jeudi 2 novembre 2023

Dark Shadows

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tim Burton. 2012. U.S.A. 1h53. Avec  Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter, Eva Green, Jackie Earle Haley, Jonny Lee Miller, Chloë Grace Moretz, Bella Heathcote

Sortie salles France: 9 Mai 2012

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine et les Enfants particuliers.


"Lorsque tu changes ta façon de voir les choses, les choses que tu regardes changent".
L'important est de ne jamais désespérer car après avoir tenté à 3 reprises ce Dark Shadows bankable estampillé Burton, c'est finalement au 4è visionnage que je fus enfin convaincu pour me laisser emporter par son potentiel à la fois qualitatif, émotionnel, formel (même si sur ce dernier point je ne l'eu jamais décrié). Car si au 1er abord je reprochais surtout ses sautes d'humour lourdingue imparties au jeu cabotin de Johnny Depp, je reconnais aujourd'hui que ce divertissement pétulant me parait autrement plus ludique, plaisant, pittoresque tout en étant étonnamment inventif. Et ce même si de toute évidence certaines séquences censées drôles tombent à plat en de rares occasions et que j'accepte enfin aujourd'hui l'aspect sciemment anachronique du personnage anti-manichéen de Barnabas, vampire délétère sur le point de prendre sa revanche contre la sorcière Angélique (Eva Green éclate l'écran pour voler quasiment la vedette à tout le casting en matrone vénéneuse à la fois cupide, perverse, provocante, immorale). Quant au jeu semi-parodique de Depp que j'eu tant décrié à l'époque, il m'est apparu aujourd'hui habité par sa sombre posture aussi bien renfrognée qu'ironique (distanciée par la discrétion). A l'instar de cette foule d'illustres seconds-rôles s'exprimant avec une fougue fringante de participer sans complexe à l'aventure gothico-macabre grand public. 

En revanche, dommage que Michele Pfeiffer et Chloë Grace Moretz ne soient pas plus mises en valeur, plus exploitées surtout à travers leur présence altière (pour Pfeiffer en baronne sournoise) et dévergondée (pour Chloë en rebelle juvénile). D'autre part, d'oser conjuguer le gothisme classique au sein du contexte contemporain des Seventies est ici finalement payant tant l'aventure rocambolesque s'apparente à un arc en ciel singulier auprès de moult séquences gentiment débridées et autres plages musicales prégnantes (Alice Cooper y participe en concert !) que Tim Burton façonne avec douce fantaisie dénuée de prétention. C'est donc sans se prendre au sérieux que l'on aborde cette fort sympathique comédie fantastique émaillée parfois de séquences magnifiques aux couleurs harmonieuses (le prologue crépusculaire débordant d'étrangeté onirique, son final percutant littéralement en roue libre, la coucherie survoltée entre Barnabas et Angélique sur un air de Barry White, le concert de Cooper, la visite du sous-terrain du manoir) autour des thèmes chers à l'auteur. A savoir l'acceptation de la différence, l'amour impossible entre deux êtres que tout sépare, la démission parentale, la marginalité et la peur de vieillir au sein d'un univers aussi bien gothique que vampirique. Sa photo désaturée renforçant la magnificence de ses décors côtiers et surtout domestiques au sein de cet immense manoir que l'on aimerait abriter pour l'éternité. 

Ainsi, sans toutefois renouer avec l'ambition autonome de ses plus belles réussites, loin s'en faut, Tim Burton parvient donc ici à distraire dans la simplicité à travers cette récréation bonnard formellement fulgurante (on en prend plein les yeux quasiment à chaque plan), rafraichissante, politiquement incorrecte et émotionnellement séduisante sous l'impulsion d'un défilé de comédiens très en forme au sein de leur cocon gothico-lunaire. 

*Bruno
4èx

mercredi 1 novembre 2023

When Evil Lurks / Cuando acecha la maldad / Quand le mal rode.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Demián Rugna. 2023. Argentine. 1h39. Avec Ezequiel Rodriguez, Demián Salomon, Luis Ziembrowski, Silvia Sabater, Marcelo Michinaux

Sortie salles U.S: 27 Octobre 2023

FILMOGRAPHIEDemián Rugna est un réalisateur et scénariste argentin né le 13 septembre 1979. Il est scénariste et monteur. Il est connu pour Terrified (2017), (2016). No sabés con quién estás hablando. The Last Gateway (2007) et Cuando acecha la maldad (2023).

Ne tournons pas autour du pot, When Evil Lurks est une bombe horrifique issue d'Argentine. Le meilleur film d'horreur de 2023 (avec La Main que pas mal de fans comparent de par son réalisme tranché dénué de concession et sa terreur viscérale qui en émane) doublé d'une nouvelle référence du film de possédé auquel Evil-dead Rises fait bien pâle figure (bien qu'il ait beaucoup divisé, à raison selon moi). Or, nous avions affaire ici à une sorte d'Evil-Dead naturaliste par son refus du grand-guignol autant que de la surenchère que le cinéaste parvient admirablement à écarter en dépit de 3/4 séquences tétanisantes à marquer d'une pierre blanche. Tant et si bien que sans vouloir dévoiler d'indices, une séquence horrifique sort véritablement du lot au point que les âmes sensibles auront bien du mal à s'en remettre de par l'audace du cinéaste d'oser filmer l'inmontrable sans toutefois sombrer dans une complaisance déplacée. Une scène-choc extrême donc vue nulle part ailleurs qui fera date dans le paysage horrifique (le plus réaliste qui soit). Alors que quelques instants plus tard une autre situation impactante mettra à nouveau vos nerfs à rude épreuve sous l'impulsion constante d'FX charnels, pour ne pas dire mécaniques. A l'ancienne donc. Car si When Evil Lurks parvient à nous foutre la trouille avec une intelligence hors-pair auprès de sa réinvention des codes du film de possédé (à l'instar des 7 commandements pour s'y préserver !), c'est qu'il prend son sujet au 1er degré auprès d'un climat bucolique d'un onirisme naturaliste immersif que des protagonistes, à bout de souffle, arpentent afin de retrouver un possédé putréfié (comme surgi d'un film de Fulci !) au moment même où leur village baigne dans des accès de violence incontrôlées. 

Or, ne vous attendez pas à un vortex de scènes-chocs à vous plaquer au siège (passées les quelques séquences-chocs extrêmes des 40 premières minutes), à l'instar de l'inégalable montagne russe Evil-Dead (82). Si bien que When Evil Lurks est plus malin, attentionné, circonspect, innovant, à hauteur d'homme pour crédibiliser à tous prix son récit en s'attardant avant tout sur la psychologie des personnages torturés. Spécialement 2 frères s'évertuant à repousser le Mal au sein de leur bourgade en compagnie de comparses et membres familiaux davantage conscients, et donc, sévèrement tourmentés, accablés de la pandémie du danger aussi bien invisible que contrairement formelle. Et c'est ce qui fait la puissance de ce récit en alerte que de tabler sur l'attente du pire, sur l'intensité de sa violence et du désarroi des métayers faisant face à des confrontations démoniaques dénuées de vision grand-guignolesque (ou alors si peu). Le cinéaste misant sur l'hyper réalisme de situations horrifiques escarpées, notamment en tablant sur l'innocence la plus intolérable puis sur une forme de poésie macabre que l'on n'attendait pas. Le jeu tant investi des acteurs méconnus (même auprès des enfants vibrant d'ambiguïté !), leur parcours du combattant pour repousser le Mal, mais aussi tenter de l'endiguer, demeurant d'autant plus perturbant, harassant que le cinéaste ne cédera à nulle échappatoire possible. 

Cauchemar naturaliste subtilement erratique donc auprès d'un climat malsain étrangement fascinant, poisseux et repoussant (alors que la photo saturée est paradoxalement sublime !), When Evil Lurks est une claque dans la gueule pour son audace et son intelligence si burnées de ne pas sombrer dans le ridicule et repousser dame censure (insensé que de telles scènes de nos jours aient pu voir le jour sur un écran ciné !). Le film aussi bien posé que dégénéré exploitant lestement les thématiques de la foi et de la superstition avec une forme de vérité documentée que le spectateur reçoit de plein fouet avec un magnétisme émotionnel jouissif. Tant et si bien que l'on croit sans ambages à ce que l'on voit, l'angoisse, l'appréhension et la terreur au ventre, avec toutefois au terme un sentiment d'amertume d'avoir (trop) brièvement quitter le cauchemar sur une ultime note inconsolable. 

Pour public averti.

*Bruno

Ci-joint la critique de Jean-Marc Micciche:

Séance découverte avec l'intense et percutant When Evil Lurks , film argentin diabolique qui dépoussière avec une grande force le film de démon possédé. Demian Rugna avait témoigné lors de précédent film Terrified, avec peu de moyen, à nous dresser les cheveux sur la tête. Il avait un don pour orienter l'horreur vers une forme de chaos absolu et c'est précédemment la puissance de son film.  Dès les premiers instants, le réal installe une ambiance et surtout un univers avec ses régles et son fonctionnement. Un malaise palpable qui se prend son temps avant de faire dérailler systématiquement la scène vers l'effroi le plus pur, la terreur la plus sourde, la poésie morbide la plus macabre. Coup de boutoir sur coup de boutoir, le spectateur reçoit quelques mandales bien fortes ravi de voir un film fantastique aussi radical qu'original. Un choc. Le cinéphile old school se rappellera avec délices de certains films des années 70 qui n'ont jamais l'impact et la popularité de certains classiques mais qui ont laissé des traces indélébiles sur certains esprits (The Asphyx, Incubus, La sentinelle des maudits, Lets scare Jessica to death, The entity). When Evil Lurks est cette race là. Nobles, sournoises et viscérales....

lundi 30 octobre 2023

Sound of Freedom

                                                              Photo empruntée sur google, appartenant au site

de Alejandro Gómez Monteverde. 2023. U.S.A. 2h11. Avec Jim Caviezel, Mira Sorvino, Bill Camp, Eduardo Verástegui, Javier Godino, José Zúñiga, Kurt Fuller.

Sortie salles France: 15 Novembre 2023. U.S: 4 Juillet 2023

FILMOGRAPHIEAlejandro Monteverde est né le 13 juillet 1977 au Mexique. Il est réalisateur et scénariste. Sound of Freedom (2023), Little Boy (2015) et Bella (2006). Il est marié avec Ali Landry Monteverde depuis le 8 avril 2006. Lui et Ali Landry Monteverde ont trois enfants.

"Le témoignage de Tim sur l'opération colombienne a conduit le congrès des Etats-Unis a adopter une législation renforçant la coopération internationale dans les affaires de trafic d'enfants. La traite des  êtres humains est une activité qui rapporte 150 milliards de dollars par an. Les Etats-Unis figurent parmi les principales destinations pour la traite des êtres humains et son aussi parmi les plus gros consommateurs de relation sexuelles avec des enfants. Il y a plus d'êtres humains pris au piège de l'esclavage aujourd'hui qu'à n'importe quel autre moment de l'histoire, y compris lorsque l'esclavage était légal. Des millions de ces esclaves sont des enfants." 

Tiré d'une histoire vraie pour relater la traite d'enfants réduits à l'esclavage sexuel en Colombie, Sound of Freedom est un uppercut émotionnel comme on pouvait s'y en douter avec un sujet aussi grave que sulfureux. Car taillé comme un thriller à suspense dans le cadre du drame psychologique que l'on observe avec une attention infiniment impliquée lorsqu'il s'agit de tenter de sauver la vie de nombreux enfants que Tim Ballard tente d'extraire de leurs bourreaux avec l'appui d'un ancien membre du Cartel, Sound of Freedom est d'autant plus grave, méritant, passionnant qu'il est conté sans complaisance aucune dans son refus de voyeurisme ou de violence graphique. Pour autant, et c'est bien là où l'oeuvre salutaire a tout mon respect afin d'élever la thématique avec dignité et intelligence, son intensité dramatique en intermittence éprouvante nous bouleverse aux larmes par le reflet psychologique de ses enfants à la fois malmenés et torturés par des pervers pédophiles scrupuleusement organisés. Outre la dextérité de sa réalisation ténue portant un regard studieux sur ses personnages redresseurs de tort s'efforçant de soulever des montagnes lorsqu'il s'agit de se confronter aux réseaux pédophiles, sa distribution dénuée de fard rend d'autant plus crédible la dangerosité de son climat d'insécurité malsaine à la lueur d'espoir indécise. 

A l'instar de son final périlleux, mission de dernier ressort de tous les dangers afin de retrouver en vie la petite Rocio pour l'extraire de sa geôle. On peut donc oh combien saluer la présence humaine de Jim Caviezel en ancien agent du gouvernement insufflant une mine à la fois grave, souvent impassible, désabusée presque, et contractée dans son ambition personnelle à perpétrer un nouveau coup d'éclat pour l'enjeu d'une innocence infantile d'autant plus difficile à localiser. Dommage que cet acteur se fasse si rare au cinéma tant il dégage à mon sens un charisme authentique (aujourd'hui strié) n'appartenant qu'à lui dans sa sobre posture d'investigateur héroïque à la fois placide, discret, dans la réserve, pour parvenir à ses fins et faire tomber ces bourreaux paraphiles. Définitivement un grand comédien. Les autres seconds-rôles ne sont pas en reste pour l'appuyer dans ses actions couillues, à l'instar de Bill Camp fort en caractère dans le corps d'un ancien criminel motivé de rédemption eu égard de sa nouvelle mission personnelle de se consacrer uniquement au sort des enfants esclaves. Enfin, dommage que la douceur de miel Mira Sorvino ne soit pas plus présente à l'écran tant elle se fait si rare en épouse aimante respectueuse, confiante envers les motivations morales de son époux résolument investi dans sa fonction professionnelle davantage autonome. Quant aux enfants sentencieux communément épatants de vérité démunie, fragile auprès de leur perte de repères, s'ils bouleversent bien entendu aux larmes par leur expressivité timorée, apeurée, égarée, ils sont admirablement dirigés pour s'extraire d'une émotion programmée ou encore d'un patho déplacé. 

Soutenu d'une superbe partition chorale faisant écho à la nature précieuse car si innocente de ses enfants brutalement arrachés à leurs parents, Sound of Freedom ne peut laisser personne indifférent dans sa démarche intègre de dénoncer le fléau de la pédophilie davantage croissant, plus encore que le trafic d'armes ou de cocaïne. Indubitablement éprouvant car dur et cruel de témoigner de notre impuissance face à la condition intolérable de ses enfants réduits à la consommation sexuelle, Sound of Freedom frappe au coeur de plein fouet par la pudeur de son émotion contenue laissant parfois libre court aux larmes de la délivrance. Un grand film d'utilité publique tout aussi effrayant que bouleversant qui laisse des séquelles dans l'encéphale de par la noblesse de cette entreprise cinématographique vouée corps et âmes à la cause infantile. 

*Bruno

Timothy « Tim » Ballard est le fondateur et PDG de Operation Underground Railroad (OUR), PDG de The Nazarene Fund et auteur de plusieurs livres. Il organise des activités au niveau national et international pour mettre fin au trafic d'enfants

Ci-joint la critique de Jean-Marc Micciche;
Séance découverte avec le magnifique et poignant polar Sound Of Freedom. Marqué par des polémiques à coté de la plaque surtout au vu du résultat final, Sound of freedom est un chemin de croix d'un policier qui n'hésite pas de partir en croisade pour sauver des enfants du trafic d'esclavage et de la pédophilie... Dés la scène d'ouverture, on saisit pour la justesse de l'approche du film surtout au vu de la nature du sujet. Pas de sensationnalisme dans la démarche, juste une volonté à travers un pur récit de polar, à incarner une réalité sordide que le recit et la mise en scène arrive merveilleusement à suggérer. Dès lors le spectateur épouse la cause de son héros (superbe Jim Caviziel), dans sa volonté de sauver son âme de la noirceur des ténèbres et la noirceur humaine. Tout le suspense et la dramaturgie du récit et des personnages est au service d'un objectif (sauver la fille) et améne le spectateur à espérer une délivrance. L'émotion et l'empathie est là, partout dans le film et à l'heure où la grande majorité des films sont incapables d'impliquer les spectateurs dans l'émotion pure sans cynisme, Sound of Freedom est précieux. Quant à la polémique autour du film, c'est au final insignifiant au vu du résultat de ce film indépendant venant de nulle part...9/10

samedi 28 octobre 2023

Panic Room

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Fincher. 2002. U.S.A. 1h52. Avec Jodie Foster, Kristin Stewart, Forest Whitaker, Jared Leto, Dwight Yoakam.

Sortie salles France: 24 Avril 2002. U.S: 29 Mars 2002

FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado). 1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl. 2020 : Mank. 2023 : The Killer

Méséstimé par la critique française de l'époque car après quelques recherches sur le net je fus agréablement surpris de constater les opinions contrairement favorables Outre-Atlantique, Panic Room est sans mauvais jeu de mot une référence du suspense Hitchcockien. Tant et si bien qu'à la revoyure je l'ai trouvé beaucoup plus stimulant, affolant, vertigineux de par l'incroyable maîtrise (technique / narrative) de Fincher à nous confectionner de façon stylisée (la caméra mobile se faufile dans n'importe quel recoin du refuge domestique) un suspense estomaquant eu égard de l'hyper efficacité de son concept imparti aux huis-clos claustro. Et ce sans compter sur l'aspect fascinatoire de l'immense appartement filmé sous tous les angles (j'insiste) comme si nous y étions. Effet immersif assuré donc, notamment auprès de ses divers étages que les protagonistes arpentent de façon à la fois tendue, déterminée, angoissée, pour ne pas dire à cran au fil d'un cheminement sur la corde raide. Meg Altman et sa fille Sarah étant contrainte de s'emprisonner dans leur chambre de survie ultra high-tech pour se protéger de 3 cambrioleurs ayant investi les lieux de leur nouvel appartement huppé. Livrées à elles-mêmes elles devont donc user de bravoure, beaucoup d'audaces et subterfuges pour déjouer les cambrioleurs de parvenir à leur fin. A savoir empôcher le magot de millions de dollars planqués malencontreusement dans la chambre de survie. Voilà pour le pitch simpliste narré avec une attention toute particulière lorsqu'il s'agit d'un maître en la matière, Mr David Fincher. Car véritablement inspiré par ce qu'il filme (on ne compte plus les plans séquences en 3D, l'attention accordée à la luminosité, le soin de la photo sépia) et amoureux de son actrice Jodie Foster, explosant l'écran à chaque cadre (là aussi ce fut une totale redécouverte pour sa force d'expression au diapason), celui-ci parvient à faire naitre angoisse, suspense et action sous l'impulsion d'un rythme alerte dénué de temps mort (ephémisme). 

Autant dire que nous restions collé à notre siège car scrupuleusement attentif aux faits et gestes des cambrioleurs et surtout de Meg et Sarah s'évertuant à narguer leurs adversaires avec une intelligence finaude jubilatoire de par l'inversion des rôles impartis. Jodie Foster, infiniment habitée par son rôle de femme forte, dégageant un charisme forcené en héroïne burnée provocant les stratagèmes de défense avec un art consommé de la motivation cérébrale. Et sur ce point, si les situations pourraient peut-être parfois paraître un brin improbables, l'actrice dégage une telle énergie physique et viscérale, une telle persuasion limite primale qu'elle y transcende l'impossible de par sa foi inébranlable. Non, franchement elle reste très impressionnante, à se demander même s'il ne s'agit pas là d'un de ses meilleurs rôles. Quant à Kristen Stewart, elle aussi surprend du haut de ses 12 ans grâce à sa sobriété épurée de participer au cauchemar domestique avec une expressivité toujours impliquée en dépit de sa présence secondaire toutefois indispensable au cours de l'action anxiogène. Néanmoins, dans son désir de trop plaire ou d'en faire trop, David Fincher s'embarasse à mon goût d'un cliché éculé (Sarah est diabétique insulino-dépendante) pour renouveller l'action et la tension aux moments les plus précaires quant à leur enjeu de survie plus horrifiant. Pour autant, on marche toutefois à plein tube lors de ces revirements angoissants, notamment auprès de rebondissements plutôt retors car assez surprenants, pour ne pas dire paniquant (notamment cet incroyable intervention de 2 policiers face à une Jodie Foster bicéphale d'un flegme génialement équivoque). Enfin, outre les présences très convaincantes de Jared Leto en cambrioleur zélé trop sur de lui et Dwight Yoakam en psychopathe placide à la gachette facile, Forest Whitaker vole la vedette à ses compagnons de par son humanisme torturé afin de ne pas céder à la violence d'autrui. Ce qui nous vaudra par ailleurs quelques surprises quant à son évolution morale tant en perdition qu'en requête de rédemption pour tenir lieu de désespoir de cause. 


Le Piège.
Sérieusement, foncez revoir Panic Room, modèle de suspense Hitchcockien qui vous plaquera au siège de part en part au sein d'une souricière de tous les dangers. Car délicieusement tendu et angoissant, fascinant et jubilatoire, cet insidieux jeu du chat et de la souris se permet en outre de valoriser la cause féministe à travers le superbe profil d'une femme indépendante délibérée à provoquer le trio machiste avec une capacité de réflexion génialement profitable. A réhabiliter d'urgence donc, tout du moins dans l'hexagone. 

*Bruno
2èx

Box Office France; 1 324 402 entrées

mercredi 25 octobre 2023

Mort d'un Pourri

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de George Lagutner. 1977. France. 2h04. Avec Alain Delon, Ornella Muti, Stéphane Audran, Mireille Darc, Maurice Ronet, Michel Aumont, Jean Bouise, Daniel Ceccaldi, Julien Guiomar, Klaus Kinski, François Chaumette, Xavier Depraz.

Sortie salles France: 7 Décembre 1977

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Georges Lautner est un réalisateur et scénariste français, né le 24 Janvier 1926 à Nice, décédé le 22 Novembre 2013 à Paris. 1958: la Môme aux boutons. 1959: Marche ou crève. 1962: L'Oeil du monocle. 1963: Les Tontons flingueurs. 1963: Des Pissenlits par la racine. 1964: Le Monocle rit jaune. 1964: Les Barbouzes. 1966: Ne nous fâchons pas. 1967: Le Grande sauterelle. 1968: Le Pacha. 1969: Sur la route de Salina. 1970: Laisse aller, c'est une valse. 1971: Il était une fois un flic. 1972: Quelques messieurs trop tranquilles. 1973: La Valise. 1974: Les Seins de glace. 1975: Pas ce problème ! 1976: On aura tout vu. 1977: Mort d'un pourri. 1978: Ils sont fous ces sorciers. 1979: Flic ou voyou. 1980: Le Guignolo. 1981: Est-ce bien raisonnable ? 1981: Le Professionnel. 1984: Joyeuse Pâques. 1984: Le Cowboy. 1985: La cage aux folles 3. 1986: La vie dissolue de Gérard Floque. 1988: La Maison Assassinée. 1989: Présumé dangereux. 1991: Triplex. 1991: Room service. 1992: l'Inconnu dans la maison.

Excellent polar solidement réalisé par le spécialiste du genre Georges Lautner et produit par Alain Delon à une période moins glorieuse où il tentait de récupérer sa popularité, Mort d'un pourri dénonce une corruption politique de grande ampleur eu égard des rebondissements disséminés au compte-goutte et de sa morale pessimiste qu'Alain Delon en personne énonce avec une amertume désabusée lors de l'épilogue. Celui-ci endossant le personnage hétérodoxe du complice meurtrier afin d'y protéger un député véreux, ami de longue date, en guise de fidélité et de loyauté. Avec son casting florissant (outre Stéphane Audran, Mireille Darc, Maurice Ronet, Michel Aumont, Jean Bouise, Daniel Ceccaldi, on y croise même l'imperturbable Klaus Kinski et la troublante Ornella Muti) et sa réalisation studieuse prenant son temps à charpenter son récit davantage captivant (notamment au niveau des 45 dernières minutes plus tendues et nerveuses quant au sort indécis de Maréchal - Delon - délibéré à connaître l'identité de l'assassin au moment où celui-ci essuie de sévères règlements de compte), Mort d'un Pourri fleure bon le cinéma des Seventies sous l'impulsion d'une atmosphère urbaine à la fois élégiaque,  blafarde, anti solaire donc. 

On peut d'ailleurs largement prôner la superbe partition jazzy de Philippe Sarde accompagnant l'ambiance à la fois inquiétante, délétère, sinistrosée avec une émotion fragile presque dépressive. Tout cela étant mené sans fioriture afin d'y favoriser son réalisme urbain résolument expressif, à l'instar de plages d'intimité nocturnes ou de quelques séquences de poursuites automobiles supervisées par le spécialiste Rémy Julienne. Du vrai cinéma à l'ancienne donc comme on n'ose plus en faire de nos jours (notamment de par son rythme languissant nullement ennuyeux) mené par un Alain Delon étonnamment placide, calculateur, circonspect afin de mieux duper et provoquer ses adversaires constamment lancés à ses trousses. Une force tranquille et de sureté en somme parfois contrebalancée d'une expressivité narquoise sobrement nuancée. 

P.S: la qualité HD restaurée est resplendissante. 


*Bruno

mardi 24 octobre 2023

Saw X / Décadence X

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kevin Greutert. 2023. U.S.A. 1h58. Avec Tobin Bell, Shawnee Smith, Synnøve Macody Lund, Steven Brand, Renata Vaca, Joshua Okamoto.

Sortie salles France: 25 Octobre 2023 (Int - 16 ans). U.S: 29 Septembre 2023 (Int - 17 ans).

FILMOGRAPHIE: Kevin Greutert, né le 31 mars 1965 à Pasadena en Californie aux États-Unis, est un réalisateur et monteur américain. 2009 : Saw VI. 2010 : Saw VII. 2014 : Jessabelle. 2015 : Visions. 2017 : Jackals. 2023 : Saw X. 


Relancer la fameuse saga estampillée "Tortur'porn" après 7 opus tous plus inutiles les uns les autres (en aditionnant Spirale : L'Héritage de Saw) relevait d'une gageure impossible. Et pourtant Kevin Greutert (à qui l'on doit pourtant Saw 6 et 7) parvient sans mal à réactiver la machine hardcore avec ce 10è opus autrement retors, prenant, affolant, efficace, évidemment sardonique, voir même surprenant eu égard de l'ingéniosité des tortures toutes plus machiavéliques les unes que les autres servi d'un scénario à twist (!) privilégiant la caractérisation humaine d'un des plus célèbres criminels de l'histoire de l'horreur qui tâche: Jigsaw John Kramer. Et si l'intrigue pourrait paraître chez une frange du public tirée par les cheveux (à l'instar des actions invraisemblables des victimes pour se défaire de leur piège transcendées d'une intensité putride à la limite du soutenable), elle demeure pour autant à mon sens assez solide pour relancer les exactions putassières et assez intelligente pour y dénoncer en filigrane le charlatanisme de la chirurgie auprès de margoulins sans scrupule, sans compter le cynisme des labos pharmaceutiques en étroite complicité. 


Mais outre l'aspect à la fois jouissif et malaisant des châtiments corporels hyper gores et réalistes (je crois qu'on avait pas vu aussi émétique depuis l'opus 3 interdit aux - de 18 ans) que l'on nous sert sans anesthésie, Saw X est notamment enrichi d'un cast spécialement convaincant, expressif, caractériel (jusqu'aux seconds-rôles les moins éloquents, à l'instar du gamin mexicain) sous l'impulsion de Tobin Bell se fondant une ultime fois dans le corps décati du tueur moribond avec un flegme ici un peu plus indulgent comme le souligne sa compassion pour certains personnages. On apprécie également de retrouver l'invitée surprise Shawnee Smith (de retour après le second opus) en faire-valoir criminel au physique aujourd'hui autrement plus inquiétant passées quelques années de rides. Bref, les personnages existent par eux-mêmes sans déborder pour notre plaisir de spectateur attentif à leurs faits et gestes pour s'extirper de la mort. Néanmoins, pour apprécier le (nouveau) spectacle barbare d'une étonnante efficacité (qui plus est épaulé d'une certaine maîtrise dans la réalisation et d'une photo épurée), il vaudrait peut-être mieux aborder le divertissement au second degré tant l'ironie mordante fait des étincelles en dépit de l'hyper réalisme de l'horreur extrême que l'on redoute autant que l'on escompte dans notre fort intérieur de pervers refoulé (ah ah !).   


D'une durée d'1h58 défiant notre notion temporelle, Saw X est une heureuse surprise inespérée après tant d'âneries mercantiles purement opportunistes passée la trilogie modestement réussie. Méchamment délirant, extrême, captivant, constamment tendu, jamais ridicule et assez dégueulasse auprès de ces anthologies incroyablement inventives, cet ultime chapitre faisant honorablement suite au 1er opus parvient à réanimer la saga parmi le savoir-faire d'un scénario subterfuge dénonçant une fois de plus l'attrait à la fois pusillanime, égotiste, vénal de l'homme prêt à phagocyter son prochain (tant pour sa survie que pour son propre intérêt). C'était sans compter sur John Kramer, redresseur (amoral ?) de tort un peu plus humaniste qu'autrefois. 

Ordre de préférence de la saga: 1 - 3 - 10 - 2.

*Bruno

jeudi 19 octobre 2023

La Nuit de la Comète / Night of the comet

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de  Thom Eberhardt.1984. U.S.A. 1h35. Avec Catherine Mary Stewart, Kelli Maroney, Robert Beltran, Mary Woronov, Geoffrey Lewis, Peter Fox.

Sortie salles France: ?. U.S: 16 Novembre 1984

FILMOGRAPHIEThom Eberhardt est un réalisateur et scénariste américain né le 7 mars 1947 à Los Angeles, Californie (États-Unis). 1983 : Sole Survivor. 1984 : La Nuit de la comète. 1988 : The Night Before. 1988 : Élémentaire, mon cher... Lock Holmes. 1989 : Cours d'anatomie. 1992 : Captain Ron. 1993 : Space Rangers (série télévisée). 1997 : Face Down (TV). 1998 : Il était deux foiS (TV). 2000 : Ratz (TV). 2002 : I Was a Teenage Faust (TV). 

Je tiens d'abord à remercier ma projo déceptive du Toubib de Pierre Granier-Deferre sans qui je n'aurai pu oser enchainer dans improvisation l'excellente surprise que représente pour moi La Nuit de la Comète. Une perle des années 80 pas assez reconnue selon mon jugement de valeur (d'ailleurs beaucoup plus positif qu'au 1er visionnage) tant ce p'tit métrage génialement dénué de prétention eut pu me faire rêver avec une simplicité somme toute décomplexée. Et c'est justement ce qui fait le charme et le piquant de cette prod digne d'Amblin si j'ose dire, toutes proportions gardées, dans la mesure où le cinéaste Thom Eberhardt (inconnu pour moi) s'y entend pour nous immerger dans son univers post-apo avec une sincérité, une formalité (combien de rutilants panoramiques urbains m'ont totalement envoûtés, tel un rêve de gosse émerveillé !) et surtout une candeur forçant le respect. Notamment eu égard de la bonhomie du casting amiteux, prioritairement les actrices Catherine Mary StewartKelli Maroney  jouant les soeurettes rivales avec tant d'implication auprès de leur charme innocent symptomatique des prods des années 80. 

                                      

Le climat de légereté qui environne tout le récit, conjugué à certains moments de flippe (les 3 premières apparitions des zombies m'ont réellement foutu les jetons à ma stupeur !) et de moments pittoresques confinant cette série B au divertissement atypique dans sa globalité. Qui plus est, et afin probablement de parfaire son métrage et de le clarifier (narrativement parlant) dans une plus-value de générosité, l'ultime demi-heure se permet d'enchainer les rebondissements, actions, quiproquos puis bouquet de tendresse imbibée de dérision (le final saugrenu est juste magnifique de poésie auprès de cette cohésion complice, aussi simpliste soit cette conclusion sciemment ubuesque) avec une spontanéité sémillante. On quitte donc l'aventure post-apo parmi nos sentiments fougueux de tendresse, bonheur, sourire de s'être autant familiarisé auprès de ces survivants juvéniles rarement angoissés/apeurés par leur condition de déreliction pour au contraire affronter l'avenir avec une insouciance ultra jouissive. Et c'est justement ce qui rend si fun, ludique, exaltante cette Nuit de la Comète que de compter sur le sarcasme et les bons sentiments badins pour emporter l'adhésion avec une faculté immersive proche de la féerie finalement. 


Teenage Mutant Horror Comet Zombies
Et donc pour conclure aussi simplement que cette satire dystopique: "C'était quand même quelque chose les années 80 ❤"

*Bruno
2èx

mercredi 18 octobre 2023

Le Toubib

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Pierre Granier-Deferre. 1979. France/Allemagne de l'Ouest. 1h36. Avec Alain Delon, Véronique Jeannot, Bernard Giraudeau, Francine Bergé, Michel Auclair, Catherine Lachens, Bernard Le Coq, Henri Attal, Jean-Pierre Bacri.

Sortie salles France: 27 Octobre 1979

FILMOGRAPHIEPierre Granier-Deferre, né le 22 juillet 1927 dans le 9e arrondissement de Paris et mort le 16 novembre 2007 dans le 16e arrondissement de Paris, est un réalisateur français.1961 : Le Petit Garçon de l'ascenseur.1962 : Les Aventures de Salavin. 1965 : La Métamorphose des cloportes. 1965 : Paris au mois d'août. 1967 : Le Grand Dadais. 1970 : La Horse. 1971 : Le Chat. 1971 : La Veuve Couderc. 1973 : Le Fils. 1973 : Le Train. 1974 : La Race des seigneurs. 1975 : La Cage. 1975 : Adieu poulet. 1976 : Une femme à sa fenêtre. 1979 : Le Toubib. 1981 : Une étrange affaire. 1982 : L'Étoile du Nord. 1983 : L'Ami de Vincent. 1985 : L'Homme aux yeux d'argent. 1986 : Cours privé. 1987 : Noyade interdite. 1988 : La Couleur du vent. 1990 : L'Autrichienne. 1992 : La Voix. 1993 : Archipel. 1995 : Le Petit Garçon. 


Comme l'une des règles d'or sur Strange Vomit Dolls est plutôt d'éviter de discréditer un film que l'on a pas aimé, je laisse libre arbitre au spectateur de juger par lui même.


*Bruno

mardi 17 octobre 2023

Le Pianiste / The Pianist. Palme d'Or, Cannes 2002.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Roman Polanski. 2002. France/Royaume-Uni/Pologne/Allemagne. 2h29. Avec Adrien Brody, Thomas Kretschmann, Frank Finlay, Maureen Lipman, Emilia Fox, Ed Stoppard, Ronan Vibert, Michał Żebrowski.

Sortie salles France: 26 Septembre 2002

FILMOGRAPHIE: Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais. 1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer. 2011 : Carnage. 2013 : La Vénus à la fourrure. 2017 : D'après une histoire vraie. 2019 : J'accuse. 2023 : The Palace. 

Retraçant le destin hors du commun du pianiste Władysław Szpilman, survivant polonais du ghetto de Varsovie perpétré par l'Allemagne nazie durant la seconde guerre, Le Pianiste est une épreuve de force aussi éprouvante qu'insupportable de par l'acuité de son intensité dramatique dénuée de concession. Roman Polanski, résolument impliqué par son histoire vraie à la reconstitution infaillible, optant pour un vérisme documenté parfois à la limite du supportable (principalement la 1ère heure) pour retranscrire l'horreur nazie exterminant sans vergogne la communauté juive avec une haine inqualifiable. 


Outre la descente aux enfers en porte-à-faux impartie au personnage du pianiste en proie à la famine, la solitude et la maladie (la jaunisse), Adrian Brody endosse probablement l'un des plus beaux rôles de sa carrière en survivant de dernier ressort aussi empoté (il cumule certaines bourdes épineuses) que chanceux durant sa quête désespérée d'échapper aux nazies en se confinant dans les endroits les plus décharnés, insalubres, exigus (avec au terme de son cheminement de saisissantes images post-apos). Ce personnage à la fois héroïque et bienfaiteur demeurant d'une rigueur émotionnelle ardue auprès de son destin maudit gagné par son désir de vie, aussi fluet soit son espoir; notamment en la présence fortuite d'un (étrange) ange gardien nazi sans doute influencé par la rédemption. Grand moment de cinéma aussi puissant et expressif que La Liste de Schindler, Requiem pour un Massacre, le Vieux Fusil ou encore l'inoubliable série Holocauste, Le Pianiste ne nous laisse nullement indemne en dépit de son final libérateur d'une poésie fragile aussi amère qu'émotive. Sans omettre la beauté inquiétante de sa photographie blafarde extrêmement soignée par ses nuances de ton grisonnantes et quelque peu sépias.  

P.S: Restauration 4K de qualité optimale (message d'info en sus avant le générique).

*Bruno
2èx

Récompenses

Palme d'or au Festival de Cannes 2002

Prix Jacques-Prévert du scénario 2002, catégorie meilleur scénario adapté pour Ronald Harwood

Césars 2003

César du meilleur film : Roman Polanski et ses producteurs Robert Benmussa et Alain Sarde

César du meilleur réalisateur : Roman Polanski

César du meilleur acteur : Adrien Brody

César de la meilleure musique écrite pour un film : Wojciech Kil. ar

César du meilleur décor : Allan Starski

César de la meilleure photographie : Paweł Edelman

César du meilleur son : Jean-Marie Blondel, Gérard Hardy et Dean Humphreys

Goyas 2003 : meilleur film européen

Oscars 2003

Oscar du meilleur réalisateur : Roman Polanski

Oscar du meilleur acteur : Adrien Brody

Oscar du meilleur scénario adapté : Ronald Harwood

BAFTA Awards 2003

BAFTA du meilleur film

BAFTA du meilleur réalisateur : Roman Polanski



jeudi 12 octobre 2023

Le Train des Epouvantes / Dr. Terror's House of Horrors

                                              
                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Freddie Francis. 1965. Angleterre. 1h38. Avec Christopher Lee, Max Adrian, Ann Bell, Michael Gough, Ursula Howells, Isla Blair, Jennifer Jayne, Neil McCallum, Bernard Lee, Roy Castle, Peter Cushing.

Sortie salles France: 14 avril 1971. Angleterre: 23 Février 1965

FILMOGRAPHIE SELECTIVEFreddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


On pensera ce qu'on voudra de ce 1er essai chez la firme Amicus au sein du film omnibus, le Train des Epouvantes demeure aussi charmant que sympatoche en dépit de l'inégalité des sketchs. En particulier les 2 premiers selon mon jugement de valeur bien que le 1er récit ne manque ni d'attention ni de séduction auprès du thème classique du loup-garou, avec une chute assez étonnante par sa dérision sardonique. Et donc en dépit de la simplicité du script, Freddie Francis soigne la mise en forme gothique dans un esthétisme assez envoûtant afin de croire à son récit de vengeance lycanthrope. Quant au second sketch exploitant une plante mutante avec originalité, son intérêt demeure finalement limité faute de son récit beaucoup trop court et expédié, à l'instar de sa conclusion quelque peu bâclée. Dommage car l'aspect formel de cette plante meurtrière ne manquait pas d'un certain charisme en dépit de ses FX cheap. Mais c'est à partir du 3è récit que le Train des Epouvantes amorce son envol pour nous relater (plus) attentivement une histoire de vendetta vaudou formellement splendide, narrativement cocasse et intelligemment suggérée lorsqu'un musicien de Jazz est en proie aux forces diaboliques. 


D'autre part les fans de Jazz seront probablement aux anges lors d'une représentation musicale formidablement stimulante au sein d'un chaleureux cabaret bondé d'une aimable clientèle. Quant au 4è récit, il empreinte la voie de la "main baladeuse" avec autant d'efficacité que d'humour noir insolent lorsqu'un critique d'art est harcelé par une main vengeresse. Avec une interprétation génialement snobe de Christopher Lee en gouailleur altier se disputant l'autorité parmi l'illustre Michael Gough en peintre renommé. Enfin, le dernier segment, sans doute le meilleur, s'intéresse à la thématique du vampirisme au sein de l'époque contemporaine des Sixties. Baignant dans un esthétisme onirique à nouveau fulgurant, La Vampire demeure une savoureuse romance macabre plutôt cruelle quant à l'évolution de cette relation galvaudée par 2 praticiens acolytes. Là encore, on apprécie la justesse de l'interprétation aussi saillante en la présence réservée de Donald Sutherland accompagné de la très belle Jennifer Jayne par son magnétisme sensuel discrètement nuancé, qui plus est rehaussé de son regard noisette sensiblement attendrie. Enfin, Max Adrian ne manque pas non plus de charisme distingué auprès de sa force tranquille et de sureté en médecin médiateur tentant de résoudre l'improbable. 


Finalement plein de charme, d'humour noir et de frissons parfois tendus (principalement auprès de La Main Baladeuse); Le Train des Epouvantes inaugure le film à tiroirs avec assez d'efficacité et de fulgurance saturée au sein d'un scope de toute beauté. A l'instar de son cast aux p'tits oignons issue de l'ancienne école de l'horreur british artisanale. 

Ordre de préférence: 5 - 4 - 3 - 1 - 2

* Bruno 
02.04.18 / 12.10.23. 3èx

mercredi 11 octobre 2023

Les Pires. Grand prix Un certain regard, Cannes 2022

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lise Akoka et Romane Guéret. 2022. France. 1h40. Avec Mallory Wanecque, Timéo Mahaut, Johan Heldenbergh, Esther Archambault, Loïc Pech.

Sortie salles France: 7 Décembre 2022

FILMOGRAPHIELise Akoka est une réalisatrice et scénariste française. 2022: Les Pires. 
Romane Guéret est une réalisatrice et scénariste française. 2022: Les Pires.

Un choc frontal, un traumatisme somme toute personnel vis à vis de mon propre vécu, faute de ce que l'héroïne a pu me remémorer de façon à la fois morale et viscérale 1h35 durant, de par l'intensité de son regard expressif plus vrai que nature et de sa personnalité fragile à la fois écorchée, hyperactive, colérique, tendre, radieuse. Mallory Wanecque crevant littéralement l'écran pour son 1er rôle à l'écran (on peut d'ailleurs songer aux prémices de Béatrice Dalle ou de Vanessa Paradis à l'orée de leur carrière, toutes proportions gardées) de par son franc-parler dévastateur, son malaise existentiel, sa posture décomplexée de lolita aux yeux bleus perçants que son entourage amical et étranger pointe parfois du doigt sans une once de tolérance, d'empathie, de tentative de compréhension à la suite de la mort de son jeune frère d'un cancer. Or, il m'eut fallu toutefois une bonne demi-heure pour m'y adapter, me familiariser auprès de ces personnages plutôt incultes, vulgaires (langage cru en sus), violents entre eux, adeptes du préjugé car surtout livrés à eux mêmes depuis la démission parentale et scolaire. 

Des jeunes de quartier défavorisés que l'on observe sans voyeurisme aucun sur le tournage d'un film qu'un réalisateur flamand s'efforce de coordonner en dépit de leurs fortes personnalités frondeuses. Ainsi, de manière ambiguë et dérangeante pour ces séquences intimes et une étreinte sexuelle communément filmées de manière hyper documentée, comme tout le long du récit filmé à l'instar d'un reportage pris sur le vif, Les Pires empreinte d'autant plus la mise en abyme pour mieux nous égarer à ne plus trop savoir distinguer la réalité de la fiction. Et donc, en dépit de son attrait trouble parfois dérangeant (ça n'engage peut-être que moi), notamment auprès de la relation interlope entre Lily et un technicien de 32 ans, Les Pires frappe finalement en plein coeur à suivre les évolutions psychologiques de ces jeunes de banlieue au langage trivial mais ivres de tendresse, d'espoir de vie, de quête d'amour, d'ambition utopiste (Lily souhaite finalement percer dans le cinéma) afin de s'extraire de leur carcan sociétal marginalisé. 


Eveil à la conscience.
Avec son ultime image bouleversante d'émotion névralgique pour ces étreintes de réconciliation entre un jeune frère et sa soeur, les Pires ne nous laisse pas indemne. Un peu difficile d'accès certes mais à découvrir absolument donc en dépit de son étrange climat à la fois hyper réaliste, malaisant, terriblement tangible, incandescent aussi. D'autant plus que mon expérience subjective fut en étroite complicité avec l'attachante Lily malgré moi que j'eu véritablement connu quelques années plus tôt sous les traits d'Aurélie auquel je dédie cette chronique. 

A Aurélie qui a changé ma vie...

*Bruno

Récompenses

Festival de Cannes 2022 : Grand prix Un certain regard

Festival du film francophone d'Angoulême 2022 : Valois de diamant

Festival Fifigrot de Toulouse 2022 : prix du public et prix des étudiants

Festival international du film de Rome 2022 : Alice nella cita, prix d'interprétation féminine pour Mallory Wanecque

Festival de Saint-Paul-Trois-Châteaux 2022 : Grand prix

American French Film Festival, Los Angeles, 2022 : prix du meilleur premier film

Rencontres du cinéma de Villefranche 2022 : prix des lycéens

Festival du film de Sarlat 2022 : prix du jury « Jeune », prix d'interprétation féminine pour Mallory Wanecque

Festival de Cosne-sur-Loire 2022 : prix du meilleur film, prix d'interprétation féminine pour Mallory Wanecque, prix d'interprétation masculine pour Johan Heldenbergh

Festival du grain à démoudre de Gonfreville-l'Orcher 2022 : prix du Grand Jury pour le meilleur long métrage, prix du Jury des Lycéens pour le meilleur long métrage

mardi 10 octobre 2023

Mission : Impossible - Dead Reckoning, partie 1

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Christopher McQuarrie. 2023. U.S.A. 2h43. Avec Tom Cruise, Hayley Atwell, Simon Pegg, Rebecca Ferguson, Ving Rhames

Sortie salles France: 12 Juillet 2023

FILMOGRAPHIEChristopher McQuarrie est un scénariste et réalisateur américain né le 31 mai 1968 à West Windsor Township près de Princeton dans le New Jersey. 2000 : Way of the Gun (The Way of the Gun). 2012 : Jack Reacher. 2015 : Mission impossible : Rogue Nation (Mission: Impossible – Rogue Nation). 2018 : Mission impossible : Fallout (Mission: Impossible - Fallout). 2023 : Mission impossible : Dead Reckoning, partie 1 (Mission: Impossible – Dead Reckoning Part One). 2024 : Mission impossible : Dead Reckoning, partie 2. 

                                    Une (nouvelle) référence du cinéma d'action au sens épuré.

Le PitchEthan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et ne menace l’humanité entière. Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission, pas même la vie de ceux qu’il aime.

Les superlatifs me manquent, allons donc droit au but, Mission Impossible - Dead Reckoning, partie 1 est un chef-d'oeuvre du cinéma d'action que j'ose déclarer sans ambages. Aucun autre film d'action ne lui arrive à la cheville cette année (ne me parlez pas de John Wick 4 ou d'Equalizer 3), voir même depuis l'exceptionnelle Mission Impossible Fallout alors qu'il ne s'agit ici que de la 1ère partie en guise de parti-pris aussi singulier que couillu. D'autre part, n'ayez crainte de sa durée substantielle si bien que les 2h43 (2h35 en épargnant le générique) défilent comme une lettre à la poste (ou plutôt à la vitesse d'un train effréné, toutes proportions gardées !) tant la mise en scène hyper maîtrisée, la beauté sauvage de ces montagnes autrichiennes, l'hyper dynamisme du montage et sa caméra hyper mobile (filmant parfois sous tous les angles les plus tarabiscotés l'action improbable !), le jeu adroit des acteurs infiniment impliqués dans l'action et son intrigue retorse débordante de rebondissements nous plaquent au siège sans nous laisser le temps de reprendre son souffle. Non, un peu plus sérieusement, et pour être autrement objectif, Mission Impossible - Dead Reckoning, partie 1 s'édifie en cinéma artisanal à l'ancienne au sein d'une thématique tristement actuelle: l'IA et ses dérives technologiques potentiellement terrifiantes entre les mains de celle-ci douée de réflexion et d'autant affublée d'un ennemi mégalo délibéré à dominer le monde. 

Un tant soit peu on se croirait dans un nouvel opus de James Bond sauf qu'il s'agit bien d'une mission impossible magnifiquement agencée par des artistes (à nouveau !) au sommet de leur art. En tête de peloton Tom Cruise, nouveau monstre sacré du cinéma d'action de ces dernières années épaulé de ses sbires héroïques et de son créateur perfectionniste (euphémisme): Mr Christopher McQuarrie déjà responsable des Mission impossible : Rogue Nation et Mission impossible : Fallout. Ainsi, en conjuguant dans une parfaite synergie (notamment stylisée) suspense, action, humour, espionnage, aventures, pointe de romance et revirement dramatique, cette 1ère partie magnétise l'esprit autant pour la solidité de son intrigue multipliant les chassés croisés pour l'enjeu d'une clef (avec moult personnages décoiffants se disputant l'autorité) et son action survitaminée faisant à nouveau office d'anthologies par sa lisibilité irréprochable dégageant un souffle éminemment épique. Une action d'autant plus hyper efficace car au service narratif en se permettant notamment des touches d'humour (à l'instar de son clin d'oeil ironique à l'attouchement sexuel) non négligeable afin de mieux faire passer la pilule de l'outrance que l'on accepte ici sans once de réserve. Bref, après son modèle du genre Fallout on a à nouveau ici affaire à un généreux spectacle de haute voltige à la fois sincère, noble, révérencieux, ultra jouissif, émotionnel, sans jamais se laisser distraire par l'ombre d'une facilité triviale. Du VRAI cinéma donc faisant office de sacerdoce, du grand spectacle comme on n'ose plus en faire de nos jours, en attendant sans crainte possible sa prometteuse seconde partie risquant à nouveau de repousser les limites d'une action mécanique terriblement expressive, tangible, capiteuse, pulsatile. 

*Bruno