vendredi 8 novembre 2019

Hardware. Prix des Effets-Spéciaux, Avoriaz 91.

                                             
                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com 

de Richard Stanley. 1990. Angleterre. 1h34. Avec Dylan McDermott, Stacey Travis, John Lynch, William Hootkins, Iggy Pop, Carl McCoy, Mark Northover, Paul McKenzie, Lemmy, Mac McDonald, Chris McHallem.

Sortie en salles en France le 29 Mai 1991. U.S: 11 Janvier 1990

FILMOGRAPHIE: Richard Stanley est un réalisateur et scénariste sud-africain né à Fishhook le 22 Novembre 1966. 1990: Hardware. 1992: Le Souffle du Démon. 1996: l'Ile du Dr Moreau (remplacé par John Frankenheimer). 2011: The Theatre Bizarre (segment: The Mother of Toads)


"L'homme qui veut dominer ses semblables suscite la machine androïde. Il abdique alors devant elle et lui délègue son humanité. Il cherche à construire la machine à penser, rêvant de pouvoir construire la machine à vouloir, la machine à vivre."

Graine de film culte si j'ose dire auprès d'une frange d'amateurs férus d'expérience insolite,  Hardware est un ovni influencé par Blade Runner, Tetsuo, American Way ou encore Terminator. Inspiré de son moyen-métrage Incidents in an expanding universeRichard Stanley y reprend la trame en incluant le personnage d'un robot criminel perpétrant ses méfaits dans un immeuble en décrépitude. A titre anecdotique, apparaissent à l'écran les chanteurs Iggy Pop, Lemmy Kilmister et  Carl McCoy du groupe Fields of the Nephilim. Le pitchDans un désert aride, un homme collecte quelques carcasses de métal dont une tête de droïde qu'il décide d'offrir à une amie artiste. Dans l'immeuble retranché de celle-ci, la machine profite de sa négligence pour peu à peu se reconstituer et semer le désordre et la mort. Avec un budget et une interprétation précaire, Richard Stanley  préconise pour son premier long une ambition esthétique afin d'y décrire un climat futuriste en dégénérescence. Ainsi, sa tentative scrupuleuse de nous illustrer un univers post-apo régi par la technologie et la pollution est restituée avec sens du détail halluciné. Faute d'une trame étique, le réalisateur réussit à transcender ce défaut à travers son parti-pris formel en perpétuel recherche  visuelle. A travers une photo sépia teintée de filtres rouges et orangers, l'univers de pollution nous est sobrement présenté pour se focaliser ensuite dans l'intimisme d'un immeuble surveillé par des vigiles versatiles. Alors qu'un couple flâne dans une chambre tamisée, la démographie externe semble indolente à la vue de leur nouvelle existence post-nucléaire. Les bâtiments industriels laissant s'échapper d'étranges nappes de fumée toxiques quand bien même les lacs contaminés y déversent l'écume d'un poison irradié.  Quant à la populace atone, elle semble errer sans moralité si bien que certains d'eux se laissent vaporiser par les prises de drogue afin de fuir leur quotidienneté nécrosée. 


Alors que Mo s'absente quelques temps, son amie Jill se retrouve embrigadée à l'intérieur de son appartement après avoir sculpté la tête et le bras d'un androïde. De par ses systèmes électroniques inertes, le droïde parvient malgré tout à restaurer son corps de métal pour se régénérer et annihiler toute présence humaine. Ainsi donc, le faible intérêt narratif de ce huis-clos illustrant le combat pour la survie entre un droïde et une femme démunie est transcendé par une mise en scène hyper inventive multipliant les cadrages alambiqués à travers la foisonnement d'un montage clippesque littéralement cauchemardesque.  Richard Stanley synthétisant ici l'omniprésence de la matière métallique, la chaleur étouffante et l'électricité pour asservir l'humanité en chute libre. Car ce robot conçu à la base pour combattre l'ennemi est aujourd'hui apte à se rebeller afin de prendre le contrôle sur ses créateurs réduits à l'état de torpeur. Et si son apparence hostile peut paraître un peu trop mécanique, sa physionomie baroque et le sens du montage parviennent malgré tout à convaincre lors de ses nombreuses exactions  mesquines. Reconstituée avec les moyens du bord, cette artillerie technologique fascine donc le spectateur l'entraînant dans une sorte d'expérience viscérale à la fois vertigineuse et terriblement insolente (au risque parfois de lasser sans toutefois décrocher les yeux de l'écran). Et si l'affrontement belliqueux entre la machine et notre héroïne peut paraître futilement redondant, Richard Stanley réussit la encore à insuffler suffisamment d'efficacité de par l'ultra dynamisme du montage et sa fulgurance visuelle dédiée à une atmosphère aussi rubigineuse que fuligineuse. Une ambition formelle constamment bluffante combinant l'électronique et le métallique afin d'y violer nos chairs en état de déshumanisation.


Métal Hurlant
Expérience cybernétique sublimée par la partition synthétique de Simon BoswelHardware se décline en trip expérimental de par son pouvoir de fascination halluciné. Car en dépit de la maigreur de son budget, d'un scénario superficiel et d'acteurs lunatiques, le réalisateur parvient avec dextérité à nous immerger dans son atmosphère de pollution solaire à l'humidité irrespirable. Ainsi, féru d'astuces afin de palier ces défauts précités, ce petit métrage singulier surgit de nulle part parvient à nous captiver dans un vortex de chair insalubre et de métal délétère pour nous hanter à jamais. 

*Bruno
08.11.19. 4èx
01.12.11. 235 v

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