mercredi 1 novembre 2023

When Evil Lurks / Cuando acecha la maldad / Quand le mal rode.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Demián Rugna. 2023. Argentine. 1h39. Avec Ezequiel Rodriguez, Demián Salomon, Luis Ziembrowski, Silvia Sabater, Marcelo Michinaux

Sortie salles U.S: 27 Octobre 2023

FILMOGRAPHIEDemián Rugna est un réalisateur et scénariste argentin né le 13 septembre 1979. Il est scénariste et monteur. Il est connu pour Terrified (2017), (2016). No sabés con quién estás hablando. The Last Gateway (2007) et Cuando acecha la maldad (2023).

Ne tournons pas autour du pot : When Evil Lurks est une bombe horrifique venue d’Argentine. Le meilleur film d’horreur de 2023 — avec La Main, souvent comparé pour son réalisme tranchant et sa terreur viscérale — et une nouvelle référence du film de possédé. Ici, c’est une sorte d'Evil Dead naturaliste, qui refuse à la fois le grand-guignol et la surenchère, que le cinéaste écarte admirablement malgré trois ou quatre séquences tétanisantes à marquer d’une pierre blanche.

Sans trop en révéler, une scène horrifique sort véritablement du lot, au point que les âmes sensibles auront bien du mal à s’en remettre, tant le cinéaste ose filmer l’inmontrable sans sombrer dans une complaisance déplacée. Une séquence-choc extrême, inédite, qui fera date dans le paysage horrifique — le plus réaliste qui soit. Quelques instants plus tard, une autre situation intense mettra à nouveau vos nerfs à rude épreuve, portée par des FX charnels, presque mécaniques. À l’ancienne, donc.

Car When Evil Lurks réussit à foutre la trouille avec une intelligence hors-pair, réinventant les codes du film de possédé (avec ses sept commandements pour s’en préserver !) en prenant son sujet au premier degré, dans un climat bucolique et onirique, naturaliste et immersif. Les protagonistes, à bout de souffle, arpentent un village ravagé par des accès de violence incontrôlables, cherchant un possédé putréfié — surgissant comme dans un film de Fulci.

Ne vous attendez pas à un festival de scènes-chocs à vous plaquer au siège (passées les quelques séquences extrêmes des 40 premières minutes), à la manière de la montagne russe inégalable qu’était Evil Dead (82). When Evil Lurks est plus malin, attentif, circonspect, innovant, à hauteur d’homme, crédibilisant son récit avant tout par la psychologie de ses personnages torturés. Deux frères s’évertuent à repousser le Mal dans leur bourgade, entourés de comparses et de membres familiaux conscients, donc lourdement tourmentés, accablés par une pandémie invisible mais formelle.

C’est là la puissance du récit : tabler sur l’attente du pire, sur l’intensité de la violence, sur le désarroi de ces métayers face à des confrontations démoniaques débarrassées de tout grand-guignol (ou presque). Le cinéaste mise sur l’hyperréalisme des situations horrifiques, sur l’innocence intolérable et sur une poésie macabre inattendue. Le jeu investi d’acteurs méconnus — y compris des enfants vibrants d’ambiguïté — et leur parcours du combattant pour contenir le Mal demeurent d’autant plus troublants que le cinéaste ne laisse aucune échappatoire.

 
"Quand la terre avale les vivants".
Cauchemar naturaliste, subtilement erratique, plongé dans un climat malsain, fascinant, poisseux et repoussant, When Evil Lurks frappe fort par son audace et son intelligence brûlante : il refuse le ridicule et défie la censure (insensé que de telles scènes aient pu voir le jour sur grand écran aujourd’hui !). Posé et dégénéré, il exploite les thématiques de la foi et de la superstition avec une vérité documentée que le spectateur reçoit de plein fouet, porté par un magnétisme émotionnel jouissif.

On croit sans ambages à ce que l’on voit : l’angoisse, l’appréhension, la terreur au ventre — et pourtant, au terme, un sentiment d’amertume de quitter (trop) vite ce cauchemar sur une ultime note inconsolable.

Public averti.

*Bruno

Ci-joint la critique de Jean-Marc Micciche:

Séance découverte avec l'intense et percutant When Evil Lurks , film argentin diabolique qui dépoussière avec une grande force le film de démon possédé. Demian Rugna avait témoigné lors de précédent film Terrified, avec peu de moyen, à nous dresser les cheveux sur la tête. Il avait un don pour orienter l'horreur vers une forme de chaos absolu et c'est précédemment la puissance de son film.  Dès les premiers instants, le réal installe une ambiance et surtout un univers avec ses régles et son fonctionnement. Un malaise palpable qui se prend son temps avant de faire dérailler systématiquement la scène vers l'effroi le plus pur, la terreur la plus sourde, la poésie morbide la plus macabre. Coup de boutoir sur coup de boutoir, le spectateur reçoit quelques mandales bien fortes ravi de voir un film fantastique aussi radical qu'original. Un choc. Le cinéphile old school se rappellera avec délices de certains films des années 70 qui n'ont jamais l'impact et la popularité de certains classiques mais qui ont laissé des traces indélébiles sur certains esprits (The Asphyx, Incubus, La sentinelle des maudits, Lets scare Jessica to death, The entity). When Evil Lurks est cette race là. Nobles, sournoises et viscérales....

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