vendredi 30 octobre 2015

LES AVENTURIERS

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site unifrance.org

de Robert Enrico. 1967. France. 1h52. Avec Lino Ventura, Alain Delon, Joanna Shimkus, Serge
Reggiani, Paul Crauchet, Odile Poisson, Thérèse Quentin.

Sortie salles France: 12 Avril 1967

FILMOGRAPHIE: Robert Enrico est un réalisateur et scénariste Français, né le 14 Avril 1931 à Liévin (Pas de Calais), décédé le 23 Février 2001 à Paris.
1956: Jehanne. 1962: Au coeur de la vie. 1962: La Belle vie. 1964: Contre point. 1965: Les Grandes Gueules. 1967: Les Aventuriers. 1967: Tante Zita. 1968: Ho ! 1971: Boulevard du Rhum. 1971: Un peu, beaucoup, passionnément... 1972: Les Caïds. 1974: Le Secret. 1975: Le Vieux Fusil. 1976: Un Neveu silencieux. 1977: Coup de Foudre. 1979: L'Empreinte des Géants. 1983: Au nom de tous les miens. 1985: Zone Rouge. 1987: De guerre lasse. 1989: La Révolution Française (1ère partie). 1991: Vent d'Est. 1999: Fait d'Hiver.


Grand classique du cinéma français qu'une génération de jeunes téléspectateurs (moi compris !) ont également pu découvrir via leur tube cathodique à la fin des années 70, Les Aventuriers relate la tendre histoire d'un trio amical peu commun. Après avoir fait connaissance avec la jeune artiste Laetitia, Manu, pilote de course, et Roland, mécanicien, décident d'embarquer à bord d'un navire pour se lancer dans une chasse au trésor en Afrique. Mais dans un concours de circonstances malchanceuses, un évènement aussi inopiné que tragique va bouleverser leur destinée. A partir de ce pitch linéaire conjuguant l'aventure, la comédie et le drame, Robert Enrico (cinéaste notoire à qui l'on doit l'inoubliable Le Vieux Fusil !) structure une magnifique histoire d'amitié entre deux acolytes et une jeune étrangère en quête d'évasion. Agrémenté de situations aussi légères que cocasses que nos héros partagent parmi leurs visites touristiques du Congo et leur expédition en mer, les Aventuriers insuffle un vent de liberté exaltant sous l'impulsion de comédiens débordant de tendresse. Lino Ventura et Alain Delon formant un duo indéfectible dans leur fraternité amicale fondée sur la fidélité, la loyauté et le respect de l'autre. 


Pleine de fraîcheur, de générosité et d'innocence naturelles, Joanna Shimkus leur partage la vedette avec une émotion aussi prude que fragile dans ses tourments d'amour, de dépit professionnel et de projet utopiste. Leur relation philanthrope étant communément conçue sur le principe d'une amitié altruiste avant de se laisser influencer vers des sentiments amoureux. Si la première partie sémillante fait preuve d'optimisme perpétuel, le second acte varie brutalement la donne pour embrayer vers une tournure dramatique en chute libre. A partir du moment où le drame impromptu interfère dans la relation de nos trois complices, l'intrigue adopte une tournure tragique qui pèsera sur les épaules de Manu et Roland. C'est dans ce deuxième segment fondé sur l'hommage et la révérence que les Aventuriers décuple son pouvoir émotionnel entre une leçon d'apprentissage infantile et deux, trois éclairs de violence. Spoiler !!! Car hantés par le fantôme de Laetitia, nos deux acolytes n'auront comme ambition que d'exaucer le rêve de leur compagne après avoir prodigué un héritage auprès de sa famille avec poignante dignité. Quant au point d'orgue explosif confiné dans le Fort-Boyard, la séquence de fusillade culminant avec la mort d'un des aventuriers reste un moment bouleversant d'une intensité rarement égalée dans le paysage français ! Fin du Spoil.


Chef d'oeuvre du film d'aventure lyrique inscrit dans la simplicité des valeurs humaines, les Aventuriers alterne avec le drame passionnel pour y prôner les mérites d'amitié et de fidélité. Outre l'élégie de sa mélodie composée par François de Roubaix, ce grand moment d'émotion est transcendé par la complicité du trio de comédiens capiteux de par leur esprit incorrigible de cohésion. 

*Bruno 
2èx

    jeudi 29 octobre 2015

    DE L'AUTRE COTE DU MIROIR (Le Miroir Obscène). Version Espagnole.

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site hkmania.com

    "Al Otro Lado del Espejo" de Jess Franco. 1973. France/Espagne. 1h35. Avec Emma Cohen, Philippe Lemaire, Alice Arno, Françoise Brion, Howard Vernon, Robert Woods.

    Sortie salles France: 3 Septembre 1975

    FILMOGRAPHIE: Jess Franco (Jesus Franco Manera) est un réalisateur espagnol, né le 12 Mai 1930 à Madrid, décédé le 2 Avril 2013.
    1962: L'Horrible Dr orlof. 1962: Le Sadique Baron Von Klaus. 1964: Les Maîtresses du Dr Jekyll. 1966: Le Diabolique Dr Zimmer. 1969: L'Amour dans les prisons des femmes. 1969: Justine ou les infortunes de la vertu. 1970: Les Nuits de Dracula. 1970: Le Trône de Feu. 1971: Vampyros Lesbos. 1972: Les Expériences Erotiques de Frankenstein. 1972: Dracula prisonnier de Frankenstein. 1972: La Fille de Dracula. 1973: Quartier des Femmes. 1973: Christina chez les Morts-Vivants. 1973: Le Miroir Obscène. 1974: La Comtesse Noire. 1974: Eugénie de Sade. 1976: Jack l'Eventreur. 1980: Terreur Cannibale. 1980: Mondo Cannibale. 1981: Sadomania. 1981: Le Lac des Morts-Vivants (co-réal). 1982: L'Abîme des Morts-Vivants. 1982: La Chute de la maison Usher. 1988: Les Prédateurs de la Nuit. 2002: Killer Barbys.


    Oeuvre atypique au sein de la carrière de l'éminent Jess Franco (n'en déplaise à ses détracteurs !), Le Miroir Obscène dégage un pouvoir de séduction subtilement vénéneux pour le cheminement indécis d'une jeune femme hantée par le suicide de son père. Cumulant les conquêtes masculines dans les cabarets de Jazz avant d'entamer un voyage touristique, Anna est rapidement compromise par les visions criminelles de ces amants au travers d'un miroir (métaphore sur la peur de l'engagement). 


    Abordant les thèmes de l'inceste et de l'amour possessif, l'intrigue fantasmagorique distille un climat envoûtant du point de vue psychotique d'une femme en berne sombrant peu à peu dans la paranoïa. Là où le film fait preuve d'hermétisme, c'est également dans sa manière d'aborder l'irrationnel de manière spirituelle tout en développant scrupuleusement l'identité affirmée de son héroïne. De manière introspective, Jess Franco nous établissant un superbe portrait de femme tourmentée au fil de ses pérégrinations et nouvelles rencontres, quand bien même le fantôme du paternel s'efforce de façon impromptue de la persécuter, ou plutôt de la posséder. Si le Miroir Obscène s'avère linéaire et sans surprise sur le papier, Jess Franco en extrait néanmoins à l'image un magnifique conte d'amour et de mort où la mise en scène formelle ne cesse de nous chatouiller les sens dans son souci stylisé d'harmoniser les présences féminines avec la nature environnante. Notamment le fait d'accorder autant d'intérêt au design des vastes demeures d'un blanc immaculé alors qu'à l'extérieur les jardins exaltent les parfums de fleurs. Outre le soin avisé de la réalisation, l'intrigue tire-parti de son magnétisme psychologique en la présence charnelle d'Emma Cohen (la Femme aux bottes rouges, Cannibal Man). L'actrice insufflant une aura érotique subtilement suave, de par son apparence sensuelle assumée, son regard reptilien aux yeux verts et sa posture autoritaire favorisée par la déférence. 


    Raffiné et étrange à la fois, onirique et élégiaque, singulier par son atmosphère diaphane insidieusement indicible, De l'autre côté du miroir structure avec une ambition toute personnelle une histoire d'amour parentale inscrite dans la tragédie d'une jalousie obsessionnelle. Transcendé par la présence fantasmatique d'Emma Cohen, Jess franco a sans doute accompli ici l'une de ses oeuvres les plus abouties en terme de fulgurance poétique et d'érotisme sépulcral. 

    Dédicace à Mathias Chaput et Cid Orlandu
    Bruno Matéï

    La critique de Mathias Chaput
    Cinéaste à la carrière extrêmement prolifique pas toujours heureuse, capable du meilleur comme du pire, Jess Franco trouve avec « Le miroir obscène » un terrain d’entente propice à appliquer son style de la meilleure manière qui soit, aux confins du film érotique, du métrage de possession et du caractère étrange qui caractérise la majorité de sa filmographie…
    L’actrice Emma Cohen irradie complètement la pellicule par son charme juvénile qui fait mouche auprès de tous les hommes qu’elle rencontre, mais elle semble désabusée et comme subissant les assauts sexuels de ses partenaires, ce côté ambivalent amplifie ainsi son mal être et sa bipolarité, rongée par le souvenir omniprésent de son père, qui revient lors de flashs atroces et incessants…
    C’est ce levier de la vision du géniteur pendu qui alimente les crimes d’Ana, un peu comme si son père lui « ordonnait » par son autorité fantôme d’annihiler tous les hommes susceptibles de charmer la belle…
    La mise en scène est parfaite, notamment sur des plans zoomés de toute beauté sur les paysages qui apparaissent à l’extérieur des fenêtres pour s’imbriquer sur les personnages lors de dialogues (technique souvent employée à cette époque), la vision d’Howard Vernon pendu est réellement terrifiante et sert de point d’orgue à l’intrigue, autant psychédélique qu’impliquant des protagonistes obsédés et dépravés…
    L’idée du théâtre avec le personnage de Médée peut rappeler un peu le concept de « L’important c’est d’aimer » de Zulawski, tourné l’année suivante, la folie ambiante qui y règne fait référence au cinéma latin dont Jess Franco fait bel et bien partie…
    NB : sur les conseils d’amis cinéphiles facebookiens, j’ai visionné la version espagnole, qui diffère totalement de l’histoire de la version française avec Lina Romay, qui supprimait des parties du scénario original (ce n’est pas le père mais la sœur d’Ana qui se suicide ! et le miroir, quant à lui, est bien le vecteur des poussées meurtrières d’Ana)…
    Quoiqu’il en soit, « Le miroir obscène » est une excellente œuvre, qui doit beaucoup à son atmosphère poisseuse et bien ancrée dans l’opulence et l’insouciance des années 70 (un côté « peace and love » même avec les artistes et leur musique groovy et psychédélique) tout en conservant l’aspect déviant propre aux films de Franco…
    Dans l’ensemble, une grande réussite et un sans faute de la part d’Artus films pour l’édition double DVD…

    Note : 8/10

    mercredi 28 octobre 2015

    EVEREST

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site lemondeducine.com

    de Baltasar Kormakur. 2015. U.S.A/Islande/Angleterre. 2h02. Avec Jason Clarke, Ang Phula Sherpa, Thomas M. Wright, Martin Henderson, Tom Goodman-Hill, Josh Brolin, Robin Wright, Emily Watson, Sam Worthington, Keira Knightley, Jake Gyllenhaal.

    Sortie salles France: 23 Septembre 2015. U.S: 18 Septembre 2015

    FILMOGRAPHIE: Baltasar Kormakur est un acteur, scénariste, réalisateur et producteur islandais, né le 27 Février 1966 à Reykjavik.
    2000: 101 Reykjavik. 2002: The Sea. 2005: Crime City. 2006: Jar City. 2008: White Night Wedding. 2010: Etat de choc. 2012: Contrebande. 2012: Survivre. 2013: 2 Guns. 2015: Everest.


    Enmund Hillary et Tenzing Norgay furent les premiers alpinistes à atteindre le sommet de l'Everest. Durant les 40 années suivantes, seuls des alpinistes professionnels essayèrent d'accomplir le même exploit. Un sur 4 mourut. 1992: le Néo-Zélandais Rob Hall commercialisa les expéditions guidées sur l'Everest des alpinistes amateurs. Pendant les 4 années suivantes, son équipe, "Adventure Consultants" mena avec succès 19 clients au sommet, sans une seule perte humaine. 1996: d'autres Tour Opérator suivirent l'exemple de Rob Hall, en particulier "Mountain Madness" de Scott Fischer. Organisant plus de 20 expéditions pour atteindre le sommet de l'Everest en l'espace de 2 semaines. 

    D'après le récit véridique de l'alpiniste Rob Hall parti en expédition sur l'Everest en Mai 1996, Everest emprunte le genre catastrophe avec une rare intelligence dans son refus du spectaculaire sachant que l'intrigue n'accorde aucune action outrancière quant au cheminement de survie des héros sévèrement compromis par une tempête de neige. C'est donc une magnifique aventure humaine que nous retrace l'islandais Baltasar Kormakur avec un souci de réalisme décoiffant et parmi l'intensité dramatique d'un jeu d'acteurs assez dépouillé. Et bien qu'une séquence intimiste éloquente se laisse futilement influencée par le pathos, l'émotion (sentencieuse) l'emporte malgré tout grâce à la persuasion des comédiens et la teneur authentique de la situation d'affliction.


    Les claustrophobes sont d'ailleurs priés de s'abstenir tant le climat réfrigérant de sa scénographie enneigée nous insuffle une sentiment de marasme viscéral lorsqu'une poignée de grimpeurs en manque d'oxygène sont d'autant plus contraints de déjouer les bourrasques de froid, de vent et de neige avec un épuisement corporel en perdition. Retraçant avec minutie et beaucoup d'humanisme solidaire leur périlleuse escalade, Everest provoque un sentiment d'évasion vertigineux perpétuellement immersif. De par l'immensité des montagnes glacées que nos férus de sport extrême arpentent avec passion, et l'exploit qu'ils s'efforcent de transcender pour accéder à l'ascension de la victoire. A savoir poser le pied sur le plus haut sommet du monde établie à 8848 mètres à la frontière du Népal et de la Chine ! Là où l'affaire se corse, c'est durant leur rigoureuse descente afin de rejoindre leur station d'accueil quand bien même une violente tempête s'empresse de les brimer pour les embrigader dans les crevasses de glace. Criant de réalisme et d'une vigueur dramatique éprouvante, Baltasar Kormakur parvient à nous retransmettre avec vibrante émotion leur angoisse morale et leur souffrance physique pour cette épreuve de force péniblement précaire ! Les conditions climatiques démesurées les contraignant à supporter une température improbable que le corps humain encaisse avec une endurance toujours plus fébrile.


    Ébouriffante épreuve de survie impartie au sport extrême de l'alpinisme et bouleversant hommage à l'un de ces pionniers impliqué dans sa passion du dépassement de soi, Everest est l'un des rares films catastrophes prônant la dimension malingre de ces personnages à bout de souffle plutôt que la gratuité du spectacle ostentatoire. Ce qui n'empêche pas Everest de s'édifier en grand moment de cinéma épique où l'émotion cuisante de sa dernière partie tirera les larmes du public le plus sensible. 

    Bruno Matéï

    ATTENTION SPOILER ! (Info Wikipedia)
    Rob Hall (né le 14 Janvier 1961 à Christchurch et mort le 11 mai 1996), est un alpiniste néo-zélandais. Il guide une expédition en 1996 sur l'Everest où il meurt avec Scott Fischer, Andy Harris, deux autres guides et Doug Hansen, Yasuko Namba, deux clients durant la descente. Il est l'un des pionnier des expéditions dites « commerciales ». Sa société, Adventure Consultants, proposait d'emmener de riches clients au sommet de l'Everest pour environ 65 000 $. Son exploit le plus impressionnant est l'escalade de trois sommets de l'Himalaya en 2 mois en 1994 : l'Everest, le K2 et le Lhotse 2. FIN DU SPOILER.


      mardi 27 octobre 2015

      WILDERNESS

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

      de Michael J. Bassett. 2006. Angleterre. 1h34. Avec Toby Kebbell, Sean Pertwee, Lenora Crichlow, Alex Reid, Brian Bache.

      Sortie salles France: 14 Mars 2007.

      FILMOGRAPHIE: Michael J. Bassett est un scénariste et réalisateur anglais.
      2002: La Tranchée. 2006: Wilderness. 2009: Solomon Kane. 2012: Silent Hill: Revelation.


      Survival acerbe d'une ultra violence à couper au rasoir, Michael J. Bassett, réalisateur inégal capable du meilleur (La Tranchée) comme du pire (Silent Hill: revelation), nous façonne une série B redoutablement efficace dans son lot de rebondissements cinglants où chacun des survivants tente de déjouer les exactions criminelles d'un expert en camouflage tout en s'opposant mutuellement les uns contre les autres. A la suite du suicide de leur camarade, un groupe de jeunes délinquants doit séjourner sur une île en guise de châtiment. Sur place, ils établissent la rencontre aléatoire d'un autre comité exclusivement constitué de filles délinquantes. Alors que la situation s'avère houleuse entre les deux sexes, le responsable du groupe masculin se fait sauvagement agresser par un quatuor de bergers allemands. Dès lors, une traque inlassable commanditée par un mystérieux soldat est lancée contre eux au coeur de l'archipel. 


      A partir d'un argument un peu tiré par les cheveux (le mobile et la révélation du coupable), Michael J. Bassett en extrait une aventure horrifique redoutablement haletante dans ces situations de survie où la plupart des antagonistes adoptent indépendamment des stratégies de défense pour défier le danger. Rehaussée de la prestance vigoureuse des jeunes comédiens, ces derniers insufflent (avec sincérité naïve) des sentiments instables d'insolence, de provocations machistes, de bravoures et de coups bas pour imposer leur mainmise et déjouer la menace invisible du tueur. Autour de leur cohésion précaire desservie par la discorde inconciliable, un délinquant sociopathe et un franc tireur burné se défient le pouvoir tout en élaborant chacun de leur côté leur plan d'attaque. Outre l'aspect anti-manichéen de ses personnages marginaux autrefois bafoués par la démission parentale (le thème principal du film quand on connait les aboutissants de l'intrigue), Wilderness tire parti de son efficacité par sa violence primitive que le cinéaste exploite sans aucune concession. Les bons (ou tout du moins les moins répréhensibles) et les méchants pouvant trépasser à tous moments, soit au contact d'une flèche, d'un poignard, d'un piège à ours ou encore d'une unité de chiens soigneusement dressés. D'une cruauté parfois barbare (le combat final au couteau, certaines mises à mort sardoniques), les séquences gores illustrées en gros plan se multiplient sans complexe au fil d'une épreuve de survie à bout de course que nos rescapés tentent désespérément de surpasser. Exploitant habilement le cadre végétatif de l'île et de la rive côtière, Michael J. Bassett distille une tension souvent incisive lorsque nos délinquants divisés par duo ou trio se retrouvent confrontés au même moment, et à endroits divergents, à des situations alertes de danger.


      Rabid Dogs
      Avec sa violence hardcore impitoyable et le jeu assez viscéral des jeunes comédiens, Wilderness scande le survival brut de décoffrage dans son lot de péripéties et rebondissements vertigineux. Epaulé d'une mise en scène nerveuse et d'un score musical tonitruant, cette série B anglaise décuple son efficacité dans les séquences d'action nerveusement emballées. Un spectacle hargneux donc où les notions de Bien et de Mal volent en éclat pour le prix d'une liberté souvent égotiste. 

      Bruno Matéï
      2èx

      lundi 26 octobre 2015

      KING KONG

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site cine-region.fr

      de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. 1933. U.S.A. 1h44. Avec Fay Wray, Robert Armstrong, Bruce Cabot, Frank Reicher, Sam Hardy, Noble Johnson, Steve Clemente, James Flavin.

      Sortie salles France: 29 Septembre 1933. U.S: 7 mars 1933 (première mondiale)

      FILMOGRAPHIE: Merian C. Cooper est un producteur, scénariste, réalisateur et dirceteur de photo, né le 214 Octobre 1893 à Jacksonville (Floride), décédé le 21 Avril 1973 à San Diego (Californie). 1925: Grass: a nation's battle for life. 1927: Chang. 1929: Les 4 plumes blanches. 1933: King Kong. 1935: Les derniers jours de Pompéï. 1952: This is cinerama.
      Ernest Beaumont Schoedsack est un réalisateur, directeur de photo, producteur, monteur, acteur et scénariste américain, né le 8 Juin 1893 à Council Bluffs (Iowa), décédé le 23 Décembre 1979 dans le Comté de Los Angeles. 1925: Grass: a nation's battle for life.1927: Chang. 1929: Les 4 plumes blanches. 1931: Rango. 1932: Les Chasses du comte Zaroff. 1933: King Kong. 1933: The Monkey's Paw. 1933: Blind Adventure. 1933: Le Fils de Kong. 1934: Long Lost Father. 1935: Les Derniers jours de Pompéï. 1937: Trouble in Morocco. 1937: Outlaws of the Orient. 1940: Dr Cyclop. 1949: Monsieur Joe. 1952: The is Cinerama.


      Considéré comme l'un des films les plus célèbres de l'histoire du cinéma, King Kong continue de perdurer son pouvoir de fascination depuis sa sortie triomphale en 1933. Outre le dynamisme de sa mise en scène ne laissant aucun répit au spectateur dès que nos héros ont posé pied sur l'île de crane, King Kong tire parti de sa vigueur exubérante grâce aux effets spéciaux conçus en stop motion, surimpression et composition de plan par une équipe de techniciens novateurs (les superviseurs des effets spéciaux mais aussi ceux des effets visuels). Notamment cette faculté bluffante pour l'époque d'insérer dans le même plan nos acteurs de chair et d'os parmi la créature animée image par image ! Bon Dieu, quelle époque pionnière fondée sur l'artisanat ! Ainsi, de par le principe d'une aventure fantastique, il y émane un réalisme souvent impressionnant sous l'impériosité d'une créature au faciès horrifié. Car outre les humains incessamment pourchassés, Kong affronte avec une hargne impavide des créatures préhistoriques tous azimuts (la première partie confinée au coeur de la jungle) avant de détruire une ville en situation de chaos et de se réfugier du haut de l'empire state building (une seconde partie nourrie au mode catastrophe). 


      Sur ce dernier point, on peut saluer l'intensité émotionnelle découlant d'un moment homérique lorsque Kong, grièvement blessé par les balles des pilotes d'avion, contemple une ultime fois avec tendresse sa belle avant de se laisser chavirer dans le vide. Un moment anthologique d'une puissance dramatique émouvante pour son impuissance de déjouer le danger et pour son agonie latente emprunt de désespoir ! Parmi cet acte barbare commandité par l'homme, on peut y dénoncer sa cupidité, sa lâcheté et son mépris de la cause animale lorsqu'une situation d'embrigadement échappe finalement à leur contrôle. Par conséquent, sous cette intrigue originale influencée par le conte de la Belle et la Bête, nos réalisateurs sont donc parvenus à révolutionner le cinéma Fantastique parmi l'archétype d'un gorille pharaonique soudainement effleuré par l'amour (à l'instar de cette séquence poétique pleine d'humour lorsqu'il effeuille sa belle pour entrevoir son anatomie corporelle) mais paniqué à l'idée de survivre depuis sa captivité en milieu urbain. Ses apparitions dantesques, sa stature monstrueuse, son regain d'amour pour la belle et sa panique d'accoster la civilisation moderne insufflant au métrage une dimension onirique aussi cauchemardesque qu'empathique.  


      Mené sur un rythme d'enfer au fil de péripéties et rebondissements cinglants, King-Kong préfigure l'entreprise lucrative du Blockbuster avec une dimension poétique et un sens du réalisme littéralement troublants ! Dénonçant en sous-texte social la cupidité de l'homme engagé à surenchérir dans les attractions populaires de spectacle à sensation, le film scande une poignante histoire d'amour impossible entre deux êtres contradictoires, quand bien même l'animal succombera à sa faiblesse de s'être laissé gagner par ses sentiments. 

      Bruno Matéï
      3èx

      vendredi 23 octobre 2015

      Silent Hill

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site psycho-dystopia.blogspot.com 

      de Christophe Gans. 2006. France/Canada. 2h05. Avec Radha Mitchell, Sean Bean, Laurie Holden, Jodelle Ferland, Deborah Kara Unger, Alice Krige, Kim Coates.

      Sortie salles France: 26 Avril 2006. U.S: 21 Avril 2006

      FILMOGRAPHIE: Christophe Gans est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 11 Mars 1960 à Antibes (Sud de la France). 1994: Necronomicon. 1995: Crying Freeman. 2001: Le Pacte des Loups. 2006: Silent Hill. 2014: La Belle et la Bête.


      Cinq ans après le Pacte des LoupsChristophe Gans s'emploie de transposer à l'écran l'adaptation du célèbre jeu video Silent Hill. Pourvu d'un casting américain au charisme plutôt saillant, ce film d'ambiance à l'ancienne allie avec assez de bonheur et d'efficacité, climat feutré et horreur insidieuse sous l'allégeance d'un spectre infantile. SynopsisSouffrant de grave somnambulisme au point d'intenter à sa propre vie, Sharon, 10 ans, est hantée par de terribles cauchemars l'incitant à se réfugier dans la ville fantomatique de Silent Hill. Sa mère Rose décide de l'emmener dans cet endroit sinistré afin de tenter de démystifier l'origine de ses récurrents cauchemars. Alors qu'une motarde se lance à ses trousses, Rose et Sharon vont se retrouver embarqués dans un monde parallèle où les habitants du quartier sont entièrement soumis à la manipulation d'une fanatique religieuse. Nanti d'une splendide photo lestement saturée et de décors ombrageux plutôt glauques et malsains, Silent Hill renoue avec les ambiances diffuses des films d'horreur d'antan où la suggestion primait plutôt que l'esbroufe grand-guignolesque. C'est du moins ce que l'on peut vanter lors de sa première partie lorsque, au rythme d'une douce mélodie, Rose et l'officier partent à la recherche de Sharon dans une ville cendrée noyée de brume. Ambitieux et inspiré, Christophe Gans prend son temps à narrer son histoire en s'attardant de prime abord à soigner le cadre d'une atmosphère rubigineuse assez envoûtante pour y croire. 


      De par ses pièces décrépites martyrisées par un ancien incendie et les apparitions dantesques de créatures difformes par leur morphologie fulgurante émanent un sentiment trouble d'insécurité et de malaise sous-jacent lorsque les forces des ténèbres se motivent à décourager l'investigation de nos héroïnes embarquées dans un dédale sans repère. Du moins avant de connaître les tenants et aboutissants des jumelles Sharon et Alessa étroitement liées à une affaire crapuleuse. Dénonçant dans sa seconde partie le fanatisme, l'obscurantisme et les superstitions du point de vue d'un séminaire religieux, le cinéaste implique ses thèmes autour d'une douloureuse affaire d'infanticide, quand bien même la pédophilie et la démission maternelle y seront les principaux ressorts. De par la sobriété des comédiennes inscrites dans une bravoure solidaire, l'empathie éprouvée renforce le caractère crédible de leur déambulation où cauchemar et réalité se confondent pour nous décrire un univers parallèle soumis à la malédiction d'une entité punitive. Outre le charisme prégnant des seconds-rôles inscrits dans le cynisme de l'influence meurtrière, on peut également saluer la présence malingre de Jodelle Ferland endossant dans une physionomie tantôt candide, tantôt hostile le double rôle équivoque de Sharon/Alessa avec assez d'étrangeté pour se confondre dans leur esprit torturé. 


      Hormis quelques défaillances rythmiques, son caractère déroutant pour autant fascinant et la médiocrité de certains FX en CGI alors que certains effets gores auraient été beaucoup plus percutants auprès d'un réalisme charnel, Silent Hill parvient efficacement à troubler et fasciner parmi le souci formel de retranscrire à l'écran un univers proprement atypique (même si certaines références à Hellraiser sont de mise pour le côté SM de créatures et victimes suppliciées). Par son climat tantôt mélancolique, tantôt malsain, et l'intensité douloureuse de son récit compromis au martyr infantile, Silent Hill laisse en mémoire des images marquantes aussi envoûtantes (les errances de l'héroïne au sein de la ville fantôme sont sans doute les passages les plus atmosphériques) que cauchemardesques (la damnation apocalyptique dans l'antre de l'église et la cruauté des châtiments corporels qui s'ensuit). Dommage toutefois que sa structure narrative soit aussi inachevée que maladroite et parfois confuse si bien que Silent Hill aurait pu être beaucoup plus convaincant, terrifiant et réaliste pour accéder au rang de classique du genre. Mais ne boudons pas non plus notre plaisir actuel à travers ce très bon moment d'étrangeté aussi dépaysant que tourmenté tant il laisse des traces dans l'encéphale pour s'y replonger avec plaisir aux prochains visionnages. Or, quelque soit ses couacs précités, Silent Hill reste également en tout état de cause une réussite formelle éblouissante.  

      *Bruno
      4èx. VF.

        mercredi 21 octobre 2015

        A LA POURSUITE DE DEMAIN

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site denofgeek.com

        "Tomorrowland"de Brad Bird. 2015. U.S.A. 2h10. Avec Brittany Robertson, George Clooney, Hugh Laurie, Raffey Cassidy, Tim McGraw, Judy Greer.

        Sortie salles France: 20 Mai 2015. U.S: 22 Mai 2015

        FILMOGRAPHIE: Brad Bird est un animateur, réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 15 Septembre 1957 à Kalispell dans le Montana. 1999: Le Géant de Fer. 2004: Les Indestructibles. 2004: Baby-Sitting Jack-Jack. 2007: Ratatouille. 2011: Mission Impossible: Protocole Fantôme. 2015: A la Poursuite de Demain.


        Découvert avec son film d'animation, le Géant de Fer, et reconnu ensuite par le public et la critique avec Les Indestructibles, Brad Bird n'en finit plus de surprendre et de combler les attentes du public tant il accumule les réussites à un rythme métronomique (Ratatouille et Mission Impossible: Protocole Fantôme pour la suite de sa filmo). Avec son dernier né, A la poursuite de demain, il renoue cette fois-ci avec la science-fiction à l'ancienne, digne représentant des productions Amblin des années 80. D'une imagination aussi foisonnante qu'exubérante, Brad Bird créé un univers atypique incroyablement crédible pour son panel de décors futuristes stylisés, rehaussés d'effets spéciaux numériques ahurissants de réalisme (plutôt rare pour le souligner !). Après avoir découvert un étrange badge métallique capable de confondre la réalité dans un univers parallèle, Casey, adolescente férue de science, se laisse influencer par une humanoïde d'apparence infantile et un inventeur quinquagénaire pour se lancer dans une mission capitale. Tenter de sauver notre planète en perçant les mystères d'un endroit tenu secret: Tomorrowland !


        En surfant sur les thématiques du voyage temporel et de la dimension parallèle, le cinéaste élabore un scénario complexe dans son lot de revirements, quiproquos et rebondissements périlleux que nos héros traversent entre les époques du passé et du présent. Pourchassés par intermittence par une confrérie de droïdes plus vrais que nature (j'insiste encore sur la qualité exceptionnelle des trucages en CGI !), nos héros entament avec sagacité leurs stratégies d'attaque et de défense afin de trouver une solution de dernier ressort à la survie de notre espèce. Plongés dans un Rubik's Cube mental, ils vont user de persévérance à déchiffrer le sens de leur dessein et leur responsabilité après avoir découvert une invention révolutionnaire Spoiler ! que nos grands savants du siècle dernier avaient conçu en secret du haut de la Tour Eiffel ! Fin du spoiler. Malgré le caractère confus d'une intrigue riche de thématiques quant au devenir de notre humanité, cette poursuite en pagaille vers l'optimisme d'un avenir moins cupide parvient à nous passionner sans jamais relâcher la tension. De par la fougue attachante des personnages aussi humains que retors et la mise en scène extrêmement avisée que Brad Bird transcende avec un esprit imaginatif insatiable. Notamment avec l'intensité vertigineuse de séquences d'action exubérantes ou poursuites et altercation physiques se télescopent sous l'impulsion héroïque de scientifiques jamais à court de subterfuges. Outre la fascination prégnante qu'exerce leur voyage temporel, là où la dystopie du péril atomique pointe à l'horizon, A la poursuite de demain est largement sollicité par les prestances pleines de dignité des comédiens en roule libre. George Clooney, l'étoile montante Brittany Robertson et la petite Raffey Cassidy formant un trio intrépide aussi houleux et antinomique (leurs premières rencontres) que solidaire et opiniâtre (la seconde partie impartie aux stratagèmes de solution de survie !).


        Un Monde Meilleur
        Grand divertissement d'anticipation imprégné de nostalgie pour son esprit chaleureux hérité des eighties et de réalisme pour sa scénographie futuriste étonnamment crédible, A la poursuite de demain arbore le spectacle familial avec une intelligence, un lyrisme et une humanité pleine de noblesse. Véritable réflexion sur l'optimisme pour la condition précaire de notre futur en crise, Brad Bird se permet aussi en second plan de prôner les valeurs de l'amour sous l'héroïsme d'un couple hétéroclite. Il en émane un enchantement permanent, de par son ambition visionnaire aussi immersive que singulière et l'inventivité d'une narration militant pour la sauvegarde d'une planète plus humaniste et responsable. Un classique en devenir d'une rare émotion expansive ! 

        Bruno Matéï

        mardi 20 octobre 2015

        L'HISTOIRE SANS FIN

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

        "Die unendliche Geschichte/The Neverending Story" de Wolfgang Petersen. 1984. Allemagne. 1h35. Avec Barret Oliver, Gerald McRaney, Thomas Hill, Moses Gunn, Deep Roy, Tilo Prückner, Noah Hataway.

        Sortie salles France: 21 Novembre 1984. U.S: 20 Juillet 1984. Allemagne de l'Ouest: 6 Avril 1984

        FILMOGRAPHIE: Wolfgang Petersen est un réalisateur allemand né le 14 Mars 1941 à Emden.
        1974: Einer von uns beiden. 1977: La Conséquence. 1981: Le Bateau. 1984: L'Histoire sans Fin. 1985: Enemy. 1991: Troubles. 1993: Dans la ligne de mire. 1995: Alerte ! 1997: Air force one. 2000: En pleine tempête. 2004: Troie. 2006: Poséidon.


        "La vie spirituelle commence à partir du moment où nous découvrons que toute la réalité de nos actes réside dans les pensées qui les produisent". Louis Lavelle.

        Considéré à l'époque comme le film le plus cher d'Allemagne (60 millions de Deutsch Mark/27 000 000 $), l'Histoire sans fin rapporta à travers le monde plus de 100 000 000 de dollars. Et malgré son succès mitigé outre-atlantique, il est devenu auprès de plusieurs générations de spectateurs un grand classique de l'Heroic Fantasy, quand bien même la chanson interprétée par Limahl et composée par Giorgio Moroder s'est allouée d'un hit planétaire ! Mais aujourd'hui, que reste t-il de ce spectacle familial hors norme dans son onirisme baroque où le néant accorde une place prépondérante au cheminement héroïque d'Atreyu ? Hymne à l'innocence de l'enfance et au rêve, au pouvoir de l'imaginaire et à la possibilité d'exaucer nos voeux les plus excentriques, l'Histoire sans fin s'édifie en moment de cinéma enchanteur dans le parcours chimérique qu'un jeune ado entreprend au fil de la lecture d'un roman. Héros malgré lui, Bastien est sur le point de changer la destinée de Fantasia, un univers irréel sur le point d'être dévoré par le néant si le guerrier Atreyu ne parvient pas à sauver son impératrice de la maladie. Plongé dans l'illusion de son récit d'aventures, Bastien commence à perdre pied avec sa réalité mais se rétracte de ne pouvoir considérer ce rêve comme une réalité (son père rationnel en est également la responsabilité !). A moins qu'Atreyu et l'Impératrice ne parviennent à l'inciter à croire à l'impossible.


        Touché par la grâce d'une poésie tantôt candide (l'intervention pleine de pudeur et de fragilité de l'impératrice lors du final majestueux, les envolées lyriques du dragon porte bonheur, Falkor) tantôt opaque (les présences iconiques de Gmork, le loup impassible, la tortue savante et le mangeur de pierre), Wolfgang Petersen n'hésite pas à cristalliser un endroit à mi chemin entre le merveilleux et l'hermétisme à travers la scénographie baroque de marécage mélancolique, de forêt obscure et d'univers stellaire. Périple d'épreuves homériques qu'un jeune garçon doit surpasser pour sauver sa planète du chaos, l'Histoire sans fin déploie une imagination singulière sans égale pour la conception de ses décors fantastiques tournés en studio (la vision du néant et ses multiples métamorphoses nous provoque une fascination vertigineuse !) et de créatures dantesques jamais vues au préalable ! Par le biais d'effets spéciaux révolutionnaires pour l'époque, le film parvient toujours à distiller féerie et inquiétude chez la conception artisanale de monstres aussi expressifs qu'attachants. Quand bien même le jeune Noah Hathaway parvient avec une innocence naturelle à se fondre dans la peau du guerrier parmi l'apprentissage de transcender ses peurs et sa tristesse. A cet égard, qui peut oublier la séquence poignante auquel son cheval Artax se laisse engloutir par la vase d'un marécage depuis sa mélancolie d'échouer la mission ! Une séquence assez cruelle d'une intensité dramatique plutôt inattendue pour le genre familial que Wolfgang Petersen illustre avec réalisme. Un parti-pris justifié lorsque l'on comprends le parcours initiatique du héros confronté au dépassement de soi parmi l'appui solidaire de Bastien contraint d'exploser les barrières de sa réalité par auto-suggestion. Croire en l'impossible pour braver ses doutes, ses peurs et son désespoir et découvrir un nouveau monde bâti sur la croyance en l'optimisme !


        Enchanteur et baroque, lyrique et fantastique, l'Histoire sans Fin continue de perdurer son pouvoir d'évasion grâce à la beauté formelle de sa Fantasy photogénique et l'impulsion héroïque d'adolescents rebelles en quête d'imaginaire. Hymne à l'aventure et ce besoin viscéral de fuir notre quotidien, métaphore spirituelle sur la foi, réflexion sur la persuasion de l'esprit et sur la force de l'espoir afin de déjouer la solitude du néant, l'Histoire sans Fin possède un souffle magique enivrant pour nous faire croire à l'impossible ! 

        Bruno Matéï

        Anecdote (Wikipedia): La scène de la mort d'Artax est placée cinquième dans le top 11 de The Nostalgia Critic des scènes les plus tristes de notre enfance.

        lundi 19 octobre 2015

        Le Spectre Maudit / The Black Torment

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site coverunivers.blogspot.com

        "The Black Troment" de Robert Hartford-Davis. 1964. U.S.A. 1h26. Avec Heather Sears, John Turner, Ann Lynn, Peter Arne, Norman Bird, Raymond Huntley, Annette Whiteley, Robert Hartford-Davis.

        Sortie Dvd France: 1er Avril 2005

        FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Robert Hartford-Davis est un réalisateur et producteur anglais, né le 23 Juillet 1923, décédé le 12 Juin 1977 à Beverly Hills, Los Angeles. 1962: Crosstrap. 1963: The Yellow Teddybears. 1964: Le Spectre Maudit. 1964: Saturday Night Out. 1967: Carnages. 1971: Suceurs de sang. 1972: Gunn la gachette. 1974: The Take.


        Rareté des sixties exhumée de l'oubli grâce à notre regretté éditeur Neo Publishing, Le Spectre Maudit combine l'enquête policière et le surnaturel avec une efficacité en roue libre (euphémisme !). De par son intrigue charpentée au suspense imperturbable laissant parfois diluer une atmosphère d'étrangeté (les apparitions spectrales de Lana dans le jardin) et la qualité d'une interprétation spontanée jusqu'aux moindres seconds-rôles, le Spectre Maudit nous plaque au siège jusqu'à son renversant twist aussi démonial que retors. Le PitchAprès 3 semaines d'absence, Sir Charles revient dans sa grande résidence parmi sa nouvelle épouse, Sir Elisabeth. Mais tièdement accueilli par la communauté, il finit par apprendre qu'une villageoise récemment décédée dans de troubles circonstances a dévoilé son patronyme avant de mourir. Pour amplifier le mystère, les résidents de sa demeure sont importunés chaque nuit par l'apparition d'une dame blanche ressemblant à sa première défunte épouse. 


        Ce pitch prometteur dont le cadre historique se situe au 18è siècle, Robert Hartford-Davis le dépeint avec un art de conteur dans son habileté à distiller un suspense haletant autour d'une sombre conspiration. Employant quelques codes du cinéma d'épouvante, le cinéaste est aussi à l'aise pour nous plonger dans la perplexité face à l'apparition récurrente d'un fantôme puis celle, potentielle, d'un double maléfique conçu pour culpabiliser notre héros. L'intrigue gagnant notamment en intensité auprès du revirement d'un nouveau meurtre et le cheminement psychologique du protagoniste toujours plus compromis par des évènements imbitables qu'il tente vainement de démystifier afin de prouver son innocence. Ce climat de paranoïa régi autour de son autorité l'entraînant vers un comportement irascible où chacun des témoins (épouse inclue !) finiront davantage par le suspecter. Outre la résolution étonnante de l'énigme où vengeance et machination font bon ménage, le film se clôt par un duel à l'épée à la chorégraphie sauvagement épique !


        Au gré d'un suspense exponentiel fort bien mené et d'une direction d'acteurs plein de vigueur (Heather Sears terriblement expressif de résignation colérique en victime démunie seule contre tous), Le Spectre Maudit parvient à captiver et à surprendre sous l'alibi irrationnel d'un spectre d'outre-tombe et du double maléfique. A redécouvrir avec vif intérêt donc, d'autant plus que les décors sépias de la résidence seigneuriale n'ont rien à envier au gothisme baroque des fleurons de la Hammer auquel il se fait dignement écho ! Un bijou. 

        *Bruno Matéï
        19.10.15.
        04.06.22. 3èx

        samedi 17 octobre 2015

        THE GREEN INFERNO

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site motifri.com

        d'Eli Roth. 2014. U.S.A/Chilie. 1h43. Avec Lorenza Izzo, Ariel Levy, Aaron Burns, Daryl Sabara, Kirby Bliss Blanton, Nicolas Martinez, Magda Apanowicz.

        Sortie VOD France: 16 Octobre 2015. Salles U.S: 25 Septembre 2015

        FILMOGRAPHIE: Eli Roth est un réalisateur américain, né le 18 Avril 1972 à Boston.
        2002: Cabin Fever. 2006: Hostel. 2007: Thanksgiving (faux trailer). 2007: Hostel 2. 2009: Nation's Pride - Stolz der Nation (trailer). 2013: The Green Inferno.


        Privé de salles chez nous, The Green Inferno débarque directement en vod deux ans après l'achèvement de son tournage. Annoncé à renfort de trailers aussi prometteurs qu'alléchants mais d'un bouche à oreille contradictoire, le nouveau film d'exploitation d'Eli Roth sollicite l'hommage aux films de cannibales transalpins qui inondèrent nos écrans de la fin des Seventies jusqu'au milieu des années 80. Pourvu d'un discours social écolo lorsqu'une poignée de jeunes activistes envisagent de dévoiler via internet la déforestation d'une compagnie pétrolière et l'éventuelle épuration d'une tribu indigène du Pérou, The Green Inferno continue d'effleurer un des thèmes chers de Cannibal Holocaust. A savoir, la sauvagerie du citadin moderne prêt à exterminer un peuple primitif pour un motif lucratif. Alors que nos activistes parviennent à accomplir leur mission de diffuser leur bravoure via réseau de leur smartphone, ils sont rapidement alpagués par la police pour être rapatriés en avion. Seulement, durant leur retour, l'appareil se crashe en plein coeur de l'Amazonie. C'est le début d'un enfer (vert) que nous survivants vont endurer face à l'hostilité d'autochtones aux coutumes anthropophages !


        Cette trame particulièrement bien troussée et captivante quant aux stratégies héroïques des protagonistes n'est évidemment qu'un prétexte pour embrayer sur les revirements horrifiques nauséeux de la seconde partie. Eli Roth poussant le vice de la dérision vers un détournement cruel lorsque nos militants pacifistes vont endosser malgré eux le rôle d'antagonistes du point de vue des indigènes qu'ils défendaient. Alternant le mauvais goût, la farce macabre, l'humour scato et la tripaille putassière avec une vigueur et invention décomplexées, Eli Roth n'y va pas de main morte pour étaler à intervalles irrégulier des séquences-chocs aussi intenses que viscéralement vomitives. Et si l'ossature prévisible de sa narration a été mainte fois exploitée chez nos transalpins précurseurs, le cinéaste parvient à dépoussiérer le genre grâce à l'impulsion spontanée des comédiens (transfuge cynique à l'appui pour pimenter la tension d'embrigadement et les discordes entre survivants !) et l'efficacité de sa mise en scène misant sur l'appréhension (autant que l'expectative !) des futurs sévices corporels. De surcroît, notre metteur en scène assidu soigne le cadre d'une forêt d'apparence édénique avant de nous dépayser explicitement avec l'envers d'une scénographie cauchemardesque. On peut également souligner la manière documentée dont Eli Roth fait preuve pour nous présenter avec humour sardonique la quotidienneté communautaire des indigènes endossé par des comédiens chiliens plus vrais que nature et affublés d'un charisme tribal des plus impressionnants (peinture guerrière d'un rouge saillant !). Sans compter la stylisation empathique de certaines séquences, telle l'exposition de leurs trophées humains présentés à une foule expansive ! Quand au final homérique, il témoigne toujours d'un ressort haletant pour l'enjeu de survie compromis à l'évasion de la dernière chance, quand bien même une menace autrement perfide est sur le point d'entrer en scène !


        Mondo Cannibale
        Véritable déclaration d'amour à l'âge d'or des films de cannibales, The Green Inferno est une résurrection pour les fans de tripailles faisandées qu'Eli Roth parvient à rajeunir avec un savoir-faire référentiel. Si l'intérêt mineur du pur divertissement peut prêter à sourire chez les non initiés, le spectacle barbare, aussi jouissif qu'éprouvant (la gêne viscérale peut être évoquée chez les plus sensibles !), comblera les attentes de la plupart des fans. Quant au fond socialo-écolo du produit d'exploitation, Eli Roth ne manque pas de sincérité à évoquer une diatribe contre la déforestation et la cupidité de nos dirigeants tout en effleurant le tabou de l'excision pratiquée illégalement dans certains états (principalement l'Afrique, l'Egypte, l'Indonésie et la Malaisie). Bref, un cadeau inespéré qu'il nous retranscrit ici avec une appétence et une générosité galvanisantes !

        P.S: A ne pas louper, le cliffhanger infiltré dans le générique final !!!

        La critique de Gilles Rolland: http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-the-green-inferno

        Bruno Matéï


        vendredi 16 octobre 2015

        THE VISIT

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site ecranlarge.com

        de M. Night Shyamalan. 2015. U.S.A. 1h34. Avec Kathryn Hahn, Ed Oxenbould, Benjamin Kanes, Erica Lynne Marszalek, Peter McRobbie.

        Sortie salles France: 7 Octobre 2015. U.S: 11 Septembre 2015

        FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry.
        1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit.


        Petite production indépendante de 5 000 000 de dollars que Shyamalan a su financer grâce au salaire engrangé par son précédent film, After Earth, The Visit joue la carte du simulacre dans sa combinaison des genres allouée aux thématiques de hantise, de peur du noir et de folie schizophrène. Loretta, mère de deux enfants, a rompu les liens parentaux depuis plus de 15 ans. Mais à la demande de ces derniers, elle accepte de laisser partir Tyler et Rebecca afin qu'ils puissent connaître leurs grands parents. Sur place, leurs comportements excentriques intriguent les enfants confondus en apprentis cinéastes. Jonglant avec les codes du cinéma d'horreur et du conte populaire de manière sarcastique, M. Night Shyamalan déconcerte sans modération pour l'ossature de son intrigue interlope usant de subterfuge et chausse-trappe afin de mieux nous surprendre. Le récit étant conditionné sous le principe du documentaire que deux adolescents filment sans répit pour préserver sur pellicule la quotidienneté intimiste de leurs grands-parents.


        Pourvu d'une ambiance crépusculaire envoûtante lorsque la nuit bat son plein et que les arbres contrastent parmi une luminosité onirique, The Visit distille également une angoisse sous-jacente en interne d'une demeure vétuste occultant un terrible secret. Par le biais du comportement incohérent du couple de vieillards (même si l'un souffre du syndrome d'état crépusculaire !), nous nous portons témoins scrupuleux de leur déambulation nocturne sous la caméra amateur des adolescents voyeurs. Eludant remarquablement le stéréotype de l'ado aseptique, Shyamalan nous caractérise intelligemment des héros juvéniles aussi sensés et dégourdis que remarquablement solidaires. La grande force du récit résidant notamment dans le  développement de leur personnalité imparti à une quête initiatique pour la réconciliation parentale et la confiance en soi. Là où le film risque de dépiter une partie de son public, c'est dans la manière caustique dont le cinéaste recours pour exploiter les ressorts de flippe. D'une grande efficacité pour la progression de la tension et les effets de surprise impartis à l'incohérence comportementale, ces moments d'appréhension provoquent au final un sentiment libérateur (et déconcertant) d'angoisse amusée. Une démarche néanmoins subtile car hétérodoxe, justifiée et rationnelle lorsque l'on finit par connaitre les tenants et aboutissants des personnages et le fin mot de l'énigme. Sur ce dernier point, là encore Shyamalan continue de nous surprendre de manière autrement rigoureuse et dramatique lorsque les enfants vont se livrer à une imprévisible épreuve de survie. Quant à l'épilogue particulièrement bouleversant, The Visit nous dévoile enfin sa véritable identité, à savoir que ce à quoi nous venions d'assister n'était qu'un exutoire pour mettre en exergue un drame psychologique sur les conflits parentaux, le regret et le pardon érigés autour des valeurs éducatives. 


        Hansel et Gretel
        Intriguant, déroutant, angoissant et dérangeant pour la tournure cinglante de son point d'orgue horrifique, The Visit aborde le cinéma d'angoisse dans l'apparence pour privilégier un drame parental d'une intensité aussi dramatique que salvatrice. Outre la stature attachante des ados remarquablement convaincants et la posture interlope des seniors ricaneurs, le film tire-parti de son attention dans la progression intrigante du récit culminant vers une révélation rigoureusement brutale.  
        Attention toutefois aux spectateurs non avertis de sa facture fallacieuse !

        Bruno Matéï

        jeudi 15 octobre 2015

        LE VILLAGE DES DAMNES

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site to-hollywood-and-beyond.wikia.com

        "Village of the Damned" de Wolf Rilla. 1960. Anglettere. 1h17. Avec George Sanders, Barbara Shelley, Martin Stephens, Michael Gwynn, Laurence Naismith, Richard Warner, Jenny Laird.

        Sortie salles U.S: 7 Décembre 1960 (Interdit aux - de 18 ans).

        FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Wolf Rilla est un réalisateur anglais d'origine allemande, né le 16 Mars 1920 à Berlin, décédé le 19 Octobre 2005 à Grasse.
        1953: Noose for a Lady. 1954: The Black Rider. 1957: The End of the Road. 1959: Jessy. 1959: Witness in the dark. 1960: Le Village des Damnés. 1968: Pax ? 1973: Secrets of a Door-to-door Salesman. 1975: Bedtime with Rosie.


        Classique notoire des sixties où la science-fiction se heurte à l'épouvante, Le Village des Damnés emprunte le roman éponyme de John Wyndham pour illustrer de manière fort originale l'invasion extra-terrestre du point de vue d'une candeur insidieuse. Celle de chérubins aux têtes blondes mystérieusement enfantés par les femmes d'une paisible bourgade depuis l'apparition d'un nuage invisible dans l'atmosphère. Alors que la population de Midwich sombre quelques instants en léthargie devant le témoignage impuissant de l'armée et de la police, l'entité extraterrestre en profite pour investir le corps de quelques épouses avant leur retour au réveil. Un stratagème diabolique remarquablement planifié pour la procréation d'une nouvelle race infantile à l'intelligence surnaturelle. Car pourvus de pouvoirs télépathiques ayant la faculté de violer nos pensées les plus secrètes, ces bambins dénués d'émotions n'ont comme seule devise de coloniser notre planète.


        Un scénario charpenté que Wolf Rilla structure avec l'appui d'un climat subtilement anxiogène pour les agissements sournois des enfants, tout en abordant de manière singulière les thèmes de la dictature et du fascisme par leur faculté à nous imposer leur prépondérance. D'apparence analogue, blond et angélique, ils se confondent dans la peau de tueurs (pro-nazis ?) sans vergogne. Incapables d'éprouver le sentiment d'amour pour leur mère et la compassion chez l'étranger, ils n'hésitent pas à se débarrasser des témoins arrogants en guise de vengeance et de couverture lorsque ces derniers envisagent de les éradiquer. Outre la fascination qu'exerce leur cheminement meurtrier et l'atmosphère diaphane qui en émane, le Village des Damnés tire parti de son étrangeté dans la stature innocente des extraterrestres en culotte courte. On peut d'ailleurs saluer le magnétisme accordé aux comédiens infantiles, leur interaction diabolique à hypnotiser communément leur proie d'un regard surnaturel incandescent. Ce sentiment tangible d'hostilité et d'intimidation provoquant chez nous un sentiment de malaise sous-jacent lorsque des enfants criminels parviennent à assujettir l'autorité des adultes !  


        Par la biais d'une épouvante éthérée et dans le cadre de l'enfant démoniaque, Wolf Rilla parvient à renouveler les codes de la science-fiction alarmiste sous l'impulsion d'une hostilité extraterrestre à visage candide. Il en émane une mécanique de suspense latent et oppressant lorsque les adultes en perdition tentent vainement de déjouer la menace avant la stratégie mentale d'un dernier espoir se mesurant au self-control émotif pour en venir à bout.  

        Bruno Matéï
        3èx