mardi 12 novembre 2019

Folle à tuer

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Yves Boisset. 1975. France/Italie. 1h37. Avec Marlène Jobert, Tomás Milián, Thomas Waintrop, Michel Peyrelon, Michael Lonsdale, Jean Bouise, Victor Lanoux.

Sortie salles France: 20 Août 1975

FILMOGRAPHIE: Yves Boisset est un réalisateur français, né le 14 Mars 1939 à Paris. 1968: Coplan sauve sa peau. 1970: Cran d'arrêt. 1970: Un Condé. 1971: Le Saut de l'ange. 1972: l'Attentat. 1973: R.A.S. 1975: Folle à tuer. 1975: Dupont Lajoie. 1977: Un Taxi Mauve. 1977: Le Juge Fayard dit Le Shériff. 1978: La Clé sur la porte. 1980: Le Femme flic. 1981: Allons z'enfants. 1982: Espion, lève-toi. 1983: Le Prix du Danger. 1984: Canicule. 1986: Bleu comme l'Enfer. 1988: La Travestie. 1989: Radio Corbeau. 1991: La Tribu.


"Un homme qui déteste les enfants ne peut pas être un homme tout à fait mauvais". W.C. Fields. 

Rareté exhumée de l'oubli grâce à l'éditeur Studio Canal issue de la collection: Make My Day ! par Jean-Baptiste Thoret, Folle à tuer est un excellent polar réalisé par le franc-tireur Yves Boisset (Dupont Lajoie, R.A.S, Le Juge Fayard dit le shériff, le Prix du Danger, Canicule, Bleu comme l'Enfer). On ne peut donc que se réjouir de le découvrir pour la toute première fois dans une copie haute définition clinquante. Le pitch: Après avoir été soigné dans un centre psychiatrique, la gouvernante Julie Bellanger peut occuper un poste de gouvernante afin de surveiller le neveu d'un industriel tout juste orphelin après l'assassinat de sa mère. Mais victime d'un rapt auprès d'un mystérieux tueur, Julie et le petit Thomas vont tenter en désespoir de cause de s'évader malgré l'odieux chantage la désignant coupable aux yeux des forces de l'ordre. Thriller à suspense baignant dans le survival haletant lors de sa seconde partie, Folle à tuer ne nous laisse nulle répit en dépit de son action timorée (les fans de spectacle épileptique peuvent passer leur chemin) et d'un titre ironique fallacieux eu égard de la posture candide de la gouvernante incapable de céder à la violence (si on fait fi au départ de sa réponse punitive physiquement infligée à l'enfant) et pleinement lucide de ses actes réfléchis. Notamment auprès de son audacieuse habileté à s'extirper des situations létales parmi la complicité étonnamment affirmée du jeune Thomas.


Marlène Jobert occupant tout l'écran dans le corps fragile et sensuel d'une otage substituée en maman débonnaire afin de préserver la vie du bambin aussi impertinent qu'attachant lors de son évolution morale à la considérer avec davantage d'empathie. Quant au tueur étranger si équivoque et secret (écho à la tagline susnommée); le caméléon Thomas Millian se taille une carrure de crapule impassible dans sa détermination d'y supprimer otages et témoins gênants. Tant auprès des plus faibles et démunis, dans la mesure où femme et enfant n'auront droit à aucune clémence. Solidement mis en scène, notamment auprès de sa première partie à la fois intense, indécise et ombrageuse (sorte de huis-clos sarcastique de par les rapports de soumission que les assaillants tentent d'inculquer à leurs victimes), Yves Boisset ose même transgresser certains tabous lorsque la gouvernante et l'enfant sont à plusieurs reprises molestés ou humiliés (la séquences des spaghettis que Thomas est contraint de déglutir la bouche pleine) par leurs assaillants dénués de pitié Spoiler ! (notamment auprès d'un second-rôle sournois dont je tairais le nom ! fin du Spoil). Quant à l'expressive force de caractère de l'enfant incarné par Thomas Waintrop, sa surprenante complémentarité avec Marlène fait mouche à travers leur commun altruisme.  Notamment de par la confiance maternelle que Marlène Jobert lui suscite avec une douce sollicitude. A eux deux ils envahissent l'écran sans déborder si bien que l'on suit leurs incertaines vicissitudes  avec une inquiétude sous-jacente.


Film d'acteurs (jusqu'aux formidables seconds-rôles, à l'instar de Victor Lanoux en chauffeur rustre et libidineux et de Michael Lonsdale en entrepreneur snobinard) habilement dirigé par un cinéaste réfractaire au politiquement correct (certaines scènes de violence tranchée imputées comme punition à la femme ou à l'enfant feront grincer aujourd'hui les dents de quelques bien-pensants); Folle à tuer demeure un formidable thriller jouant avec les sentiments du spectateurs quant au sort finalement névralgique des otages (et antagonistes). A découvrir.   

*Bruno

Ci-joint l'avis de Thierry Alex Rogan :
Une sacré découverte !!

Grandiose !
Yves Boisset nous entraîne dans une histoire peu commune de kidnapping, machination et sur un rythme dont lui seul a le secret.
Un casting aux petits oignons, Jobert, Milian, Lanoux, Lonsdale et Bouise apporte le plus de ce Folle a tuer.
Boisset maîtrise son polar de main de maître, il arrive a filmé la violence sur l'enfant de manière choc, la rencontre entre Jobert et l'enfant est horrible, en 75 ce genre de scène soulevait moins de débat que de nos jours.
Folle a tuer aurait sans nul doute été dans mon top 10 en 1975.
Un film inoubliable...
⭐⭐⭐⭐

lundi 11 novembre 2019

Paranoiac

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Freddie Francis. 1963. Angleterre. 1h20. Avec Janette Scott, Oliver Reed, Sheila Burrell, Alexander Davion, Maurice Denham, Liliane Brousse.

Sortie salles France: 31 Juillet 1963. Angleterre: 26 Janvier 1964

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


Tourné un an avant Meurtre par procuration, Paranoiac renoue avec autant d'efficacité avec le thriller hitchcockien sous la houlette de Freddie Francis toujours aussi inspiré. Car si on est en droit de préférer Meurtres par procuration, Paranoiac ne manque pas d'atout pour séduire à nouveau le public particulièrement féru de psycho-killer. Car habilement construite, l'intrigue émaillée de rebondissements repose avant tout sur la caractérisation fébrile du génial Oliver Reed se taillant une carrure erratique dans celui d'un frère cadet aux penchants alcooliques au point de sombrer dans la démence. Littéralement transi d'émoi, l'acteur habité par ses névroses porte l'intrigue sur ses épaules avec une redoutable intensité expressive eu égard de ses crises colériques incontrôlées. Oliver Reed parvenant autant à inquiéter qu'à nous alarmer quant à son évolution morale escarpée dénuée d'empathie pour son entourage (à l'exception de sa tante Harriet).



Le pitch: Traumatisée par la mort de ses parents et de son frère aîné Tony, Eléanor aperçoit lors d'une homélie ce dernier en personne. Evanouie, elle est rapidement rapatriée chez sa tante Harriet avec qui elle vit depuis sa perte parentale. Mais quelques jours plus tard, les visions d'Eléanor se confirment lorsque Tony  réapparaît en lui prétendant qu'il est son véritable frère. Impeccablement dirigé auprès d'un casting très convaincant (à l'instar de la fragilité démunie de Janette Scott en femme introvertie sévèrement manipulée), Paranoïa joue la carte du faux semblant en inversant les rôles sous l'impulsion de personnages insidieux étroitement liés à un héritage. Freddie Francis privilégiant la caractérisation équivoque de ses protagonistes impliqués dans une discorde familiale préjudiciable. Dans la mesure où en levant le voile sur la véritable identité de deux personnages, les évènements délétères s'affirmeront plus violents et agressifs afin de taire un sombre secret. Et si l'intrigue ne réserve rien de surprenant quant au tenants et aboutissants de ces derniers se disputant l'autorité, Freddie Francis parvient efficacement à maintenir l'intérêt. Tant auprès de son suspense latent exploitant certains codes horrifiques que de la solidité de sa distribution au charisme prégnant.


Un bon thriller de la Hammer donc habilement dirigé dans un vénéneux noir et blanc. 

*Bruno

vendredi 8 novembre 2019

Hardware. Prix des Effets-Spéciaux, Avoriaz 91.

                                             
                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com 

de Richard Stanley. 1990. Angleterre. 1h34. Avec Dylan McDermott, Stacey Travis, John Lynch, William Hootkins, Iggy Pop, Carl McCoy, Mark Northover, Paul McKenzie, Lemmy, Mac McDonald, Chris McHallem.

Sortie en salles en France le 29 Mai 1991. U.S: 11 Janvier 1990

FILMOGRAPHIE: Richard Stanley est un réalisateur et scénariste sud-africain né à Fishhook le 22 Novembre 1966. 1990: Hardware. 1992: Le Souffle du Démon. 1996: l'Ile du Dr Moreau (remplacé par John Frankenheimer). 2011: The Theatre Bizarre (segment: The Mother of Toads)


"L'homme qui veut dominer ses semblables suscite la machine androïde. Il abdique alors devant elle et lui délègue son humanité. Il cherche à construire la machine à penser, rêvant de pouvoir construire la machine à vouloir, la machine à vivre."

Graine de film culte si j'ose dire auprès d'une frange d'amateurs férus d'expérience insolite,  Hardware est un ovni influencé par Blade Runner, Tetsuo, American Way ou encore Terminator. Inspiré de son moyen-métrage Incidents in an expanding universeRichard Stanley y reprend la trame en incluant le personnage d'un robot criminel perpétrant ses méfaits dans un immeuble en décrépitude. A titre anecdotique, apparaissent à l'écran les chanteurs Iggy Pop, Lemmy Kilmister et  Carl McCoy du groupe Fields of the Nephilim. Le pitchDans un désert aride, un homme collecte quelques carcasses de métal dont une tête de droïde qu'il décide d'offrir à une amie artiste. Dans l'immeuble retranché de celle-ci, la machine profite de sa négligence pour peu à peu se reconstituer et semer le désordre et la mort. Avec un budget et une interprétation précaire, Richard Stanley  préconise pour son premier long une ambition esthétique afin d'y décrire un climat futuriste en dégénérescence. Ainsi, sa tentative scrupuleuse de nous illustrer un univers post-apo régi par la technologie et la pollution est restituée avec sens du détail halluciné. Faute d'une trame étique, le réalisateur réussit à transcender ce défaut à travers son parti-pris formel en perpétuel recherche  visuelle. A travers une photo sépia teintée de filtres rouges et orangers, l'univers de pollution nous est sobrement présenté pour se focaliser ensuite dans l'intimisme d'un immeuble surveillé par des vigiles versatiles. Alors qu'un couple flâne dans une chambre tamisée, la démographie externe semble indolente à la vue de leur nouvelle existence post-nucléaire. Les bâtiments industriels laissant s'échapper d'étranges nappes de fumée toxiques quand bien même les lacs contaminés y déversent l'écume d'un poison irradié.  Quant à la populace atone, elle semble errer sans moralité si bien que certains d'eux se laissent vaporiser par les prises de drogue afin de fuir leur quotidienneté nécrosée. 


Alors que Mo s'absente quelques temps, son amie Jill se retrouve embrigadée à l'intérieur de son appartement après avoir sculpté la tête et le bras d'un androïde. De par ses systèmes électroniques inertes, le droïde parvient malgré tout à restaurer son corps de métal pour se régénérer et annihiler toute présence humaine. Ainsi donc, le faible intérêt narratif de ce huis-clos illustrant le combat pour la survie entre un droïde et une femme démunie est transcendé par une mise en scène hyper inventive multipliant les cadrages alambiqués à travers la foisonnement d'un montage clippesque littéralement cauchemardesque.  Richard Stanley synthétisant ici l'omniprésence de la matière métallique, la chaleur étouffante et l'électricité pour asservir l'humanité en chute libre. Car ce robot conçu à la base pour combattre l'ennemi est aujourd'hui apte à se rebeller afin de prendre le contrôle sur ses créateurs réduits à l'état de torpeur. Et si son apparence hostile peut paraître un peu trop mécanique, sa physionomie baroque et le sens du montage parviennent malgré tout à convaincre lors de ses nombreuses exactions  mesquines. Reconstituée avec les moyens du bord, cette artillerie technologique fascine donc le spectateur l'entraînant dans une sorte d'expérience viscérale à la fois vertigineuse et terriblement insolente (au risque parfois de lasser sans toutefois décrocher les yeux de l'écran). Et si l'affrontement belliqueux entre la machine et notre héroïne peut paraître futilement redondant, Richard Stanley réussit la encore à insuffler suffisamment d'efficacité de par l'ultra dynamisme du montage et sa fulgurance visuelle dédiée à une atmosphère aussi rubigineuse que fuligineuse. Une ambition formelle constamment bluffante combinant l'électronique et le métallique afin d'y violer nos chairs en état de déshumanisation.


Métal Hurlant
Expérience cybernétique sublimée par la partition synthétique de Simon BoswelHardware se décline en trip expérimental de par son pouvoir de fascination halluciné. Car en dépit de la maigreur de son budget, d'un scénario superficiel et d'acteurs lunatiques, le réalisateur parvient avec dextérité à nous immerger dans son atmosphère de pollution solaire à l'humidité irrespirable. Ainsi, féru d'astuces afin de palier ces défauts précités, ce petit métrage singulier surgit de nulle part parvient à nous captiver dans un vortex de chair insalubre et de métal délétère pour nous hanter à jamais. 

*Bruno
08.11.19. 4èx
01.12.11. 235 v

jeudi 7 novembre 2019

Ulysse

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Mario Camerini. 1954. Italie. 1h45. Avec Kirk Douglas, Silvana Mangano, Anthony Quinn, Rossana Podestà, Jacques Dumesnil, Sylvie, Daniel Ivernel.

Sortie salles France: 23 Novembre 1954. Italie: 6 Octobre 1954

FILMOGRAPHIE PARTIELLEMario Camerini est un réalisateur italien né le 6 février 1895 à Rome - mort le 4 février 1981 en Lombardie.1923 : Jolly. 1924 : La casa dei pulcini. 1924 : Saetta principe per un giorno. 1933 : Giallo. 1934 : Le Tricorne. 1934 : Come le foglie. 1935 : Je donnerai un million. 1936 : Ma non è una cosa seria. 1936 : Il grande appello. 1937 : Monsieur Max. 1938 : Battement de cœur. 1939 : Les Grands magasins. 1939 : Il documento. 1940 : Centomila dollari. 1940 : Une aventure romantique. 1941 : Les Fiancés. 1942 : L'Ombre du passé. 1943 : Je vous aimerai toujours. 1945 : Deux lettres anonymes. 1946 : L'angelo e il diavolo. 1947 : La Fille du capitaine. 1950 : Mara fille sauvage. 1951 : Due mogli sono troppe. 1952 : Une femme pour une nuit. 1953 : Les Héros du dimanche. 1954 : Ulysse. 1955 : Par-dessus les moulins. 1956 : Sœur Letizia. 1957 : Vacances à Ischia. 1959 : Premier amour. 1960 : La Rue des amours faciles. 1960 : Chacun son alibi. 1962 : Les Guérilleros. 1963 : Kali Yug, déesse de la vengeance. 1963 : Le Mystère du temple hindou. 1966 : Delitto quasi perfetto. 1971 : Io non vedo, tu non parli, lui non sente. 1972 : Don Camillo et les Contestataires.


"Cette histoire fabuleuse parle d'un monde où réalité et surnaturel coexistent, où Dieu et hommes s'affrontent. C'est le poème d'Ulysse, chanté par le grand Homère il y a 3000 ans."

Sans être un grand film du genre (bien qu'il cumule commercialement parlant 3 293 354 entrées dans nos contrées), Ulysse est un joli spectacle d'aventures mythologiques que l'italien Mario Camerini réalise sobrement sous l'impulsion de l'illustre Kirk Douglas. Celui-ci, comme de coutume fringant, expressif et bondissant, se taillant une carrure héroïque proéminente si bien que l'intérêt de l'intrigue repose beaucoup sur ses épaules. De par ses épreuves physiques et morales qu'il doit surmonter à travers de fantastiques rencontres, et ce afin de regagner son bercail. Tant auprès du fameux cyclope amateur de vin rouge (probablement l'une des séquences les plus ludiques et fascinantes car renforcée de trucages tout à fait efficaces), de l'inquiétante Circée (la situation la plus envoûtante lors de sa confrontation amoureuse avec Ulysse qu'elle tentera de convaincre à devenir immortel), des sirènes et leurs chants maudits que de son épreuve ultime avec les dissidents mégalos installés dans son propre fief. Outre la modestie de sa mise en scène correctement emballée, ses décors et sa photo oniriques, on apprécie notamment les seconds-rôles antagonistes assoiffés de pouvoir dans leur opportunisme à daigner écraser la notoriété d'Ulysse. Quand bien même Pénélope, superbement incarnée par la douceur ténue de Silvana Mangano !) magnétise l'écran avec une amertume désenchantée quant à son interminable attente d'espérer revoir son cher Ulysse délibéré à honorer sa condition humaine.


En dépit de son action timorée et de ses modestes péripéties, Ulysse parvient pour autant à séduire, charmer, voir même à captiver au fil d'une narration davantage scrupuleuse quant à la caractérisation du personnage mythologique mis à épreuve du courage, de la loyauté, de la bravoure et de la fidélité pour l'enjeu de l'amour éternel. Tant auprès de sa bien-aimée Pénélope, fébrile à escompter son retour des années durant, que de son fils Télémaque (incarné par l'excellent Franco Interlenghi) en proie aux valeurs familiales dans sa résignation morale à croire en la déférence paternelle. A revoir avec une évidente pointe de nostalgie teintée de langueur. 

*Bruno
3èx

"Le palais d'Ulysse, les rochers de Polyphème, le sourire de Pénélope, les charmes de Circé... Tout cela n'est désormais que poussière. Mais l'immortalité que le héros a refusé de la déesse, c'est le poète qui la lui offrira. Le chant d'Homère nous restera à jamais tel le sourire d'un Dieu." 

mercredi 6 novembre 2019

Die monster die ! / Le Messager du Diable

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Le Messager du Diable" de Daniel Haller. 1965. Angleterre/U.S.A. 1h20. Avec Boris Karloff, Nick Adams, Freda Jackson, Suzan Farmer, Patrick Magee, Paul Farrell.

Sortie salles U.S: 27 Octobre 1965 

FILMOGRAPHIEDaniel Haller est un directeur artistique, producteur et réalisateur américain né en 1926 à Glendale, en Californie (États-Unis).1965 : Le Messager du diable. 1967 : Les Anges de l'enfer. 1968 : The Wild Racers. 1970 : The Dunwich Horror. 1970 : Paddy. 1970 : Pieces of Dreams. 1971 : Nichols (série TV). 1972 : Le Sixième SenS (série TV). 1972 : Banyon (série TV). 1973 : Doc Elliot (série TV). 1975 : Khan! (série TV). 1975 : The Desperate Miles (TV). 1975 : The Blue Knight (série TV). 1976 : McNaughton's Daughter (TV). 1976 : Quincy (série TV). 1977 : The Hardy Boys Mysteries (série TV). 1977 : The Hardy Boys/Nancy Drew Mysteries (série TV). 1978 : A Double Life (TV). 1978 : Black Beauty (série). 1978 : Little Mo (TV). 1978 : Le Signe de justice (série TV). 1978 : Galactica (série TV). 1979 : Buck Rogers au XXVe siècle. 1979 : The Misadventures of Sheriff Lobo (série TV). 1979 : High Midnight (TV). 1980 : The Georgia Peaches (TV). 1981 : Margin for Murder (TV). 1982 : K2000 (pilote de la série TV). 1983 : Manimal (série TV). 1985 : Tonnerre mécanique (série TV). 1988 : Police 2000 (série TV).


Libre adaptation de la Couleur tombée du ciel d'après Lovecraft, Die monster Die ! demeure une excellente série B d'épouvante à défaut de révolutionner le genre gothique. Tant et si bien que cette oeuvre bricolée est rapidement sombrée dans les oubliettes eu égard de sa faible renommée, notamment si je me réfère à quelques critiques renfrognées exposées au hasard du net. Et c'est à mon sens fort dommage si bien qu'à partir d'une trame conjuguant horreur séculaire et science-fiction (la découverte d'une météorite radioactive par un savant fou), Die Monster Die fleure bon le cinéma Bis de par le jeu perfectible (mais franchement attachant) des comédiens de seconde zone (Nick Adams en investigateur hésitant et Suzan Farmer en maîtresse soumise par son patriarche manquent autant d'autorité que de maturité) et par sa réalisation timorée se focalisant principalement sur l'ambiance envoûtante d'une demeure gothique afin d'y renchérir un climat de mystère aussi latent qu'omniprésent.


Il est d'ailleurs étonnant de retrouver à l'affiche de cette production à la fois mineure et modeste la participation du vétéran Boris Karloff promenant sa vétuste dégaine dans un fauteuil roulant en propriétaire sournois d'une humeur détestable. Ainsi donc, sans pour autant faire preuve d'ambition, Die monster die ! fleure bon la sympathique curiosité, notamment eu égard de certaines séquences débridées faisant intervenir des monstres visqueux et plantes géantes (probablement un des meilleurs moments incongrus à travers son défilé de créatures sépias confinées dans la cage d'une cave). Et si l'intrigue quelque peu bâclée et routinière pâtie d'un manque d'intensité, son climat d'étrangeté perméable (saupoudré de visions giallesques quant à l'apparition d'un vieille dame emmitouflée de noir) ainsi que l'investigation progressive du héros tentant de démêler les tenants et aboutissants de mystérieuses disparitions nous converge à un final à nouveau délirant à travers ces maquillages approximatifs génialement ludiques (Boris Karloff recouvert d'une substance argentée après avoir été transformé en roche humaine, il fallait oser !).


Divertissement marginal si j'ose dire dans son curieux dosage d'épouvante et de science-fiction, Die monster die ! est loin de laisser indifférent à travers ses somptueuses images gothiques influencées par l'écurie Corman pour ses fameuses adaptations de Poe. Le récit efficacement entretenu impliquant d'autant plus un attachant petit suspense au gré de situations saugrenues échappées d'une bisserie transalpine (à l'instar des tronches vérolées des victimes du manoir). A redécouvrir donc sans s'y montrer rétif, tout du moins chez les amateurs de bizarrerie insolite au charme innocent. 

*Bruno
2èx  

mardi 5 novembre 2019

Fantôme d'amour

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site chacuncherchesonfilm.fr

"Fantasma d'amore" de Dino Risi. 1981. Italie. 1h36. Avec Romy Schneider, Marcello Mastroianni, Eva Maria Meineke, Wolfgang Preiss, Michael Kroecher.

Sortie salles France: 29 Avril 1981. Italie: 3 Avril 1981

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Dino Risi (Milan, 23 décembre 1916 - Rome, 7 juin 20081) est un réalisateur et scénariste italien.1952 : Vacanze col gangster. 1953 : Le Chemin de l'espérance. 1953 : Le Signe de Vénus. 1953 : L'Amour à la ville. 1955 : Pain, amour, ainsi soit-il. 1959 : L'Homme aux cent visages. 1959 : Le Veuf. 1960 : L'Inassouvie. 1961 : Une vie difficile. 1961 : A porte chiuse. 1962 : La Marche sur Rome. 1962 : Le Fanfaron. 1963 : Il successo de Mauro Morassi. 1963 : Il giovedì. 1963 : Les Monstres. 1967 : L'Homme à la Ferrari. 1968 : Le prophète. 1970 : La Femme du prêtre. 1971 : Au nom du peuple italien. 1971 : Moi, la femme. 1973 : Rapt à l'italienne. 1973 : Sexe fou. 1975 : Parfum de femme. 1976 : La Chambre de l'évêque. 1977 : Âmes perdues. 1977 : Dernier Amour. 1978 : Les Nouveaux Monstres. 1980 : Je suis photogénique. 1980 : Les Séducteurs. 1981 : Fantôme d'amour. 1982 : Les Derniers Monstres. 1984 : Le Bon Roi Dagobert. 1985 : Le Fou de guerre. 1986 : Il commissario Lo Gatto. 1987 : Teresa. 1996 : Giovani e belli. 1996 : Esercizi di stile, segment Myriam. 2002 : Le ragazze di Miss Italia (TV).


Superbe romance déchue traitée par le spécialiste de la comédie italienne Dino Risi, Fantôme d'Amour est illuminé du couple maudit Romy Schneider / Marcello Mastroianni. Car abordant l'irrationnel à partir d'un amour fou qu'un expert fiscal réanime par autosuggestion (et potentiellement grâce à l'étrange rencontre d'une sosie abordée dans un bus), Fantôme d'Amour demeure un conte cruel sur l'échec sentimental lorsque celui-ci prend subitement conscience être passé à côté de l'amour de sa vie. Ainsi, à travers un climat mélancolique où rêve et réalité fusionnent auprès d'une scénographie naturelle brumeuse, Dino Risi laisse exprimer ses amants infortunés sous l'impulsion de comédiens en acmé. Dans la mesure où Romy Schneider se dévoile corps et âme face caméra avec une candeur tantôt bouleversante. Entre une posture décatie (derniers instants de sa vie miséricorde) et une autre contrairement radieuse (afin de satisfaire ses retrouvailles avec son amant). De par l'intensité nuancée de son frêle regard chargé de fine tendresse, de mélancolie et de remord, Romy nous communique ses douleurs morales et ses sentiments fougueux avec une authenticité diaphane.


Tant et si bien que l'on croirait réellement apparaître à l'écran le fantôme de Romy en personne  arpentant le fil narratif avec une alchimie capiteuse. Tant auprès de ses rides burinées par l'âge d'un obscur passé que de sa beauté radieuse lors de moments d'accalmie intime. C'est dire la puissance de ces images romantiques souvent jalonnées d'onirisme blafard ! (aucun rayon de soleil à l'horizon). Quand bien même son partenaire Marcello Mastoianni se laisse envahir par la ferveur de son regard avec une ardeur sentimentale déboussolée. Ainsi donc, à travers les thèmes de l'amour éternel, du temps s'étiolant inexorablement et de la vie après la mort, Dino Risi nous conte la plus belle et cruelle des romances lorsqu'un couple autrefois féru de passion tente de renouer les liens dans une dimension parallèle. A moins que tout ceci n'était que le fruit de l'imagination torturée de Nino, aujourd'hui marié à une épouse quelconque, et qui, pour fuir son ennui et sa routine conjugale se remémore ses réminiscences d'un amour de jeunesse inextinguible. Et ce jusqu'à en perdre la raison pour mieux la retrouver. Tel est le double niveau de lecture de Fantômes d'Amour traitant de l'amour éternel à partir des souvenirs de cet amant éploré car s'efforçant une ultime fois de réanimer son amour perdu par simple persuasion.


Quelque part dans le temps
Tendrement envoûtant, triste et mélancolique sous l'impulsion d'une mélodie désenchantée de Riz Ortolani (Cannibal Holocaust, La Longue Nuit de l'Exorcisme, Zeder), Fantômes d'amour aborde la passion amoureuse sous le prisme d'un irrationnel (fructueux ?) afin de consentir au duo infortuné d'y renouer les liens une ultime fois pour l'éternité.  

*Bruno

lundi 4 novembre 2019

Meurtre par procuration

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Freddie Francis. 1964. Angleterre. 1h23. Avec David Knight, Moira Redmond, Jennie Linden, Brenda Bruce, George A. Cooper.

Sortie salles France: ? . U.S: 17 Juin 1964

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


Plutôt méconnu pour une production Hammer, Meurtre par Procuration surfe efficacement sur le thriller Hitchcockien de par son suspense lattent à rebondissements tributaire d'une intrigue machiavélique scindée en 2 actes. Le Pitch: traumatisée par la mort de son père par sa propre mère, Janet est sujette à de récurrents cauchemars morbides si bien que réalité et fiction vont progressivement fusionner dès l'apparition inexpliquée d'une inconnue affublée d'une cicatrice sur la joue. Car séjournant chez son tuteur, l'avocat Henry Baxter, Janet adopte un comportement davantage inquiétant en dépit de la sollicitude de l'infirmière Grace Maddox. Sans dévoiler les tenants et aboutissants de son 1er acte sardonique, Meurtre par Procuration joue avec les codes du thriller horrifique et du suspense sous l'impulsion de visions d'effroi que Janet subit dans sa psyché tourmentée. Des séquences chocs assez dérangeantes de par le réalisme de l'homicide perpétré sous les yeux horrifiés d'une ado en proie à l'horreur la plus imbitable. Une victime à la fois fragile et démunie car incapable de distinguer le vrai du faux lorsqu'une mystérieuse inconnue souhaite intenter à son équilibre mental quelques années plus tard.


Et si la résolution de sa première partie possède un air inévitable de déjà vu (sans pour autant jamais décevoir), la suite s'avère plus renversante et oppressante lorsque les rôles vont soudainement s'inverser avec une efficacité beaucoup plus alarmiste. Freddie Francis jouant autant avec nos nerfs que celles de la jeune Grace psychologiquement torturée à tenter de déceler la véritable personnalité de son compagnon (potentiellement infidèle) et à y démasquer Janet planquée à l'intérieur de la bâtisse. Moira Redmond se fondant dans le corps d'une femme véreuse avec une force d'expression davantage névrosée eu égard de la tournure dramatique de sa dérive punitive. Ainsi, de par son interprétation sobrement expressive, l'intensité permanente de Meurtre par Procuration repose beaucoup sur ses épaules fébriles, notamment afin de nous faire douter du (ou des) véritable(s) coupable(s) jouant l'ectoplasme pour la faire sombrer dans la folie. Et ce avant de nous ébranler avec son twist final aussi retors que justifié.



Série B modestement mise en scène à travers une scénographie monochrome soigneusement éclairée, Meurtre par procuration s'adonne au vénéneux thriller psychotique dans son récit de vengeance bicéphale si on tient compte des agissements de divers personnages s'adonnant aux règlements de compte avec une dangereuse motivation criminelle. Un excellent divertissement donc qui mériterait à être reconnu, même si la prestance de Moira Redmond y est pour beaucoup quant à l'intensité effrénée que cultive le récit sous son impulsion névralgique. 

*Bruno

jeudi 31 octobre 2019

Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cover.box3.net

"A Study in Terror" de James Hill. 1965. Angleterre. 1h35. Avec John Neville, Donald Houston, John Fraser, Anthony Quayle, Adrienne Corri, Frank Finlay, Judi Dench.

Sortie salles France: ? Angleterre: Octobre 1965

FILMOGRAPHIEJames Hill (ou James H. Hill) est un réalisateur, producteur et scénariste anglais, né le 1er août 1919 à Eldwick (Yorkshire de l'Ouest, Angleterre), décédé le 7 octobre 1994 à Londres. 1961 : The Kitchen. 1962 : The Dock Brief. 1964 : The Golden Head. 1965 : Sherlock Holmes contre Jack l'Éventreur. 1966 : Born Free. 1969 : Le Capitaine Nemo et la ville sous-marine. 1970 : The Man from O.R.G.Y. 1971 : Prince noir.


Un pur bijou de suspense horrifique où la passion de l'enquête criminelle ne cesse de nous titiller l'expectative !
Inspiré d'un récit d'Adrian Conan Doyle (fils d'Arthur Conan Doyle) intitulée "Fog", et co-producteur du film, Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur est assurément l'une des meilleures versions du célèbre criminel victorien. Eu égard du soin de la mise en scène d'une fidèle reconstitution, du jeu spontané des acteurs (le duo John Neville / Donald Houston était inné pour se fondre dans le corps d'investigateurs retors) et d'une intrigue passionnante émaillée de meurtres sanglants. Car tourné en 1965, le réalisateur cède parfois, non sans une certaine audace, à une violence rutilante auprès des effusions sanguines que les victimes terrorisées laissent s'échapper de leur corps strié. James Hill redoutablement inspiré soignant le fond et la forme à travers un récit criminel (en bonne et due forme) remarquablement charpenté.


Tant et si bien que nous nous interrogions sur l'identité plausible de l'assassin avec une délicieuse perplexité quant aux individus interlopes qu'arborent le Dr Murray,  Lord Carfax et surtout Michael et Angela Osborne compromis par un odieux chantage parmi la complicité du tenancier Max Steiner. Baignant dans une étrange atmosphère feutrée au sein des rues brumeuses de Whitchapel, Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur demeure à la fois un régal formel et auditif eu égard des théories (pleine de dérision) du détective confronté pour la première fois de sa carrière à l'énigme "Jack l'Eventreur". Outre l'originalité du propos, on peut également saluer en arrière plan une foule de personnages secondaires et de figurants particulièrement expressifs dans leur posture de marginaux à la fois décomplexés, rustres et provocateurs, quand bien même certaines catins se laissent berner par le tueur avec une audace préjudiciable. James Hill se permettant notamment d'évoquer une petite diatribe politique auprès de cette population désargentée livrée à la dépravation de l'alcool et de la luxure, faute du chômage expansif découlant de l'inégalité des classes sociales.


Passionnant auprès de son rythme cuisant structurant une vénéneuse intrigue policière non dénuée d'intensité dramatique (quant aux tenants et aboutissants de personnages clefs liés à un insoluble amour), Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur conjugue de la manière la plus perfectionniste suspense, action et épouvante sous l'impulsion d'un duo de détectives aussi roublards que vaillants. Si bien que l'on reste parfois impressionné par leurs bravoures héroïques à s'opposer contre l'ennemi avec les armes (une canne épée) ou les poings, comme le souligne notamment l'impressionnant corps à corps final au coeur d'un brasier domestique.  

*Bruno
4èx

mercredi 30 octobre 2019

Les Bêtes Féroces attaquent

                                                                     Photo empruntée sur Google.com

"Wild Beasts - Belve feroci" de Franco Prosperi. 1984. Italie. 1h32. Avec Lorraine De Selle, John Aldrich, Ugo Bologna, Louisa Lloyd, John Stacy, Enzo Pezzu, Monica Nickel.

Sortie salles France: 30 Octobre 1985

FILMOGRAPHIE: Franco E. Prosperi est un réalisateur, scénariste et producteur italien né en 1928 à Rome. 1955: I viaggi meravigliosi (doc). 1958: I santuari della natura (doc). 1962: Mondo cane (doc). 1963: La femme dans le monde (titre belge). 1963: Mondo cane 2 (doc). 1966: Adieu Afrique. 1971: Les négriers. 1975: Mondo candido. Savana violenta (doc). 1984: Les bêtes féroces attaquent.


Reconnu par le diptyque Mondo Cane, shockumentaire préfigurant la saga fallacieuse Face à la mortDeath Scènes et consorts, Franco E. Prosperi réalise pour le dernier projet de sa carrière une série B horrifique au tournage sans doute houleux si je me réfère à la véracité des animaux (parfois maltraités ou carrément sacrifiés, parti-pris évidemment impardonnable !) employés durant la majorité du tournage. Le pitchSous les effets d'une drogue déversée dans l'eau d'un zoo, les animaux enragés s'échappent de leur cage pour importuner les citadins de la ville. Un vétérinaire et son adjoint vont tenter de les neutraliser puis de secourir les victimes. A partir d'une idée saugrenue déjà exploitée dans le sympathique Day of Animals (1977), Franco E. Prosperi en extrait un film d'exploitation aussi ludique et débridé que glauque et malsain si bien que ce dernier n'hésite pas à infliger quelques sévices à certains mammifères purement et simplement molestés face caméra (chat martyrisé par une flopée de rats alors que plus tard quelques uns d'entre eux seront brûlés vifs; vache, cheval et cochon sévèrement agressés par des félins au sein du cadre exigu de leur étable). Autant dire que ces séquences abjectes introduites en intermittence du récit provoquent évidemment gêne et malaise dans leur évidente volonté de renchérir le réalisme des situations catastrophes. Pour autant, et en dépit d'un cast inexpressif (mais attachant dans leur sobriété grotesque !) et d'un suspense inexistant, l'intrigue ne s'appuyant que sur les séquences d'agressions animales à rythme métronomique, les Bêtes féroces attaquent compile de folles offensives et poursuites en roue libre à travers un ténébreux cadre urbain.


Car entièrement tourné de nuit au sein d'une bourgade étrangement déserte, le film multiplie les séquences audacieuses aussi impressionnantes qu'inopinément crédibles lorsque les animaux lâchés dans la nature s'en prennent aux quidams avec une rage incontrôlée. A l'instar du jeune couple agressé par des rats dans l'habitacle de leur voiture (ma séquence attitrée instaurée en 1ère partie !), d'une femme écrabouillée par la patte d'un éléphant, d'une automobiliste coursée par un guépard en plein centre urbain (une poursuite surréaliste émaillée de cascades automobiles au montage assez efficient), des passagers d'un métro agressés par un tigre ou encore de l'intrusion d'un ours blanc (bizarrement apathique !) dans un gymnase. Mais la cerise sur la gâteau émanera de son final d'un réalisme autrement horrifique à travers sa thématique de l'enfant diabolique si bien qu'une employée de garde d'enfants y sera sacrifiée de les mains d'un bambin contaminé par l'eau. Cette ultime séquence déviante parvenant par ailleurs à cultiver un climat d'angoisse à la fois trouble et oppressant lorsque le marmot sardonique (pour lui ça n'est qu'un jeu) plantera sa victime d'un violent coup de poignard. Une séquence qui plus est filmée en slow motion afin d'amplifier le malaise de l'acte crapuleux. Ainsi, il faut avouer que l'étonnante figuration constituée de véritables lions, tigres, guépard, ours et éléphants impressionnent sans fard de par leur authentique présence tantôt patibulaire, tantôt furibarde. Quand bien même, et comme de coutume chez nos artisans bisseux assumant leur complaisance typiquement transalpine, Prosperi abuse de maquillages gores très réussis de par leur aspect aussi bien craspec (membres et chairs déchiquetées sous les coups de griffes ou de crocs) que putride (l'état calciné de certains cadavres).


Bisserie gore frappadingue irréalisable de nos jours (notamment faute des innommables snufs animaliers que les italiens osèrent perpétrer sous l'oeil de leur caméra voyeuriste durant les décennies 70 et 80), les Bêtes Féroces demeure toutefois un fascinant délire improbable à travers sa moisson d'agressions animalières fréquemment percutantes ! A réserver à un public averti.

Bruno
30.10.19. 3èx
02.03.17. 412 v

mardi 29 octobre 2019

l'Enterré Vivant

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Premature Burial" de Roger Corman. 1962. U.S.A. 1h21. Avec Ray Milland, Hazel Court, Richard Ney, Heather Angel, Alan Napier, John Dierkes, Dick Miller, Clive Halliday, Brendan Dillon...

Sortie salles France: 2 Octobre 1968. U.S: 7 Mars 1962

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: Le Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


3è adaptation du cycle Edgar Alan Poe, l'Enterré Vivant demeure l'unique film de Roger Corman dénué de la présence du gentleman Vincent Price. Ray Milland s'y substituant avec une sobriété distinguée dans le rôle d'un médecin confiné dans le repli de la solitude eu égard de son appréhension à mourir enterré vivant comme le fut jadis son père souffrant de catalepsie. Accompagné de la douce Hazel Court en épouse prévenante, ils forment un attachant duo de fragilité dans leur combat contre la phobie du trépas que Ray Milland renchérit avec une force d'expression aussi bien contrariée que névrosée. L'enterré Vivant abordant donc les thèmes de la mort, de la douleur (la plus suffocante) et de l'au-delà auprès des sentiments claustros d'une victime parano prisonnière de ses morbides obsessions au point de s'y construire une prison mentale dans son huis-clos domestique.


A cet égard, le film parvient à créer un climat de claustration parfois expressif lorsque Guy Carrell s'imagine enterré vivant dans son cercueil en s'efforçant coûte que coûte d'en sortir par la force de ses poignets. Corman saturant l'image de filtres jaunes ou bleus afin de nous faire douter de cette situation surréaliste émaillée de détails décrépits. Constamment efficace de par son récit à suspense à la fois lattent, étrange et captivant, et visuellement fulgurant comme de coutume chez Roger Corman quant à l'onirisme macabre de sa scénographie gothique, l'Enterré Vivant nous plonge dans un cauchemar cérébral sous l'impulsion d'un récalcitrant cédant peu à peu aux avertissements de son épouse tentant de le ramener à la raison. Or, lors du dernier quart d'heure à rebondissement plutôt habile mais trop vite expédié, on peine tout de même à se convaincre de la véritable culpabilité Spoil ! de cette dernière tant son personnage inscrit dans de nobles valeurs d'altruisme et de fidélité nous provoquait une infaillible empathie Fin du Spoil. Pour autant, et avec une certaine dose d'indulgence, on se laisse séduire par ce cliffhanger aux conséquences délétères, notamment grâce à la présence furtivement punitive de Ray Milland revenu d'entre les morts avec des intentions immorales !


Perfectible quant à l'étonnant retournement de situation de son épilogue un brin capillotracté (notamment faute de la caractérisation trop intègre de l'épouse), l'Enterré Vivant n'en demeure pas moins un excellent spectacle gothique mené avec autorité par des comédiens aristos au charisme séculaire et avec savoir-faire par ce génie de la série B low-cost que symbolise Roger Corman

*Bruno
2èx 
29.10.19
23.07.10. 179 v

lundi 28 octobre 2019

Le Grand Frisson

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"High Anxiety" de Mel Brooks. 1977. U.S.A. 1h34. Avec Mel Brooks, Cloris Leachman, Harvey Korman, Madeline Kahn, Ron Carey, Howard Morris, Dick Van Patten.

Sortie salles France: ?. U.S: 25 Décembre 1977

FILMOGRAPHIE: Mel Brooks (Melvin Kaminsky) est réalisateur, acteur, scénariste, compositeur et producteur américain, né le 28 Juin 1926 à New-York. 1968: Les Producteurs. 1970: Le Mystère des 12 Chaises. 1974: Frankenstein Junior. 1974: Le Shérif est en prison. 1976: La Dernière folie de Mel Brooks. 1977: Le Grand Frisson. 1981: La Folle Histoire du monde. 1987: La Folle Histoire de l'Espace. 1991: Chienne de vie. 1993: Sacré Robin des Bois. 1995: Dracula, mort et heureux de l'être.


Parodie des films à suspense d'Alfred Hitchock (que j'ai eu l'opportunité de découvrir une 1ère fois un mémorable mercredi soir sur Canal +), Le Grand Frisson est un régal visuel et auditif à travers son avalanche de gags ultra décomplexés, tant et si bien que Mel Brooks ne s'embarrasse guère de tabous pour provoquer l'hilarité (la séance SM entre la surveillante chef et le Dr Montague, les manies lubriques du médecin "épagneul", les calembours durant une conférence afin de ne pas offusquer 2 fillettes de l'assemblée, les jouissances orales du tueur pervers lors de ses communications téléphoniques). Ainsi, à travers une intrigue simpliste (embauché dans un centre psychiatrique, un éminent médecin s'aperçoit que les malades ont un faible taux de guérison et que leurs dirigeants semblent exploiter leur pathologie), prétexte à plagier les plus grands classiques d'Hitchcock (mais aussi quelques oeuvres d'autres auteurs aussi notoires), Mel Brooks et son casting fétiche sont à la fête pour décupler des situations ubuesques génialement déjantées.


De par l'extravagante personnalité d'une galerie de personnage folingues jouant les membres respectables d'un centre psychiatrique avec un sérieux sournois, Le Grand Frisson met autant en exergue le talent de ce casting cartoonesque (Cloris Leachman, Harvey Korman en tête en duo conjugal machiavélique) que de son évolution narrative imprévisible émaillée d'incidents et de morts génialement cocasses (notamment à travers le faux semblant d'un crime perpétré en public). Et donc, en s'autorisant les audaces et les excès auprès de quiproquos et péripéties en roue libre (notamment lorsque la caméra joue soudainement "l'acteur" en interférant dans le champs de l'action !), Mel Brooks compile une moisson de sketchs "hommage" avec une inventivité volubile. L'intrigue se soumettant aux observations du Dr Richard H. Thorndyke témoin d'évènements suspicieux au sein de sa nouvelle clinique dirigée de main de fer par la matrone Diesel. Mais atteint du vertigo depuis son enfance, il devra user de persévérance, de bravoure et d'appui sentimental afin de dépasser son affres du vide mais aussi prouver son innocence.


N'ayant pas pris une ride quelques décennies plus tard (42 ans à l'heure d'aujourd'hui), le Grand Frisson fait probablement parti des meilleures comédies de Mel Brooks sous l'impulsion de son casting fétiche prenant plaisir à se disputer l'action avec un sémillant sérieux. A revoir d'urgence pour tous les amateurs de parodies débridées si bien que Mel Brooks a le don de singer une intrigue dramatique pour la dynamiter dans une explosion de fou-rires incontrôlés ! 

*Bruno
4èx

vendredi 25 octobre 2019

La Malédiction d'Arkham

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Haunted Palace" de Roger Corman. 1963. U.S.A. 1h25. Avec Vincent Price, Debra Paget, Frank Maxwell, Lon Chaney Jr., Leo Gordon, Elisha Cook Jr., John Dierkes.

Sortie salles France: 3 Juin 1970. U.S: 28 Août 1963.

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: Le Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


6è adaptation (/8) de l'écrivain Edgar Allan Poe bien qu'il faut ici préciser que Roger Corman s'inspire plutôt du roman L'Affaire Charles Dexter Ward d'H.P. Lovecraft accouplé au poème Le Palais Hanté d'après Poe, La Malédiction d'Arkham demeure un régal formel en dépit d'une intrigue somme toute simpliste assez prévisible. Car si elle est loin d'égaler ses chefs-d'oeuvre flamboyants Le Masque de la mort rouge et la Tombe de Ligeia, la Malédiction d'Arkham s'avère si constamment fascinant et pénétrant que l'on fait fi de sa modeste ambition à exploiter un schéma horrifique plutôt éculé. Le maître de cérémonie Vincent Price endossant un double rôle 1h30 durant sous l'impulsion de son regard magnétique que l'on chérie tant. A savoir que Charles Dexter Ward accompagné de son épouse Ann viennent d'hériter du château de l'ancêtre Joseph Curwen. Mais rapidement, ce dernier envoûté par le tableau de Joseph accuse un changement d'humeur et de comportement auprès de son épouse davantage contrariée. Mais follement aimante et attentionnée, elle s'efforce malgré tout de rester à ses côtés en dépit de ses diverses tentatives de quitter les lieux. Peu à peu possédé par l'esprit de Joseph parmi la complicité du gardien Simon et d'un valet, Charles se laisse influencer à ressusciter l'ancienne maîtresse de Joseph avant de réveiller le démon de l'ouvrage, le nécronomicon, et ainsi pouvoir créer une nouvelle race d'humains mutants.


Ce joli programme horrifique (à base de bestiaire monstrueux en filigrane) nous relate donc la sinistre vengeance de Joseph brûlé vif par sa population 110 ans plus tôt, et qui profite aujourd'hui de la venue de son descendant Charles Dexter afin de parfaire sa promesse d'y châtier les responsables de sa mort. Sans surprises donc, mais toujours efficace et captivant, la Malédiction d'Arkham transpire l'amour de l'horreur Gothique à l'aide de moyens modestes mais redoutablement payants. Roger Corman sublimant ses décors naturels diaphanes et domestiques à travers une atmosphère d'onirisme sépulcral. Ainsi, sur le plan visuel, le film demeure un ensorcellement de chaque instant, quand bien même les comédiens hyper charismatiques (dont l'éminent Lon Chaney Jr en faire-valoir) se fondent dans le corps de leur sinistre personnage avec une distinction génialement orgueilleuse. Quant à l'unique présence féminine qui les entourent, la sublime Debra Paget observe leurs méfaits avec une appréhension toute ténue tout en s'efforçant d'extirper des griffes du mal son infortuné époux avec une fragilité sensiblement lascive. Ce qui m'incite par l'occasion à avouer que cette modeste actrice d'une beauté gracile ténébreuse s'avère (selon mon jugement de valeur) l'une des plus belles femmes du monde. Tant auprès de son enveloppe filiforme que de la candeur de ses yeux d'amande, nuance azur.


A la fois sensiblement sensuel, ensorcelant et capiteux à travers sa beauté funeste à damner un saint, La Malédiction d'Arkham transcende la série B artisanale parmi l'amour et la passion de son auteur et de ses gentlemens acteurs. Si bien qu'il est à revoir sans se lasser jusqu'à son dernier souffle, comme chaque adaptation de Poe réactualisée par le Houdini de l'épouvante, Roger Corman

*Bruno
3èx