vendredi 14 août 2020

Bully. Grand prix, Stockholm, 2001

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site fr.shopping.rakuten.com

de Larry Clark. 2001. U.S.A. 1h53. Avec Brad Renfro, Rachel Miner, Bijou Phillips, Nick Stahl, Michael Pitt.

Sortie salles France: 12 Décembre 2001

FILMOGRAPHIE: Larry Clark est un réalisateur, photographe, directeur de la photographie, né le 19 Janvier 1943 à Tulsa dans l'Oklahoma. 1995: Kids. 1998: Another Day in Paradise. 2001: Bully. 2002: Teenage Caveman (télé-film). 2002: Ken Park. 2004: Wassup Rockers. 2006: Destricted (segment Impaled). 2012: Marfa Girl (uniquement dispo sur le net). 2015: The Smell of us. 2018 : Marfa Girl 2.


Film choc s'il en est, ad nauseum, Bully est le nouvel uppercut de Larry Clark après avoir été révélé par le mythique Kids et le non moins poisseux Another day in Paradise. Inspiré d'un fait-divers perpétré en 1993 auquel 7 adolescents tuèrent un de leur camarade abusif, Bully nous laisse le souffle coupé sitôt les sentences prononcées. Car on a beau s'écoeurer de la posture psychopathe de ces tueurs en herbe, Larry Clark possède ce don inné d'y dresser leur fragilité morale avec un hyper réalisme plus vrai que nature (pour ne pas dire documenté). C'est d'ailleurs ce qui fait la rigueur du drame sordide qui se dessine devant nos yeux, si bien que l'on subit Bully de plein fouet à l'instar d'un docu-vérité brut de décoffrage, qui plus est émaillé d'instants de poésie à travers ses visages naturalistes. Les acteurs, pour la plupart méconnus, étant bluffants de naturel de par leur jeu improvisé et leur physionomie pubère; tant et si bien que nous n'éprouvions aucune empathie pour leur profil marginal imprégné d'inconscience et d'irresponsabilité. Outre le caractère insoutenable de la longue séquence de meurtre d'une crudité éprouvante (on peut d'ailleurs se remémorer la fameuse tagline d'Hitchcock à travers sa tension exponentielle), Bully tire-parti du souci du détail auprès des expressions cyniques de ces ados pervers communément influencés par leurs sentiments de haine et de revanche avec un goût prononcé pour le sang.


Tant et si bien qu'ils y éprouvent excitation et jouissance communautaire, tant auprès des préparatifs, de leur première tentative manquée que de l'acte odieusement perpétré en complicité insidieuse. Glaçant, effrayant, primitif, ultra malsain et dérangeant, Bully distille un malaise davantage plombant à se familiariser auprès de ces bambins décervelés (voir leur stupide concertation afin d'élaborer un alibi ou encore leurs conversations ne tournant qu'autour du sexe, de la drogue et des sorties nocturnes !) adoptant des postures immorales dans leur innocence pubère. Antipathiques donc, car se complaisant dans la drogue, la luxure et le crime avec une vulgarité décomplexée (certaines séquences sensorielles effleurent d'ailleurs la pornographie par certains plans charnels), ceux-ci finissent tout de même par nous susciter un regain de tristesse, un sentiment de gâchis irréversible passé l'acte criminel. Si bien que le collapse, le sentiment irrépressible de la paranoïa du gendarme seront de rigueur pour la plupart d'entre eux incapables de contenir leur sang froid passé l'irréparable. C'est d'ailleurs à cet instant crucial que Larry Clark insiste sur la fragilité désoeuvrée de ces ados en perdition abdiqués par leurs parents mais aussi la société. Car livrés à eux-même dans leur précarité socio- professionnelle, ils ne comptent donc que sur l'évanescence de la drogue et du sexe pour évacuer l'ennui de leur quotidien sans repère. Ainsi, à travers ce tableau terrifiant d'une marginalité juvénile irrécupérable, Larry Clark nous foudroie d'aigreur, de crainte et de désolation à travers ce terrible constat d'échec d'une jeunesse anti-manichéenne incapable d'assimiler les notions d'amitié, de confiance, d'amour et de pardon.


De toute évidence, Bully est à réserver à un public (très) averti bien que le public ado devrait peut-être y jeter un oeil studieux pour éviter d'emprunter cette trajectoire délinquante de non retour. Profondément pervers et putassier au gré d'une acuité dramatique, il reste probablement l'un des Teen Movie les plus choquants vus au cinéma dans sa facture racée vitriolée.

*Bruno
2èx

RécompenseGrand Prix au Festival international du film de Stockholm de 2001

SPOIL !
Les sentences suivantes sont prononcées proportionnellement au rôle que chacun a tenu dans le complot : (source WIKIPEDIA)

Heather J. Swallers (Kelli Garner) : 7 ans de réclusion criminelle pour complicité d'homicide volontaire avec préméditation
Derek Dzvirko (Daniel Franzese) : 11 ans de réclusion criminelle pour complicité d'homicide volontaire avec préméditation
Alice Willis (Bijou Phillips) : 40 ans de réclusion criminelle pour complicité d'homicide volontaire avec préméditation + circonstances aggravantes
Donald Semenec (Michael Pitt) : emprisonnement à perpétuité pour homicide volontaire avec préméditation + circonstances aggravantes
Derek Kaufman (Leo Fitzpatrick) : emprisonnement à perpétuité pour complicité d'homicide volontaire avec préméditation + circonstances aggravantes
Lisa Connely (Rachel Miner) : emprisonnement à perpétuité pour complicité d'homicide volontaire avec préméditation + circonstances aggravantes
Marty Puccio (Brad Renfro) : condamnation à la peine de mort par la chaise électrique pour homicide volontaire avec préméditation + incitation à la violence + circonstances aggravantes

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