lundi 3 août 2020

Les Enfants d'Abraham / "El segundo nombre". Grand Prix du film fantastique européen, Catalogne, 2002.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site cine.coveralia.com

de Paco Plaza. 2002. Espagne. 1h39. Avec Erica Prior, Trae Houlihan, Denis Rafter, Craig Stevenson, John O'Toole, Frank O'Sullivan.

Sortie salles France: 13 Août 2003. Espagne: 15 Novembre 2002

FILMOGRAPHIE: Paco Plaza est un réalisateur et scénariste espagnol né en 1973 à Valence (Espagne). 2002 : OT: la película (doc). 2002 : Les Enfants d'Abraham. 2004 : L'Enfer des loups. 2006 : Scary Stories - épisode Conte de Noël (TV). 2007 : [●REC] (coréalisé avec Jaume Balagueró). 2008 : [●REC]2 (coréalisé avec Jaume Balagueró). 2012 : [●REC]3 Génesis. 2017 : Verónica.


"Pour faire un tel sacrifice, disparaître pour le bien de l’autre, il faut l’aimer vraiment."

Révélé plus tard par la trilogie [REC], Paco Plaza amorça sa carrière en 2002 avec Les Enfants d’Abraham. Première œuvre perfectible, tant dans sa mise en scène que dans sa direction d'acteurs, elle n’en demeure pas moins un excellent thriller intimiste que la présence d’Erica Prior porte avec une intensité humaniste, forgée dans une idéologie maternelle viscérale. Déterminée à lever le voile sur le suicide mystérieux de son père, lié à une secte catholique, l’héroïne se confronte à une enquête fertile en indices et en rebondissements, que Plaza distille avec une habileté discrète. Mais ce cheminement la conduit surtout à reconsidérer sa propre identité, prise dans les filets d’une machination.

En s’attaquant au thème du sacrifice d’enfant sur fond de lecture biblique, Les Enfants d’Abraham refuse tout compromis : climat renfrogné, photographie sombre et sépia appuyant sa tonalité dépressive, personnages interlopes rongés par le mensonge, la manipulation et l’immoralité concertée.


Certains spectateurs pourront être déconcertés par son épilogue tragique, rejetant le happy-end de rigueur. Pourtant, grâce à un suspense latent, efficacement entretenu, et à ce fil rouge - l’amour paternel perverti par la foi - Plaza retient toujours l’attention. Son film esquisse une investigation de longue haleine, portée par une héroïne à l’humanisme torturé puis finalement démuni. Le cinéaste confère à sa psychologie une intensité particulière, au fil d’une évolution morale en perdition, gangrenée de secrets obscurs. Si l’on aurait pu souhaiter une réalisation plus solide - même si parfois soignée par le choix des cadres -, il reste que ce sujet malsain, terrifiant et cruel, ne peut laisser indifférent. Un thriller flegmatique, qui privilégie la suggestion et gagne ainsi en réalisme clinique, glauque, anxiogène, hermétique. À (re)découvrir, d’autant qu’il demeure hélas injustement méconnu, malgré son Grand Prix à Catalogne

— le cinéphile du cœur noir
3èx. 08.09.25. Vost

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