercredi 29 novembre 2017

RAYON LASER

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site 

"Laserblast" de Michael Rae. 1978. U.S.A. 1h22. Avec Kim Milford, Cheryl Smith, Gianni Russo, Ron Masak

Sortie salles France: 27 Juin 1979. U.S: 1 Mars 1978

FILMOGRAPHIE: Michael Rae est un réalisateur et producteur américain.
1978: Rayon Laser.


"Car rien ne résiste à la puissance terrifiante du RAYON LASER ! 
Engin diabolique qui peut tout détruire et le rend invincible, il peut enfin se venger de tout ceux qui l'ont humilié et fait souffrir..."

Hit video des années 80 durant l'âge d'or d'Hollywood Video quand bien même sa sortie salles US se solde par un joli succès inespéré, Rayon Laser est une aberration filmique comme on en trouve rarement dans le paysage chimérique. Dans le désert californien, après avoir éliminé un fugitif humanoïde armé d'un rayon laser,  deux aliens à tête de lézard retournent dans l'espace. Mais ayant omis l'objet redoutable, ils décident de faire demi-tour pour le récupérer. Pendant ce temps, le jeune Billy parti flâner dans le désert tombe par inadvertance sur le canon à laser et se l'encastre au bras. Depuis, il sombre peu à peu dans une emprise démoniaque au point de réduire sa ville à feu et à cendres. Série Z ricaine produite par le spécialiste Charles BandRayon Laser est l'unique oeuvre du réalisateur Michael Rae. Et au vu du résultat aussi saugrenu qu'impayable, on conçoit évidemment que ce dernier préféra ensuite raccrocher les gants ! L'intrigue ubuesque, quasi nonsensique, se limitant le plus souvent aux errances meurtrières d'un ado possédé par son arme singulière: un canon à laser, quand bien même deux adjoints policiers et un agent (sans doute du gouvernement !) tentent indépendamment d'appréhender le pyromane ! Pour autant, et par le biais de situations involontairement cocasses, hilarantes ou débridées (à l'instar des apparitions surprises des aliens reptiliens habilement confectionnés en stop motion !), Rayon Laser s'avère à mon jugement de valeur aussi ludique que diablement fascinant.


Du moins chez les fans indécrottables de nanars de la sacro-sainte VHS réalisés avec une touchante sincérité. Car si la réalisation approximative accumule immodérément les bévues et que sa direction d'acteurs laisse à désirer, il émane de ce métrage sans prétention un charme irrésistible sous couvert d'une anticipation horrifique prémonitoire (1 an plus tard déboulera sur les écrans la matrice Alien de Scott !). Qui plus est, de par le cabotinage excentrique des comédiens ballots,  ces derniers s'avèrent inopinément attachants dans leur aimable tentative de provoquer émoi, stupeur, terreur ou appréhension avec une bonhomie ringarde (notamment le duo de flics inconséquents que l'on croirait sorti d'une comédie de Bud Spencer et Terence Hill). Quant au fameux héros belliqueux frappé par la malédiction de son arme de destruction, Kim Milford (sosie officieux de Mark Hamill !) accourt, grimace et gesticule tous azimuts afin de renchérir sa posture erratique souvent jouasse. Le soin apporté à sa défroque vestimentaire (jean à pattes d'eph, chemise bleue rutilante !) et au canon laser (semblable à un cigare électronique !?) faisant office d'archétype inusité. Pour clore avec une pointe de nostalgie, on peut notamment louer le ton atmosphérique de son score électro communément composé par Richard Band et Joel Goldsmith (il s'agit bien du fils de Jerry !) et la facture vintage de sa photo saturée renforçant le caractère BD de cet improbable ovni riche en situations déjantées ! Et ce en dépit d'un cheminement redondant heureusement contrebalancé des calembours du duo policier, de l'investigation (suspicieuse) de l'agent et des étreintes romantiques de Billy et sa muse en camping sauvage, et ce avant la pyrotechnie du dénouement explosif.


Perle culte au sein de l'industrie de la série Z, Rayon Laser renchérit aujourd'hui son charme rétro et sa fonction ludique grâce à la nostalgie de son époque révolue. Un p'tit métrage bougrement mauvais mais beaucoup plus fun, intègre et attachant que le dernier DTV mercantile destitué d'identité, d'ambition et de grain de folie.

@ Bruno

mardi 28 novembre 2017

BRAWL IN CELL BLOCK 99

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site amctheatres.com

de S. Craig Zahler. 2017. U.S.A. 2h12. Avec Vince Vaughn, Jennifer Carpenter, Don Johnson, Udo Kier, Marc Blucas, Tom Guiry

Sortie salles France: prochainement. U.S: 6 Octobre 2017

FILMOGRAPHIE: S. Craig Zahler est un réalisateur et scénariste américain né le 23 Janvier 1973 à Miami, Floride. 2015: Bone Tomahawk. 2017: Brawl in cell Block 99. 


Le pitch: A la suite d'un licenciement professionnel, Bradley, ancien malfrat, renoue avec l'illégalité afin de subsister aux besoins de sa famille. Mais lors d'une opération nocturne, un concours de circonstances meurtrières va le mener derrière les barreaux du Block 99.

2 ans après l'excellente surprise Bone Tomahawk, western horrifique justement récompensé du Grand Prix à Gérardmer, S. Craig Zahler rend cette fois-ci hommage au film de prison par la lucarne du cinéma d'exploitation des années 70, et ce tout en y imprimant sa propre personnalité. Méga trip émotionnel conçu sur un réseau de châtiments inhumains qu'un prisonnier (réduit à l'état) primitif va endurer avant de parfaire son stratagème punitif, Brawl in cell Block 99 renouvelle les codes du drame carcéral sous l'impulsion d'une ultra violence à la fois décomplexée et caustique exprimée par un jeu d'acteurs aussi sobres qu'outranciers. Outre l'aspect fun des seconds-rôles extravagants qu'on croirait issus d'un Nazisploitation (je songe à la défroque ébène des gardiens fascistes adeptes d'une torture survoltée), Vince Vaughn monopolise l'écran de sa carrure râblée et son regard impassible non dépourvu de noblesse lorsqu'il s'agit d'honorer ses codes de conduite bâtis sur la confiance, l'indulgence et le respect d'autrui. D'une rage contenue et donc d'un flegme impressionnant, l'acteur laisse ensuite exprimer un tsunami de violences d'une intensité jouissive lorsqu'il se voit contraint d'y céder faute d'un enjeu familial précaire. Et pour revenir à son ultra violence gore toujours plus "second degré", le réalisateur opte pour un graphisme artisanal volontairement perfectible (exit donc tout effet numérique !), et ce afin aussi de désamorcer la brutalité d'une violence aussi bien insoutenable qu'ubuesque. On se rapproche donc au fil de l'action vers un cartoon live avec cependant une touche de réalisme inopinément acérée ! 


Pour autant, au préalable, nous étions déjà captivés par sa structure narrative finement détaillée avec un réalisme documenté. S. Craig Zahler prenant son temps en premier temps à planter l'intrigue et sa scénographie urbaine dans une banalité quotidienne pour y brosser le profil galvaudé d'un licencié infortuné renouant avec son passé illégal mais nanti de principes et valeurs afin d'amadouer le spectateur. Tant auprès de sa clémence pour une question d'adultère que de son refus d'y sacrifier l'innocence lors d'une mission de routine. Maîtrisant scrupuleusement les faits et gestes de Bradley au sein du cocon conjugal et lors de ses transactions avec un ponte de la drogue (comptez 45 minutes avant qu'il ne pénètre dans l'enceinte du pénitencier), S. Craig Zahler parvient à magnétiser l'espace grâce au jeu rigide de Vince Vaughn très impliqué dans son rôle de trafiquant loyal et d'une foule de seconds-rôles contrairement extravagants par leur charisme patibulaire (notamment la présence saillante de Don Johnson quasi méconnaissable en directeur psycho-rigide et de l'ange diabolique Udo Kier en septuagénaire pédant). Volontairement improbable quant au lieu de l'action (et revirements) se déroulant enfin dans une prison à sécurité maximale à faire pâlir de jalousie les geôliers de Midnight Express, Brawl in cell block 99 carbure ensuite à l'adrénaline à renfort d'action démesurée et effrontée (Bradley est littéralement increvable en n'accordant nul pitié à ses ennemis !). Et ce pour le plus grand bonheur du spectateur impliqué dans un cauchemar carcéral aux effluves rubigineuses, son décorum insalubre nous diluant parfois la nausée par son acuité de réalisme.


Grindhouse
Pur divertissement d'exploitation conjuguant avec intense efficacité drame carcéral, romance et action hyperbolique, Brawl in cell Block 99 laisse libre court au défouloir d'une vendetta aussi bien sordide que jubilatoire (tous les coups sont permis jusqu'à en perdre la tête !!!) tout en rendant un vibrant hommage à une époque révolue (ses tubes de Soul music rappelleront bien des souvenirs aux spectateurs friands de Blaxploitation et consorts). Une bombe d'ultra violence vrillée notamment  influencée par la touche sardonique d'un Tarantino.

@ Bruno

vendredi 24 novembre 2017

RECHERCHE SUSAN DESESPEREMENT. Meilleure actrice: Rosanna Arquette, BAFTA Awards

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Desperately Seeking Susan" de Susan Seidelman. 1985. U.S.A. 1h46. Avec Rosanna Arquette, Madonna, Aidan Quinn, Mark Blum, Laurie Metcalf, Robert Joy, Anna Levine.

Sortie salles France: 11 Septembre 1985. U.S: 29 Mars 1985

FILMOGRAPHIESusan Seidelman est une réalisatrice, productrice, scénariste, actrice et monteuse américaine née le 11 décembre 1952 à Philadelphie, Pennsylvanie (États-Unis).1982 : Smithereens. 1985 : Recherche Susan désespérément. 1987 : Et la femme créa l'homme parfait. 1989 : Cookie. 1989 : She-Devil, la diable. 1992 : Confessions of a Suburban Girl. 1994 : The Dutch Master. 1995 : Pieds nus dans la jungle des studios (TV). 1996 : Tales of Erotica. 1999 : Destins de femmes (TV). 2001 : Gaudi Afternoon. 2002 : Power and Beauty (TV). 2004 : The Ranch (TV). 2005 : The Boynton Beach Bereavement Club. 2012 : Musical Chairs. 2013 : The Hot Flashes


Joli succès en salles sur notre territoire (1 904 309 entrées) même si la présence de la chanteuse Madonna (dans son 1er rôle) n'y est pas étranger, Recherche Susan désespérément fleure bon la comédie policière sous l'impulsion fringante du duo de séductrices: Rosanna Arquette / MadonnaEn guise d'ennui, Roberta espionne un couple à la suite d'une annonce de rencontres auquel le prétendant s'efforce à retrouver une certaine "Susan". Mais à la suite d'un concours de circonstances malchanceuses, Roberta est suivie par un étrange inconnu persuadé qu'il s'agit de la chapardeuse Susan. Au moment d'une violente altercation, elle trébuche en se cognant la tête sur le sol. Sauvée in extremis par un jeune projectionniste qui passait par là, elle souffre depuis d'amnésie et se fait appeler Susan selon lui. Avec son aide, elle s'efforce de retrouver sa véritable identité au moment même de se lancer à la recherche de la véritable Susan. Vaudeville mené sur un rythme alerte de par ses quiproquos en pagaille générés par la douce Roberta que Rosanna Arquette diffuse avec un naturel aussi docile que timoré dans celle d'une amnésique en quête d'interrogation et d'émancipation, faute d'une existence insipide infligée par son mari bourgeois, Recherche Susan désespérément affiche une liberté de ton exaltante sans céder à la routine.


Ou tout du moins, Susan Seidelman s'efforce sans prétention de divertir parmi la cocasserie d'une intrigue fertile en rebondissements impromptus avec, comme épicentre dramatique, un enjeu de bijoux volés. Outre le caractère fun de l'aventure haute en couleurs magnifiquement filmée dans un New Jersey documenté (sans compter la défroque excentrique des personnages issus des années new-wave !), Recherche Susan désespérément doit beaucoup de sa fougue, voir de sa pétulance, à l'abattage des comédiens en roue libre (on sent vraiment qu'ils prennent plaisir à s'investir dans l'action exubérante !). A l'instar de la complémentarité du duo romantique Rosanna Arquette (très sexy mais si candide à son âge juvénile !) / Aidan Quinn (en philanthrope aux yeux clairs) ne sombrant jamais dans la caricature sirupeuse pour nous attendrir. La réalisatrice tablant sur la simplicité de leurs rapports humains bâtis sur l'incompréhension, la suspicion, l'interrogation puis les sentiments amoureux pour autant instables. Quand bien même autour d'eux l'espiègle et marginale Susan (qu'endosse la novice Madonna avec une désinvolture gentiment provocante !) se complaît dans la flânerie parmi la complicité de l'époux de Roberta (en crise conjugale !), alors qu'ils tenteront communément de remonter l'itinéraire improbable de Roberta avec l'appui de commerçants et de l'insigne policier.


Petit miracle de tendresse, d'humour et de fantaisie autour des composantes du conte de fée et de la comédie policière, Recherche Susan désespérément perdure sa (débordante) fraîcheur et son charme exaltant autour de l'initiation d'une bourgeoise introvertie en crise identitaire et en quête d'évasion durant son cheminement imprudent. A revoir d'urgence si bien qu'il s'agit à mon sens d'une des comédies les plus stimulantes et capiteuses des années 80 alors que sa réussite émane (subtilement) de sa tonalité aussi simple qu'innocente.

@ Bruno

Récompense: BAFTA Awards, Royaume-Uni. Meilleure actrice: Rosanna Arquette

L'avis de Mathias Chaput:
Vigoureux et très dynamique, « Recherche Susan désespérément » est l’exemple typique de la comédie américaine réussie des années quatre-vingts, mais, de surcroit, ce film se dote d’une histoire très originale partant d’un support pour le moins marginal : une petite annonce dans un journal !
C’est le point de départ de tout le scénario et à aucun moment on ne s’ennuie, Seidelman donne un charme fou à tous ses personnages et le spectateur est embarqué dans un tourbillon de situations amusantes, le tout sans violence ni vulgarité…
On se plonge dans l’underground des boites de nuits branchées avec une Madonna électrisante et sure d’elle (c’est son premier rôle au cinéma, elle s’en sort parfaitement), Rosanna Arquette a une composition plus difficile à jouer et elle arrive à donner de la crédibilité au personnage de Roberta, sans paraître nunuche ou ridicule…
« Recherche Susan désespérément » est un métrage vintage mais son aspect tonique permet de garder l’aura qu’il dégage et donc la qualité avec laquelle le film est perçu lui donne un intérêt, Seidelman usant de techniques très bien rodées…
Le titre « Into the groove » renforce avec brio le côté hypnotique du film et le plaisir de cette plongée dans le microcosme des fêtards new- yorkais apporte une jubilation au spectateur, avec l’imagerie décalée et le personnage de Gary, qui semble évoluer comme un chien dans un jeu de quilles, pour qu’au final, il comprenne la déception de sa femme et l’envie qu’elle avait de trouver plus de « pep’s », plus de folie dans son couple, chose que Gary, égoïste, ne pouvait lui apporter…
Il s’agit donc également d’une chronique de mœurs en plus qu’une comédie et Seidelman fait preuve d’intelligence en développant des thématiques comme la frustration ou la quête d’un amour revigorant mais dans une ambiance satirique et jamais prétentieuse…
On peut même dire que « Recherche Susan désespérément » est une petite révolution pour la comédie américaine, son style est unique et l’histoire c’est du jamais vu, Seidelman a vraiment fait preuve d’une originalité énorme et sa direction d’acteurs a suivi derrière, tous les comédiens étant impliqués et croyant à fond dans l’ensemble…
C’est cette cohésion et cette synergie qui fait la réussite incontestable de « Recherche Susan désespérément » un vrai plaisir cinématographique doublé d’une galerie de personnages touchants et très en vogue dans les années quatre-vingts, période d’insouciance et d’opulence…
Empreinte d’un féminisme appuyé mais pas sectaire, cette comédie romantique a plus d’un atout pour séduire les cinéphiles de tous horizons…
Un petit bijou à la gloire de Madonna, qui allait exploser pour devenir la star planétaire que l’on sait, « Recherche Susan désespérément » se suit avec délectation et il est évident qu’il marqua d’une pierre blanche le milieu des années quatre-vingts, à la fois par sa prestance et son charisme…

Note : 8/10

L'avis de Nelly Ruuffet.
Une comédie pleine de punch dynamisée par l'atmosphère très 80's qui en émane ! C'est une comédie qui fait du bien et que l'on se plaît à regarder, elle permet de renouer avec une innocence et une candeur perdue. Madonna incarne avec brio tous les stéréotypes de la bad girl 80's (crucifix, mitaines, jupes flottantes, blousons avec motifs etc), tandis que Rosanna Arquette incarne à merveille la petite bourgeoise découvrant ce milieu dont elle ignore tous les codes mais qu'elle se met à emprunter avec joie presque malgré elle. Le métrage aurait pu virer dans la comédie de moeurs typique voire caricaturale, mais il n'en est rien. L'élément perturbateur initial provient d'un élément assez inédit parmi les comédies dites "classiques": les petites annonces. Celles-ci conduisent Roberta Glass à se prendre de fascination pour une certaine Susan dont elle ignore tout mais dont elle va bientôt prendre l'identité malgré elle. La confrontation entre les 2 personnages n'est pas frontale, ce qui est très habile de la part de Susan Seidelman. Elles ne se rencontreront vraiment que dans les toutes dernières minutes du film, ce qui maintient le spectateur en haleine jusqu'au bout. Le spectateur est transporté dans des situations de + en + rocambolesques (Roberta est notamment arrêtée pour prostitution, alors que Susan en vient à rencontrer le mari de Roberta, qu'elle entraîne dans une séance chips / joints !). La rencontre entre les 2 milieux sociaux se fait par l'intermédiaire des deux hommes (le mari de Roberta et l'ami du copain de Susan), ce qui est vraiment bien vu ! . De plus, l'amnésie de Roberta est vraiment bien jouée par Rosanna Arquette, qui ne perd jamais de sa crédibilité: elle est insouciante sans être nunuche et son coup de foudre pour Dez coulera presque de source. On ne tombe jamais dans le sentimentalisme dégoulinant, et ça fait du bien ! Les personnages sont tous attachants, les situations sont insolites (le spectacle de magie auquel finit par participer Roberta par exemple), les répliques font mouche le + souvent (notamment celles du mari, qui témoignent d'un sentiment de décalage entre les envies de sa femme et l'univers dans lequel ils évoluaient). Madonna vient dépoussiérer cette relation bourgeoise et révèle ainsi indirectement le manque de mordant de la vie de Roberta, qui ressort de ce quiproquo enrichie !
Le hit “into the groove”, qui ponctue le métrage à plusieurs reprises, ne fait que vitaminer davantage cette comédie dépoussiérée des codes traditionnels de la comédie américaine en lui apportant un + incontestable.

En bref, une comédie pleine d'énergie et d'intelligence comme on n'en fait plus !

mercredi 22 novembre 2017

GOOD TIME

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Joshua et Ben Safdie. 2017. U.S.A. 1h41. Avec Robert Pattinson, Ben Safdie, Buddy Duress, Taliah Webster, Jennifer Jason Leigh, Barkhad Abdi.

Sortie salles France: 13 Septembre 2017 (Int - 12 ans). U.S: 11 Août 2017

FILMOGRAPHIE: Les frères Joshua Safdie et Ben Safdie sont des réalisateurs américains. 2008 : The Pleasure of Being Robbed, Josh Safdie. 2009 : Lenny and the Kids, Josh Safdie et Benny Safdie. 2014 : Mad Love in New York. 2017 : Good Time. 2018 : Uncut Gems.


Survival urbain d'une intensité aussi bien vertigineuse qu'hypnotique, Good Time fait presque office d'ovni vitriolé de par sa structure narrative résolument imprévisible si bien que le spectateur reluque cette folle escapade dans un état second de fascination névralgique. Sorte de bad trip proche des effets hallucinogènes d'un acide (à l'instar de l'hallucinante brimade imputée au vigile ainsi que les errances de nos évadés dans le méandre d'un train fantôme), ce film policier au suspense émoulu nous tient en haleine avec une inquiétude lestement anxiogène. Tant et si bien que le spectateur en perte de repères car immergé dans l'action intempestive observe les vicissitudes des délinquants avec un désespoir tacitement poignant. Ces derniers étant soumis à un engrenage de rebondissements malencontreux faute de leur absence de discernement et de leur caractère démuni. Jouant en prime avec le contraste granuleux d'une photo saturée (un style visuel hyper photogénique !), Good Time y scande une odyssée cauchemardesque (aux teintes surréalistes et expérimentales) comme on en voit peu dans le cinéma indépendant. Et si j'ignore le contenu de la filmo des frères Safdie, je ne peux ici que m'incliner face au brio de leur mise en scène avisée renouant avec un cinéma documenté (caméra à l'épaule afin d'appuyer l'ultra réalisme des situations parfois/souvent saugrenues), et ce sous couvert du divertissement caustique. Et pourtant, au vu de la simplicité du pitch aux airs de déjà vu, on aurait pu craindre une série B agréablement troussée générant efficacement action frénétique et éclairs de violence sous l'impulsion erratique de losers à la p'tite semaine.


Je m'explique concisément: après leur braquage raté, Connie et son frère handicapé sont rattrapés in extremis par la police. Mais pour autant, Connie parvient à leur échapper avec une aubaine inespérée. Rongé par la culpabilité et pétri d'amour pour son frère, il décide de le faire évader de prison après avoir vainement tenter de payer une caution de 15 000 dollars. C'est le début d'une nuit de cauchemar que Connie et quelques quidams aussi désorientés vont entreprendre avec une rage et une bravoure à perdre haleine. Nanti d'un climat crépusculaire envoûtant au sein d'une cité tentaculaire régie par la police, Good Time improvise une virée cauchemardesque auprès de délinquants précaires où perce un humanisme désenchanté, de par leur condition infortunée d'une démission parentale et  d'une désillusion existentielle. Auscultant chaque pore du visage méconnaissable de Robert Pattinson littéralement habité par son personnage (moralement) fourbu et en mal d'héroïsme, les frères Safdie lui offrent sans doute son rôle le plus proéminent à l'écran. Du moins son plus naturel et authentique de par son charisme sans fard inscrit dans une aigreur perpétuellement poignante ainsi qu'une rage de (sur)vivre écorchée vive. Sans jamais céder aux sirènes du misérabilisme et du pathos, les frères Safdie gagent au contraire sur un humour noir vitriolé sans pour autant oublier le caractère pathétique de cette escapade en roue libre fatalement tragique.


Le "after hours" de la "génération perdue"
Magnifiquement scandé d'un score électro aussi entêtant qu'ensorcelant (à la croisée de Tangerine Dream et de John Carpenter, rien que ça !) et chamarré des prestances criantes de vérités de comédiens alertes, Good Time détonne et impulse avec une originalité, une intelligence, une audace et une maîtrise déconcertantes. Si bien que le spectateur imbibé d'émotions éclectiques ne parvient pas vraiment à saisir ce à quoi il vient d'assister sitôt le générique (si humble et poignant !) écoulé (et ce jusqu'à la dernière seconde de l'écran opaque). Au sein de la lucarne (auteurisante) du cinéma indépendant y émane donc à mon jugement de valeur une oeuvre culte électrisante comme a si bien su le parfaire Martin Scorcese lors de son ascension avec l'aussi improbable et frénétique After Hours

@ Bruno

Récompense: Meilleur compositeur de la compétition officielle pour Oneohtrix Point Never, Cannes Soundtrack 2017.