lundi 17 août 2020

La Route

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Road" de John Hillcoat. 2009. U.S.A. 1h52. Avec Viggo Mortensen, Kodi Smit-McPhee, Charlize Theron, Garret Dillahunt, Robert Duvall, Guy Pearce.

Sortie salles France: 2 Décembre 2009

FILMOGRAPHIEJohn Hillcoat est un cinéaste australien né en 1961 au Queensland. 1988 : Ghosts… of the Civil Dead. 1996 : To Have and to Hold. 2005 : The Proposition. 2009 : La Route. 2012 : Des hommes sans loi. 2016 : Triple 9. 2020 : Witchfinder General.


Terrassant d'intensité dramatique à travers l'épreuve de survie d'une odyssée désenchantée, La Route laisse en état d'amertume bouleversé eu égard de son hyper-réalisme blafard dénué de luminosité. Car épaulé d'une photo désaturée afin de souligner l'aspect funeste de ces décors décharnés étrangement mutiques, La Route transcende le drame post-apo sous l'impulsion d'une caractérisation humaine à fleur de peau. Viggo Mortensen endossant avec une sobriété sentencieuse un paternel prévenant résigné à préserver coûte que coûte la vie de son fils que Kodi Smit-McPhee incarne avec une fragilité naturelle aussi dépouillée. A eux deux, ils forment un duo inoubliable dans leur parcours chaotique où ne cesse de s'y profiler la menace du trépas, tant auprès de la famine, de la maladie que des prédateurs cannibales sillonnant les bourgades. Quand bien même le réalisateur nous rappelle via l'entremise du flash-back la situation conjugale en berne que traversa l'homme avant de plier bagage avec son fils vers un no mans land. Là encore d'une grande sensibilité de par l'intensité dramatique d'une condition de vie dénuée de lueur d'espoir, ses séquences intimistes provoquent le sentiment d'impuissance à travers la détermination d'une femme épuisée par la misère. Poignant et bouleversant (pour ne pas dire déchirant quant au final binaire), mais aussi terriblement inquiétant, parfois terrifiant et déprimant; si bien que l'on y traite de cannibalisme avec une cruauté impassible, La Route ne s'embarrasse ni de fioriture ni de lueur (ou alors si peu) pour provoquer le désarroi.


Et ce à travers son houleux climat de déréliction qu'un père et son fils arpente désespérément afin de dénicher un éventuel havre de paix (musique élégiaque à l'appui composée par Nick Cave et Warren Ellis, excusez du peu !). Le cheminement narratif étant soumis à leur pérégrination et intermittentes rencontres humaines au sein d'un environnement hostile épargné de toute trace végétative et animale. C'est dire si La Route s'avère psychologiquement plombant car d'une infinie tristesse eu égard du chemin de croix que traverse le duo avec une foi désargentée. Au-delà d'y soigner sa mise en forme crépusculaire auquel le dépaysement demeure glaçant d'austérité, John Hillcoat s'efforce tout le long de l'intrigue d'humaniser ses personnages précaires soumis à des conditions de vie draconiennes. Le fils tentant d'ailleurs fréquemment de rappeler à l'ordre de la morale la rigidité de son père lorsqu'il s'agit de prêter main forte à un étranger potentiellement inhospitalier. Cette dégénérescence morale tendant à prouver qu'en situation de dystopie seule la loi du plus fort et l'individualisme priment afin de pouvoir rester en vie. On peut d'ailleurs s'offenser de certaines séquences horrifiantes lorsque des victimes (confinées dans une cave de garde-manger) sont sur le point d'être dévorés par des cannibales alors que l'homme ne prendra aucune mesure pour tenter de les sauver de leur fatale situation.


Terriblement dur donc par son réalisme cafardeux difficilement gérable et d'une noirceur singulière auprès du genre post-apo (j'ai rarement vu aussi nihiliste !), La Route demeure une bouleversante aventure humaine parmi l'autorité de l'amour paternel résigné à sauver sa progéniture pour la postérité du lendemain meilleur. De par son intensité dramatique éprouvante à travers le duo plein de fragilité que forment Viggo Mortensen  Kodi Smit-McPhee, la Route traite de l'amour, du souvenir, de l'espoir et de la résilience avec une tangible tendresse jamais outrée. Une oeuvre existentielle magnifique aux confins du chef-d'oeuvre sépulcral. 

*Bruno
2èx

Récompenses: 2009 : San Diego Film Critics Society Award de la meilleure photographie (Javier Aguirresarobe)
2009 : Utah Film Critics Association Award du meilleur acteur (Viggo Mortensen)
2010 : Vits Award de la meilleure photographie (Javier Aguirresarobe)

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