lundi 24 août 2020

La Piscine.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Mauvais-genres.com

de Jacques Deray. 1969. France/Italie. 2h02. Avec Alain Delon, Romy Schneider, Maurine Ronet; Janes Birkin, Paul Crauchet, Suzie Jaspard.

Sortie salles France: 31 Janvier 1969

FILMOGRAPHIE: Jacques Deray (Jacques Desrayaud) est un réalisateur français né le 19 février 1929 à Lyon, décédé le 9 août 2003 à Boulogne-Billancourt. 1960 : Le Gigolo. 1963 : Rififi à Tokyo. 1963 : Symphonie pour un massacre. 1965 : Par un beau matin d'été. 1966: Avec la peau des autres. 1966 : L'Homme de Marrakech. 1969 : La Piscine. 1970 : Borsalino. 1971: Doucement les basses. 1971 : Un peu de soleil dans l'eau froide. 1972 : Un homme est mort. 1974 : Borsalino & Co. 1975 : Flic Story. 1977 : Le Gang. 1978 : Un papillon sur l'épaule. 1980 : Trois hommes à abattre. 1982 : Les Secrets de la princesse de Cadignan (TV). 1983 : Le Marginal. 1983 : Credo (TV). 1985 : On ne meurt que deux fois. 1987 : Le Solitaire. 1987 : Maladie d'amour. 1989 : Les Bois noirs. 1991 : Contre l'oubli. 1991 : Netchaïev est de retour. 1993 : Un crime. 1994 : 3000 Scénarios contre un virus (segment « Arnaud et ses copains »). 1994 : L'Ours en peluche. 1998 : Clarissa (TV). 2000 : On n'a qu'une vie (TV). 2001 : Lettre d'une inconnue (TV).


"Un crime n'est véritablement un chef-d'oeuvre que si l'auteur reste impuni."
Chef-d'oeuvre imputrescible du cinéma français salué par la critique et le public, si bien qu'il cumule à sa sortie 2 342 059 entrées pour se hisser 9è au classement, La Piscine est autant un modèle de mise en scène qu'un film d'acteurs au diapason. Car en y réunissant les duos sacrés Alain Delon / Romy Schneider, et dans une moindre mesure Maurice Ronet / Jane Birkin, Jacques Deray dirige ces derniers à la perfection à travers leur complicité conjugale à la fois vénéneuse et sournoise qu'ils s'échangent au sein d'une idyllique villa Tropézienne. De par la force des regards tacites partagés entre désir, passion et jalousie y découlera un acte impensable de la part de l'un d'eux en proie à une rancoeur devenue ingérable. C'est donc une histoire de rivalité machiste que nous relate avec parcimonie Jacques Deray à travers les personnages trop orgueilleux de Jean-Paul (Delon) et Harry (Ronet), amis d'hier, ennemis d'aujourd'hui. Ainsi, à travers les expressions en berne des personnages témoins d'une situation criminelle improvisée, La Piscine s'enrichit d'une puissante intensité dramatique au fil des profils galvaudés du duo maudit Delon / Schneider transperçant l'écran à chacune de leur fébrile présence.


Des amants pris dans les mailles de la rupture conjugale sous l'impulsion des silences pesants du regard sentencieux. Car en y transplantant le drame psychologique dans le cadre d'une intrigue criminelle, La Piscine demeure une histoire d'amour maladive lorsque un couple s'adonne au jeu dangereux d'une séduction un brin provocatrice en guise de convoitise. Alain Delon se fondant dans le corps de l'amant en perdition avec une saisissante expression à la fois tranquille et contrariée eu égard de son geste irréparable d'une implacable cruauté. Un être assombrit par la défaite et la peur de perdre l'être aimé qui, peu à peu, prendra conscience de la gravité de sa folie. Quand bien même Romy Schneider (d'une beauté sensuelle ici très érotique, notamment auprès de ce prologue à la fois charnel et torride !) se taille une carrure de femme envieuse davantage meurtrie au fil de sa relation équivoque avec Jean-Paul. Et ce jusqu'à y déroger les barrières de sa moralité si je me réfère à l'étonnant épilogue où chacun y laissera malgré tout de profondes cicatrices quelque soit leur destinée.


Drame passionnel donc débouchant vers une sombre intrigue criminelle (avec en filigrane une réflexion complexe sur le pardon), La Piscine puise sa densité grâce à la mise en scène épurée de Deray prenant tout son temps à implanter son récit et à nous familiariser avec ses protagonistes par le biais d'un climat estival davantage orageux. Un grand moment de cinéma au sens noble du terme, transcendé de la caractérisation humaine des personnages fragiles, surtout si je me réfère au passé obscur de Jean-Paul (que Deray effleure à travers sa tentative de suicide) aujourd'hui impliqué dans les arcanes d'un amour fusionnel pour autant destructeur. Un personnage prétentieux et possessif incapable de gérer ses émotions contradictoires lorsque rancune et jalousie viendront ternir sa romance épanouie.  

*Bruno
2èx

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