Sortie salles France: 9 Octobre 1974 (Strictement interdit aux - de 18 ans)
FILMOGRAPHIE: Paul Morrissey est un réalisateur, scénariste, directeur de photographie, producteur, monteur et acteur américain, né le 23 Février 1938 à New-York (Etats-Unis).1966: Chelsea Girls. 1967: I, a Man. 1968: San Diego Surf. 1968: The Loves of Ondine. 1968: Flesh. 1969: Lonesome Cowboys. 1970: Trash. 1971: I miss Sonia Henie. 1971: Women in Revolt. 1972: Heat. 1973: l'Amour. 1973: Chair pour Frankenstein. 1974: Du sang pour Dracula. 1978: Le Chien des Baskerville. 1981: Madame Wang's. 1982: Forty Deuce. 1985: The Armchair Hacker. 1985: Cocaïne. 1985: Le Neveu de Beethoven. 1988: Spike of Bensonhurst.
"Pour connaître la mort, Otto, il faut baiser la vie dans la vésicule !"
Le pitch : avec l’aide de son adjoint Otto, le baron Frankenstein souhaite créer le couple parfait afin d’engendrer une nouvelle race, recomposée de morceaux humains. Pendant qu’ils descendent au village pour choisir leur dernière victime, sa sœur nymphomane fait la rencontre de Nicholas, un métayer adepte de luxure.
Tournée à l’époque en relief, cette réactualisation dévergondée (euphémisme !) revendique sa décadence dans une surenchère organique — un véritable hymne à la chair, tant Morrissey insuffle une sensualité crue à ses séquences gores — et un goût outrancier pour les fantasmes nécrophiles du baron. Ce dernier n’hésite pas à copuler avec les entrailles d’une fille éventrée, amorçant les préliminaires en dégrafant les fils d’une immense cicatrice avant de lutiner l’estomac du sujet. Un moment d’anthologie halluciné, inscrit au panthéon de la déviance somatique, où climat pervers, ironie caustique (le regard lubrique du majordome, fasciné par l’orgasme de son contremaître) et poésie lascive se rejoignent sous l’impulsion romantico-élégiaque de Claudio Gizzi — l’une des plus graciles mélodies du cinéma fantastique, j’vous dis !
Tout, dans Chair pour Frankenstein, inspire fascination et répulsion, dans le portrait marginal d’une galerie de personnages refoulés (voire impuissants) ou, à l’inverse, concupiscents. La mise en scène baroque, érigée autour de somptueux décors gothiques (le laboratoire médical est sans doute l’un des plus vastes et singuliers jamais vus dans une adaptation de Frankenstein), dynamite l’archétype du mythe dans une déflagration vitriolée, où sexe et organes s’extirpent des corps pour mieux exhiber leur beauté viscérale. Outre la subtilité d’un ton semi-parodique, que Morrissey distille à travers la polissonnerie de personnages extravagants, le film est transcendé par le jeu instinctif d’acteurs en roue libre, dont le charisme patibulaire épouse parfaitement l’ambiance délurée :
— Udo Kier, d’une condescendance névrosée en baron incestueux (il est l’époux de sa sœur !)
— Dalila Di Lazzaro, beauté exsangue, créature soumise
— Monique Van Vooren, baronne nymphomane au regard vénéneux
— Joe Dallesandro, esclave lubrique à la posture doucement rebelle
— Srdjan Zelenović, créature asexuée, engourdie de suspicion
— Arno Juerging, assistant aussi pervers que déficient.
Et, à titre subsidiaire, les enfants de Frankenstein — Marco Liofredi et Nicoletta Elmi —, témoins voyeuristes de cette décadence infernale, prétentieusement animés par l’ambition d’en incarner la relève. Bande de fous !
Un sommet de déviance immorale, d’autant plus couillu et précieux qu’il serait aujourd’hui infaisable dans notre époque aseptisée.
La Chronique de son binôme, Du sang pour Dracula: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/12/du-sang-pour-dracula-blood-for-dracula.html
*Bruno
14.10.15. 5èx
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