mercredi 19 août 2020

Summer of Sam

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site posteritati.com

de Spike Lee. 1999. U.S.A. 2h22. Avec John Leguizamo, Adrien Brody, Mira Sorvino, Jennifer Esposito, Michael Rispoli, Saverio Guerra, Brian Tarantina, Al Palagonia, Ken Garito.

Sortie salles France: 5 Janvier 2000

FILMOGRAPHIE: Spike Lee (Shelton Jackson Lee) est un scénariste, réalisateur, acteur et producteur américain né le 20 mars 1957 à Atlanta (Géorgie, États-Unis).1983 : Joe's Bed-Stuy Barbershop: We Cut Heads. 1986 : Nola Darling n'en fait qu'à sa tête. 1988 : School Daze. 1989 : Do the Right Thing. 1990 : Mo' Better Blues. 1991 : Jungle Fever. 1992 : Malcolm X. 1994 : Crooklyn. 1995 : Clockers. 1996 : Girl 6. 1996 : Get on the Bus. 1998 : He Got Game. 1999 : Summer of Sam. 2000 : The Very Black Show. 2002 : La 25e Heure. 2004 : She Hate Me. 2006 : Inside Man. 2008 : Miracle à Santa Anna. 2012 : Red Hook Summer. 2013 : Old Boy. 2014 : Da Sweet Blood of Jesus. 2015 : Chi-Raq. 2018 : BlacKkKlansman. 2020 : Da 5 Bloods.


Grande fresque sociale de plus de 2h22, véritable documentaire sur les années 70 à travers la mode du Disco, la nouvelle vague Punk, la coke et la libération sexuelle (les boites à partouze, les streap pornos, le cinéma X, l'homosexualité se dévoilant un peu plus en public), Summer of Sam insuffle un climat paranoïde en crescendo sous l'impulsion du célèbre tueur en série, "le fils de Sam" durant l'été caniculaire de 77. Nanti d'un prestigieux casting à travers le quatuor John Leguizamo (en époux infidèle hanté de culpabilité), la douce Mira Sorvino (en maîtresse bafouée en proie à la rébellion), Jennifer Esposito (en jeune effrontée en quête identitaire), Adrien Brody (en punk à l'homosexualité refoulée),  Summer of Sam s'illumine de leurs présences hautes en couleur. Spike Lee ne lésinant pas sur les étreintes érotico-pornos à travers quelques coïts bercés de soul et de tube discos. Pour ce faire, on peut presque évoquer le genre musical tant le cinéaste voue un culte à ses tubes entêtants que les fans auront plaisir à réécouter. Mais au-delà de sa satire caustique contre l'homophobie et l'adultère en expansion lors des Seventies (probablement faute de la nouvelle tendance du porno "hardcore"), Spike Lee dénonce la paranoïa collective d'une communauté italienne délibérée à faire la peau à l'assassin à travers leur loi du Talion. Même la mafia s'en mêlera depuis la sollicitation d'un policier préalablement issu de leur même milieu vénal.


Et ce parmi le témoignage majeur du porto-ricain Vinny, véritable emmanché dans ses infidélités conjugales et félonie amicale, tant et si bien que son meilleur ami Ritchie risque de trépasser faute de son excentricité vestimentaire, son look de carnaval et son ambiguïté sexuelle. On y traite donc de droit à la tolérance dans ce thriller torride jonglant avec plusieurs genres à travers sa représentation folklorique d'une faune urbaine en ébullition, faute de la flambée de l'insécurité découlant d'une unique menace. La foule, et particulièrement les jeunes couples, sombrant toujours un peu plus dans une appréhension contagieuse. Les scènes de violence réalistes demeurant souvent impressionnantes dans leur impact cinglant (avec toujours ce même mode opératoire criminel de plusieurs balles dans la tête dans l'habitacle d'une voiture). Tout cela demeure donc assez sombre, décomplexé, hystérique et captivant. Tant auprès de son climat d'insécurité aux confins de l'horreur, du profil improbable du demeuré obsédé par les aboiements d'un chien, que de la caractérisation humaine de ces personnages instables en proie à une quête identitaire. Spike Lee dressant le pathétique portrait d'un porto-ricain incapable de grandir dans son entêtement machiste, son orgueil et son obsession pour le sexe. Quand bien même son alter-ego Ritchie s'affuble d'une posture de grand benêt (il cohabite au départ avec sa mère) en punk aussi instable se réfugiant dans la prostitution et les bras de sa meilleure amie en guise de survie.


Hormis des effets de mise en scène inutilement alambiqués, un rythme parfois sporadique se perdant même un tantinet en cours de route (fallait-il raccourcir le film à 2h00 ?) et une violence aseptique  paradoxalement peu réaliste (j'évoque uniquement les tabassages musclés abusant de ralentis ou  d'effets maniérés fort peu convaincants), Summer of Sam demeure un flamboyant spectacle de décadence corruptrice. Tant auprès de Vinny se raccrochant à la foi de Dieu afin de pardonner son érotomanie, de l'évolution sordide de Ritchie mais aussi du courant dévergondé de Dionna (compagne de Vinny) désemparée à l'idée de combler son partenaire sexuel. Perfectible sans aucun doute de par son climat frénétique pas aussi bien géré par moments, peut-être même démanché (surtout vers sa seconde partie), mais néanmoins transcendé du brio des comédiens totalement investis dans leur fonction à la fois impopulaire et galvaudée. L'intrigue traitant prioritairement d'échec conjugal et professionnel au sein d'une société en pleine mutation (le fameux courant Punk anti social). A revoir donc. 

*Bruno
3èx

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