vendredi 10 mars 2023

Le Sadique / The Sadist

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Landis. 1963. U.S.A. 1h32. Avec Arch Hall jr., Richard Alden, Helen Hovey

Sortie salles U.S: Avril 1963

FILMOGRAPHIEJames Landis est né le 10 juin 1926 dans le Dakota du Sud, États-Unis. Il était scénariste et réalisateur. Il est décédé le 17 décembre 1991 en Californie, États-Unis. 1968: Jennie: Wife/Child. Gunsmoke (1955). Rat Fink (1965). Arch Hall Jr. in Deadwood '76 (1965). The Nasty Rabbit (1964). Le sadique (1963). Bing Russell in Stakeout! (1962). Carolyn Byrd and Bobby Diamond in Airborne (1962). 

Extrêmement rare et peu diffusé à la TV alors que Le chat qui Fume est parvenu à l'exhumer de l'oubli grâce à leur édition Dvd (pas très top hélas en terme de qualité formelle même s'il y a pire ailleurs), le Sadique est une excellente curiosité parvenant à maintenir l'intérêt 1h30 durant en jouant efficacement sur l'unité de lieu et de temps qu'un serial-killer et sa donzelle monopolisent en molestant un trio d'étrangers égarés dans une casse de voiture fantomatique. Filmé dans un noir et blanc plutôt soignée (j'aurai tant aimé le découvrir en version HD), ce survival constamment intense surprend par la science de son suspense métronome et de ses quelques éclairs de violence étonnamment réalistes pour l'époque, quand bien même il dû influencer probablement une pléthore de cinéastes (on peut citer par exemple Kalifornia de Dominic Sena à travers ce jeu de révolte et de soumission entre un couple de tueurs marginaux et ses victimes confinées en plein désert). Si bien qu'il eut des problèmes avec la censure de l'époque tant le réalisateur méconnu James Landis s'efforce de provoquer malaise et provocations triviales sous l'impulsion de 2 dégénérés infiniment décervelés. 

Et si le jeune acteur Arch Hall Jr. peut parfois irriter à travers ses yeux ébaubis saturés de rictus beaucoup trop outranciers dans la permanence, il reste pour autant étonnamment convaincant, intrigant en psychopathe pervers s'évertuant à jouer gratuitement le tortionnaire primaire dans son instinct de rébellion et de supériorité démesurés. Quant à sa partenaire Judy endossée par Marilyn Manning, elle reste gentiment en arrière plan voyeuriste afin d'observer le spectacle de décadence que son partenaire provoque avec appétence insatiable tout en participant de temps à autre à ces jeux de soumission. Enfin, les autres seconds-rôles se fondent dans le corps de victimes démunies avec un désarroi sobrement anxiogène tout en cultivant peu à peu leur montée d'angoisse exponentielle quant à la crainte de leur propre trépas. Le récit âpre et rubigineux ne leur accordant aucune concession si bien que ceux-ci sont contraints de compter sur leur stratégie de défense et d'instinct de survie parfois couillu afin de déjouer leurs oppresseurs.  

A découvrir donc avec un vif intérêt pour tous les amateurs de pépites infortunées. 

*Bruno
2èx

jeudi 9 mars 2023

Le Retour de Kriminal / Il marchio di Kriminal

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Fernando Cerchio. 1967. Italie/Espagne. 1h28. Avec Glenn Saxson, Helga Liné, Andrea Bosic, Armando Francioli, Tomas Pico, Anna Zinnemann, Mirella Pamphili. 

Sortie salles France: 14 Mai 1969.

FILMOGRAPHIE: Fernando Cerchio, né le 7 août 1914 à Luserna San Giovanni (Italie) et mort le 19 août 1974 à Mentana (Italie), est un réalisateur, scénariste et monteur italien. 1944 : La buona fortuna. 1945 : Porte chiuse (it), coréalisé avec Carlo Borghesio. 1945 : Aldo dice 26x1, coréalisé avec Carlo Borghesio. 1948 : Cenerentola (it). 1949 : Gian le contrebandier . 1951 : Brigade volante . 1952 : Le Fils de Lagardère. 1952 : Il bandolero stanco . 1953 : Lulù. 1954 : Addio mia bella signora . 1954 : Le Vicomte de Bragelonne. 1955 : quattro del getto tonante . 1956 : Le Fils du cheik . 1957 : Les Mystères de Paris . 1958 : Aphrodite, déesse de l'amour . 1959 : Judith et Holopherne . 1960 : La Vallée des pharaons . 1961 : Néfertiti, reine du Nil . 1962 : Totò contre Maciste. 1962 : Le Cheik rouge. 1962 : Par le fer et par le feu. 1963 : Totò et Cléopâtre. 1964 : Totò contre le pirate noir. 1966 : Pour un dollar de gloire. 1967 : Le requin est au parfum. 1967 : Le Retour de Kriminal. 1969 : Les Pistolets de l'Ouest. 


C'est bien connu, rares sont les suites qui ont approché le niveau des films qui les ont inspirés. Et si Umberto Lenzi cède un an plus tard sa place, Fernando Cerchio relève brillamment le défi pour nous concocter une séquelle bougrement ludique, drôle, enlevée, décomplexée, eu égard de la charpente de son intrigue érigée autour d'une chasse au trésor sous l'impulsion d'un rythme trépidant (parfois même trop rapide). Toujours endossé par Glenn Saxson, celui-ci demeure toujours aussi tranquille, sûr de lui, charmeur, sournois, perfide, diaboliquement immoral dans la peau du squelette Kriminal désireux d'agencer 4  bouddhas afin de reconstituer le parchemin d'un trésor enfoui au Moyen-Orient. Or, durant sa quête méticuleuse, la police et d'autres personnages peu recommandables se mêlent à ses pérégrinations exotiques afin de pimenter l'intrigue enrichie par moments de rebondissements fortuits. 


A l'instar de son surprenant final à contre-emploi de tout ce que nous venions d'assister en terme de politiquement incorrect et de coups bas dénués de scrupule. Or, pour en revenir à sa liberté de ton génialement sarcastique, son prologue macabre ne manquait ni d'audaces, ni de dérision pour son refus de concession imparti au 3è âge. Film d'aventures exotiques donc au sein d'un genre policier marginal inspiré des bandes-dessinées italiennes, les Fumetti, le Retour de Kriminal demeure une excellente surprise, un classique incontournable que les fans de la saga (et de Fantomas !) n'auront peine à adopter. Si bien que dès le générique de fin génialement sardonique par son esprit BD ouvertement prononcé, nous n'avions qu'un désir, revoir le 1er opus aussi jubilatoire que facétieux. 


*Bruno

Ci-joint chronique de Kriminal: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/06/kriminal.html

mercredi 8 mars 2023

Destination Planète Hydra / 2+5 missione Hydra

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Pietro Francisci. 1966. Italie. 1h32. Avec Leonora Ruffo, Mario Novelli, Roland Lesaffre, Leontine May, Kirk Morris, Alfio Caltabiano, Nando Angelini. 

Sortie salles France: 23 Janvier 1974. Italie: 2 Octobre 1966

FILMOGRAPHIEPietro Francisci est un réalisateur, scénariste et monteur italien né le 9 septembre 1906 à Rome, décédé le 1er mars 1977. 1934: Rapsodia in Roma. 1934 : La mia vita sei tu. 1941 : Edizione straordinaria. 1945 : Il cinema delle meraviglie. 1946 : Io t'ho incontrata a Napoli. 1948 : Noël au camp 119. 1949 : Saint Antoine de Padoue. 1950 : Le Prince pirate. 1952 : Le Prince esclave. 1952 : La Reine de Saba. 1954 : Attila, fléau de Dieu. 1956 : Roland, prince vaillant. 1958 : Les Travaux d'Hercule. 1959 : Hercule et la Reine de Lydie. 1960 : Sapho, Vénus de Lesbos. 1960 : La Charge de Syracuse. 1963 : Hercule, Samson et Ulysse. 1966 : Destination : planète Hydra. 1973 : Simbad le calife de Bagdad. 


Une aberration filmique hors du commun, hors du temps et de l'espace, si bien qu'il faut le voir pour le croire tant cette production transalpine nous laisse pantois d'effarement télescopé de stupeur. Edité par Artus Films dans une copie Dvd relativement convenable, Destination Planète Hydra exploite la science-fiction en vogue au coeur des années 60 avec une économie de moyens dignes d'Ed Wood. Ainsi, 1h26 durant, nous assistions à un scénario fourre-tout si improbable que l'on se perd parfois, notamment à travers sa pléthore de répliques bonnards que des acteurs inexpressifs amorcent avec une fougue décomplexée. Tant et si bien que la comédie (de marivaudage) s'invite entre autre sans complexe dans l'aventure spatiale en dépit de la tournure dramatique de l'intrigue culminant vers une diatribe anti-nucléaire. Et si cette série Z ne s'avère guère passionnante, elle parvient sans réserve à maintenir notre intérêt de par notre curiosité expansive d'y reluquer la prochaine séquence saugrenue afin de savoir jusqu'où iront les créateurs de cette immense farce transalpine dénuée de prétention. 


Les décors de carton-pâte, les détails électroniques du vaisseau (semblable à une boite de conserve vierge) et les costumes de carnaval de nos E.T ont beau tenté de simuler leur scénographie stellaire; il est inconcevable de s'immerger dans l'univers de pacotille en dépit de notre amusement permanent à observer leurs pugilats (étonnamment spectaculaires pour le coup !) et règlements de compte verbaux parfois même hilarants par tant de maladresse irraisonnée. Enfin, et pour parachever, on reste paradoxalement stupéfiais par la beauté lyrique de ses 2 ultimes plans romantiques sur fond d'horizon optimiste. A découvrir absolument donc (tout du moins 1 fois, de préférence entre cinéphiles éclairés), quand bien même cette curiosité un tantinet polissonne (l'actrice aux yeux azur arborant ouvertement ses formes charnues vaut son pesant de cacahuètes) s'avère rarement diffusée à la TV, alors que la génération 80 se remémora non sans nostalgie la projo du "Cinéma de Quartier" sélectionnée par Jean-pierre Dionnet


*Bruno
2èx

mardi 7 mars 2023

Dracula et ses Femmes Vampires

                                          
                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

de Dan Curtis. 1973. Angleterre. 1h38. Avec Jack Palance, Simon Ward, Nigel Davenport, Pamela Brown, Fiona Lewis, Penelope Horner, Murray Brown.

Diffusion France TV: 12 Mai 1976. U.S: 8 Février 1974.

FILMOGRAPHIE: Dan Curtis est un producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 12 Août 1927 à Bridgeport, Connecticut (Etats-Unis), décédé le 27 mars 2006 à Brentwood (Californie). 1966: Dark Shadows (série TV). 1970: La Fiancée du Vampire. 1971: Night of dark shadows. 1973: Dracula. 1973: The Night Strangler (télé-film). 1975: La Poupée de la Terreur. 1976: Trauma. 1977: Dead of Night. 1977: La Malédiction de la veuve noire (télé-film). 1992: Intruders (télé-film). 1996: La Poupée de la terreur 2 (télé-film).


Réalisé par Dan Curtis, un des maîtres du Fantastique jamais reconnu à mes yeux (on lui doit quand même le chef-d'oeuvre Trauma et bien d'autres pépites parmi lesquelles The Night Strangler, La Fiancée du Vampire, la Poupée de la Terreur et le fameux La Malédiction de la Veuve noire); Dracula demeure une superbe adaptation télévisuelle du roman éponyme de Stoker. Si bien qu'il eut même droit à une sortie salles dans plusieurs pays tant le métrage cinégénique demeure techniquement soigné qui plus est saturé de rutilants décors domestiques, alors que la nuit et ses alentours s'avèrent superbement éclairés. Ainsi, sans révolutionner le mythe séculaire, Dan Curtis possède suffisamment de savoir-faire, d'affection et d'inspiration pour le mythe afin de rendre captivant un cheminement narratif que l'on connait par coeur. Et la preuve c'est qu'on marche à nouveau sans sourciller 1h38 durant. Car émaillé de séquences atmosphériques immersives, tant auprès de sa scénographie gothique susnommée, de ses cryptes bleutées que de sa nature crépusculaire tantôt onirique (notamment à travers l'allure spectrale du vampire aussi mutique qu'impérial), Dracula parvient efficacement à se renouveler sous l'impulsion d'un Jack Palance étonnamment inquiétant (pour ne pas dire idoine). 


Naturellement patibulaire à travers sa mâchoire carrée et ses petits yeux viciés, ce dernier magnétise l'écran avec une sobre conviction si bien que l'on reste régulièrement fasciné par ses factions sournoises et son comportement parfois même étonnamment singulier. De par ses exactions musclées que de ses mimiques contractées jamais ridicules. Quant aux seconds-rôles assez investis dans leur posture héroïque (la fraternité d'Arthur et de Van Helsing) ou démunie (les victimes féminines en proie à l'hypnose puis à la contamination) on parvient à s'y identifier grâce à leur jeu modéré dénué d'emphase. Et pour parachever dans l'horreur ensorcelante, on apprécie également les quelques apparitions pernicieuses des femmes vampires disséminées à travers l'intrigue pour s'y insurger alors que son final en bonne et due forme demeure une fois de plus assez intense, étrange et impressionnant quant à la mort du Comte en proie une agonie solaire que Dan Curtis filme avec un brio à la fois couillu et circonspect. 


Produit pour la TV dans une facture formellement splendide, ce Dracula 73 parvient donc à s'extirper du carcan télévisuel grâce aux talents communs de Dan Curtis, du directeur photo, des seconds-rôles et de Jack Palance mutuellement complices pour plonger le spectateur dans un révérencieux cauchemar gothique ponctué de cadrages obliques du plus bel effet. 

* Bruno
15.03.13. 47 v
06.12.18. 
07.03.23. 3èx

lundi 6 mars 2023

Apocalypse dans l'océan rouge / Shark - Rosso nell'oceano

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lamberto Bava. 1984. 1h36. Italie/France. Avec Michael Sopkiw, Valentine Monnier, Gianni Garko, William Berger, Iris Peynado

Sortie salles France: 23 Janvier 1985. Italie: 7 Septembre 1984

FILMOGRAPHIE: Lamberto Bava est un réalisateur et un scénariste italien né le 3 avril 1944 à Rome. Il est le fils de Mario Bava. 1980 : Baiser macabre (+ scénariste) , 1983 : La Maison de la terreur, 1984 : Apocalypse dans l'océan rouge, 1985 : Demons (+ scénariste),1986 : Demons 2 (+ scénariste),1991 : Body puzzle, 1991 : La Caverne de la Rose d'Or : La Princesse Rebelle, 1992 : La Caverne de la Rose d'Or : La Sorcière Noire, 1993 : La Caverne de la Rose d'Or : La Reine des Ténèbres, 1994 : La Caverne de la Rose d'Or : L'Empereur du Mal, 1994 : Desideria et le prince rebelle, 1996 : La Caverne de la Rose d'Or : Le Retour de Fantaghirò, 1996 : La Légende d'Alisea. 1997: La Princesse et le Pauvre, 1998 : Caraibi, 2001 : L'impero, 2006 : Ghost son.


Pour les amateurs de série Z involontairement drôles, Apocalypse dans l'océan rouge demeure un incontournable du genre que Lamberto Bava gère avec autant de maladresse que de motivation sincère à emballer non sans une certaine attention son produit d'exploitation en dépit de ses moyens techniques limités. Outre l'attrait ludique de son scénario capillotracté surfant sur les plate-bandes des Dents de la Mer et de The Thing (ici une pieuvre mutante apte à régénérer ses cellules pour se multiplier à l'infini au coeur de l'océan) et de son action bricolée souvent facétieuse par tant de balourdises, on apprécie surtout le surjeu des acteurs de seconde zone au charisme si inexpressif qu'ils invoquent une irrésistible sympathie à s'efforcer de se prendre au sérieux au gré de situations alarmistes toujours cocasses, pour ne pas dire parfois hilarantes. D'autre part, à la revoyure, j'ai été particulièrement surpris par l'efficacité du rythme que Bava parvient à maintenir sous l'impulsion de clichés éculés ne laissant jamais place à l'ennui. Tant et si bien qu'Apocalypse dans l'océan rouge fleure bon le produit transalpin des années 80 comme seule cette décennie était apte à nous concocter auprès de nos chers italiens pillant sans vergogne les classiques Outre-Atlantique avec toutefois une attention et une sincérité somme toute artisanales. Et même si on aurait souhaité un final plus original et spectaculaire, le charme permanent qui émane de ce succédané est encore plus tangible en notre époque révolue


*Bruno 
2èx

jeudi 2 mars 2023

Tuez-les tous... et revenez seuls ! / Ammazzali tutti e torna solo

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Enzo G. Castellari. 1968. Italie/Espagne. 1h40. Avec Chuck Connors, Frank Wolff, Franco Citti, Leo Anchóriz, Giovanni Cianfriglia, Alberto Dell'Acqua

Sortie salles France: 15 Juillet 1970. Italie: 31 Décembre 1968

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Enzo G. Castellari est un réalisateur, scénariste, acteur, monteur et producteur italien, né le 29 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1967: Je vais, je tire et je reviens. 1968: Django porte sa croix. 1968: 7 Winchester pour un massacre. 1968: Tuez les tous... et revenez seul ! 1973: Le Témoin à abattre. 1976: Keoma. 1977: Une Poignée de salopards. 1977: Action Immédiate. 1979: La Diablesse. 1979: Les Chasseurs de Monstres. 1981: La Mort au Large. 1982: Les Nouveaux Barbares. 1982: Les Guerriers du Bronx. 1983: Les Guerriers du Bronx 2. 1987: Striker. 1987: Hammerhead. 1997: Le Désert de Feu.


On ne peut que remercier Jean-Baptiste Thoret de nous avoir inclus au sein de sa prestigieuse collection "make my day" Tuez les tous et revenez seuls, en double programme de 4 de l'Apocalypse, qui plus est comme de coutume en Dvd et Blu-ray afin de contenter les chalands. Car si on peut avouer sans réserve qu'il s'agit probablement d'un western mineur dans le paysage du western italien, Enzo G. Castellari possède suffisamment de métier, de savoir-faire, d'habileté pour nous livrer un pur divertissement où l'action, quasi omniprésente, demeure le maître mot de ce spectacle efficace surfant sur le succès des 12 Salopards (Jean-Baptiste évoquera par ailleurs en préface d'y citer la référence Le Bon, la Brute et le Truand de Leone). Et si sa trajectoire narrative semble tracée d'avance à travers cette mission d'ex taulards recrutés pour dérober de l'or planquée dans des caisses de dynamite, quand bien même leur leader, Clyde Mc Kay, aura l'obligeance de les occire au moment de prendre la fuite, Tuez les tous et revenez seuls s'avère moins conventionnel que prévu de par ses rebondissements impromptus renforcés d'un final sans moral qui risque de faire grincer quelques dents. 


Ainsi, au gré de son action plutôt inventive et soigneusement chorégraphiée, saturée d'autre part de cadrages parfois alambiqués, elle ne s'avère étonnamment jamais gratuite puisque tributaire d'un cheminement épique redoublant explosions, bastonnades et fusillades lors des confrontations entre bons et méchants qu'on ne se lasse de suivre. Nos anti-héros ruisselants de sueurs dans leur visage insalubre filmé en plan serré, quand bien même on s'extasie de contempler autour de leurs déplacements ses splendides panoramiques que symbolisent d'immenses plaines désertes brûlées par le soleil. Des mercenaires pugnaces donc quelque peu attachants auprès de leur sens de bravoure et du courage, et ce en dépit de leur réflexion faillible à suspecter quel traitre pourrait s'emparer du trésor avant de jouer l'esprit d'individualité pour mieux sauver leur peau et ainsi emporter la mise. Les comédiens communément bonnards insufflant un charisme de seconde zone qui ravira les amateurs de ciné Bis, à l'instar de la présence autoritaire de Chuck Connors endossant un personnage anti-manichéen assez imprévisible dans son profil à la fois sournois et ambivalent. 


Un bon p'tit western donc à voir ou à revoir si bien que l'on reste concentré durant toute l'aventure de par sa mise en scène chiadée au service d'une forme inventive si on est observateur méticuleux. Avec en sus 2 séquences sous-marines plutôt singulières pour le genre ! 

*Bruno

lundi 27 février 2023

Le Visiteur / The Caller

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site lantreauxintrouvables.blogspot.com

de Arthur Allan Seidelman. 1987. U.S.A. 1h37. Avec Malcom McDowell, Madolin Smith

Sortie salles France: 13 Septembre 1989 (video). U.S: 27 Décembre 1989 (video)

FILMOGRAPHIE: Arthur Allan Seidelman est un réalisateur de télévision , de cinéma et de théâtre américain et un écrivain, producteur et acteur occasionnel. 2022: Delfino's Journey. (2014) Six Dance Lessons in Six Weeks. Quattrocento (2012). 2009 Where Muscles Were Born. 2009 The Venice Beach Hostel. The Awakening of Spring (2008). Two Spirits, One Journey (2007). Une preuve de trop (2007). The Sisters (2005). A Christmas Carol (2004) Traque à Puerto Vallarta (2004).  Liens de sang (2001). Les grandes retrouvailles (2001). Le prix du courage (2000). L'art de séduire (2000). Walking Across Egypt (1999). Grace & Glorie (1998). L'Enfant perdu (1997). Secrets de famille (1997). The Summer of Ben Tyler (1996). Harvest of Fire (1996). Amazing Grace (1995). Trapped in Space (1994).  La loi de la Nouvelle-Orléans (1994). Heaven Help Us (1994). Dying to Remember (1993). Les secrets de Lake Success (1993). FBI: The Untold Stories (1991). L'équipée infernale (1992). Body Language (1992). Un papa pour Noël (1990). Yulin in WIOU (1990). Capital News (1990). La loi de Los Angeles (1986). Double tranchant (1989). Nightingales (1989). Les disparus du lac (1988). A Friendship in Vienna (1988). Addicted to His Love (1988). A Place at the Table (1988). Glory Years (1987).  A Year in the Life (1987).  Des voix dans la nuit (1987). CBS Schoolbreak Special (1984).  Le Visiteur (1987). Poker Alice (1987). Tout pour être heureuse (1986). Bridges to Cross (1986). Angela Lansbury in Arabesque (1984). Sin of Innocence (1986). The Best Times (1985).  Trapper John, M.D. (1979).  Half Nelson (1985). Detective in the House (1985). City Blues (1983). La chasse aux diplômes (1973). Echoes (1982). Romance Theatre (1982). Macbeth (1981). Children of Rage (1975). Hercule à New York (1970)


Il faut du talent pour relever la gageure de maintenir l'attention 1h37 durant à se focaliser sur la dualité psychologique de 2 uniques personnages confinés au sein d'une cabane feutrée. C'est ce que Arthur Allan Seidelman est parvenu très efficacement à concrétiser à l'aide d'une économie de moyens pour tenir un discours initiatique à la maîtrise de soi et à la responsabilité. Tant et si bien qu'à la revoyure, et bien que j'appréhendais un peu de le revoir à cause de son hallucinant final à twist éventé, Le Visiteur demeure une excellente surprise oubliée de tous depuis sa location Vhs. Et c'est fort dommage tant le réalisateur s'y entend pour entretenir mystère et suspense autour de la trouble confrontation d'un étranger (surgi de nulle part) et d'une défunte épouse se combattant cérébralement parlant en s'inversant tour à tour les rôles au gré d'un jeu de défi et de confrontation relativement tendus. Le réalisateur parvenant intelligemment à casser les codes du thriller et du psycho-killer en laissant planer le doute sur ses 2 personnages mutuellement interlopes, notamment auprès de leur passé obscur qu'on nous développe peu à peu avec un art consommé de l'ambiguïté et de la perplexité. 

D'ailleurs, si une majorité du public applaudira l'audace de son cliffhanger, d'autres n'hésiteront pas à le juger risible ou bien discutable. En tout état de cause, et quelque soit les conclusions que l'on peut en tirer, on salue l'audace d'un pitch aussi retors que lunaire que les comédiens excellent dans leur inimitié bipolaire. Ainsi, il faut louer la présence de la méconnue Madolin Smith rigoureusement convaincante en veuve éplorée partagée entre l'angoisse, la rébellion, le goût du risque et la provocation à défier son adversaire afin de mieux dompter la situation. Son regard subtilement étrange car parfois effacé, impassible, demeurant particulièrement intense, diaphane au point d'éventuellement douter sur sa santé mentale. Quant à l'illustre Malcom McDowell, il s'avère toujours aussi génialement magnétique, bicéphale, indicible à travers son jeu sournois de psychologue impromptu cumulant les bravades pour extirper de son confort moral et du mensonge sa partenaire aussi obtuse, mutine, sarcastique et rivale que lui. 


Vénéneux suspense à la fois tendu, anxiogène, indécis et intrigant autour d'un règlement de compte moral où les répliques ciselées monopolisent le huis-clos délétère sans une once d'essoufflement, Le Visiteur demeure une vraie pépite de l'étrange sous l'impulsion d'un fulgurant coup de théâtre remettant en question tout ce que nous venions de voir. 

*Bruno
2èx. Vostfr. 

samedi 25 février 2023

Candyman 2 / Candyman: Farewell to the Flesh

                                              
                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site alamy.com

de Bill Condon. 1995. 1h35. Avec Kelly Rowan, Tony Todd, Veronica Cartwright, Bill Nunn, William O'Leary, Timothy Carhart

Sortie salles France: 9 Août 1995. U.S: 17 Mars 1995

FILMOGRAPHIE: Bill Condon est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 22 octobre 1955 à New York, aux États-Unis. 1987 : Sister, Sister. 1995 : Candyman 2. 1998 : Ni dieux ni démons. 2004 : Kinsey. 2005 : Dreamgirls. 2011 : Twilight, Chapitre IV : Révélation - 1re Partie. 2012 : Twilight, Chapitre V : Révélation - 2e Partie. 2013 : Le Cinquième Pouvoir. 2015 : Mr. Holmes. 2017 : La Belle et Bête.


Boudé à sa sortie mais réhabilité depuis par certains critiques à l'occasion de sa commercialisation Blu-ray (suffit de surfer sur certaines plateformes de tests Blu-ray et blogs spécialisés), Candyman 2 ne méritait pas tant de discrédit. Car si on reste à 100 lieux de son modèle, authentique classique horrifico-sociologique à travers son pamphlet anti-raciste à la fois poignant et terrifiant, cette séquelle demeure tout à fait fréquentable sous la houlette de Bill Condon à qui l'on doit déjà Sister, Sister et surtout Ni Dieux ni Démons. Car soigneusement photographié sous un éclairage sépia et richement décoré, notamment à travers le carnaval du mardi gras de la nouvelle Orélans, Candyman 2 séduit les mirettes en prime d'entretenir notre attention cérébrale sous l'impulsion d'un pitch, certes simpliste et pafois maladroit, mais bénéficiant de 2 idées fructueuses (un miroir / une filiation) pour maintenir notre attention jusqu'au générique épaulé qui plus est d'une conclusion retorse par son ironie tacite dénuée d'effets de manche. On peut d'ailleurs en dire autant auprès du prologue sardonique (au gré d'un jumscare tétanisant à contrario d'autres aussi vains qu'infructueux !) lorsqu'un enseignant renseigne ses élèves sur la légende urbaine de Candyman avant de trépasser dans les toilettes d'un bar (tous les effets gores mécaniques s'avérant d'ailleurs crédibles au fil du récit). 


Niveau cast, si on s'agace facilement du duo de flics caricaturaux dans leurs mimiques aussi agaçantes qu'outrancières, la blonde Kelly Rowan parvient modestement à donner chair à son personnage héroïque partagée entre scepticisme,  fragilité dépouillée et dépassement de soi d'oser affronter son démon que le charismatique Tony Todd endosse avec un sérieux toujours imperturbable. Et s'il demeure moins effrayant qu'au préalable, sa première apparition lorsqu'il s'adresse à l'héroïne en la nommant par son prénom renoue avec l'angoisse tangible du 1er opus. Quant aux meurtres qui empiètent le récit, ils demeurent assez efficaces puisque justifiés par le traitement narratif n'en faisant jamais trop (en dépit de jump-scares foireux susnommés) quant au sort des personnages impliqués dans un conflit familial. Enfin, il faut également souligner qu'outre le caractère ludique de cette suite agréablement menée puisque dénuée de temps mort, Candyman 2 dégage un charme probant à travers sa chaude ambiance horrifique soigneusement esthétisée auprès de décors tantôt lugubres (le final dans la bicoque humectée), tantôt baroques (le repère de Candyman avec ces immenses tags polychromés) ou solaire (l'anthologique flash-back retraçant avec beaucoup de cruauté le lynchage supplicié de Daniel Robitaille). Quant au score lancinant toujours composée par Philip Glass, il imprègne tout naturellement l'oeuvre par ses tonalités sépulcrales à l'élégie saillante. 


Si on a donc affaire à une séquelle imparfaite parfois maladroite (notamment l'intrusion qui fait tâche de ce duo de flics sorti d'une mauvaise série TV) et dénuée d'ambition (l'aspect série B est beaucoup plus prononcé), Candyman 2 demeure toutefois attachant, formellemment soigné, assez captivant et sincère dans sa démarche d'y respecter la mythologie pour se laisser à nouveau séduire en toute modestie. 

*Bruno
24.02.23. 3èx
15.03.17. 2èx. 724 v

Ci-joint les chroniques du modèle et de l'excellent remake: 

jeudi 23 février 2023

Orgie Satanique / Devils of Darkness

                                              
                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

"Devils of Darkness" de Lance Comfort. 1965. Angleterre. 1h28. Avec William Sylvester, Hubert Noël, Carole Gray, Tracy Reed, Diana Decker, Rona Anderson.

Sortie salles France: 2 Décembre 1970. Angleterre: Septembre 1965

FILMOGRAPHIELance Comfort est un réalisateur, producteur et scénariste anglais. né le 11 Août 1908 à Harrow, Londres, décédé le 25 Août 1966 à Sussex. 1965 Orgie satanique. 1965 Be My Guest. 1964 Blind Corner. 1963 Live It Up! 1963 Tomorrow at Ten. 1962 The Break. 1962 The Painted  smile. 1961 The Breaking Point. 1961 Touch of Death. 1961 Pit of Darkness. 1961 Rag Doll. 1959 The Ugly Duckling. 1959 Make Mine a Million. 1957 Man from Tangier. 1957 At the Stroke of Nine. 1957 Face in the Night. 1956 The Man in the Road. 1956 Faccia da mascalzone. 1954 The Last Moment. 1954 Bang! You're Dead. 1954 Eight O'Clock Walk. 1953 The Girl on the Pier. 1953 The Triangle (sement "American Duel"). 1953 The Genie (segments "The Heel", "The Genie"). 1950 Portrait of Clare. 1949 L'homme à la cicatrice. 1948 Daughter of Darkness. 1947 Le port de la tentation. 1946 La perle noire. 1945 Great Day. 1944 Hotel Reserve. 1943 Escape to Danger. 1943 Old Mother Riley Detective. 1943 When We Are Married. 1943 Squadron Leader X. 1942 Those Kids from Town. 1942 Le chapelier et son château. 1942 Penn of Pennsylvania.


Exhumé de l'oubli par le génial éditeur Artus Film, même si uniquement dispo en Dvd (copie tout à fait correcte), VostfrOrgie Satanique (titre français un brin outrancier) est une charmante curiosité qui doit son capital sympathie de par la modestie de l'entreprise surfant sur le gothisme de la Hammer Film dans un contexte un peu plus contemporain. Car exploitant à nouveau le vampirisme sous couvert de magie noire et d'occultisme sans que n'y pointe de quelconques canines incisives, Orgie Satanique dégage un charme rétro constamment probant eu égard de l'application de sa réalisation "bricolée", de la beauté de ses décors domestiques un tantinet gothiques et de l'attrait attachant des interprètes sobrement convaincants à défaut de se transcender. L'intrigue demeurant qui plus est relativement efficace lorsque Paul Baxter se substitue en investigateur depuis la disparition de son amie Anne. 


Ce qui l'entraînera à fréquenter le comte Sinistre (Hubert Noël s'avère magnétique par son petit regard azur reptilien épaulé d'une posture longiligne discrètement snobée) accompagné de son épouse Tania, couple délétère instigateur d'une secte afin d'y vouer une victime féminine (Karen Steele) à l'immortalité. Or, le précieux talisman indispensable au rituel sanglant est depuis passé entre les mains de Paul Baxter qu'il repêcha sur les lieux du crime d'Anne. Ainsi, avec son ambiance occulte fleurant bon le Fantastique vintage, Orgie Satanique séduira les afficionados du genre, à défaut d'y conquérir la nouvelle génération, et ce avec une probité qui fait plaisir à voir de nos jours révolus. Une rareté dénuée de prétention, à découvrir donc, alors qu'il s'afficha sur nos écrans hexagonaux 5 ans après sa sortie British. 


* Bruno
07.06.18
23.02.23

mercredi 22 février 2023

The Whale

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Darren Aronofski. 2022. U.S.A. 1h57. Avec Brendan Fraser, Samantha Morton, Ty Simpkins, Sadie Sink, Hong Chau

Sortie salles France: 8 Mars 2023.  U.S: 9 Décembre 2022

FILMOGRAPHIE: Darren Aronofski est un réalisateur américain né le 12 février 1969 à Brooklyn (New York). Il travaille aussi en tant que scénariste et producteur. 1998 : π, 2000 : Requiem for a dream, 2006 : The Fountain, 2009 : The Wrestler, 2010 : Black Swan. 2014: Noé. 2017: Mother ! 2022: The Whale. 

Dans un climat fétide irrespirable épaulé d'une photo grisonnante cadrée en 4/3 (parti-pris du cadre restreint), Darren Aronofski nous relate la quotidienneté (quasi) esseulée d'un père ventripotent (il pèse plus de 270 kilos) tentant de renouer avec sa fille de 16 ans qu'il n'a pas revu depuis 8 ans. Drame psychologique intimiste d'une redoutable cruauté à travers le calvaire d'une obésité disproportionnée que les sermons d'une ado ne cesse d'appuyer à travers sa haine à la fois parentale et misanthrope, The Whale ne laisse nullement indifférent à observer sans voyeurisme ni complaisance cet homosexuel en berne délibéré à en finir après avoir tenté de réparer ses fautes auprès de sa fille mutine incapable de lui pardonner sa démission familiale. Ainsi, à travers les thématiques de la foi religieuse (en dichotomie avec l'athéisme), l'homosexualité (s'opposant à l'homophobie d'une main trompeuse), la solitude (tristement actuelle) impartie au célibat et la cellule familiale en marasme, The Whale dégage une trouble aura de malaise mêlée d'espoir et d'optimisme auprès de l'éthique de cet homme rongé de remord mais délibéré à prôner autour de lui la force de la passion que symbolisent les valeurs humaines que tout un chacun renferme en son intérieur. 

Et s'il ne s'agit pas à mon sens d'un grand film ni d'un chef-d'oeuvre, c'est que The Whale ne le cherche pas à l'être en oscillant modestie, pudeur et dignité. Un huis-clos confidentiel étouffant nous laissant de redoutables traces (/séquelles) dans l'encéphale sous l'impulsion du jeu lestement tendre et désespéré de Brendan Fraser se livrant à nu face caméra avec une intensité expressive parfois même insupportable (jusqu'au malaise viscéral). Quand bien même les seconds-rôles qui l'entourent demeurent communément expansifs, pour ne pas dire fulgurants à lui infliger leur rage de vivre (et de survie) depuis sa condition recluse irrévocable. Bouleversant et malaisant, The Whale l'est en intermittence assurément (quand bien même son ultime demi-heure demeure magistralement éprouvante auprès de sa profondeur cérébrale) sans s'apitoyer sur le sort précaire de ses personnages torturés. Puisque rongés par le mal-être existentiel, l'incommunicabilité, la remise en question rédemptrice, la quête du pardon, la peur de l'échec et l'hésitation de l'étreinte. 

Une oeuvre forte donc, cruelle et désespérée, mais aussi luminescente (ultime image évocatrice) car pleine d'espoir et d'optimisme à travers son message spirituel du pardon et de l'incitation à l'affirmation afin d'accéder à l'amour.

*Bruno

jeudi 9 février 2023

Le Village / The Village

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Night. M. Shyamalan. 2004. U.S.A. 1h43. Avec Bryce Dallas Howard, Joaquin Phoenix, Adrien Brody, William Hurt, Sigourney Weaver, Brendan Gleeson, Cherry Jones, Celia Weston.

Sortie salles France: 18 Août 2004. U.S: 30 Juillet 2004

FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry. 1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit. 2017: Split. 2019: Glass. 2021: Old. 2023: Knock at the Cabin. 


Après avoir été profondément déçu lors de sa sortie en salles, faute d'avoir été vendu à tort comme un film d'épouvante en bonne et due forme, et bien qu'il m'eut fallu ce soir une grosse demi-heure d'adaptation à m'immerger dans cet univers hermétique (en espérant que ce soit un problème de fatigue et qu'au 3è visionnage j'y sois plus attentif et investi au vu de sa progression dramatique loin de laisser indifférent), Le Village m'est apparu autrement substantiel, profond, fragile, intimiste, émouvant à travers la thématique de l'obscurantisme que Night. M. Shyamalan traite de manière étonnamment prude et personnelle. Or, il s'agit toutefois d'une oeuvre délicate un brin difficile d'accès si j'en juge ma difficulté à m'être familiarisé auprès des personnages introvertis et de leur environnement paisible puisque vivants en autarcie dans une campagne loin de toute urbanisation. Et si le récit languissant peine à captiver au 1er abord, dès qu'intervient le 1er incident (sans dévoiler d'autre détail), le Village demeure davantage captivant, envoûtant, étrange, ombrageux, alerte lors de l'initiation d'une jeune aveugle collapsée, délibérée à sauver de l'agonie son prince charmant. Un modeste paysan gagné lui aussi par la curiosité de découvrir ce qui se tapi dans les bois et au-delà, si bien que selon la légende locale une créature est aux aguets si un des métayers ose s'y aventurer pour regagner la ville. 


Franchement poignant et émouvant à travers son discours pacifiste militant pour la non-violence et la tranquillité d'une existence sectaire impartie au non-dit, à la feinte, au simulacre, le Village nous démontre avec pudeur et retenue que la violence reste pour autant une menace environnementale où que nous nous implantions et quelque soit nos moyens mis à disposition pour s'en préserver. Si bien que le Mal reste dans la nature humaine à travers sa dualité bicéphale à combattre ou pas ses démons internes lorsque rancoeur, jalousie, vengeance entrent en scène pour le défier de sa capacité (ou non) à canaliser ses sentiments préjudiciables. Joliment photographié et traversé d'images graciles d'un onirisme naturaliste, le Village séduit les mirettes mais aussi l'ouïe. Tant auprès de ses dialogues étonnamment ciselés auquel il faut rester à l'écoute que du jeu investi des acteurs résolument impliqués dans leur morale anti progressiste puisque réfutant toute forme de modernisme, communication avec l'étranger et technologie envahissante. C'est donc une forme de cri de désespoir que nous cultive sobrement Night M Shyamalan à observer les motivations conservatrices de cette communauté à la fois superstitieuse et rétrograde car s'inventant en lieu et place de survie un semblant d'havre de paix en ayant recours à l'artillerie de légendes séculaires. Il y émane une oeuvre épurée d'une grande sensibilité, tel ce besoin immodéré d'aimer et d'être aimé, notamment auprès de son amertume tacite renforcé d'un happy-end non rédempteur. 


A revoir, en ayant toutefois conscience d'avoir affaire à un drame psychologique d'une rigueur communicative plutôt que l'affabulation du "ouh fais moi peur" grossièrement étendu lors de sa sortie ciné. 

*Bruno

Box-Office France: 2 430 910 entrées

lundi 6 février 2023

Tueurs de Dames / The Ladykillers

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alexander Mackendrick. 1955. Angleterre. 1h31. Avec Katie Johnson, Alec Guinness, Cecil Parker, Herbert Lom, Peter Sellers.

Sortie salles France: 3 février 1956. Angleterre: 8 décembre 1955

FILMOGRAPHIE: Alexander Mackendrick (Boston, 8 septembre 1912 – Los Angeles, 22 décembre 1993) est un réalisateur de cinéma britannique, d'ascendance écossaise. 1949 : Whisky à gogo ! 1951 : L’Homme au complet blanc. 1952 : La Merveilleuse Histoire de Mandy. 1954 : The Maggie. 1955 : Tueurs de dames. 1957 : Le Grand Chantage. 1959 : Au fil de l'épée coréalisé par Guy Hamilton — Mackendrick non crédité. 1961 : Les Canons de Navarone coréalisé par Jack Lee Thompson — Mackendrick non crédité. 1963 : L'Odyssée du petit Sammy. 1964 : The Defenders. 1965 : Cyclone à la Jamaïque. 1967 : Oh Dad, Poor Dad, Mama's Hung You in the Closet and I'm Feeling So Sad (non crédité). 1967 : Comment réussir en amour sans se fatiguer.
  

Tout simplement l'une des meilleures comédies jamais réalisées, un chef-d'oeuvre d'humour noir comme seuls les anglais ont le secret lorsque l'on a comme bagage un pitch aussi astucieux, prétexte à mettre en exergue une galerie de 5 gangsters minables (tout droits sortis d'une bande dessinée) élaborant leur coup du siècle parmi l'involontaire complicité d'une vieille dame vertueuse les hébergeant dans sa demeure locative. Multipliant sans modération les gags et situations, tant à l'extérieur de la demeure (le casse, l'altercation du commerçant avec le cheval, les incidents meurtriers à répétition du dernier acte) qu'en interne du huis-clos domestique étrangement dégingandé (certaines pièces de la maison sont obliques à la suite des bombardements de la seconde guerre mondiale), Tueurs de Dames est une jubilatoire confrontation psychologique entre ses pieds nickelés faussement courtois et cette dame débonnaire pour l'enjeu d'un butin. Ainsi, si cette comédie caustique demeure aussi drôle qu'attachante, elle le doit également beaucoup à la complémentarité (sournoise) de ses interprètes masculins génialement caricaturaux et prenant leur rôle résolument au sérieux afin d'y provoquer le décalage hilarant escompté. 


L'immense Alec Guinness endossant sans doute un de ses meilleurs rôles en leader obséquieux jouant magnifiquement avec la pantomime dans sa posture spectrale férue de tics que l'on croirait extirpée d'un film d'épouvante. Rien que sa présence placide provoquant autant la fascination que le rire nerveux à chacune de ses apparitions doucement autoritaires. Quand bien même Katie Johnson s'avère absolument délectable de vertu, de naïveté, de candeur et de correction à accueillir à bras ouverts ses hôtes en compagnie de ses 3 péroquets (non dupes de l'identité de ses criminels !) avant de comprendre ce qui se trame véritablement derrière ses violoncellistes usurpateurs d'une lâcheté sans égale (le final sinistré valant son pesant de cacahuètes). Enfin, on peut également prôner l'effet d'immersion que cette oeuvre british conçu en 55 nous procure grâce au soin de sa scénographie domestique rétro que symbolise cette bicoque décatie implantée à proximité d'un chemin de fer. Une petite ambiance d'étrangeté émanant d'ailleurs de cette modeste demeure encombrée de malfrats davantage patibulaires à décider de se débarrasser de cette pauvre vieille dame sans défense.  


Véritable bijou d'humour et d'insolence à travers le jeu pervers de ses braqueurs chafouins impeccablement dessinés, Tueurs de Dames cumule sans faillir les situations impayables génialement grotesques pour nous passionner de cette farce macabre à la conclusion aussi badine que politiquement incorrecte. A revoir d'urgence, aussi pour se rendre compte à quel point Tueurs de Dames transcende le temps (marque de fabrique du chef-d'oeuvre au sens étymologique) plus de 8 décennies plus tard. 

Dédicace à Jérôme André Tranchant. 

*Bruno
3èx

Récompenses
BAFTA 1956 :
BAFTA de la meilleure actrice britannique pour Katie Johnson
BAFTA du meilleur scénario pour William Rose

jeudi 2 février 2023

Contronatura / Schreie in der Nacht

                                           
                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmposter-archiv.de
                                      
de Antonio Margheriti. 1969. Italie/Allemagne. 1h31. Avec Joachim Fuchsberger, Marianne Koch, Helga Anders, Claudio Camaso, Luciano Pigozzi, Dominique Boschero, Giuliano Raffaelli.

Inédit en France. Sortie salles Italie: 12 Septembre 1969

FILMOGRAPHIEAntonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace.  1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1969: Contronatura. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Le pitch: Le très riche Archibald Barrett doit rencontrer son avocat d’affaire pour lui remettre les derniers papiers qui le rendront définitivement propriétaire des biens de son défunt cousin, Richard Wright. Il voyage accompagné de son comptable Ben Taylor, de sa femme Vivian, de son secrétaire Alfred et de la femme de ce dernier. Il pleut averse et la voiture s’embourbe. Le groupe se réfugie alors dans un chalet isolé qui se trouve non loin de leur route. Ils interrompent en cela une séance de spiritisme, organisée par Unah, la propriétaire de ces lieux. Celle-ci , en complète transe commence à dévoiler le passer de chacun des hôtes.


Hyper rare, quasi invisible, inédit en salles chez nous et peu abordé chez les critiques spécialisées, si bien que j'ignorai son existence, Contronatura renait de ses cendres grâce à l'éditeur Artus Films. Et ce même si leur copie relativement terne, médiocre, monochrome, qui plus est émaillée de scratchs, ne favorise pas l'immersion de cette sombre machination vénale constamment inquiétante en utilisant à bon escient l'alibi du genre Fantastique en trompe l'oeil. Il est d'ailleurs considéré selon les fans de  Margheriti  comme son meilleur film avec Danse Macabre. Et bien que j'avoue préféré ce dernier, la Vierge de Nuremberg et la Sorcière SanglanteContronatura demeure sans conteste une excellente surprise exhumée d'outre-tombe. Un thriller à suspense constamment captivant en dépit d'une structure narrative plutôt désordonnée, ce qui hélas fait parfois perdre le fil de l'intrigue au spectateur, embourbée dans les va-et-vient de (trop) nombreux flash-back et moult personnages interlopes (que l'on peine parfois à identifier à cause de la copie opaque) impliqués dans une série de morts violentes laissées en suspens. 

                                                              

Ainsi, en dépit de cette mauvaise gestion rehaussant la complexité d'une intrigue aussi originale que nébuleuse, Contronatura ne relâche toutefois point l'attention et la tension, notamment grâce à la conviction des comédiens communément impliqués dans leur fonction coupable ou revancharde où s'infiltre en intermittence le thème audacieux du saphisme en cette année 69. A découvrir absolument donc, en espérant qu'un jour prochain un éditeur puisse le redorer en qualité HD, si bien que son ambiance gothico-funeste ne manque pas d'attrait envoûtant avant de nous ébranler lors d'un surprenant épilogue faisant inopinément intervenir le genre Spoil ! catastrophe ! Fin du Spoil. C'est dire si Contronatura  s'avère une oeuvre marginale à la fois ambitieuse, sincère, retorse, vénéneuse, appliquée pour s'extirper de l'ornière. 

*Bruno
2èx. Vostfr