Sortie salles U.S: 27 Octobre 2023
FILMOGRAPHIE: Demián Rugna est un réalisateur et scénariste argentin né le 13 septembre 1979. Il est scénariste et monteur. Il est connu pour Terrified (2017), (2016). No sabés con quién estás hablando. The Last Gateway (2007) et Cuando acecha la maldad (2023).
Ne tournons pas autour du pot, When Evil Lurks est une bombe horrifique issue d'Argentine. Le meilleur film d'horreur de 2023 (avec La Main que pas mal de fans comparent de par son réalisme tranché dénué de concession et sa terreur viscérale qui en émane) doublé d'une nouvelle référence du film de possédé auquel Evil-dead Rises fait bien pâle figure (bien qu'il ait beaucoup divisé, à raison selon moi). Or, nous avions affaire ici à une sorte d'Evil-Dead naturaliste par son refus du grand-guignol autant que de la surenchère que le cinéaste parvient admirablement à écarter en dépit de 3/4 séquences tétanisantes à marquer d'une pierre blanche. Tant et si bien que sans vouloir dévoiler d'indices, une séquence horrifique sort véritablement du lot au point que les âmes sensibles auront bien du mal à s'en remettre de par l'audace du cinéaste d'oser filmer l'inmontrable sans toutefois sombrer dans une complaisance déplacée. Une scène-choc extrême donc vue nulle part ailleurs qui fera date dans le paysage horrifique (le plus réaliste qui soit). Alors que quelques instants plus tard une autre situation impactante mettra à nouveau vos nerfs à rude épreuve sous l'impulsion constante d'FX charnels, pour ne pas dire mécaniques. A l'ancienne donc. Car si When Evil Lurks parvient à nous foutre la trouille avec une intelligence hors-pair auprès de sa réinvention des codes du film de possédé (à l'instar des 7 commandements pour s'y préserver !), c'est qu'il prend son sujet au 1er degré auprès d'un climat bucolique d'un onirisme naturaliste immersif que des protagonistes, à bout de souffle, arpentent afin de retrouver un possédé putréfié (comme surgi d'un film de Fulci !) au moment même où leur village baigne dans des accès de violence incontrôlées.
Or, ne vous attendez pas à un vortex de scènes-chocs à vous plaquer au siège (passées les quelques séquences-chocs extrêmes des 40 premières minutes), à l'instar de l'inégalable montagne russe Evil-Dead (82). Si bien que When Evil Lurks est plus malin, attentionné, circonspect, innovant, à hauteur d'homme pour crédibiliser à tous prix son récit en s'attardant avant tout sur la psychologie des personnages torturés. Spécialement 2 frères s'évertuant à repousser le Mal au sein de leur bourgade en compagnie de comparses et membres familiaux davantage conscients, et donc, sévèrement tourmentés, accablés de la pandémie du danger aussi bien invisible que contrairement formelle. Et c'est ce qui fait la puissance de ce récit en alerte que de tabler sur l'attente du pire, sur l'intensité de sa violence et du désarroi des métayers faisant face à des confrontations démoniaques dénuées de vision grand-guignolesque (ou alors si peu). Le cinéaste misant sur l'hyper réalisme de situations horrifiques escarpées, notamment en tablant sur l'innocence la plus intolérable puis sur une forme de poésie macabre que l'on n'attendait pas. Le jeu tant investi des acteurs méconnus (même auprès des enfants vibrant d'ambiguïté !), leur parcours du combattant pour repousser le Mal, mais aussi tenter de l'endiguer, demeurant d'autant plus perturbant, harassant que le cinéaste ne cédera à nulle échappatoire possible.
Cauchemar naturaliste subtilement erratique donc auprès d'un climat malsain étrangement fascinant, poisseux et repoussant (alors que la photo saturée est paradoxalement sublime !), When Evil Lurks est une claque dans la gueule pour son audace et son intelligence si burnées de ne pas sombrer dans le ridicule et repousser dame censure (insensé que de telles scènes de nos jours aient pu voir le jour sur un écran ciné !). Le film aussi bien posé que dégénéré exploitant lestement les thématiques de la foi et de la superstition avec une forme de vérité documentée que le spectateur reçoit de plein fouet avec un magnétisme émotionnel jouissif. Tant et si bien que l'on croit sans ambages à ce que l'on voit, l'angoisse, l'appréhension et la terreur au ventre, avec toutefois au terme un sentiment d'amertume d'avoir (trop) brièvement quitter le cauchemar sur une ultime note inconsolable.
Pour public averti.
*Bruno
Ci-joint la critique de Jean-Marc Micciche:
Séance découverte avec l'intense et percutant When Evil Lurks , film argentin diabolique qui dépoussière avec une grande force le film de démon possédé. Demian Rugna avait témoigné lors de précédent film Terrified, avec peu de moyen, à nous dresser les cheveux sur la tête. Il avait un don pour orienter l'horreur vers une forme de chaos absolu et c'est précédemment la puissance de son film. Dès les premiers instants, le réal installe une ambiance et surtout un univers avec ses régles et son fonctionnement. Un malaise palpable qui se prend son temps avant de faire dérailler systématiquement la scène vers l'effroi le plus pur, la terreur la plus sourde, la poésie morbide la plus macabre. Coup de boutoir sur coup de boutoir, le spectateur reçoit quelques mandales bien fortes ravi de voir un film fantastique aussi radical qu'original. Un choc. Le cinéphile old school se rappellera avec délices de certains films des années 70 qui n'ont jamais l'impact et la popularité de certains classiques mais qui ont laissé des traces indélébiles sur certains esprits (The Asphyx, Incubus, La sentinelle des maudits, Lets scare Jessica to death, The entity). When Evil Lurks est cette race là. Nobles, sournoises et viscérales....
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