mardi 25 août 2020

Le Baiser du Vampire

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Kiss of the Vampire" de Don Sharp. 1962. Angleterre. 1h28. Avec Edward de Souza, Jennifer Daniel, Clifford Evans, Noel Willman.

Sortie salles France: 8 Juin 1964. U.S: 11 Septembre 1963

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Don Sharp est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur anglais d'origine australienne, né le 19 Avril 1922 à Hobart (Australie), décédé le 18 Décembre 2011.
1962: Le Baiser du Vampire. 1964: Les Pirates du Diable. 1965: La Malédiction de la Mouche. 1965: Le Masque de Fu-Manchu. 1966: Raspoutine, le moine fou. 1966: Opération Marrakech. 1966: Les 13 Fiancées de Fu Manchu. 1967: Le Grand Départ vers la lune. 1968: Les Champions. 1973: Le Manoir des Fantasmes. 1978: Les 39 marches. 1979: Le Secret de la banquise.


Honteusement méconnu pour une prod Hammer alors qu'une seconde jeunesse lui fut alloué en Dvd et en Blu-ray dans l'hexagone en 2017, Le Baiser du Vampire est un authentique bijou horrifique faisant office de meilleur archétype du mythe après l'inégalable le Cauchemar de Dracula et avec Dracula et les Femmes et les Maîtresses de Dracula (bien évidemment cela ne reste que mon jugement de valeur). Par ailleurs, c'est grâce à ce titre que Roman Polanski s'en inspira pour parfaire son parodique Le Bal des Vampires. Un parti-pris parodique dans la mesure où celui-ci détestait les oeuvres de la Hammer à son goût trop ridicules, orthodoxes, commerciales et obsolètes. Ca c'était pour la piqûre de rappel car lorsque l'on découvre pour la toute première fois Le Baiser du Vampire  (ce qui est mon cas et j'en ai bougrement honte ce soir au vu du flamboyant résultat !), on se rend de nouveau compte à quel point la firme possédait cet art inné de nous immerger dans leur univers gothique irrésistiblement magnétique sous la houlette d'un dandy vampire bourru. On peut d'ailleurs adouber le jeu aussi discret que nuancé de l'acteur Noel Willman plutôt convaincant à se tailler une carrure d'aristo aux canines affûtées en dépit de son charisme (évidemment) moins expressif et délétère qu'un Christopher Lee. Ainsi, si les clichés sont de rigueur dans le Baiser du Vampire  (surtout auprès de sa 1ère demi-heure plantant le décor de l'auberge autour d'hôtes venus s'abriter le temps d'une panne d'essence), le soin scrupuleux de la mise en scène, le jeu des acteurs (qui plus est inconnus afin de mieux s'identifier à eux) et ce prégnant climat de fascination macabre transcendent tout sur leur passage sous l'impulsion d'une rutilante recherche formelle. Tant auprès des décors domestiques fastueux, de sa nature forestière parfois tempétueuse, de la robe rouge de Marianne que du château poussiéreux renfermant à l'intérieur des trésors d'architecture gothique.


Ainsi donc, la trame a beau être éculée (un jeune homme mettra tout en oeuvre pour récupérer son épouse kidnappée au château du vampire, et ce avec l'appui d'un Van Helsing aussi torve qu'aviné - apparenté à Coffin Joe avec sa cape et son chapeau noir - !), sa manière structurée de nous la conter et surtout le talent auquel Don Sharp s'emploie pour donner chair à cet univers irréel nous enivre de charme. Tant et si bien que l'on croit à l'irréel sans jamais se plaindre de mauvaises questions incohérentes ou racoleuses. Qui plus est, et afin de se démarquer du chef-d'oeuvre Le Cauchemar de Dracula, il modernise un peu le contexte de l'époque (d'où l'apparition de la voiture en début d'intrigue, de l'agressivité d'antagonistes bonimenteurs et de l'idée du bal costumé résolument baroque) en émaillant son intrigue de trouvailles aussi originales qu'audacieuses. Tant auprès de son prologue cinglant que l'on ne voit pas arriver, de l'accoutrement limpide de la secte des vampires à travers leur toge blanche, du bal masqué dont Polanski reprendra l'idée emphatique et de son final plutôt sanglant faisant intervenir une armée de chauve-souris sous la mainmise de Zimmer invoquant les force du Mal sur le propre terrain des vampires. Enfin, si le Baiser du Vampire demeure aussi captivant et capiteux, il le doit notamment à sa tension dramatique émanant d'une galerie de personnages mesquins en collaboration perfide afin de piéger le couple de jeunes mariés. Et sur ces surprenants ressorts, il vaut d'ailleurs mieux taire le nom de certains protagonistes. Ainsi, en s'identifiant pleinement au désarroi alarmiste de Gérald (qui plus est à peine remis d'une gueule de bois !), s'évertuant à retrouver son épouse en alertant tout l'entourage, l'intrigue insuffle un suspense exponentiel d'après la lâcheté d'une complicité communautaire. Autant dire qu'ici les vampires confinés en groupe s'avèrent redoutablement impassibles, sournois, maléfiques et détestables dans leur égocentrisme commun.


Bourré de charme, vénéneux et insidieux à travers une facture macabre subtilement moderne, le Baiser du Vampire demeure un incontournable de la Hammer à (re)découvrir d'urgence ! 

*Bruno

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