jeudi 20 août 2020

Sue perdue dans Manhattan

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Sue" de Amos Kollek. 1997. U.S.A. 1h31. Avec Anna Thomson, Matthew Powers, Tahnee Welch, Tracee Ellis Ross, John Ventimiglia.

Sortie salles France: 16 Septembre 1998

FILMOGRAPHIEAmos Kollek est un réalisateur et scénariste israélien né le 15 septembre 1947 à Jérusalem. 1985 : Goodbye New York. 1987 : Prise (Forever, Lulu). 1989 : High Stakes. 1992 : Trois semaines à Jérusalem. 1993 : Five Girls. 1994 : Whore 2. 1996 : Teddy Kollek (documentaire). 1997 : Sue perdue dans Manhattan. 1999 : Fiona. 2000 : Fast Food, Fast Women. 2001 : Queenie in Love. 2002 : Bridget. 2003 : Happy End. 2008 : Dans la nuit. 2010 : L.L. 2011 : Chronicling a crisis. (documentaire).


"La souffrance et la solitude sont les maîtres-maux du chaos."
Peu connu du public en dépit de sa réputation élogieuse par la critique, si bien qu'il s'agit d'une oeuvre indépendante sortie en catimini en 1998, Sue perdue dans Manhattan laisse une trace dans l'encéphale sitôt le générique clôt. Car résolument influencé par le cinéma vérité de John Cassavetes, l'israélien Amos Kollek nous livre un magnifique portrait d'ange déchu à travers le cheminement en perdition de Sue égarée au sein d'une jungle urbaine dénuée de clémence pour les laissés pour compte. Anna Thomson transperçant le cadre à chaque seconde (du fait de son omniprésence à l'écran) en femme esseulée d'une fragilité à fleur de peau. Tant auprès de son désir immodéré d'affection amicale et sentimentale, d'amour maternel (sa mère est atteinte de la maladie d'Alzheimer) et de reconnaissance professionnelle (notamment à travers son CV louablement diplômé). D'un charisme indicible à travers l'élégance de sa posture filiforme et sa lascivité du regard blême noyé de douceur, Anna Thomson nous communique son désarroi, faute d'un passé infortuné. Son besoin inassouvi d'aimer et d'être aimé sous l'impulsion de sa posture infiniment naturelle. Digne des grandes actrices du cinéma indépendant (on peut même oser la comparer à Gena Rowlands à travers son charisme autonome aussi ineffable que terriblement impressionnant), Anna Thomson nous trouble de séduction désenchantée à travers ses déambulations urbaines émaillées de rencontres marginales aussi miséreuses et dépressives dans leur requête ultime de tendresse. 


Ainsi, à travers le parti-pris d'une réalisation documentée à la lumière naturelle, Sue perdue dans Manhattan rejoint sans rougir les plus grands drames sociaux de John Cassavetes de par sa force d'expression plus vraie que nature (et j'évoque tous les comédiens et seconds-rôles !) et l'intensité dramatique d'une solitude existentielle faisant office de mal du siècle. Sue s'efforçant de communiquer le plus souvent auprès d'une faune cosmopolite afin d'éclipser sa profonde détresse existentielle. Inévitablement émouvant donc de manière extrêmement prude, poignant puis bouleversant auprès Spoil ! d'un épilogue disgracieux d'un cruauté inconsolable fin du Spoil, Sue ensorcelle l'écran tel un fantôme errant de par son extrême pudeur à ne pas nuire à autrui dans sa condition miséreuse. Cumulant les rencontres sexuelles d'un soir, (si bien qu'elle ne communique qu'à travers la sexe avouera t'elle à une quidam d'une laverie), Sue ne parvient pas à gérer son immense solitude en dépit de ses aventures parfois amicales, si bien qu'une potentielle rencontre amoureuse la contraint néanmoins de se plonger dans une défiance et une appréhension finalement préjudiciables. Ainsi, quoiqu'elle fasse et quelque soit son courage employé, son destin galvaudé semble tracé d'avance, notamment faute de sa naïveté trop influençable.


Seule contre tous. 
De par son hyper réalisme à couper au rasoir extériorisant une dimension dramatique toujours dépouillée, Sue perdue dans Manhattan nous transmet à l'écran avec une rare vérité humaine le douloureux portrait d'une marginale en berne que personne ne parviendra à extraire de la déveine faute d'une société déshumanisée ne comptant que sur leur ego pour s'extirper de la précarité. Très dur dans sa sinistrose pleine de pudeur mais inoubliable de puissance émotionnelle à travers ce profil intime noyé de mansuétude .  

*Bruno2èx

2 commentaires:

  1. D'ailleurs, qu'est devenue Anna Thompson, totalement disparue depuis près
    de 10 ans et aucun renseignement trouvé sur le net !

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  2. Je me suis posé 10 fois la même question hier soir !
    Immense actrice.

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