Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Richard Attenborough. 1978. U.S.A. 1h47. Avec Anthony Hopkins, Ann-Margret, Burgess Meredith, Ed Lauter, E.J André, Jerry Houser, David Ogden Stiers, Lillian Randolph, Joe Lowry, Bob Hackman, Mary Munday.
Sortie U.S: Novembre 1978
FILMOGRAPHIE: Richard Attenborough, né Richard Samuel, baron Attenborough, le 29 Août 1923 à Cambridge est un acteur, producteur et réalisateur britannique. 1969: Ah Dieu ! que la guerre est jolie. 1972: Les Griffes du Lion. 1977: Un Pont trop loin. 1978: Magic. 1982: Gandhi. 1985: A Chorus Line. 1987: Le Cri de la Liberté. 1992: Chaplin. 1993: Les Ombres du coeur. 1996: Un Temps pour l'amour. 1999: Grey Owl. 2006: War and Destiny. 2007: Closing the Ring.
D'après le scénario de William Goldman (tiré de sa propre nouvelle), Magic est l'unique long-métrage de l'illustre Richard Attenborough. Dominé par la révélation Anthony Hopkins littéralement transi d'émoi en ventriloque erratique, ce drame psychologique transplanté dans le cadre du thriller horrifique traite avec ambiguïté d'un cas de schizophrénie à travers le duo formé par celui-ci et sa marionnette. Le pitch: Corky est un illusionniste novice, introverti et timoré, ayant peine à rencontrer le succès dans les bars qu'il fréquente. Jusqu'au jour où il décide de s'épauler d'une marionnette pour interpréter le rôle de ventriloque face à un public galvanisé. En pleine ascension populaire, il décide malgré tout de fuir un moment les projecteurs pour s'éclipser dans une contrée bucolique par peur de la célébrité. Mais Corky est atteint d'une grave pathologie le poussant à commettre l'irréparable à travers l'esprit de sa marionnette.
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Avec pudeur, sobriété et réalisme oh combien vigoureux, Magic y autopsie le portrait torturé d'un saltimbanque à l'orée d'une riche carrière mais compromis par les arcanes du dédoublement de personnalité sous l'impulsion tyrannique de son pantin de bois. Ainsi, à travers les provocations sarcastiques de ce dernier prénommé Fats, Corky se laissera peu à peu influencer puis asservir par son autorité aussi désinvolte que démoniale. Profondément solitaire et introverti depuis sa tendre enfance, Corky y endosse un être refoulé, paniqué à l'idée d'échouer, à l'instar de son antécédente idylle de jeunesse discréditée par sa timidité. Ainsi, en osant se convertir à la célébrité pailletée, cet intermittent s'accoutre d'une marionnette pour pouvoir transcender sa crainte de l'échec. Mais sitôt le succès amorcé, il décidera de s'éclipser vers sa contrée natale le temps d'une réflexion. Par cette même occasion placide, il tentera de renouer les liens avec son amour de jeunesse. Mais son producteur suspicieux de son instabilité à y refuser un examen médical entreprend de lui rendre visite. A ce titre, la séquence auquel celui-ci lui propose de le mesurer à une épreuve de force temporelle (dans la mesure d'efforcer Corky à ne pas s'exprimer par l'entremise de Fats 5 minutes durant) constitue un morceau d'anthologie terriblement sensoriel et éprouvant ! Au préalable, on peut d'ailleurs aussi citer à travers son intensité dramatique scrupuleuse l'expérience télépathique du jeu de cartes entamé entre Corky et Peggy !
Fort d'une narration aussi cruelle que nihiliste, Richard Attenborough nous oppose donc le cas pathologique d'un homme de spectacle délibéré à rencontrer le succès après avoir subi les brimades d'un public égoïste ne tablant que sur leur plaisir personnel pour y savourer un spectacle de choix. Transcendé de la force d'expression dépressive d'Anthony Hopkins déjà révélateur de son talent factuel, Magic nous transcende son profil bicéphale par le biais de son double rancunier avide d'autonomie décomplexée (la nature contradictoire de Corky donc plongé dans l'autisme). De par son climat à la fois trouble et feutré, exacerbé du huis-clos bucolique d'un chalet que le trio d'amants trouve refuge pour se démêler de leur conflit amoureux, Magic alimente une anxiété davantage redoutée auprès de ses exactions aussi perfides que pernicieuses. Ainsi donc, à travers le déclin pathologique de Corky tyrannisé par son double maléfique, Magic emprunte le cheminement du drame psychologique à la fois fragile et arbitraire auprès de la tragédie qui se dessine lentement devant nos yeux. Accompagné du thème langoureux de Jerry Goldsmith, le réalisateur insiste sobrement sur la détresse humaine de sa victime compromise par un choix cornélien. Tant et si bien qu'à travers sa romance enfin concrétisée avec Peggy après 15 ans d'attente, on ne peut s'empêcher d'y éprouver une terrible empathie pour l'impossible romance d'un artiste à la sensibilité beaucoup trop névralgique.
Huis-clos intimiste à la fois trouble et contraignant, Magic constitue une poignante tragédie humaine à travers une réflexion sur l'ambition et l'appréhension d'approcher la fioriture de la célébrité. Et ce tout en égratignant en filigrane l'élitisme du show-business et son public orgueilleux toujours plus avide de virtuosité. Il y découle un chef-d'oeuvre funèbre de par son climat aigre à la lisière du fantastique car y semant le doute quand à la véritable identité de Fats. Pantin articulé de vie par le biais de son créateur ou véritable entité maléfique douée de vie grâce à son auteur ? Sublimé de l'interprétation fébrile d'Anthony Hopkins en émoi versatile, Magic envoûte et émeut en y provoquant désarroi, confusion et oppression avec une intelligence rare pour la facture surnaturelle de sa thématique de la "poupée diabolique".
*Bruno
07.08.20. 5è
17.01.11.
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