lundi 10 août 2020

Byzantium

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site onechannel.tv

de Neil Jordan. 2012. Irlande/Angleterre. 1h58. Avec Gemma Arterton, Saoirse Ronan, Jonny Lee Miller, Sam Riley, Caleb Landry Jones, Tom Hollander, Daniel Mays.

Sortie salles Angleterre / Irlande. 31 Mai 2013. France: Direct To Video

FILMOGRAPHIENeil Jordan est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain irlandais, né le 25 Février 1950 à Sligo. 1982: Angel. 1984: La Compagnie des Loups. 1986: Mona Lisa. 1988: High Spirits. 1989: Nous ne sommes pas des Anges. 1991: L'Etrangère. 1992: The Crying Game. 1994: Entretien avec un Vampire. 1996: Michael Collins. 1997: The Butcher Boy. 1999: Prémonitions. 1999: La Fin d'une Liaison. 2002: L'Homme de la Riviera. 2005: Breakfast on Pluto. 2007: A vif. 2009: Ondine. 2012: Byzantium


Auteur d'authentiques perles du genre (The Crying GameLa Compagnie des Loups, Entretien avec un Vampire), Neil Jordan renoue avec l'ambition de ses débuts en abordant à nouveau la thématique du vampirisme au 1er degré. Tant et si bien que les fans seront ravis de retrouver ici ce cinéma intègre si cher à nos yeux puisque conçu pour y contenter les adultes. Le pitchDeux femmes vampires tentent de survivre dans leur société moderne en trouvant refuge auprès d'un hôtel surnommée Byzantium. La plus jeune d'entre elles tombe amoureuse d'un amant et lui dévoile son histoire vieille de 200 ans. C'est alors que débarque une confrérie ayant pour unique motivation de les annihiler.  Pourvu de sincères intentions (oh combien louables) afin de redorer un sang neuf au mythe du vampire au sein du cinéma Fantastique le plus épuré, Byzantium joue dans la cour des grands à daigner illustrer la nouvelle débâcle d'un couple de vampires, prises à parti avec des phallocrates indomptables entourés de quelques émissaires aussi pugnaces. Alors qu'Eléanor semble lamentée de sa condition d'immortelle dans son corps d'ado, sa mère Clara se livre à la prostitution afin de subvenir à leur besoin. Epris de mélancolie et de contrariété, Eléanor trouve refuge dans les bras d'un partenaire tout aussi dépressif. Dans un désir de confidence et afin de soulager sa culpabilité, elle écrit un journal qu'elle finit par dévoiler à son confident. En alternant l'époque contemporaine et victorienne au gré d'efficaces flash-back, son cheminement narratif langoureux nous en apprend toujours un peu plus sur le passé de nos héroïnes afin de saisir de quelle manière ont-elles pu devenir des vampires, par quelle malédiction, et quel en est au final leur parcours personnel après avoir été longuement séparées ! 


De par leur caractérisation sobrement humaniste sans fioritures, Neil Jordan ne s'embarrasse pas des stéréotypes pour nous ressortir l'attirail vieillot des canines pointues, du miroir sans reflet et des pouvoirs surhumains. Si bien qu'à contrario, et avec modestie, nos suceuses de sang sont tout simplement pourvues d'un ongle acéré afin d'alpaguer leur proie pour y entailler la chair et y siroter la sève. Nanti d'une somptueuse photo et d'une imagerie lyrique parfois ensorcelante, Byzantium nous séduit sans effet de manche à travers la complexité torturée de ces femmes condamnées à la solitude, car dépréciées par une confrérie misogyne réfutant la procréation. Le scénario faisant la part belle à la psychologie conflictuelle entre une mère obtuse et sa fille dépressive, d'autant plus épiées par ces antagonistes à la fois machistes et couards. Quand bien même certaines séquences fantasmagoriques à la poésie stylisée (la fontaine de jouvence inondée de sang) et son contexte écolo-singulier pour se substituer au vampire (le repère des chauves-souris et leurs effets occultes) renforcent l'ambition de Neil Jordan à nous narrer une sombre et fragile histoire de vampire à hauteur de femme. Le script prenant toujours son temps à nous décrire la difficile relation entre une mère et sa fille prisonnières de leur condition d'immortelles mais néanmoins pétries d'affection l'une pour l'autre en dépit de leur discorde davantage préjudiciable. On peut d'ailleurs dignement saluer l'interprétation dépouillée des 2 jeunes actrices à la fois charnelles et caractérielles dans leur force d'expression souvent contradictoire. Si bien que toute l'intrigue repose sur leur évolution morale à opter pour le meilleur choix de survie (le refuge de l'hôtel) en dépit de la rébellion de sa fille (beaucoup plus censée et révérencieuse en matière d'éthique) avide de rédemption et d'affection dans son petit corps de 16 ans. 


Une métaphore féministe. 
A la fois beau et fragile, mélancolique et violent; Byzantium respecte impérativement le genre dans son désir de l'imprimer au 1er degré sous l'impulsion d'une caractérisation humaine aussi empathique que fascinante. L'essentiel étant qu'ici nous croyions à nouveau au mythe du vampire à travers un esthétisme sensuel saillant, à l'instar de la beauté naturelle de ces jeunes actrices se disputant le pouvoir avec une acuité pleine de tendresse. A ne pas rater, notamment afin de réparer son catastrophique échec commercial. 

*Bruno
10.08.20
30.10.13; 109 v

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