jeudi 24 octobre 2019

Tir Groupé. Prix de la Presse Etrangère.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Jean-Claude Missiaen. 1982. France. 1h28. Avec Gérard Lanvin, Véronique Jannot, Jean-Roger Milo, Roland Blanche, Dominique Pinon, Michel Constantin, Mario David.

Sortie salles France: 22 Septembre 1982 (Int - 13 ans lors de sa sortie puis Int - 16 ans de nos jours selon Wikipedia)

FILMOGRAPHIEJean-Claude Missiaen est un critique de cinéma et réalisateur français né en 1946. 1982 : Tir groupé. 1984 : Ronde de nuit. 1985 : La Baston. 1991 : Les Hordes (mini-série). 1992 : Les Renseignements généraux (TV). 1993 : Une image de trop (TV).


Surfant sur le succès du Justicier dans la ville 2 sorti 6 mois au préalable, Jean-Claude Missiaen exploite pour sa toute première réalisation le Vigilante Movie. Récoltant tout de même 1 344 411 spectateurs dans l'hexagone, Tir Groupé mérite son succès commercial en dépit de sa trame éculée somme toute simpliste. Pour ce faire, il tire parti de son efficacité de par son casting aussi charismatique qu'expressif et par sa réalisation inspirée que Jean-Claude Missiaen peaufine à travers l'atmosphère urbaine des années 80 (même si certains clichés prêtent à sourire). Qui plus est renforcé d'une partition jazzy plutôt idoine, il alterne sans outrance flash-back (au nombre de 3) et présent par le biais d'un suspense lattent dénué d'action (en dépit d'un final contrairement explosif et plutôt bien chorégraphié). Autant donc avertir les amateurs de film d'auto-défense en bonne et due forme si bien que l'intérêt de Tir Groupé réside prioritairement dans la caractérisation de ses personnages et dans son émotion dramatique sobrement poignante. Amorçant son intrigue avec l'agression ultra violente de (la douce et tendre) Veronique Jeannot piégée par 3 loustics au coeur d'un train, on reste encore aujourd'hui estomaqué par son degré de réalisme sordide à la limite du supportable.


Tant auprès des hurlements stridents de l'actrice à la posture chétive que les coups portés sur son visage ensanglanté avant un coup de poing fatal. D'ailleurs, à travers ce trio de voyous se complaisant dans une violence aussi lâche que gratuite, on reste impressionné par leur charisme patibulaire que Jean-Roger Milo monopolise auprès de sa figure carrée à la fois impassible et monolithique. Des sales gueules de loubards que renchérissent Dominique Pinon en p'tite crapule influençable et l'excellent Roland Blanche en leader gouailleur chargé de grossière éloquence dans un costard endimanché d'une blancheur fuligineuse. Quant à l'inspecteur notoire chargé de l'houleuse enquête, Michel Constantin s'y fond sobrement épaulé de sa carrure mastard et de sa voix rocailleuse. Mais au-delà de ce défilé d'acteurs à la facture burinée, Tir Groupé gagne en densité et intensité dépouillée de par le jeu viscéral de Gérard Lanvin se taillant malgré lui une carrure de justicier suicidaire avec un naturel en berne. Jean-Claude Missiaen exploitant d'autre part sa force d'expression démunie à travers des séquences intimes bâties sur ses sentiments de révolte et d'injustice, entre une cuisante crise de nerf.


Efficacement mené tout le long d'une intrigue sans surprise pour autant soigneusement contée, Tir Groupé demeure un excellent polar, parfois émouvant, dur et violent à travers l'inévitable réflexion sur l'auto-justice dénuée en l'occurrence de caricature grossièrement fascisante. Gérard Lanvin sombrant fébrilement (voir même avec une certaine hésitation tacite) dans une dérive criminelle lors de l'ultime épilogue (inspiré d'un fait-divers si on en juge l'orateur). 

*Bruno
3èx

mercredi 23 octobre 2019

On achève bien les Chevaux

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"They Shoot Horses, Don't They?" de Sydney Pollack. 1969. U.S.A. 1h59. Avec Jane Fonda, Michael Sarrazin, Susannah York, Gig Young, Red Buttons, Bonnie Bedelia, Michael Conrad, Bruce Dern, Al Lewis.

Sortie salles France: 2 Septembre 1970

FILMOGRAPHIE: Sydney Pollack est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 1er Juillet 1934 à Lafayette, dans l'Indiana (Etats-Unis), mort d'un cancer à Los Angeles le 26 Mai 2008. 1965: The Slender Thread. 1966: Propriété Interdite. 1968: Les Chasseurs de Scalps. 1968: The Swimmer. 1969: Un Château en Enfer. 1969: On Achève bien les chevaux. 1972: Jeremiah Johnson. 1973: Nos plus belles années. 1974: Yakuza. 1975: Les 3 Jours du Condor. 1977: Bobby Deerfield. 1979: Le Cavalier Electrique. 1981: Absence de Malice. 1982: Tootsie. 1985: Out of Africa. 1990: Havana. 1993: La Firme. 1995: Sabrina. 1999: l'Ombre d'un Soupçon. 2005: l'Interprète. 2005: Esquisses de Frank Gehry.


Avant-propos:
"La brutalité est en chaque être humain. Plus un sport est violent, plus il paraît attirant. Notre histoire suit simplement la logique de cette tendance. Plus les gens sont à l'aise, plus leur besoin de violence augmente. D'ici la fin de ce siècle, la société aura donné aux gens le plus de confort possible, mais elle leur aura également ôté toute liberté personnelle. A l'instar de Rome, lorsqu'elle était au sommet de sa gloire tant au niveau politique, économique qu'artistique. C'était à cette période que, dans l'arène, le samedi après-midi, la violence éclatait."
Norman Jewison


Uppercut moral dont on ne sort pas indemne, tant et si bien que la dépression nous gagne au moment du générique de fin tout en étant soulagé qu'un tel fardeau y soit enfin clôt, On achève bien les chevaux est le genre de métrage qu'on ne peut "aimer" avec le coeur et la passion eu égard de son tableau infiniment cruel sur la condition humaine. Car prenant pour thème la société du spectacle le plus trivial et indigne à travers un marathon de danse que des participants tentent de parfaire afin de remporter 1500 dollars durant la grande dépression des années 30, On achève bien les Chevaux nous laisse en état de choc de par son accumulation de séquences éprouvantes à perdre haleine. Sydney Pollack nous martyrisant l'ouïe et la vue à nous mettre en exergue durant 2h l'épreuve de force et la résilience surhumaine de ces danseurs martyrisés par une fatigue aussi bien morale que corporelle. Si bien que certains d'eux finissent par sombrer dans l'aliénation, la démence ou l'hallucination, alors que d'autres se laisseront chavirer par le trépas (tant en guise de rédemption ou d'âge avancé). Antipathique, anxiogène, dérangeant, malsain et surtout extrêmement suffocant à nous confiner dans ce huis-clos insalubre afin d'y reluquer tant les participants que le public voyeuriste féru de misère humaine (afin de mieux supporter la leur !), cette aberration filmique s'avère notamment visionnaire quant à l'émergence de la TV réalité créée à l'orée des années 2000 si je me réfère uniquement au paysage français.


Sydney Pollack décrivant avec une lucidité impitoyable la cupidité des danseurs et du présentateur sans vergogne infiniment complice à exploiter cette misère humaine, telle du bétail, afin de contenter une populace fureteuse de grand-guignol. Quant aux interprètes communément habités par leurs sentiments de désespoir, de dégoût, de pitié et d'épuisement, ils nous transmettent leur affliction comme si nous étions à l'intérieur de leur corps strié au rythme d'une mélodie ironiquement avenante ou enjôleuse. Fort de son intensité dramatique davantage en roue libre, ce concours de danse comparable aux jeux du cirque romain s'avère donc un chemin de croix pour ces désoeuvrés tentant de survivre de la manière la plus basse et soumise. Tant et si bien que sa conclusion encore plus noire et radicale nous laisse sur le bitume de par son pessimisme irrévocable intenté à ceux en qui nous étions les plus proches en dépit de leur posture individualiste, bourrue et schizo. Outre son casting criant de vérité humaine (et de cynisme quant aux inspirateurs de cette immense farce lucrative), on peut surtout saluer le jeu ambivalent de Jane Fonda transie d'acrimonie à travers sa prise de conscience davantage préjudiciable d'avoir osé participer à un spectacle aussi décadent qu'humiliant où tout n'est que simulacre.


Baignant dans un insolent climat de déréliction à travers une vile épreuve d'endurance létale, On achève bien les Chevaux se décline en puissant réquisitoire contre l'aliénation de l'homme capable de se prostituer pour un enjeu cupide afin de subvenir à sa survie. A déconseiller toutefois aux âmes sensibles et aux dépressifs, car la douche glaciale, horrifiante de nihilisme à travers sa déchéance cérébrale et corporelle, n'aura pas fini de vous hanter sitôt le générique clôt. 

*Bruno

Récompenses:
New York Film Critics Circle Awards 1969 : meilleure actrice pour Jane Fonda
Oscars 1970 : meilleur acteur dans un second rôle pour Gig Young
Golden Globes 1970 : meilleur acteur dans un second rôle pour Gig Young
Kansas City Film Critics Circle Awards 1970 : meilleur acteur dans un second rôle pour Gig Young, meilleure actrice pour Jane Fonda
National Board of Review Awards 1970 : meilleur film, prix Top Ten Films
Festival du film de Taormine 1970 : Charybde d'or pour Sydney Pollack
British Academy Film Awards 1971 : meilleure actrice dans un second rôle pour Susannah York
Grand prix de l'Union de la critique de cinéma 1971

mardi 22 octobre 2019

Piranhas. Prix du Jury, Beaune 2019.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"La paranza dei bambini" de Claudio Giovannesi. 2019. Italie. 1h51. Avec Francesco Di Napoli, Ar Tem, Alfredo Turitto, Viviana Aprea, Pasquale Marotta.

Sortie salles France: 5 Juin 2019. Italie: 13 Février 2019

FILMOGRAPHIEClaudio Giovannesi, né à Rome le 20 mars 1978, est un réalisateur, scénariste et musicien italien. 2009 : La casa sulle nuvole (it). 2009 : Fratelli d'Italia. 2012 : Ali a les yeux bleus. 2016 : Fiore. 2019 : La paranza dei bambini.


"Un enfant sans innocence est une fleur sans parfum"
Traitant avec souci documenté de la délinquance juvénile au sein d'un quartier chaud de Naples, Piranhas demeure une forme d'uppercut moral de par son inéluctable puissance dramatique dénuée de fioriture. Car sa conclusion irrésolue à beau nous laisser en suspens, on devine naturellement l'issue tragique de Nicola et de ses acolytes substitués en justiciers en culotte courte pour des enjeux  d'honneur et de terrain urbain. Remarquablement incarné par des acteurs non professionnels et souvent filmé caméra à l'épaule afin de mieux nous immerger dans leur psyché décervelée, Piranhas prend son temps à nous caractériser cette poignée d'ados rebelles avides de gloire et de richesse en prenant exemple sur les caïds plus âgés de leur bourgade. Des mafieux sans vergogne rackettant les commerçants (dont la maman de Nicola) et dealant leur drogue en toute impunité parmi le témoignage d'une populace soumise. Tout du moins jusqu'à ce que le jeune Nicola, inspiré par l'illustre passé d'un noble mafieux (qui parvint à diminuer le chômage de son quartier), décide de s'approprier les armes et rameuter son équipe afin d'intimider ses rivaux pour l'enjeu du pouvoir et de l'autorité.


Leurs intentions radicales, davantage alertes et délétères, étant traitées du point de vue introspectif de Nicola que Francesco Di Napoli endosse avec une force de regard aussi bien déterminé que candide. Notamment eu égard des sentiments qu'il éprouve pour la jolie Letizia résidant dans le quartier antagoniste, tant et si bien qu'à eux 2 ils forment les nouveaux Romeo et Juliette avec un semblant de désespoir subconscient. Ainsi, de par leurs exactions irréfléchies et leurs fréquentes maladresses à se prétendre plus combatifs que leur rivaux, Piranhas inspire inévitablement de l'empathie pour ces ados criminels férus d'ivresse et de fureur de vivre à travers une prospérité de courte durée. Poignant, dur et davantage émouvant quant à l'amertume de Nicola plongé dans un houleux dilemme, Piranhas nous livre un constat terrifiant d'une délinquance mineure dénuée de réflexion et de remise en question dans leur soif absolue d'une célébrité expéditive. Le réalisateur prenant soin, non sans une certaine forme de poésie mélancolique, à radiographier ses regards d'ados en perte d'innocence plongés dans une chimère terriblement répréhensible.


Génération Perdue
Cri d'alarme contre une adolescence désoeuvrée ayant comme seuls repères leurs jeux videos, les fast foods, les selfies, les écrans plats géants et les boites de nuit sevrées par l'alcool et la drogue, Piranhas ne nous laisse pas indemne face à leur appétence criminelle dénuée d'éthique. Car nihiliste, désenchanté et dénué d'espoir, l'ascension de Nicola et de ses comparses nous laisse un goût âcre dans la bouche en faisant écho à la banalité quotidienne de nos quartiers les plus défavorisés où seule la loi du plus impérieux compte afin d'asseoir sa réputation. Et ce quelque soit l'issue tragique encourue, aussi furtive soit sa destinée galvaudée. Car on a beau anticiper le déclin de ces baby-gangsters, Claudio Giovannesi y imprime honorablement sa personnalité à travers sa pudeur et sa tendresse pour ces rejetons orphelins, de manière à ne pas sombrer dans une redite racoleuse.

*Bruno

Récompenses: Berlinale 2019: Ours d'argent du meilleur scénario pour Maurizio Braucci, Claudio Giovannesi et Roberto Saviano.
Festival international du film policier de Beaune 2019 : Prix du Jury.

lundi 21 octobre 2019

Frankenstein, la véritable histoire

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Jack Smight. 1973. U.S.A/Angleterre. 3h05. Avec James Mason, Leonard Whiting, David McCallum, Jane Seymour, Nicola Pagett, Michael Sarrazin, Michael Wilding.

Diffusé uniquement à la TV en France sur FR3 en 1976. U.S: 30 Novembre 1973

FILMOGRAPHIEJack Smight est un réalisateur américain, né le 9 mars 1925 à Minneapolis, dans le Minnesota, mort d'un cancer le 1er septembre 2003 à Los Angeles, en Californie (États-Unis). 1959 : Les Dix Commandements (TV). 1960 : Destiny, West! (TV). 1961 : The Enchanted Nutcracker (TV). 1964 : I'd Rather Be Rich. 1965 : Le Témoin du troisième jour. 1966 : Détective privé. 1966 : Kaleidoscope. 1968 : Évasion sur commande. 1968 : No Way to Treat a Lady. 1969 : Strategy of Terror. 1969 : L'Homme tatoué. 1970 : Rabbit, Run. 1970 : Le Bourreau. 1971 : Columbo : Poids mort (série TV). 1972 : L'Enterrée vive (TV). 1972 : Banacek (TV). 1972 : The Longest Night (en) (TV). 1973 : Partners in Crime (TV). 1973 : Double Indemnity (TV). 1973 : Linda (TV). 1973 : Frankenstein: The True Story (TV). 1974 : The Man from Independence. 1974 : 747 en péril. 1976 : La Bataille de Midway. 1977 : Les Survivants de la fin du monde. 1978 : Roll of Thunder, Hear My Cry (TV). 1979 : Fast Break. 1980 : L'Amour à quatre mains. 1982 : Remembrance of Love (TV). 1987 : Number One with a Bullet. 1989 : The Favorite.


Si la génération 80 s'en remémore avec nostalgie lors de sa diffusion sur FR3 en 1976, Frankenstein la véritable histoire traverse bien le temps si bien qu'il s'agit d'une excellente adaptation fleuve du roman de Mary Shelley. Car réunissant un casting irréprochable (James Mason en médecin condescendant, Leonard Whiting, David McCallum, Jane Seymour, Nicola Pagett, Michael Sarrazin et enfin Ralph Richardson dans de courtes apparitions) autour d'une intrigue plus réaliste que les oeuvres de la Universal et de la Hammer, ce télé-film de 3 heures capte l'attention de par les enjeux humains que se disputent les praticiens à la fois orgueilleux, lâches et sans scrupule tentant de donner chair à leurs créations. Des cobayes conçus (selon les dires de Victor) pour prodiguer intelligence, altruisme et sagesse quant à l'avenir de notre race qu'incarnent brillamment Michael Sarrazin en noble créature davantage esseulée et Jane Seymour en "fiancée" égoïste victime de sa fastueuse apparence. Une beauté divine de porcelaine pour autant incarnation de la chipie gouailleuse quant ses rapports conflictuels qu'elle provoque auprès de la fiancée de Victor. Sombre histoire de vengeance auprès du monstre victime de sa condition estropiée (son physique se dégradant au fil des semaines), et lâchement discrédité par son créateur, Frankenstein, la véritable histoire génère de la densité humaine lorsque celui-ci témoin de sa déchéance physique assiste impuissant au pouvoir de fascination que la créature féminine insuffle auprès de son entourage.


Réflexion sur l'apparence donc au grand dam des sentiments, de la dignité et de l'intellect, Frankenstein, la véritable histoire redore sobrement le mythe en optant pour une démarche personnelle anti codifiée. Notamment si on y prête une fameuse analogie à l'homosexualité du duo Victor / Le Monstre lors de leur relation amicale naissante. Ce que la première partie sous entend avec une juste mesure dans le partage de leurs sentiments fougueux. Plus noir et dramatique lors sa seconde partie, on s'étonne par ailleurs de la tournure cruelle des évènements, notamment auprès de son incroyable scène choc érigée en plein coeur d'un bal. Une scène de décapitation réalisée hors-champs mais franchement dérangeante de par son effet (couillu) de surprise et par la posture tranchée du monstre délibérée à détruire une vie humaine en guise de vendetta. Et sur ce point, Michael Sarrazin s'en sort avec les honneurs de nous esquisser à l'aide d'une force d'expression affectée un monstre solitaire anéanti par l'injustice et le refus de l'indulgence dans sa triste condition de prototype défectueux. Quant aux nombreux décors gothiques ou naturels, ils s'avèrent d'autant plus probants auprès d'une reconstitution étonnamment soignée pour un télé-film, qui plus est épaulée de moyens techniques assez conséquents, notamment eu égard de l'impressionnante tempête nocturne à bord du bateau ou encore du final réfrigérant instauré autour de montagnes glacières.


Une excellente déclinaison du mythe qui nous reste en mémoire, principalement grâce aux jeux étonnamment convaincants de Michael Sarrazin et de Jane Seymour en monstres sans fard. 

*Bruno
2èx

vendredi 18 octobre 2019

Contre toute attente

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Against All Odds" de Taylor Hackford. 1984. U.S.A. 2h02. Avec Jeff Bridges, Rachel Ward, James Woods, Richard Widmark, Saul Rubinek, Alex Karras, Swoosie Kurtz.

Sortie salles France: 30 Mai 1984. U.S: 2 Mars 1984.

FILMOGRAPHIETaylor Hackford est un réalisateur et producteur américain né le 31 décembre 1944. 1980 : Le Temps du rock'n'roll. 1983 : Officier et gentleman. 1984 : Contre toute attente. 1986 : Soleil de nuit. 1988 : Hail! Hail! Rock 'n' Roll (documentaire musical). 1988 : Everybody's All-American. 1993 : Les Princes de la ville. 1995 : Dolores Claiborne. 1998 : L'Associé du diable. 2001 : L'Échange. 2005 : Ray. 2010 : Love Ranch. 2013 : Parker. 2016 : The Comedian.


Polar oublié des années 80 réalisé par l'habile artisan Taylor Hackford (Officier et Gentleman, Soleil de Nuit, les Princes de la Ville, Dolores Claiborne, l'Associé du diable), Contre toute Attente ne mérite pas l'indifférence qu'il se récolte finalement aujourd'hui. Car si je peux évidemment concevoir qu'il n'arrive jamais à la cheville de son illustre modèle la Griffe du Passé de Jacques Tourneur (que je n'ai jamais vu - honte à moi -), Contre toute attente conjugue policier et romance avec une efficacité en roue libre. De par le savoir-faire de sa mise en scène sublimant en 1ère partie une idylle romantique auprès du duo incandescent Jeff Bridges, Rachel Ward (l'une des plus belles femmes du monde, excusez du peu !) et de sa structure en suspens déployant en second acte des rebondissements criminels en pagaille plutôt convaincants si on fait fi d'une confrontation finale un peu trop convenue à travers les règlements de compte entre rivaux véreux cabotinant sous l'impulsion d'un tempo musical surchargé. Fort d'une vénéneuse intrigue que se chamaillent les alliés pour l'enjeu de l'amour, chaque personnages mis en valeur s'avère plus ou moins impliqués dans des paris truqués de match de foot sous l'égide de l'homme d'affaire Ben Caxton (Richard Widmark assez antipathique en septuagénaire vaniteux).


Ainsi, le joueur Terry Brogan (Jeff Bridges) est chargé par son ami Jake (James Wood) de retrouver la trace de Jessie, sa jeune compagne en fuite après lui avoir dérobé 50 000 dollars. Mais c'est au Mexique que Terry parvient à retrouver celle-ci, si bien qu'ensemble ils finissent par tomber amoureux en se prélassant à proximité d'une plage paradisiaque (que Taylor Hackford magnifie à travers sa scénographie touristique du Mexique). Mais leur relation finit par se ternir avec l'arrivée d'un des acolytes de Jake chargé de ramener Jessie au bercail.
Porté à bout de bras par la force déterminée de Jeff Bridges en anti-héros au grand coeur impliqué dans une corruption sportive, quand bien même Rachel Ward succombe à ses charmes avec une sensualité charnelle capiteuse, Contre toute attente doit beaucoup à la prestance de son casting aux p'tits oignons, comme le soulignent conjointement James Woods, détestable d'hypocrisie en maître chanteur criminel et Richard Widmark en leader richissime quasi intouchable. Ainsi donc, grâce à leur présence charismatique chargée d'intensité dans leur inimitié vénale, Contre toute attente cultive un rythme toujours soutenu et davantage nerveux, même si on lui préférera peut-être sa première partie plus attachante, dense et ensorcelante, notamment auprès de la puissance de ces images tantôt oniriques que le couple Bridges / Ward irradie à travers leur ardent désir lubrique.


Perfectible certes, principalement auprès de la remise en cause d'une confrontation machiste peinant à convaincre dans leur maigre tentative d'y négocier une issue favorable, quand bien même son épilogue à la fois amer, un brin ironique, ne manque pas d'audace quant au sort équivoque des amants infortunés, Contre toute attente demeure un excellent divertissement. Rondement mené, formellement exotique et sensuellement enivrant sous l'impulsion de têtes d'affiche proéminentes. Qui plus est scandé lors du générique final du slow de Phil Collins imprimé dans toutes les mémoires, si bien que celui-ci remporte un an plus tard le Grammy Award du meilleur chanteur pop ! A revoir avec un vif intérêt, de préférence en couple en étreinte, une coupe de champagne à la main.  

*Bruno

jeudi 17 octobre 2019

L'Homme Invisible

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Whale. 1933. U.S.A. 1h12. Avec Claude Rains, Gloria Stuart, William Harrigan, Henry Travers, Una O'Connor, Forrester Harvey

Sortie salle U.S: 13 Novembre 1933

FILMOGRAPHIE: James Whale est un réalisateur américain, né le 22 Juillet 1889 à Dudley en Angleterre, décédé le 29 Mai 1957 à Hollywood, Los Angeles. 1930 : La Fin du voyage (Journey's End). 1930 : Les Anges de l'enfer. 1931 : Waterloo Bridge. 1931 : Frankenstein. 1932 : Impatient Maiden. 1932 : Une soirée étrange. 1933 : The Kiss Before the Mirror. 1933 : The Invisible Man. 1933 : By Candlelight. 1934 : One More River. 1935 : La Fiancée de Frankenstein. 1935 : Remember Last Night. 1936 : Show Boat. 1937 : The Road Back. 1937 : Le Grand Garrick. 1938 : Port of Seven Seas. 1938 : Sinners in Paradise. 1938 : Wives Under Suspicion. 1939 : L'Homme au masque de fer. 1940 : L'Enfer vert. 1941 : They Dare Not Love. 1942 : Personnel Placement in the Army. 1950 : Hello Out There.


“Voir un visage revient à dire en silence son énigme invisible.”
Classique imputrescible de la Universal Monsters sous la houlette de James Whale (Frankenstein, La Fiancée de Frankenstein), l'Homme Invisible doit son pouvoir de fascination grâce à la solidité de sa mise en scène (notamment à travers certains plans iconiques), à l'originalité de son récit vrillé, à ces l'innovation de ces trucages et surtout à la prestance inoubliable de Claude Rains couronné de notoriété à la suite du succès populaire du film. Ce dernier parvenant sans outrance à provoquer émoi, inquiétude et appréhension de par l'intensité de sa voix aiguë, à la fois irascible et forcenée, à défaut de mettre en exergue les diverses expressions de sa physionomie eu égard de sa condition corporelle imperceptible. Ainsi, à travers une trame dramatique non exempte de traits d'humour (notamment auprès des seconds rôles témoins malgré eux des exhibitions héroïques de l'étranger), l'Homme Invisible retrace la dérive criminelle d'un savant fou habité par la folie de par son désir outré de puissance et de gloire.


Car vivant autrefois dans l'ombre en simple chimiste dénué d'ambition, celui-ci aura décidé de prendre sa revanche sur la société après avoir créé un sérum capable de lui parfaire une nouvelle identité contestataire. Tant et si bien qu'au cours de son évolution immorale, il y engendre des sentiments dictatoriaux. Ainsi, davantage corrompu par son orgueil et sa vanité de pouvoir imposer sa loi et sa hiérarchie en toute impunité; l'homme invisible finit par céder à ses bas instincts pervers en s'autorisant les libertés les plus répréhensibles. Chasse à l'homme haletante exécutée avec une certaine perspicacité si je me réfère aux idées retorses des villageois et de la police, communément solidaires afin d'alpaguer le fugitif, l'Homme Invisible dégage un climat d'insécurité davantage vénéneux lorsque celui-ci se raille de ces rivaux avec une attitude borderline (pour ne pas dire psychotique).


"Un acteur doit être invisible"
Réflexion sur l'aliénation du pouvoir et les dérives de la science moderne, l'Homme Invisible perdure son pouvoir de fascination sous l'impulsion d'un fantasme débridé redoutablement efficace, si bien que Claude Rains l'immortalise à travers sa fulgurance orale. Une performance d'acteur donc entrée dans la légende du Fantastique moderne...

*Bruno
4èx

mercredi 16 octobre 2019

Audrey Rose


de Robert Wise. 1977. U.S.A. 1h53. Avec Marsha Mason, Anthony Hopkins, John Beck, Susan Swift, Norman Lloyd, John Hillerman, Robert Walden, Philip Sterling, Ivy Jones, Stephen Pearlman, Aly Wassil.

Sortie en salles en France: Novembre 1977. US: 6 Avril 1977

FILMOGRAPHIE: Robert Wise est un réalisateur, scénariste, producteur, monteur né le 10 Septembre 1914, décédé le 14 Septembre 2005 à Winchester (Indiana). 1944: La Malédiction des Hommes Chats, 1945: Le Récupérateur de cadavres, 1948: Ciel Rouge. Né pour Tuer. 1949: Nous avons gagné ce soir. 1952: La Ville Captive. 1952: Le Jour où la terre s'arrêta. 1954: Les Rats du Désert. 1957: Marqué par la Haine. 1958: l'Odyssée du sous-marin Nerka. 1962: West Side Story. 1964: La Maison du Diable. 1966: La Mélodie du Bonheur. 1967: La Canonnière du Yang-Tsé. 1972: Le Mystère Andromède. 1975: L'Odyssée du Hindenburg. 1977: Audrey Rose. 1980: Star Trek. 1989: Les Toits. 2000: Une Tempête en été (télé-film)

Avertissement ! Mon article dévoilant les évènements clefs de l'intrigue, il est donc préférable d'avoir vu le film avant d'y amorcer la lecture. 


"Pour l'âme, il n'y a ni naissance ni mort. L'âme ne connait pas la mort. Elle est éternelle, intemporelle, immortelle et primitive..." LA BHAGAVAD-GITA

En 1977, Robert Wise renoue avec le cinéma d'épouvante en s'inspirant du roman de Frank De Felitta The Case for Reincarnation. Si bien que des aveux de l'écrivain, l'idée spirituelle de la réincarnation lui est inspirée par l'expérience de son propre fils âgé de 6 ans, qui, un jour, interpréta un air de ragtime au piano alors qu'il n'eut jamais appris de cours de musique. Le pitchUn couple et leur fille Ivy sont importunés par un individu épiant faits et geste de leur rejeton. Persuadé qu'il s'agit de la réincarnation de sa fille Audrey Rose, morte brûlée vive à l'âge de 5 ans dans un accident de voiture, l'individu s'efforce de convaincre les parents qu'Ivy est en danger. Occulté depuis sa sortie en 1977 et comparé à l'époque comme un nouvel ersatz de "l'enfant diabolique" (en rapport aux précédents succès de l'Exorciste et de la Malédiction), Audrey Rose demeure un vrai drame psychologique, poignant et bouleversant, sous couvert du fantastique mystique. Ainsi, à travers la densité d'un scénario aussi passionnant, potentiellement inspiré de faits réels, cette oeuvre ausis fragile qu'inquiétante doit beaucoup à la sobriété de ces quatre interprètes remarquable à travers leur force d'expression aussi désarmée que révoltée. Marsha Mason, littéralement bouleversante d'empathie maternelle, Anthony Hopkins, d'une persuasion magnétique en paternel chaperon, John Beck,  irascible de paternité orgueilleuse à travers son esprit cartésien, et enfin la petite Susan Swift (son tout 1er rôle à l'écran !), surprenante de naturel versatile ! Tant auprès de sa physionomie hagarde aussi bien innocente que tourmentée que de sa lente prise de conscience hantée d'interrogation identitaire. Et donc, en évoquant le thème métaphysique de la croyance orientale en la réincarnation, Robert Wise nous fait partager le trouble quotidien de parents désarmés face aux élucubrations d'un quidam convaincu que leur propre fille s'avère la réincarnation de sa défunte Audrey Rose. Car antécédemment morte dans un accident de voiture parmi la présence de sa mère, la jeune fille succomba à l'âge de 5 ans asphyxiée et brûlée vive dans l'habitacle. Du côté de la quotidienneté  parentale d'Ivy, celle-ci est en proie dès son plus jeune âge à de violentes crises de somnambulisme lors de certaines nuit agitées. En intermittence, elle est prise de convulsions suite aux cauchemars incontrôlables lui invoquant un brasier ! Les parents d'abord réticents et dubitatifs des déclarations occultes de Mr Hoover refusent à croire que leur propre fille est une âme contrariée, anciennement matérialisée par la personnalité immolée d'Audrey Rose.


La première partie, privilégiant l'étude psychologique de l'incrédulité des parents ira en crescendo sous l'autorité sereine de Mr Hoover afin de tenter de nous convaincre que la métempsychose n'est nullement une religion infondée. En l'occurrence, cette doctrine privilégiant la renaissance de l'âme dans un nouveau corps est pratiquée et approuvée par 700 millions d'hindouistes auquel Mr Hoover s'y laissa convertir après des années d'anthropologie. Cette quête religieuse cathartique souhaitant nous interroger sur notre rapport intrinsèque au sens de notre vie à travers le profil fustigé d'Ivy, victime malgré elle d'une âme traumatisée par une mort aussi cruelle qu'inéquitable. Ainsi, les séquences chocs de marasme violemment perpétrés par la fillette impressionnent autant qu'elles émeuvent le spectateur face au témoignage lamenté des parents couramment démunis. Des géniteurs désorientés, car férus de tourments, se refusant ainsi à croire que leur fille fut une autre identité lors d'une époque antérieure. Spoil ! La seconde partie nous dépeint ensuite avec concision le procès consulaire assigné à Mr hoover, puisque accusé de rapt après s'être interposé auprès du père atrabilaire. Si bien qu'il décida en désespoir de cause de ravir la jeune Ivy à nouveau victime d'une crise d'hystérie. Ce procès de tribunal tentant d'amener la preuve devant témoins (et show TV avide de sensationnalisme !) que la réincarnation demeure l'unique preuve de l'état pathologique d'Ivy. Quand bien même la mère dubitative se laissera peu à peu convaincre des certitudes fondées par Hoover sur cet enseignement d'une vie éternelle via l'âme inaltérable. La dernière partie, douloureuse et éprouvante, nous abreuve d'une séance d'hypnose décrétée par une confrérie de psychiatres en compromis avec les parents désemparés. Une salle tamisée à l'ambiance anxiogène nous est ainsi froidement reconstituée tandis qu'un médecin tentera d'exorciser (si j'ose dire non sans ironie !) la personnalité d'Ivy face au témoignage des spectateurs interloqués. Fin du Spoil.
                                        

Solidement mis en scène dans son refus du racolage face aux quelques séquences chocs émotionnelles, Audrey Rose se décline en passionnante investigation métaphysique (instaurant donc une VRAIE réflexion sur la croyance en la réincarnation) sous couvert d'argument horrifique. Scandé de la prestance austère de protagonistes en interrogation existentielle, l'oeuvre sensible et douloureuse de Robert Wise honore brillamment le genre en tentant de nous interroger sur notre destinée éventuellement (im)mortelle. Quand bien même son épilogue bouleversant essaiera de nous réconforter sur le bien-fondé de cette croyance après une issue aussi tragique que salvatrice. A redécouvrir d'urgence. 

* Bruno
16.10.19. 5èx
15.11.11. 430 v

La Bhagavad Gita:
Livre de chevet du Mahatma Gandhi, la Gita pourrait se définir simplement comme un traité de philosophie humaniste. La Gita se compose également de 18 chapitres. La lecture de chaque chapitre est censée apporter des « mérites » à son lecteur. Ignorer la faim et la soif, réaliser ses rêves, connaître ses vies passées, guérir de maladies incurables, se débarrasser de ses dettes ou de ses ennemis… Tels sont les bénéfices qu’apporte sa lecture, selon les croyances populaires.
C’est à l’aube de la bataille finale qui oppose les Kauravas et les Pandavas, que Krishna est amené à prononcer ce célèbre discours afin d’encourager Arjuna à se battre et à vaincre le Mal… Arjuna est alors prêt à renoncer à sa couronne afin d’épargner ses amis et ses maîtres qui composent les rangs ennemis. Krishna lui rappelle ses devoirs en qualité de guerrier, définit alors la « voie de l’action » (karma-yoga) et lui révèle enfin sa véritable nature…

L'Hindouisme:
Plus qu’une religion, plus qu’une philosophie, l’Hindouisme apparaît comme un véritable mode de vie, rythmant le quotidien de plus de 80% de la population indienne.
L’inde compte ainsi plus de 330 millions de Dieux et Déesses ! En fait, tous les villages, toutes les catégories sociales et professionnelles, toutes les familles et enfin tous les individus sont libres de se choisir, voir de se créer leurs propres divinités. Ce n’est donc pas toujours facile de s’y retrouver…
Les origines de l’Hindouisme se trouvent dans des formes d’animisme, de fétichisme et de mysticisme ancestraux. Les premiers dieux vénérés en Inde, les Dieux Védiques, étaient le plus souvent représentés sous forme d’animaux et dédiés aux éléments et aux manifestations naturelles. Ce sont les récits épiques (Ramayana et Mahabharata) qui donnèrent aux dieux une dimension plus humaine, tant dans leurs représentations que dans leurs interventions. Enfin, les récits puraniques, tentent de répertorier les différents dieux en regroupant les mythes et légendes qui retracent la vie de chacun d’eux. En « humanisant » leurs Dieux, les Hindous souhaitaient se rapprocher d’eux et amoindrir l’influence parfois exagérée des Brahmanes.
Avec plus de 700 millions d’adeptes, l’hindouisme est l’une des principales religions du monde. Elle est également à l’origine de nombreuses autres croyances (jaïnisme, bouddhisme, zoroastrisme, sikhisme…), et est elle-même fortement imprégnée de ces autres religions. L’Hindouisme a su évoluer suivant les changements de la société du Sous-continent, s’adaptant localement, s’enrichissant et se diversifiant culturellement. Il en découle une multitude de cultes, de doctrines et de coutumes…
Les fêtes en l'honneur des divinités se succèdent tout au long de l'année aux quatre coins du pays et rythment la vie de tous les hindous.
Et il n'est pas rare d'avoir vu se développer des coutumes locales particulières qui donnent à ses festivités des ampleurs considérables et les pèlerins se rassemblent parfois par millions en certains lieux sacrés.
Celui ou celle qui respecte le dharma et l'ordre cosmique sera délivré des souffrances humaines en échappant au Samsara, le cycle des renaissances.
En règle générale, on peut quand même dire que les Hindous sont ceux « qui suivent la voie (dharma) déterminée par les castes (varna) et les quatre âges de la vie (ashrama) ».

mardi 15 octobre 2019

The Stuff

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Larry Cohen. 1985. U.S.A. 1h26. Avec Michael Moriarty, Andrea Marcovicci, Garrett Morris, Paul Sorvino, Scott Bloom, Danny Aiello, Patrick O'Neal

Sortie salles U.S: 14 Juillet 1985

FILMOGRAPHIELarry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs. 1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance. 1995 Fausse identité (TV Movie) 1996: Original Gangstas. - Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Hommage aux films de monstres et d'invasions extra-terrestres des années 50 (le Blob nous vient instinctivement à l'esprit !) derrière une satire semi-parodique contre la malbouffe, The Stuff génère une nouvelle fois la surprise auprès de son auteur fêlé Larry Cohen. Illustre créateur de la série TV Les Envahisseurs, des fort sympathiques Epouvante sur New-YorkLes Enfants de Salem,  l'Ambulance puis enfin des chefs-d'oeuvre Le Monstre est Vivant et Meurtres sous contrôle imprimés dans toutes les mémoires. Car rarement avare d'idées saugrenues, ce dernier créé encore l'effet de surprise avec comme concept "olé olé" une crème dessert de couleur blanchâtre prenant possession de ses consommateurs livrés à une toxicomanie alimentaire à nous donner la nausée ! Ainsi, grâce à son pouvoir de fascination/répulsion grand-guignolesque, tel la crème dessert agrandissant la bouche de ses victimes pour s'y extraire ou leur plaquant le visage pour les étouffer, The Stuff divertit agréablement à travers un schéma narratif éculé (une course contre la montre à avertir la populace du danger planétaire).


Prévisible certes mais pour autant efficace, notamment si on compte sur le climat décomplexé de l'intrigue folingue et sur la bonhomie friponne de l'acteur fétiche Michael Moriarty (en agent industriel délateur) épaulé de la non moins attachante Andrea Marcovicci et de l'enfant rebelle Scott Bloom (réduit malgré lui à l'état d'orphelin lors de son parcours de survie). Et donc, sans toutefois crier au génie pour rivaliser avec ses plus grandes réussites susnommées, faute d'une narration terriblement déstructurée et du manque d'intensité auprès des enjeux humains, The Stuff compense ses faiblesses par l'adresse de trucages plutôt réussis (à défaut de perfection), à l'instar de la crème  volumineuse se déplaçant en masse telle une sangsue pour alpaguer ses victimes. Larry Cohen  soignant plutôt habilement ses séquences chocs (éparpillées de manière fortuite pour mieux nous surprendre) au gré d'un montage dynamique palliant parfois le côté désuet de ses démonstrations les plus ambitieuses (notamment lorsque les visages se mettent à exploser de par la fragilité soudaine des vertèbres ou lorsqu'ils sont écrasés par des véhicules !). Truffé de dérision, tant auprès de l'horreur des situations grotesques que de la posture décontracté des personnages, on peut enfin parachever avec la présence assez pittoresque de Paul Sorvino en colonel psychorigide terriblement complexé par l'absence de notoriété de sa carrière militaire.

Bruno
15.10.19.3èx
05.07.17

lundi 14 octobre 2019

Le Camion de la Mort. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 83


"Battletruck/Warlords of the 21st Century" de Harley Cokliss. 1982. Nouvelle Zélande. 1h31. Avec Michael Beck, Annie McEnroe, James Wainwright, Bruno Lawrence, John Bach, Randy Powell.

Sortie en salles en France le 2 janvier 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVEHarley Cokliss est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 11 Février 1945 à San Diego (Californie). 1976: The Battle of Billy's Pond. 1977: Glitterball. 1979: That Summer. 1982: Le Camion de la mort. 1986: Sans Issue. 1987: Malone, un tueur en enfer. 1988: Dream Demon. 1994: Hercule et le royaume oublié (télé-film). 2000: Pilgrim. 2002: An angel for may (télé-film). 2010: Paris Connections


Un an après le phénomène Mad-Max 2, une ribambelle d'ersatz aux budget dérisoire proliférèrent chez nos voisins transalpins. Des séries Z risibles interprétées par des tacherons quand bien même les affiches aguicheuses inspirées de l'univers de la BD tentaient d'y feindre leur précarité. Pour autant, quelques nanars impayables sortirent du lot si bien qu'aujourd'hui ils continuent toujours de marquer les esprits (nostalgiques) de cette époque révolue, à savoir le bien nommé "post-nuke". Les Guerriers du BronxCherry 2000Le Gladiateur du futur et surtout le Guerrier de l'espace et 2019, après la chute de New-York restant sans conteste les plus beaux fleurons bisseux. Mais en 1982, c'est au tour de la nouvelle zélande de tenter d'y apporter leur vision désenchantée du monde barbare auprès d'une série B de samedi soir au budget un peu plus étoffé, qui plus est finalement ovationnée d'un Prix Spécial du Jury à Avoriaz. De par cette improbable récompense, on se demande d'ailleurs comment une oeuvre aussi standard, aussi bougrement sympatoche soit-elle, eut pu remporter une récompense aussi prestigieuse ! Le PitchDans une époque futuriste, le colonel Straker sillonne les contrées désertiques des Etats-Unis à bord d'un gigantesque camion pour la quête de carburant. Avec une bande de hors la loi, il sème la terreur auprès des rares survivants pour imposer sa hiérarchie dictatoriale. Mais un solitaire du nom de Hunter décide de contrecarrer ses ambitions véreuses en l'affrontant à bord de sa moto futuriste. 
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Totalement occulté de nos jours après avoir déjà sombré dans l'oubli depuis son échec en salles, Le Camion de la Mort est une modeste et très agréable série B se démarquant de la zéderie grâce à ces comédiens à la trogne bonnard, aussi cabotins soient les méchants, à son action sagement spectaculaire et à sa mise en image plutôt envoûtante au coeur d'un no mans land aride. L'intrigue convenue constituant une relecture champêtre de Mad-Max (bien qu'ici, l'antagoniste mégalo s'avère le propriétaire du camion blindé !) avec beaucoup moins d'ambition dans sa maigre tentation de renouer avec l'action cinglante et les cascades ébouriffantes de son modèle. Néanmoins, ce petit métrage fort attachant affiche un convaincant climat de désolation auprès d'une populace précaire tentant de survivre dans leurs bungalows de fortune. Et la confrontation entre Michael Beck (les Guerriers de la nuit) et James Wainwright (Un Shérif à New-York) parvenant jusqu'au générique de fin à maintenir l'intérêt dans leur enjeu de pouvoir et d'autorité, notamment en tentant d'y récupérer la dissidente Corlie en fuite depuis les dernières exactions de son paternel (Straker himself apprendra t'on durant l'intrigue !). Annie McEnroe (les Marais de la mort, la Main du cauchemar) endossant avec une sensibilité non négligeable cette fugitive en quête d'amour et d'havre de paix. Scandé d'une partition planante (Tangerine Dream s'en fait d'ailleurs presque l'écho !), l'ambiance post-apo du Camion de la mort dégage donc un charme désuet afin d'accentuer cet environnement solaire jalonné de plaines clairsemées. A l'instar du western moderne, l'affrontement houleux de nos survivants solidaires communément opposés à la hiérarchie du tyran Straker cultivant de nombreuses péripéties (entre une trahison) pour tenter de déjouer l'assaillant beaucoup plus lâche, cruel et insidieux qu'eux. Enfin, pour adoucir le propos belliqueux, une timide idylle survient durant tout le périple avec la fille de Straker éprise d'affection pour le motard (jamais à court de carburant !).
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Mené avec rythme et efficacement conté, le Camion de la Mort demeure un divertissement plein de charme dans sa sincérité de se confronter sans prétention au genre post-apo à l'aide d'un budget low-cost. Un western futuriste d'une simplicité désarmante (bien qu'il sous entend une réflexion sur la mégalomanie en militant pour la solidarité) mais paradoxalement assez attrayant et d'autant plus atmosphérique qu'on se laisse facilement séduire par la tournure des évènements prévisibles. Et ce même si aujourd'hui il ne pourrait (probablement) que contenter les nostalgiques de l'âge d'or du Post-nuke. Quand à son "Prix spécial" décerné à Avoriaz, il restera pour ma part une nébuleuse énigme irrésolue.  

*Bruno
14.10.19. 3èx
30.12.11. 386 v

vendredi 11 octobre 2019

El Camino : un film Breaking Bad

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"El Camino: A Breaking Bad Movie" de Vince Gilligan. 2019. U.S.A. 2h02. Avec Aaron Paul, Bryan Cranston, Charles Baker, Matt L. Jones, Jonathan Banks, Larry Hankin.

Diffusion mondiale Netflix: 11 Octobre 2019 

FILMOGRAPHIEVince Gilligan est un scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 10 février 1967 à Richmond. 2000-2002 : X-Files - Je souhaite (saison 7, épisode 21) et Irréfutable (saison 9, épisode 18). 2008-2013: Breaking Bad - Chute libre (saison 1, épisode 1) - Pleine Mesure (saison 3, épisode 13) - Échec (saison 4, épisode 12) – Mat (saison 4, épisode 13) - Revenir et Mourir (saison 5, épisode 16). 2015-2017 : Better Call Saul (4 épisodes). 2019: El Camino.


"La vie est ce que tu en fais"
Créateur de la notable série TV Breaking Bad, Vince Gilligan a décidé d'offrir à ses fans planétaires une adaptation ciné en bonne et due forme afin de clore une bonne fois pour toute les vicissitudes de Jesse Pinkman, ultime survivant recherché en l'occurrence par toutes les polices de l'état. Ainsi donc, à travers la simplicité de sa trame pour autant imprévisible afin de tenir en haleine le spectateur scrupuleux aux faits et gestes de Jesse traqué tous azimuts, Vince Gilligan exploite de main de maître un jeu de la survie aussi tendu qu'angoissant eu égard des moult rebondissements que notre anti-héros tentera de déjouer en faisant preuve d'esprit retors mais aussi de maladresse (à l'instar de sa houleuse transaction avec le vendeur d'aspirateur que campe au travers d'une posture impassible le vétéran Robert Foster au charisme sclérosé).


Magnifiquement réalisé, tant auprès des cadrages alambiqués, des effets de style épaulés d'une photo solaire que de ses influences westerniennes (avec un duel d'anthologie à couper le souffle !), El Camino rappelle entre autres dans notre inconscient le cinéma perfectionniste de Tarantino à travers ses dialogues ciselés (un régal permanent !) et ses confrontations masculines chargées de dérision, de perversité et de sournoiserie. D'une durée standard de 2h02, on aurait peut-être souhaité un métrage un peu plus quantitatif de 3h00 tant le temps s'étiole à la vitesse de l'éclair. Si bien que l'on surprend de quitter Jesse sur cette ultime image même si sa conclusion rationnelle ne déçoit aucunement. Ce qui prouve donc l'effet hypnotique qu'eurent si bien procurés sa charpente narrative (tant indécise) et les déplacements des personnages matois impliqués dans un enjeu pécuniaire en lieu et place de confort (pour les méchants) ou de survie (pour le destin précaire de Jesse). Au-delà du plaisir éprouvé à son imagerie stylisée et à ses péripéties instillées au compte-goutte avec un art consommé du suspense latent, El Camino est évidemment transcendé du jeu borderline d'Aaron Paul toujours aussi habité à travers ses expressions contradictoires où s'entrechoquent appréhension, espoir fébrile et détermination pugnace sans jamais se laisser distraire par l'invraisemblance du geste héroïque.


"Aller là où l'univers t'emmènes."
Tourné en format scope, El Camino demeure donc une excellente prolongation à l'éminente série Breaking Bad (à défaut d'y parfaire le chef-d'oeuvre auprès des plus gourmets), même si on aurait souhaité poursuivre un peu plus le périple de Jesse (avec 1 ou 2 rebondissements supplémentaires. Quand bien même Vince Gilligan est parvenu sans aucune prétention à boucler la boucle avec une indiscutable cohérence, tant en terme de cheminement narratif d'une remarquable fluidité que de psychologie des personnages (parmi 2/3 apparitions surprises impliquées dans une éthique existentielle !). 

*Bruno

jeudi 10 octobre 2019

l'Esclave de Satan

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Satan's Slave" de Norman J. Warren. 1976. Angleterre. 1h29. Avec Michael Gough, Martin Potter, Candace Glendenning, Barbara Kellerman, Michael Craze.

Sortie salle France: 8 Février (ou 3 Mai) 1978 (Int - 18 ans). Angleterre: Décembre 76.

FILMOGRAPHIE: Norman J. Warren, né Norman John Warren le 25 Juin 1942 à Londres en Angleterre, est un réalisateur, producteur et scénariste anglais. 1967: Her Private Hell, 1968: Loving Feeling, 1976: l'Esclave de Satan, 1978: Le Zombie venu d'ailleurs, 1979: Outer Touch, la Terreur des Morts-vivants, 1981: Inseminoïd, 1984: Warbirds Air Display, 1985: Person to person, 1986: Gunpowder, 1987: Les Mutants de la St-Sylvestre, 1992: Meath School, 1993: Buzz.


Le pitch: à la suite de la mort de ses parents lors d'un accident de voiture, Catherine est recueillie par son oncle Alexandre ainsi que Stephen, le fils de celui-ci. En proie à d'horrible cauchemars durant ses nuits esseulées, elle se laisse amadouer par Stephen avant que la majordome Frances n'éprouve envers lui de violents signes de jalousie. 

1er essai horrifique auprès de l'habile artisan british Norman J. Warren (Inseminoïd, Le Zombie venu d'ailleurs), l'Esclave de Satan transpire l'amour du genre aussi étique soit son intrigue probablement influencée par les films satanistes qui pullulaient lors des Seventies (Course contre l'Enfer, La Pluie du Diable). Ainsi, dans un format de série B symptomatique des budgets low-cost qu'il s'octroya durant sa carrière, Norman J. Warren accomplit le prodige de nous envoûter et de nous captiver de par la puissance des ces images gothiques d'une beauté sépulcrale ensorcelante. Ainsi, la psychologie prémâchée des personnages à beau laisser à désirer (notamment auprès de la posture subitement incohérente de Frances puisque délibérée à sauver l'héroïne pour un mobile inconnu alors qu'elle n'éprouvait que de la jalousie auprès de l'étrangère !) et l'intrigue, somme toute classique, céder à la trivialité, l'Esclave de Satan affiche un réalisme cauchemardesque prédominant eu égard de sa fulgurance visuelle et de la posture fragile de Catherine en proie à la magie noire et les forces du Mal. Tant auprès de ses hallucinations vécues de nuit ou en plein jour que des exactions insidieuses de son oncle délibéré à passer à l'acte lors d'un final dérangeant (twist sardonique à l'appui réfutant le happy-end !).


Warren illustrant donc avec une attention scrupuleuse des séances de messe noire adeptes du sacrifice humain avec un raffinement gothique rutilant. Quand bien même la forêt automnale environnant la vaste bâtisse s'alloue d'une atmosphère d'étrangeté aussi trouble que capiteuse. Au-delà du plaisir éprouvé auprès de ce climat tant atmosphérique, l'Esclave de Satan cède (comme de coutume chez son auteur) à une agréable complaisance lors de scènes gores aussi bien crues que malsaines (zooms grossiers à l'appui sur les chairs striées). Quand bien même les étreintes sexuelles et séances de nudité cèdent parfois au viol outrageant qu'effectue l'un de complices satanistes. On peut également, non sans une certaine indulgence, saluer la sobriété attachante de son casting méconnu (en dépit du vénérable Michael Gough en gourou démonial), aussi perfectibles soient leurs expressions autoritaires ou leurs sentiments de contrariété, et ce même si le manque d'intensité dramatique s'y fait ressentir si j'évoque l'épreuve endeuillée de Catherine lors de la première partie du film. Mais c'est principalement le jeu oh combien diaphane et dérangeant de Martin Potter (le fils d'Alexandre) qui frappe les esprits de par sa pâle présence à la fois insidieuse et équivoque, notamment auprès de ses rapports lubriques avec les femmes se clôturant dans un bain de sang.


Un film d'ambiance aux p'tits oignons disparu de nos écrans depuis des siècles de léthargie ! 
Magnétique, voir même ensorcelant, attachant et étonnamment captivant, notamment dans l'art de narrer son histoire viciée, l'Esclave de Satan a beau paraître mineur, parfois maladroit et prévisible, il n'en demeure pas moins bourré de charme et d'insolence de par son brio d'instaurer sans modération une ambiance cauchemardesque au sein du thème sataniste. 

*Bruno
2èx

mercredi 9 octobre 2019

House of sand and fog

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Vadim Perelman. 2003. U.S.A. 2h06. Avec Jennifer Connelly, Ben Kingsley, Ron Eldard, Frances Fisher, Kim Dickens, Shohreh Aghdashloo.

Sortie salles France: 13 Mai 2004 (uniquement au marché du Film du Festival de Cannes). U.S: 26 Décembre 2003.

FILMOGRAPHIE: Vadim Perelman est un réalisateur et producteur russo-américain né le 8 septembre 1963 à Kiev (Ukraine). 2003 : House of Sand and Fog. 2008 : La Vie devant ses yeux. 2016 : Yolki 5.


Drame psychologique mâtiné de mélo sous le pilier d'une partition envoûtante, House of sand and fog fut ignoré de nos salles chez nous en dépit de sa projection au marché du film du Festival de Cannes. Et donc j'imagine que les distributeurs ont probablement été effrayés par le nihilisme de son final effroyablement dépressif pour oser le faire connaître auprès du grand public. Car délibéré à châtier tous ces protagonistes au grand dam d'un enjeu matérialiste (expulsée de chez elle à la suite d'une erreur des impôts, Kathy tente de récupérer la demeure de son père face au refus drastique de son nouveau propriétaire d'origine iranienne), le réalisateur privilégie une intensité dramatique en crescendo afin d'ébranler le spectateur finalement déconcerté par tant d'aigreur et de pessimisme. Mais au-delà des effets de surprise de son final mélodramatique franchement discutable, car à mon sens plombé par sa sinistrose infructueuse, (pour ne pas dire illogique), House of sand and fog bénéficie d'une intrigue solide entièrement bâtie sur la confrontation psychologique entre une jeune solitaire en perdition et un père de famille pratiquant, déterminé à subvenir aux besoins de sa famille en tablant sur la plus-value de sa nouvelle bâtisse.


Au centre de ce duo houleux où chacun tente de défendre son bout de territoire avec acharnement et désespoir, un shérif épris d'affection pour Kathy jouera les redresseurs de tort avec une maladresse préjudiciable. Constamment captivant de par son intrigue charpentée et surtout porté à bout de bras par les compositions talentueuses de Jennifer Connely en ange déchu épuisée par la solitude et la déveine, de Ben Kingsley en époux aussi prévenant qu'abusif avide de combler sa famille, et de Ron Eldard en shérif vindicatif d'autant plus contrarié par sa double liaison conjugale, House of sand and fog plante son intrigue et ses personnages autour d'une mise en scène posée préconisant les huis-clos intimistes (ceux des 2 couples susnommés). Sa densité narrative émanant également de l'évolution de ces personnages anti-manichéens se démenant comme ils peuvent à défendre leur position avec autant d'autorité que de fragilité. Ainsi, compromis par leurs sentiments d'orgueil matérialiste et pécuniaires (aussi compréhensifs soient leur combat pour la justice puis celui de la réussite sociale et familiale), ces derniers vont peu à peu céder à leur valeur d'empathie en se prêtant mutuellement main forte depuis l'incidence de circonstances fortuites.


Sur ce point, là aussi House of sand and fog fait mouche si bien qu'il est impossible d'anticiper les évènements orageux, d'autant plus que le réalisateur élude l'outrance sentimentale (ou alors si peu) afin d'émouvoir le spectateur impliqué dans cet improbable enjeu matérialiste. Les comédiens, sobrement poignants, ne débordant jamais dans leur condition morale malmenée, tant et si bien que l'on s'attache à leurs blessures intimes sans oser prendre parti pour qui que ce soit dans leur conflit d'ego ou d'intérêt à la fois financier et familial (notamment auprès de l'héritage de Kathy afin d'honorer son père). D'où l'intensité sobrement ressentie auprès de ce drame psychologique nouant brillamment les profils sentencieux de ces protagonistes effleurant pour autant l'issue de résolution lors d'un moment propice de remise en question. Et ce avant que Vadim Perelman ne vienne tout foutre en l'air pour brutaliser/phagocyter ses protagonistes lors d'un final tragique dénué de rédemption et de logique selon mon jugement de valeur. Aussi limpide et bénéfique soit son manifeste contre le matérialisme et la prospérité financière ! Et c'est fichtrement dommage car House of sand and fog avait au préalable assez d'arguments fiables et solides pour satisfaire le spectateur auprès d'un happy-end autrement noble, censé et légitime.

*Bruno