dimanche 27 février 2011

BLANCHE NEIGE, LE PRINCE NOIR ET LES 7 NAINS (I Sette Nani Alla Riscossa)

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site arcadesdirect.fr

de Paolo William Tamburella. 1951. Italie. 1h28. Avec Rossana Podestà, Roberto Risco, Georges Marchal, Mario Mastrantonio, Salvatore Furnari, Francesco Gatto, Ulisse Lorenzelli, Giovanni Solinas, Arturo Tosi, Domenico Tosi, Ave Ninchi.

FILMOGRAPHIE: Paolo William Tamburella est un réalisateur, scénariste et producteur Italien. Il n'aurait tourné que 3 longs-métrages avant de mourir prématurément. 1946 Sciuscia (Producteur). 1950 Vogliamoci bene ! (réalisateur, scénariste et producteur). 1950 Sambo (réalisateur et scénariste). 1951 Blanche neige, le prince noir et les 7 nains (producteur, scénariste et réalisateur).

Les 7 nains se déchaînent ! 
En bonne et due forme, l'éditeur Artus films nous a déterré de l'oubli une curiosité transalpine totalement méconnue du public et des critiques, un conte de fée sorti de nulle part remis au goût du jour à travers le célèbre personnage de Blanche Neige. Une mixture incongrue d'aventures, de féérie, de science-fiction et de cape et d'épée ! Faut-il le voir pour le croire ? Alors que le prince aimant doit partir au front rejoindre sa troupe prise en embuscade, Blanche Neige se fait enlever par le sinistre Prince Noir. Au même moment, au fin fond d'une forêt, 7 nains endormis dans leur chaumière apprennent cette mauvaise nouvelle par la prescience d'un rêve commun. Dès lors, ils décident de partir à sa recherche pour une aventure semée d'embûches et d'imprudences.

Découvrir pour la première fois Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains plus de soixante ans après sa sortie s'avère une curiosité insensée dont seuls les italiens ont le secret. A travers un pitch décousu et prémâché (sept nains complètement crétins partis à la recherche de Blanche Neige, prise au piège entre les griffes du méchant prince noir) Paolo William Tamburella en extirpe un ovni pétulant. Le plaisir coupable que l'on éprouve durant cette folle aventure résidant dans les agissements tous plus saugrenus et farfelus de nos fameux nains, persuadés d'épater la galerie avec une bonne foi incommensurable. A travers des situations improbables dénuées de raison, ces sept petits personnages téméraires vont accumuler les pires pitreries pour amuser et faire rire son public prioritairement acquis pour les enfants. Il faut le voir pour le croire car certaines scènes digne d'un Mattei des Rats de Manhattan (souvenez vous, la noiraude enfarinée qui s'exclamait à vive voix: chui toute blanche euh !!! chui dev'nue toute blanche euh !!!!!) sont d'une idiotie si déconcertante qu'elle provoque finalement l'attachement, l'amusement, voir le rire involontaire chez les invétérés du Bis pour rire. A titre d'exemple, la séquence illustrant nos valeureux nains délibérés à emprisonner deux individus de grande taille (sortis d'un âge préhistorique !) avec l'aide d'une simple ficelle provoque un fou-rire incontrôlé ! A travers un jeu improvisé, ils vont tenter de convaincre les hommes des cavernes qu'ils s'amusent de bon coeur avec leur bout de cordelette pour les entremêler du creux de leurs mains. Un casse-tête chinois sans queue ni tête auquel nos deux abrutis des cavernes vont eux aussi daigner y participer pour pouvoir délayer les mains des nabots. Alors qu'au terme, le duo se retrouvera enlacé et emprisonné par la mince cordelette tendue autour de leur corps par nos p'tits compagnons rusés.

Paradoxalement, à certains passages du récit, la mise en scène subitement plus inspirée nous fignole une séquence féérique particulièrement réussie et réellement fantasque auquel le spectateur éprouve un vrai sentiment d'évasion. En effet, nos sept nains partis à la recherche de Blanche Neige décident de faire une pause pour s'endormir sur la verdure apaisante d'une forêt enchantée. Tandis qu'à peine endormis, ils vont subitement être aspirés sous terre et se retrouver dans un monde englouti où de charmantes sirènes sensuelles vont les accueillir avec empathie ! Avec des effets cheaps futiles mais efficaces, les décors fantasmagoriques vont tirer admirablement leur épingle du jeu pour nous adhérer à cette scénographie aquatique grâce à sa mise en scène assidue et inventive. La suite se condense à un chassé croisé entre nos héros attardés et des méchants guerriers réunis dans la tour d'un château aux pouvoirs surnaturels. Puisque à la fin, on apprendra que les pouvoirs du prince noir sont régis par un mécanisme futuriste digne d'un laboratoire dantesque hérité de Frankenstein et Metropolis réunis ! Oui vous avez bien lu ! On notera aussi le décor réussi et baroque de l'entrée du château à travers son architecture exubérante pour laisser place à un monument horrifique symbolisant un terrifiant monstre volatile.

Fourre tout dégingandé mais assumé et réalisé avec une sincérité indéfectible, Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains est une bisserie saugrenue unique en son genre chez les férus de bisserie Z. Son alliage cocasse d'aventures, de féérie et de science-fiction, et surtout l'abattage de nos valeureux nains engendrent un spectacle familial à la fois plaisant et oh combien extravagant. Sans oublier le charme docile de la discrète mais courtoise Blanche Neige, amoureuse comme il se doit de son prince vaillant. Pour les spectateurs non cinéphages, réfractaires au charme du nanar puéril, ils seront sans doute atterrés d'avoir assisté à un spectacle aussi risible, d'autant plus infidèle pour célébrer le conte homonyme des frères Grimm.

25 . 12 . 10 .
Bruno Matéï

Anthropophagous / Anthropophagus / The Grim Reaper

         

de Joe d'Amato. Italie. 1980. 1h35. Avec Tisa Farrow, Saverio Vallone, Serena Grandi, Margaret Donnelly, Mark Bodin, Bob Larsen, Rubina Rey, Simone Baker, Mark Logan, George Eastman, Zora Kerova...

Sortie salle France: 20 janvier 1982Etats-Unis:  23 octobre 1981

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien. 1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980: Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.


D'Amato Ketchup, le Heinz Spaghetti !
En 1979, Joe D’Amato créé sa propre société, Filmirage, et se lance dans la production d’un métrage à faible budget, Anthropophagous, tourné en 16mm avant que l’image ne soit gonflée en 35 pour son exploitation ciné. Pour l'élaboration du script, il se partage la paternité avec son acteur premier, George Eastman (de son vrai nom Luigi Montefiori). Le film arrive en France le 20 Janvier 1982, soit deux ans après sa sortie italienne, provoquant autant la stupeur chez le spectateur qu'un tollé d'injures de la part des critiques bigotes. Son exploitation lucrative en Vhs renforcera notamment son aura de scandale, à l'instar de son homologue transalpin, Cannibal Holocaust ! Le pitchDébarqués sur un archipel, un groupe de jeunes touristes ont fort à faire avec un dangereux maniaque adepte du cannibalisme !  Réputé pour être l'un des films les plus choquants des années 80, Anthropophagous doit essentiellement sa réputation hardcore grâce à deux séquences particulièrement incongrues. L'arrachage d'un foetus humain du ventre de sa mère que l'anthropophage dévore à pleine dent, et l'éventration de ce dernier, perforé à coup de pioche, abrégeant ainsi ses souffrances en se mastiquant les intestins ! Du délire à l'état pur pour le plus grand plaisir des fans de péloche faisandée ! D'où la fameuse tagline de l'époque: "l'homme qui se mange lui-même !


Ainsi, avec des moyens réduits, un pitch linéaire et la présence (attachante) de comédiens au jeu limité (même si Georges Eastman et Tisa Farrow s'avèrent plus convaincants !), Joe D'Amato mise donc ses espoirs sur une ambiance funèbre prédominante au gré de décors peu rassurants. A l'image de ces foyers blafards renfermant parfois des cadavres décrépis derrière une chambre secrète, d'une forêt clairsemée dénuée de toute vie animale, d'une nécropole nocturne ou encore de cette cave duquel une aveugle s'est blottie au fond d'un tonneau. Quand bien même le repère du tueur s'instaure sous un monument en ruine, sous-sol nécrosé abritant un charnier d'ossements humains et corps putréfiés. Afin de renforcer ce climat funèbre, la partition musicale dissonante, alternant sons électroniques et concert d'orgue, insuffle bien ce sentiment d'inquiétude malaisant qui environne les alentours de l'île. On peut donc surligner qu'au niveau de l'atmosphère anxiogène, D'Amato ne laisse pas indifférent, quand bien même l'attrait minimaliste et grotesque de l'intrigue y accentue son attrait volontiers ludique. En gros, six touristes jouent à cache-cache avec un demeuré cannibale dans les foyers mutiques de l'archipel avant de pouvoir trouver refuge dans sa propre maison logée par sa soeur. Puis en guise de flash-back explicatif, le réalisateur nous divulguera un bref aperçu des circonstances tragiques qui eurent entraîné cet individu vers la folie.


En provocateur sans vergogne, Joe D'Amato n'éprouve donc aucun complexe à illustrer vulgairement des effets chocs, simples mais efficaces, en abusant de zooms pour insister sur les chairs mutilées. Mais son film, aussi sanglant soit-il par moments, n'est pas non plus un étalage de gore métronome, le réalisateur misant plutôt sur l'étrangeté de son climat solaire (toute l'action se déroulant quasiment de jour !) et la notion latente du suspense auquel nous participons avec plaisir masochiste. A l'instar des rares apparitions du tueur endossé par Georges Eastman, rôle taillé sur mesure pour sa stature plutôt  imposante. Ainsi, de par son visage lépreux suant l'odeur fétide et ces accès expressifs de folie cannibale, sa présence monstrueuse ne passe pas inaperçue en évoquant d'ailleurs l'ogre des bois que l'on aime se narrer autour d'un feu ou lors des contes de fée.


L'homme qui se mange lui même !!!
Aussi bricolé et maladroit, Anthropophagous séduit bougrement de par son ton irrévérencieux et surtout l'agencement d'un climat ombrageux distillant une fascination des plus macabres. La présence terrifiante de George Eastman, l'ambiance putride de ces décors touristiques, son score envoûtant et ses effets gores décadents concourent de transcender un produit Z en perle de déviance typiquement latine. En l'état, une fort plaisante bisserie low-cost comme seuls ces italiens dévoyés avaient le secret, si bien que de nos jours "ultra conservateurs" aucun réalisateur n'oserait suggérer pareil méfait déviant chez un producteur lambda. 
                                 
*Bruno
27.12.10
14.07.14
Octobre 2022. 4èx

La critique de Mathias Chaput:
Partant du gimmick culotté de "l'homme qui se mange lui même" (!) qui servira d'accroche au film et garant d'un immense succès suscité par la curiosité coupable des spectateurs, "Anthropophagous", outre un scénario qui tient à peu près la route, reste un monument dans le genre, déclinant effets gore nauséeux et atmosphère terrifiante !

George Eastman, de par son charisme, y est pour beaucoup dans la réussite du métrage, dont il a également écrit le scénario...

D'amato se fait plaisir et NOUS fait plaisir, le bougre se lâche, nous gratifiant de passages délirants et anxiogènes (la nuit de l'orage, la caverne du cannibale, les sous sols de la maison...) mais n'oublie jamais de prendre conscience du risque de l'impact que son film peut avoir...

Re(con)stituant une angoisse qui va crescendo, il met habilement en exergue des idées qui feront date (le miroir qui se brise, renfermant derrière lui une mini mausolée), l'exploitation de l'aura de l'archipel, comme un piège sournois qui enferme les pauvres gens ainsi que le spectateur, un microcosme glaçant et ultime où gravitent les "petites souris" avec le "chat", prédateur qui finira par les manger !

"Anthropophagous" est une gigantesque partie de cache-cache avec comme point d'orgue une issue salvatrice extrêmement gorasse, presque minimaliste !

Doté de trouvailles graphiques plus perverses et imaginatives les unes que les autres (le plan légendaire d'arrachage de foetus, fallait être fou pour oser un truc pareil !), se suivant avec attention et bénéficiant de rebondissements assez bienvenus dans son déroulement, "Anthropophagous" est un des piliers dans l'oeuvre de D'Amato et dans la continuité du cinéma gore italien, le bougre récidivant un an plus tard avec son "Rosso sangue" et allant encore plus loin dans le gore, celui ci étant un peu les prémices de son style...

Réservé à une poignée d'aficionados et pas du tout grand public, "Anthropophagous" ravira les cinéphages friands d'horreur déviante, les autres passeront leur chemin !

Le travail de BACH films sur le dvd est remarquable et les bonus avec l'immense Christophe Lemaire sont un pur régal !

Calibré pour une soirée pizza entre potes, "Anthropophagous" a le mérite de terrifier et de divertir en même temps, ce qui est louable !

Ne boudons pas notre plaisir et savourons ce film mythique !

Note : 8/10

DREAM HOME (Wai dor lei ah yut ho)

(avis subjectif d'un puriste amateur)



de Pang Ho-Cheung. 2010. Hong-Kong. 1H36. Avec Eason Chan, Michelle Ye, Josie Ho, Norman Chu, Anthony Wong, Kwok Cheu-Sang, Hee Ching Paw.

Sortie française: courant 2011.

FILMOGRAPHIE: Pang Ho-Cheung est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur Hongkongais né en 1973.
2001: You Shoot, I Shoot
2003: Men Suddenly in Black
2004: Beyond Our Ken
2005: A.V.
2006: Isabella
2007: Exodus
2007: Trivial Matters
2010: Love in a Puff
2010: Dream Home

    CATEGORIE 3.
    Retour en fanfare chez nos Hongkongais pour l'horreur hardgore (mais ludique) avec un métrage dans la droite lignée des fameux Catégories 3 (interdit au moins de 18 ans). Autant avertir d'emblée les curieux qu'il s'agit encore d'un de ces métrages extrêmes baignant dans l'immoralité et la violence crue comme seul les asiatiques effrontés ont le secret.

    A travers une trame horrifique vindicative et punitive alignant en intermittence une succession de meurtres d'un réalisme sidérant mais heureusement volontairement dénaturée par un humour acide exutoire, Dream Home décrit le calvaire financier qu'une jeune fille, Cheng Lai-sheung, doit traverser pour pouvoir s'approprier une demeure de luxe.
    Parce que durant son enfance, elle pouvait admirer le paysage radieux du quartier Victoria de Hong-Kong depuis sa fenêtre d'appartement familial, Cheng Lai-sheung s'était jurée de posséder un logement semblable situé en bord de mer. Mais comme la ville est en perpétuelle évolution industrielle et que l'urbanisation envahissante a délaissé l'écologie contre la beauté harmonieuse de la nature, le rêve de notre héroïne sera une éprouvante labeur, surtout que le marché de l'immobilier davantage en inflation ne cesse de progresser. De ce fait, Cheng entreprend deux emplois successifs pour pouvoir concrétiser son rêve et son père, gravement malade, pourrait lui laisser une somme conséquente en guise d'assurance vie. Mais l'attente insupportable des prêts immobiliers va sérieusement contraindre la jeune fille de se lancer dans le meurtre expéditif auprès des habitants de l'immeuble. De sorte à dissuader les futurs acquéreurs pour sélectionner un des appartements.


    Le film démarre brutalement avec un meurtre d'anthologie par strangulation mis en scène avec une virtuosité que n'aurait pas renié Dario Argento (le magnifique pré-générique qui juxtapose une succession de building high-tech n'est pas non plus en reste !). La caméra agile multipliant les angles de prise de vue et les cadrages alambiqués incessants dans une parfaite fluidité.
    Le calvaire moribond que va subir cet agent de sécurité lapidé est long, viscéral et désespérément vain dans ses tentatives de se raccrocher au fil de sa vie. L'homme essayant de se délier à l'aide d'un cutter pour tenter de sectionner le cordon acéré autour de son cou. Sauf qu'à force de vouloir ciseler la cordelette à l'aveuglette dans un état d'affolement incontrôlé, c'est sa gorge qu'il atteindra par petites coupures successives lui entaillant la peau, jusqu'à ce qu'il périsse étouffé dans sa mare de sang.

    La suite immuable tient ses promesses en variant continuellement une série de meurtres inventifs, soigneusement concoctés et sacrément impressionnants dans des FX hyper réalistes et perfectibles sans toutefois verser dans l'insoutenable nauséeux.
    C'est son savant dosage de cynisme sarcastique qui va dédramatiser chaque situation extrême, redoutée pourtant avec appréhension, puisque chaque meurtre envisagé se révèle ultra sanglant, violent et sans concession admise.
    Cette farce grotesque au ton incongru entamée dans un climat déroutant séduit les amateurs d'horreur brute avec en prime l'intelligence de dénoncer un message social tout à fait actuel sur la spéculation immobilière, davantage intransigeante et perfide envers le citoyen lambda tributaire du "toujours travailler plus" (l'héroïne pratiquant 2 emplois succincts).
    Seul bémol cependant envers quelques flashs-back un peu rébarbatifs, volontairement déstructurés à propos de l'enfance de notre jeune héroïne. Des va et vient désordonnés un peu trop appuyés et insistants jusqu'à semer la confusion dans l'esprit du spectateur futilement désorienté.
    Tandis que le final extravagant, Tarantinesque dans son absurdité sanguinaire commise en défaveur de ses témoins indirects va se concrétiser dans un bain de sang débridé, (in)volontairement déraisonné !


    Michelle Ye qui incarne le rôle d'une meurtrière en demi-teinte dans sa quiétude mêlée d'inquiétude est totalement étonnante, singulière dans son physique neutre, sa personnalité trouble et austère, d'un calme confondant dans ces agissements meurtriers. Froide, inflexible et déterminée dans ses ambitions matérielles axées sur le confort et la tranquillité dans une société de consommation inéquitable.
    ATTENTION SPOILER !!!!!Une meurtrière d'autant plus ambivalente qu'elle ira jusqu'à délaisser son paternel agonisant pour volontairement le laisser périr dans ses derniers souffles suppliciés d'une chambre d'hôpital. Une manière indocile, plus furtive à pouvoir encaisser l'assurance vie garantie. FIN DU SPOILER.

    C.L.S CHERCHE APPARTEMENT.
    Dans une réalisation soigneusement ciselée variant les ruptures de ton, Dream Home se révèle un excellent divertissement horrifique, sardonique et extrême dont les nombreuses séquences chocs percutantes et rigides sont exécutées avec un sens spectaculaire jouissif expurgé d'un potentiel malaise rigoureux par son humour noir libérateur.
    Le scénario, loin de se réduire au canevas basique et orthodoxe du genre symptomatique se permet en sus de dénoncer l'abus de spéculation immobilière qui touche les pays du monde entier (comme il l'est spécifié à la toute fin du métrage). Une dérive quotidienne vécue à travers le destin baroque, immoral d'une jeune fille dépitée de son existence morne et désillusionnée, avide de renommée par le pouvoir capital.


    NOTE: Le film a été présenté avec succès lors de la 10ème édition du Festival International du Film Fantastique de Neuchatel (Suisse)

    28.12.10

    LE RENNE BLANC (Valkoinen peura)


    (avis subjectif d'un puriste amateur)

    Prix du film légendaire à Cannes.

    de Erik Blomberg. 1952. Finlande. 1H05. Avec Mirjami Kuosmanen, Kalervo Nissilä, Åke Lindman.

    FILMOGRAPHIE: Erik Blomberg (18 September 1913 – 12 October 1996) est un réalisateur, scénariste et producteur finlandais. Il a été marié à l'actrice Mirjami Kuosmanen qui incarne le rôle principal du Renne Blanc (également illustrée dans la co-scénarisation), son seul et unique long-métrage.


    LES OUBLIES DU FANTASTIQUE FINLANDAIS.
    L'éditeur Artus Films nous a une fois de plus déterré il y a peu une merveille du cinéma Fantastique Finlandais tirée d'une légende nordique. Un film particulièrement notoire dans son pays d'origine qui a été couronné en 1953 du Prix international du film légendaire du Festival de Cannes, décerné par Jean Cocteau.

    En Laponie, dans le cercle polaire, une jeune femme sorcière contre son gré épouse un jeune chasseur de renne. A cause des absences répétées de son époux, Pirita, délaissée, décide de rencontrer un sorcier pour retrouver un potentiel intérêt à sa vie esseulée.
    Elle conclut alors un pacte avec le Mal avec l'aide du sorcier et doit sacrifier un être vivant au Dieu de la pierre pour pouvoir bénéficier d'un pouvoir ensorcelant les hommes de la région. Mais cet accord du Mal se forgera en malédiction pour la jeune fille, incapable de se débarrasser d'un fardeau davantage contraignant et finalement fustigé.


    Le film débute par un court poème vaillamment conté et chantonné par une narratrice candide. C'est cette histoire insolite qui nous sera visuellement évoqué durant la totalité narrative axée sur une légende diabolique pour mettre en cause la perte identitaire d'une jeune fille avide d'affection, de pouvoir vampirique sur les hommes, contribué par ces charmes sensuels insoupçonnés.
    Pour une production Finlandaise datant de 1952, nous sommes en dépaysement total devant l'étendue clairsemée de leurs immenses plaines enneigées que l'on parcourt inlassablement à perte de vue ! Un florilège de décors naturalistes en accord avec la beauté limpide écologique. Un paysage ensorcelant d'une autre époque, un ailleurs inexploré irrésistiblement tangible, un environnement fantasque submergé de son manteau de neige qui illumine chaque toile de l'horizon, telle une féérie gracile pleine de candeur. Quelques chaumières emmitouflées par l'abondance de flocons blancs et légers où l'on peut discerner de l'étendue des collines nacrées la fumée bienveillante qui s'évacue des cheminées dans l'air frais du cercle polaire. Alors que des habitants familiers sont sur le point de fêter un traditionnel mariage rituel avant de partir chasser ces centaines de rennes dégourdis, chevauchant les routes désertes de présence humaine.
    Mais dans cette contemplation irréelle au fluide sensoriel il y a de sombres superstitions que l'on redoute chuchoter, craignant le pouvoir maudit du Dieu de pierre ou celle plus ample de la vallée de la mort.
    Pirita, jeune fille élégante, immature et insouciante se laissera facilement berner par le pouvoir d'une entité pernicieuse en lui sacrifiant un renne pour devenir elle-même cet animal vigoureux tant convoité. Dans un sentiment hautain de supériorité, elle prendra plaisir à se laisser courser par les habitants du quartier, intrigués par l'apparence monochrome de l'animal sauvage. Tandis que Pirita, renouée dans son corps de femme devant la stupeur déconcertée de l'homme qui l'aura finalement traqué, assassinera sa victime de manière sarcastique en l'égorgeant de ces dents lascives et incisives.
    Mais la supercherie désinvolte de la jeune sorcière possédée ne pourra éternellement satisfaire ses méfaits dédaigneux quand les hommes revanchards connaitront le moyen antique de détruire le renne blanc.


    C'est un conte baroque et inhabituel que nous retranscrit Erik Blomberg dans un mélange de fantastique teinté de vampirisme, de superstition, de sorcellerie et de merveilleux centré sur la beauté de la nature et de ceux qui y résident, en harmonie avec la danse des rennes omniprésents.
    La prestance inhabituelle des comédiens totalement inconnus chez nous, induite dans leur patrimoine d'une culture différente de la notre et l'ambiance étrange, irrésistiblement envoutante qui s'y dégage nous entraine dans un magnifique poème incandescent, amer et cruel. Une légende nordique traçant la convoitise d'une jeune sorcière niaise de ses désirs envers l'homme intrigué, angoissé par le mystère insondable de la femme charnelle et séductrice.

    PIRITA, LA SORCIERE.
    Réalisé dans un noir et blanc naturel et expressif mis en exergue pour l'immensité palpable de ces décors enneigés, Le Renne Blanc est un conte méconnu qui retrouve soixante ans plus tard une aura d'estime, de reconnaissance, de légitimité, via un éditeur couillu qui aura entrepris, par le support du dvd, à faire découvrir au public curieux une perle probante du Fantastique venue de l'étranger. Et cela, même si malheureusement, l'insuccès de sa cote de popularité en France ne sera toujours pas reconnue, alourdie de sa discrète campagne publicitaire.
    Mais l'essentiel est que cette merveille soit enfin disponible chez nous et que si parmi vous, en décuplant votre curiosité addictive, vous aurez un jour la chance de découvrir cet enchantement permanent, vous vous laisserez sans commune mesure happer par ce voyage étrangement merveilleux auquel les affres du temps ne pourront jamais annihiler son pouvoir diaphane.

    Dédicace à ARTUS FILMS que je ne remercierai jamais assez !

    30.12.10


    Le destin de Pirita représente les peurs, les angoisses, et les refoulements éternels de l’homme… (site web)

    Rosemary's Baby

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

    de Roman Polanski. 1968. U.S.A. 2h17. Avec Mia Farrow, John Cassavetes, Ruth Gordon, Sidney Blackmer, Maurice Evans, Ralph Bellamy, Elisha Cook Jr., Patsy Kelly, Charles Grodin.

    Sortie en salles: États-Unis : 12 juin 1968

    FILMOGRAPHIE: Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais. 1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer
    2011 : Le Dieu du carnage.


    Gestation:
    Fasciné par le roman éponyme d'Ira Levin paru en 1967, William Castle achète les droits du livre pour tenter de le réaliser lui même. Mais la Paramount ne l'entend pas de cette oreille, faute de sa réputation d'aimable faiseur de frissons du samedi soir. Elle lui demande alors de produire le film puis de recruter un réalisateur chevronné. Le choix s'oriente vers Roman Polanski qui accepte la proposition à la seule condition que le scénario reste le plus fidèle possible au roman de Levin. Enorme succès lors de sa sortie, Rosemary's Baby devient dès lors le fer de lance du fantastique contemporain où s'y conjuguent démonologie, sorcellerie et satanisme si bien que l'Exorciste, La Malédiction et Suspiria adopteront la relève avec dignité.


    De façon circonspecte, Roman Polanski nous illustre l'introspection d'une jeune épouse éprise de maternité mais sombrant lentement dans la paranoïa (voir peut-être la démence !). Modèle de suggestion, Rosemary's Baby tente de nous faire croire à la véracité d'évènements occultes jusqu'au dénouement révélateur, sommet d'effroi d'un nihilisme radical auquel nombre de spectateurs ont cru apercevoir le fameux bébé à queue fourchue ! La force implacable du récit émanant de sa subtilité à mettre en exergue le profil torturé de son héroïne. Une gageure que l'actrice longiligne Mia Farrow relève haut la main puisque le spectateur s'identifiant avec empathie durant son cheminement ésotérique influencé par des antagonistes mesquins. On peut sur ce point iconique souligner le jeu inquiétant de Ruth Gordon (meilleure actrice de second rôle aux Oscars !) endossant avec magnétisme une matriarche aussi sournoise qu'irritante de par sa désinvolture à diriger sa vie conjugale et maternelle ! Jeu de dupe et de manipulation, Roman Polanski triture nos nerfs et nos émotions à jouer avec la paranoïa d'une jeune femme sujette aux malaises corporels (douleurs abdominales, maux de crane, perte de poids) mais potentiellement engendrés par une confrérie sataniste !


    Durant 2h15, nous nous identifions à son désarroi avec une trouble perplexité car ne sachant jamais si les incidents décrits sont le fruit de son imagination (à l'instar du sort réservé à cet acteur devenu aveugle favorisant ainsi son mari à s'approprier son poste professionnel, ou encore du décès inexpliqué d'un proche ami comateux !) où s'ils émanent de stratégies délétères complotées par une société démoniaque (tel ce suicide par défenestration suggéré en prologue !). Sans effet grand guignolesque, la narration distille un climat d'angoisse sous-jacent où les personnages patibulaires (le médecin de Rosemary !) n'ont de cesse d'attiser la suspicion à travers leur attitude obséquieuse faussement affable. En priorité, l'omniprésence du couple de retraités s'immisçant effrontément dans l'intimité du couple avec générosité (ils offrent à Rosemary un pendentif à racine de Tanis et cuisinent mousse au chocolat et infusion de lait au goût frelaté, sans compter l'ouvrage de sorcellerie reçu par courrier !). Des offrandes finissant par irriter le couple quand bien même Rosemary est hantée de cauchemars nocturnes où rituels et viol sont pratiqués non seulement par son entourage mais aussi par son propre époux. Spoil !!! Ce dernier profitera d'ailleurs d'un instant d'étourdissement pour lui faire l'amour sans son consentement afin de l'engrosser. Une preuve supplémentaire pour la jeune Rosemary de ne compter que sur son indépendance car suspectant pour le coup la culpabilité de son propre amant. Fin du spoil.


    It's Alive !
    Drame psychologique déroutant et hypnotique au service d'une épouvante éthérée, Rosemary's Baby doit son exceptionnelle pouvoir de fascination par le biais d'une mise en scène studieuse retardant au maximum toute imagerie horrifique. Si bien que l'angoisse oppressante qui imprègne le récit découle d'une diabolique conjuration qu'une épouse en maternité tente désespérément de déjouer. A moins que tout ceci n'était qu'un leurre (métaphorique), le bouleversement émotif de celle-ci trop fragile réfutant inconsciemment sa maternité par crainte viscérale de la procréation ! 

    * Bruno
    26.07.22. 4-èx. vf

    Récompenses: Meilleure actrice dans un second rôle pour Ruth Gordon aux Oscars,1969
    Fotogramas de Plata de la Meilleure performance étrangère (Mia Farrow) en 1970
    Critics Award du Meilleur film étranger en 1970
    Golden Globe de la Meilleure actrice de second rôle (Ruth Gordon) en 1969


    LA POSSESSION DE DAVID O'REILLY (The.Possession.Of.David.OReilly)

    (avis subjectif d'un puriste amateur)


    NE REGARDEZ PAS L'AFFICHE PLUS DE 2 SECONDES !!!!!
    Non, comme ça !

    de Andrew Cull. 2010. Angleterre. 1H27. Avec Alderson Giles, Fowler Francesca, Richards Zoe, Nicholas Shaw.

    Sex Toy story avec lubrifiant végétal, couleur pastel !
    Voilà, c'est commandé !

    Prochainement dans vos salles. Je ne sais pas ou et quand mais c'est pour très prochainement je crains !!!
    Ah non, tout compte fait, c'est peut-être sans doute un DTV prochainement en location (s'il reste encore un vidéo-club dans votre patelin !) ou sur internet !!!

    FILMOGRAPHIE du réalisateur qui a filmé son film:  Andrew Cull est un réalisateur et scénariste né le 9 Juin 1974 à Brighton, en Angleterre. La possession de David O'Reilly est son premier long-métrage et j'espère le dernier.
    Il s'est aussi illustré dans la série TV Urban Gothic en tant que scénariste. Ca pouvait pas être pire façon.

    T'inquiètes chérie, ils sont partis maintenant les mutants baveux de Mattei !

    LISEZ BIEN LE PITCH AVANT DE VISIONNER LE FILM !!!
    LISEZ, J'VOUS DIT !!!!!!!!
    Ce film d'horreur réaliste, voir carrément souvent insoutenable par moments raconte les terribles événements dramatiques qui font très peur dans la maison d’un jeune couple de cons anglais à Londres avec une présence démoniaque qui s'amuse à saute moutons pendant 1H25 !
    Cette histoire paranormale ne semble pas tirée d'une histoire vraie ! ???
    Hein ? Comment ça, on m'aurait menti !!! ???
    Putain, maintenant que c'est fini, j'ai vraiment peur alors !!!

    J'ai peur !!! ce bruit venant de la salle de bain est bizarre je trouve ! non ?

    MONSTER IN THE CLOSET 2 !!!
    Si vous avez adoré la prod Troma des années 80 et que vous vous êtes fendus la poire entre dix binouzes et un tube de colle transparent, alors passez votre chemin sur cette fausse suite/remake/parodie horrifico/comique et/ou dramatique (avec une touche de romance), au risque d'avoir l'envie de vous jeter par la fenêtre de votre chambre du 1er étage (si c'est pas assez haut, passez au 2è et si vous n'avez pas d'autre étage, dirigez vous vers l'immeuble le plus près et montez jusqu'au 5è, ça devrait faire l'affaire !).

    Sur ce, m'en vais revoir le vrai Monster in the closet, au moins lui il faisait pleurer mon frère !

    Qu'est ce qui y'a ? tu veux ma photo ? C'est pas ma faute si mon film est nul ! Et j'ai été doublé si tu veux la vraie vérité pour dire toute la vérité !

    Le Cirque du Dr Lao / Seven Faces of Dr. Lao

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site lareponseest42.blogspot.fr

    de Georges Pal. 1964. U.S.A. 1h40. Avec Tony Randall, Noah Beery Jr., Royal Dano, Barbara Eden, John Ericson, Arthur O'Connell, Lee Patrick, John Qualen, Tony Randall.

    Sortie Salle U.S.A. : 18 Mars 1964

    FILMOGRAPHIE: George Pal, né Györgi Pál Marczincsák, est un réalisateur, producteur, scénariste hongrois, né le 1er février 1908 à Cegled en Autriche-Hongrie (aujourd'hui en Hongrie), naturalisé américain en 1940 et mort le 2 mai 1980 d'une crise cardiaque à Beverly Hills. 1934 : Le Vaisseau de l'éther; 1935 : L'Atlas magique ; 1936 : La Symphone de l'éther ;1937 : Philips Broadcast ;1937 : What Ho, She Bumps (UK); 1938 : La Belle au bois dormant ; 1939 : Philips Cavalcade ;1939 : Les Amants des mers du Sud ;1942 : Tulips Shall Grow ; 1942 :  Jasper et les pastèques ;1942 :  Jasper et la maison hantée ; 1958 : Les Aventures de Tom Pouce ;1960 : La Machine à explorer le temps ; 1962 : Les Amours enchantées ; 1964 : Le Cirque du docteur Lao.


    "Le monde est un cirque si tu sais l'observer. Chaque fois que tu ramasses une poignée de sables et que tu ne vois pas le sable mais un mystère, une merveille dans ta main. Chaque fois que tu t'arrêtes pour penser: "je suis vivant !". Et être vivant c'est fantastique. Chaque fois que ce genre d'évènements se produit, tu fais parti du cirque du Dr Lao."

    Le cirque du Dr Lao
    est le dernier film de George Pal, maître du Fantastique nous ayant légué quelques chefs-d'oeuvre du genre hélas rarement diffusés à la TV. En l'occurrence, par le biais d'un hymne à la fantaisie féerique d'une richesse formelle aussi (génialement) kitch que rutilante, ce dernier nous évoque la thématique de la cupidité à travers la dichotomie du bien et du mal. Le PitchLe chinois Dr Lao, directeur de cirque ambulant, arrive à Abalone, petite ville de l'Arizona afin d'annoncer au public son prodigieux spectacle. Au même moment, au siège du journal local, Clint Stark, buzinessman cupide et ambitieux, tente de convaincre la population de lui vendre la ville à bon prix. Mais l'arrivée impromptue du chinois aux pouvoirs mystérieux va remettre en question le choix de tout un chacun à accepter l'offre vénale de Mr Stark. Mélange saugrenu de western, de fantastique, de fantaisie et de merveilleux, Le Cirque du Dr Lao est un ovni d'une richesse thématique inextinguible, véritable leçon de vie sur notre remise en question morale. A savoir à quel point notre évolution humaine puisse malencontreusement se soumettre à la régression par la cupidité, l'égocentrisme, l'avarice et l'orgueil. De par le truchement d'une narration extravagante vouée au pouvoir créatif, notre malicieux Dr Lao nous entraîne dans ses festivités avec un art du stratagème pour mieux duper son public et le mettre à l'épreuve de son ego. Avec des moyens chimériques, celui-ci emploie facétieusement ses talents de magicien utopiste pour nous émerveiller avec un charme irrésistiblement attractif. De par la synergie d'une disparité de monstres singuliers que l'on reluque avec des yeux de gosse émerveillés.


    Par conséquent, au coeur de cette mythologie archaïque du far-west en soudaine proie au surnaturel, je vous présente la méduse insidieuse au regard mortel, l'abominable (et apathique) homme des neiges, le prédicateur Apolonius de Tyana atteint de cécité mais condamné par sa prescience à pronostiquer la destinée de chacun, le serpent vaniteux à tête humaine prenant malin plaisir à dénigrer son hôte, ou encore le vieux Merlin aigri et ses tours de magie tant décriés par une populace avide d'exploit, mais encore Pan, le Dieu de la joie lors de sa chorégraphie dansante afin de séduire une célibataire en quête de rédemption amoureuse. On boucle enfin la parade avec le poisson du bocal pour muter u peu plus tard en serpent de mer lorsqu'il est délivré par des cow-boys avinés, et ce avant que le Dr Lao ne déploie sa machine à répandre la pluie ! Ce saisissant bestiaire animalier accompagné de dieux immortels s'avèrent les vecteurs allégoriques de l'influence de la tentation, une mise en abyme de l'homme confronté à son instinct véreux. Et pour mettre en exergue cette galerie improbable d'icônes fantasques, un seul comédien s'y fond dans leur chair parmi l'art du déguisement. Tony Randall s'imputant sept rôles distincts à la fois ! Ses diverses panoplies découlant d'une mythologie antique demeurant irrésistiblement attachantes alors que son esprit sarcastique détonne par l'art de la manipulation (chaque témoin souhaitant se prêter au jeu de la vérité par esprit de curiosité et de convoitise). D'un fulgurance poétique inventive (notamment auprès de la magie des décors naturels parfois façonnés en studio), le Cirque du Dr Lao nous transfigure un rêve éveillé par le biais de trucages candides façonnés en stop motion.


    Croire c'est rêver.
    Leçon de sagesse et de tolérance, hymne à l'existence et à la beauté du monde terrestre, Le cirque du Dr Lao nous entraîne vers un voyage fantastique inusité. Une initiation à la fraternité et à la solidarité au sein d'un Far-west en mutabilité industrielle (l'ascension du capitalisme par le biais du chemin de fer en construction). Une féerie en roue libre d'autant plus atypique que l'oeuvre s'avère si rare et méconnue à l'instar d'une relique honteusement oubliée. Et pour vous convaincre une ultime fois de son pouvoir d'enchantement, écoutez attentivement la dernière citation du Dr Lao, juste avant qu'il ne s'évapore d'un geste amical dans le désert. A savoir que la vie quotidienne finalement singulière renferme des trésors d'énergie scintillante à condition de savoir ouvrir grands les yeux pour être attentifs aux choses terrestres qui nous entourent !

    * Bruno
    19.10.22. 3èx
    05.01.11.   

    AMAZONIA, LA JUNGLE BLANCHE (Inferno in diretta - Cut and run). "Uncut Version"

                   


    de Rugero Deodato. 1985. Italie. 1H30. Avec Lisa Blount, Leonard Mann, Willie Aames, Richard Lynch, Richard Bright, Michael Berryman, Eriq La Salle.

    Sortie en France en 1986.

    FILMOGRAPHIE: Ruggero Deodato (7 mai 1939 -) est un réalisateur italien.
    1964 : La Terreur des Kirghiz , 1968 : Fenomenal e il tesoro di Tutankamen , 1968 : Gungala la pantera nuda, 1968 : Donne... botte e bersaglieri , 1968 : Vacanze sulla Costa Smeralda , 1969 : I Quattro del pater noster , 1969 : Zenabel, 1975 : Una Ondata di piacere , 1976 : Uomini si nasce poliziotti si muore , 1977 : Le Dernier monde cannibale , 1978 : L'Ultimo sapore dell'aria (Last Feelings), 1979 : Concorde Affaire '79 , 1980 : Cannibal Holocaust , 1980 : La Maison au fond du parc , 1983 : Les Prédateurs du futur, 1985 : Amazonia: La jungle blanche , 1986 : Per un pugno di diamanti ,1987 : Les Barbarians, 1987 : Body Count, 1988 : Le Tueur de la pleine lune , 1988 : Angoisse sur la ligne , 1992 : Les Petites Canailles , 1993 : The Washing Machine.

                         

    5 ans après son controversé et maladif Cannibal Holocaust, Ruggero Deodato nous refourgue une de ces séries B d'exploitation jouissive et vigoureuse allouée à une mise en scène particulièrement fougueuse et endiablée entièrement dédiée à un sens de l'efficacité roublard.
    Sur le même schéma que son compère notoire précité, Amazonia, la jungle blanche mélange le cinéma d'aventures et l'horreur gore éclaboussante avec un savoir-faire probant proprement attachant.

    Une équipe de journalistes se retrouve en pleine jungle hostile après qu'un groupe de trafiquants de drogue soit retrouvé mystérieusement massacré sans mobile apparent. Dans le même temps, le fils du directeur d'une célèbre chaine de télévision a disparu.
    Avec leur caméra, nos deux journalistes vont s'enfoncer dans la forêt pour découvrir l'horreur primitive de deux clans opposés se disputant un trafic de drogue et tenter par tous les moyens de retrouver la trace du jeune garçon pris en otage par l'un des groupuscules.

                     

    Amazonia démarre sur les chapeaux de roue avec une séquence introductive explosive et sanglante qui voit une bande de trafiquants se faire subitement agresser par des indigènes demeurés. Action et gore vont agréablement fusionnés pour nous faire partager un moment décomplexé fun rondement mené.
    La suite de notre aventure nous entraine en plein coeur de l'amazonie avec ce duo de jeunes journalistes enquêtant sur cette sombre affaire de meurtres crapuleux commis par des sanguinaires sans pitié.
    Pour pimenter le récit riche en épisodes conflictuels de personnages mesquins, le réalisateur s'octroie à une guerre des gangs commanditée par deux groupes de mercenaires chevronnés. Alors que l'un des leaders contestataires les plus réputés se soit associé avec une tribu d'indigènes tributaires de son influence autoritaire et farfelue. Ce leader surnommé le Colonel Brian Horne (Richard Lynch) est un ancien adepte d'une dérive religieuse tristement célébrée par un fondateur religieux fanatique et communiste, le révérend Jim Jones ! (un drogué dépendant qui affirmait ente autre à ses disciples être la réincarnation de Jésus !).

                         

    Toute la narration est donc un chassé croisé haletant, une traque sanglante parsemée d'embuches et un reportage de choc que nos 2 reporters vont dépeindre avec leur matériel vidéo pour dénoncer l'horreur d'une guerre impitoyable subordonnée au marché de la drogue.
    A travers cette trame basique à peine débridée prétextant une surenchère violente échevelée, on sent que Ruggero Deodato est particulièrement inspiré à nous offrir un généreux spectacle d'action ludique dont chaque scène trépidante est souvent accentuée par le caractère choc de ses scènes sanglantes réussies. A cet effet racoleur volontairement explicite (et la touche polissonne, intermittente de quelques pointes d'érotisme), il ne faut pas manquer de relever une séquence quasi anthologique auquel un homme va se voir le corps déchiré en deux parties, dans le sens de la longueur ! L'effet spectaculaire inopiné dans sa cruauté viscérale se forge d'un impact réaliste très impressionnant !

                       

    Au répertoire des comédiens, quel plaisir non simulé de voir réunir à l'écran une galerie de trognes secondaires bien connues des amateurs de bisseries, séries B ou projets plus ambitieux ! S'affrontent donc dans un délire festif commun l'impayable Michael Berryman (la colline a des yeux) avec sa trogne d'ahuri, Eriq La Salle (l'Echelle de Jacob, la série TV Urgences), notre regrettée et séduisante Lisa Blount (Réincarnations, Officiers et Gentlemans, Prince des Ténèbres), Leonard Mann (le Dernier des Salauds, les Yeux de la terreur), Richard Bright (Marathon Man, l'ambulance) et enfin le patibulaire Richard Lynch et sa gueule pernicieuse (l'Epée Sauvage, Panics, Invasion U.S.A, les Barbarians) en leader déluré, suicidaire et orgueilleux.

    Amazonia, la jungle blanche est sans aucun doute l'un des métrages les plus nerveux et réussis du réalisateur. Exacerbé par l'entraînante partition musicale de Claudio Simonetti offrant un punch supplémentaire à la structure du récit, il s'agit d'une véritable perle du Bis rondement menée dont la mise en scène appliquée maitrise avec une belle vigueur son tempo endiablé et l'utilisation esthétique d'un environnement hostile traversé de décors naturels de toute beauté.
    Un pur spectacle de série B savoureusement concocté pour nous faire passer un moment de plaisir complice à la fougue communicative.

    Dédicace à David Marchand et Léonard Lauwrence.

    26.02.11.


    samedi 26 février 2011

    THE DOOR (Die Tur)

    Grand Prix au Festival du Film Fantastique de Gérardmer

    (avis subjectif d'un puriste amateur)


    de Anno Saul. 2009. Allemand. 1H40. Avec Mads Mikkelsen, Jessica Schwarz, Heike Makatsch, Nele Trebs, Rüdiger Kühmstedt, Corinna Borchert, Valeria Eisenbart, Thomas Thieme, Tim Seyfi.

    Sortie en France : 20 Janvier 2011, Pays d'origine Allemagne : 26 Novembre 2009
    Récompense: Grand Prix au Festival du film Fantastique de Gérardmer 2010.

    FILMOGRAPHIE: Anno Saul est un réalisateur et scénariste allemand.
    - Kebab Connection 2005
    - The Door 2009


    Basé sur le roman de Akif Pirinçci, l'adaptation cinématographique The Door va y apporter sa touche personnelle et plutôt s'orienter sur la mort d'une petite fille.
    Ce film fantastique intimiste venu d'Allemagne va prendre comme argument le thème du voyage temporel (à moins que tout ceci n'était qu'un cauchemar extériorisé !?) afin d'élucider le choix affectif des protagonistes tourmentés et meurtris, douloureusement rongés par la mort de leur fille de 7 ans.

    David, artiste peintre se rend chez sa maitresse au moment où sa petite fille tombe par accident dans la piscine et meurt noyée.
    Cinq ans plus tard, rongé par le remord, l'homme dépité et boycotté tente de reconquérir son ex-amie, en vain. Désespéré, il tente de se suicider en se jetant dans sa piscine mais un de ses ami le sauve in extremis. Quelques moments après cet acte incongru, David erre sans but dans les rues nocturnes jusqu'au moment où il découvre sur son chemin hasardeux un étrange tunnel capable de remonter le temps vers le passé. C'est à dire 5 ans en arrière, au moment où sa fille rendit l'âme. Mais cette seconde chance salvatrice sera loin de renouer avec les liens favorables du pardon et de la rédemption.


    En prenant comme trame principale un drame accidentel familial et l'épouvantable labeur à accepter son deuil, la première partie de The Door décrit avec sensibilité humaine, attention psychologique et subtilité narrative particulièrement bien ordonnée le cheminement lourdement éprouvé du héros principal, avant que son destin ne lui permette la possibilité de se racheter de prime abord grâce à la découverte d'une faille temporelle.
    Tandis que la seconde partie lui attribuera un préjudice condamnable dans son exutoire compromis au crime involontaire.  Une potentielle rédemption d'un mince recours puisque la trame linéaire, futilement inquiétante et latente va s'empiéter dans un cauchemar irraisonné où d'autres protagonistes connaissant l'existence de ce fameux passage dans le temps va irrémédiablement défavoriser et incriminer chacun de ses témoins.

    La première séquence clef d'une tension dramatique affligée, adroitement réalisée, détonne par son acte de mort imparable. Un père affolé se jette dans une piscine pour tenter de manière désespérée d'extirper sa fille piégée au fond de l'eau (les lacets des chaussures de l'enfant étant emmêlés à la cage d'aération !). Un bref évènement terrifiant de réalisme dans son marasme tangible, véritablement poignant dans l'expression rendue apeurée et asphyxiée d'un père impuissant à vouloir remonter à la surface de l'eau un enfant frêle, inconscient, immergé dans ces fluides sans oxygène.
    Les évènements suivants nous attèlent aux actions psychologiques de ce père endeuillé, impossible à s'octroyer le pardon dans sa culpabilité éloquente. Jusqu'au moment où il découvre ce fameux tunnel à remonter le temps et découvre cette chance improbable de pouvoir réanimer sa fille indolente. C'est ce qu'il fera instinctivement sans hésitation mais dans son acte de bravoure démené avec vigueur, un autre élément dévastateur va entrer en jeu et sérieusement compromettre sa nouvelle vie d'homme repenti avec la présence de son "double" humain !


    La réalisation particulièrement soignée et affinée prend son temps à dresser la construction de son récit et apporte surtout une grande attention aux personnages principaux voués à une potentielle réconciliation dans leur vie conjugale démembrée !
    C'est la seconde partie, beaucoup plus vigoureuse et haletante qui va entrainer nos héros vers un cauchemar débridé quand d'autres protagonistes connaissant l'existence de ce tunnel vont eux aussi s'entacher de remonter le temps pour réparer leurs erreurs personnelles !

    Le nouvel acteur adulé Mads Mikkelsen apporte beaucoup de force, d'humanité et d'intérêt dans son personnage éprouvé de paternel infidèle et responsable, vilipendé de la mort subite de sa fille. Un être rempli de chagrin, de désespoir et de remord mais non dénué d'une prise de conscience cathartique, d'un véritable désir amoureux de reconquérir sa vie de couple trop longtemps écornée. Son visage renfrogné et son regard anxiogène accentuent le caractère trouble et pernicieux du climat davantage contraignant du film lui imposant contre son gré une succession de revirements perfides.


    LA PORTE DU TEMPS.
    Soigneusement réalisé dans une photographie pastel et épurée, honnêtement écrit dans une structure narrative dédiée à l'humanité accordée aux personnages, The Door est un excellent film fantastique, intelligent et adulte qui ne révolutionne pas le genre mais permet d'aborder sur un thème délicat un drame intime d'une belle sensibilité, tout en jouant la carte ludique d'un argument délirant.
    ATTENTION SPOILER !!!!
    Le final inopiné qui laisse les états d'âme d'un couple dubitatif en suspension clôture de manière logique leur potentielle réconciliation après qu'un deuil aura lourdement affecté leur rancoeur et leur révolte intérieure.
    FIN DU SPOILER.

    17.01.11.

    ROCK'N'ROLL OVERDOSE (HATED GG. ALLIN AND THE MURDER JUNKIES)

    de Todd Phillips. 1994. U.S.A. 52 minutes. Avec GG Allin, Merle Allin, Shireen Kadivar





    Avertissement: ce documentaire est à réserver à un public adulte et averti, certaines séquences incongrues, hardcores et déviantes portant gravement atteintes à la dignité humaine.

    In memoriam : GG Allin (Kevin Michael Allin, né Jésus Christ Allin) : 29 août 1956 – 28 juin 1993.




    GG ALLIN est un artiste qui a un message à adresser à une société malade. Il nous renvoie l'image de ce que nous sommes vraiment. L'homme n'est qu'un animal capable de parler librement. Ne vous méprenez pas, derrière tout ça, il y a l'empreinte d'un cerveau.
    John Wayne Gacy, couloir de la mort.

    VIVRE LIBRE PRESENTEMENT ET CREVER L'INSTANT D'APRES.
    Voici un documentaire hors du commun que vous ne verrez jamais sur une chaine publique illustrant un personnage revendiquant un mouvement culturel et musical né en Angleterre au milieu des années 70, le Punk ! (A la base, ce mot présumé est un terme anglais signifiant "vaurien", "voyou").
    Ce reportage hypnotique retrace donc la vie du chanteur punk hardcore GG Allin qui se réclame de l'indépendance anarchiste et la liberté d'expression dans une philosophie manichéenne et réactionnaire jusqu'au boutiste, aux confins de la démence.
    Cet homme marginal, masochiste, ultra violent, alcoolique et héroïnomane, au bord de la folie mentale s'est rendu célèbre par son public punk d'activistes juvéniles conquis par son spectacle putride alloué à un florilège de provocations verbales et physiques comme le fait de déféquer en plein concert, s'en induire le visage et balancer sa merde au public transi ou affolé !
    Durant ses concerts, GG Allin interprétait ses chansons entièrement nu (comme l'un de ses bassistes), se cognait parfois le micro contre les dents pour les fracasser, s'introduisait des objets ou de la nourriture dans son anus, proposait au public des fellations ou de se faire uriner dans la bouche d'une donzelle puis s'engageait régulièrement dans des bastons improvisés parmi ses fans (filles compris) ou les propres membres de son groupe en pleine représentation musicale.




    Par ailleurs, à de nombreuses reprises, il a suggéré publiquement aux médias ses tentatives de suicide en notifiant la date ultime (ex: halloween 1989). Et quand on lui demandait pour quelle raison il ne respectait pas ses promesses, il répondait : Avec GG, tu n'obtiens pas ce que tu attends — tu obtiens ce que tu mérites.
    Il rétorqua également que le suicide devait seulement être utilisé quand la personne concernée était au top, rencontrant l'au-delà au meilleur de soi même, et non au pire.
    Il évoqua aussi des menaces de mort à autrui et déclara ouvertement en toute spontanéité ses tendances psychopathes de pulsions meurtrières. D'ailleurs, il rendra visite au célèbre serial-killer John Wayne Gacy ! (voir citation au début de mon article) pour disserter communément du sexe dans toute sa perversité malsaine.
    Indubitablement, à cause de ses excès incessants, subversifs, immorales et incorrects (comme celle d'une visite impromptue dans une université américaine, s'attribuant à une exhibition sexuelle compromettant une "banane"), GG Allin n'échappera pas à certaines peines de prison (la plus longue date du 22 décembre 1989 au 26 mars 1991 après avoir été accusé du viol avec torture d'une femme à Ann Arbor dans le Michigan), comme son bassiste rendu coupable de s'être exhibé devant une fille mineure.
    Mais Allin était capable par moment de  se présenter comme quelqu'un de rationnel et réfléchi dans ses propos spéculatifs dénonçant une société de consommation pernicieuse et perfide lobotomisant l'être humain. Alors que l'instant d'après il pouvait subitement changer de comportement et se montrer ultra violent (se claquer la tête contre les murs ou prendre une femme par les cheveux pour la frapper), ordurier et vulgairement provocateur (balancer une chaise sur des témoins ou se scarifier devant une foule fascinée).
    Entre temps, sa renommée grandissante entraîna des apparitions télévisuelles sur Morton Downey, Jr., Geraldo, The Jerry Springer Show et un épisode mémorable de The Jane Whitney Show.




    VOYAGE AU BOUT DE LA DECHEANCE.
    Allin mourut d'une overdose d'héroïne le 28 juin 1993, dans l'appartement d'une amie à New York, situé 29 Avenue B, Manhattan. Il était âgé de 36 ans. Son dernier concert fut donné dans un petit club appelé The Gas Station à New York.

    Voilà pour l'essentiel de ce reportage choc éludé de complaisance racoleuse, retraçant de manière intelligible et édifiante la vie du chanteur parmi des images d'archives et vidéos amateurs, avec l'intervention des membres de son groupe, ses fans indétrônables (ne ratez surtout pas le générique de fin avec un inconditionnel maso endurci !!!) et divers témoins familiers de sa courte existence.

    Que dire d'un personnage aussi cynique, nihiliste, insalubre, abjecte, vomitif mais totalement libre de son existence et ses fantasmes destructeurs voués à la débauche, la défonce, l'auto-mutilation, l'exhibition, la violence gratuite et la provocation putassière.
    L'envie de vivre tout simplement en étant autonome de toutes contraintes, tous préjugés, crachant sa haine sur la race humaine (il n'avait aucun ami et détestait son public de fans conquis) et vouant un hymne à la décrépitude, la décadence, la déliquescence, l'indignité, l'avilissement et la bassesse sur fond passionnel de musique rock punk !

    En résulte un documentaire fascinant, expérimental, passionnant sur un personnage hors normes, corrompu dans le vice, la haine et la folie perverse. Peut-être un psychopathe lucide d'une vie méprisable et aliénante qui a su transcender ses peurs, ses doutes et sa timidité en embrassant sa vie avec sa propre merde et ses excréments !
    GG Allin peut-être abordé comme le reflet indocile de nous même en quelque sorte, le miroir de notre inconscient tributaire de notre société totalitaire et dictatoriale, auquel nous sommes résolus à tourner indéfiniment autour du cadran solaire en attendant la mort fatidique rédemptrice.

    Dédicace à Christophe Krust Masson.

    10.02.11





    Extraits de titres notoires:
    • "J'en ai tellement marre de vous que je commence à en avoir vraiment marre de moi" (Bored to Death)
    • "Je me fous de ce que tu dis, car je suis moi" (You'll Never Tame Me)
    • "Poupées sans tripes et décérébrées - qui a besoin de vous ?" (You Hate Me and I Hate You)
    • "Est-ce que tu penses que j'en ai vraiment quelque chose à faire ?" (No Rules)
    • "Je ne veux pas jouer dans aucun putain de groupe des années soixante" (Abuse Myself, I Want to Die)
    • "J'avais l'habitude de renifler les collants des filles, mais il n'y a rien de mieux qu'une fille s'asseyant sur ton nez" (Gimme Some Head)
    • "Si tu as un cancer, va mourir, putain ! / Si tu as le SIDA, répand le autour de toi et prend des vies" (Die When You Die)
    • "Frappe moi avec une putain de hache, je ne broncherais pas" (Abuse Me, I Want to Die)

    CITY OF CRIME (City of Industry)

    (avis subjectif d'un puriste amateur)


    de John Irvin.1997. U.S.A. 1H37. Avec Harvey Keitel, Famke Janssen, Stephen Dorff, Michael Jai White, Timothy Hutton, Wade Dominguez, Michael Jai White, Lucy Liu, Reno Wilson, Dana Barron...

    Sortie France: 25 juin 1997,  Sortie U.S: 14 mars 1997

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Irvin est un réalisateur britannique né le 7 mai 1940 à Newcastle-upon-Tyne (Royaume-Uni).
    1981 : Les Chiens de guerre, 1981 : Le Fantôme de Milburn, 1984 : Champions, 1985 : Turtle Diary,   1986 : Le Contrat, 1987 : Hamburger Hill , 1989 : Un flic à Chicago, 1994: Parfum de Scandale, 1997: City of Crime, 2001: le 4è Ange.  


      Polar méconnu passé inaperçu à la fin des années 90, City of Crime (en anglais City of Industry qui trouve tout son sens vers son final salvateur) ne compte pas révolutionner le genre et encore moins innover avec le classicisme d'un scénario superficiel de prime abord. Il s'agit pourtant d'un affrontement intense non dénué d'intérêt entre deux gangsters aux caractères opposés et de générations différentes. L'un est une ordure finie sans foi ni loi, l'autre un briscard talentueux, respectable et honnête envers ses compatriotes dans leurs méfaits illégaux.
      Il faut dire aussi que le personnage principal interprété par Harvey Keitel porte le film à bout de bras avec une narration haletante au suspense solidement entretenu, non dénué d'une certaine ambiance funeste.

      A la suite d'un braquage réussi dans une bijouterie, 4 gangsters, 2 frères et de 2 associés se décident de partager la somme équitable dans un camping-car quand le plus jeune, surnommé Skip, décide d'entourlouper son groupe en les abattant de sang froid un à un.
      Mais Roy, l'un des frères qui était réfugié dans les toilettes réussit à prendre la fuite in extremis sans pouvoir bénéficier de son argent rétribué.
      Une chasse à l'homme s'engage pour Roy, déterminé à récupérer son fameux butin et venger la mort de son frère.


      Dans la prémices d'une présentation traditionnelle des personnages et des préparatifs d'un braquage à haut risque, on pouvait craindre le pire dans ses vingts premières minutes classiquement établies, à peine plus clinquantes qu'un télé-film d'hollywood night.
      La brève scène de braquage où une poignée de gangsters chevronnés font irruption à visage découvert avec violence et professionnalisme se révèle sans surprise dans sa réalisation impersonnelle sans éclat particulier.
      Ca n'est qu'à partir du moment où le jeune Skip va abattre froidement ses coéquipiers que le film va prendre son envol et se voir attribuer d'une ambiance de film noir à la mise en forme adulte vouée à un affrontement intense et brutal entre deux fauves à la gâchette sensible !
      Cette chasse à l'homme haletante et captivante trouve une véritable efficacité dans la conduite du récit adroitement mené et l'idée d'inverser les rôles vers la fin du métrage se révèle ironiquement abrupte dans les va et vient incessants pour la quête d'un magot que tout le monde souhaite s'approprier.
      La relation que va entretenir Roy avec la jeune veuve Rachel Montana (la ravissante et déjà douée Famke Janssen à ses touts débuts !) n'est pas non plus sans intérêt dans leur état d'esprit en contrariété et les états d'âme bafoués.
      Un duo inopiné rendu attachant dans cette complicité diamétralement opposée de prime abord, pour être finalement concordée dans leur compassion commune.


      L'immense Harvey Keitel dans le rôle du frère dépité s'empare de l'écran avec une grâce et un sens de la repartie exacerbant chaque épisode du récit. Sa présence autoritaire, son tempérament flegme, sa détermination inflexible, vindicative à fustiger et condamner un jeune malfrat sans scrupule permet d'alimenter la narration d'une réelle ampleur et d'un impact émotionnel rigide dans les enjeux conflictuels interminables.
      La tête à claque Stephen Dorff est parfaitement appropriée dans sa trogne de beau gosse détestable autant qu'irritable dans son arrogance désinvolte et son refus des concessions permissives. Nous n'avons alors qu'une seule idée en tête au fil du récit, que ce malfrat exécrable soit trucidé par notre revanchard intolérant d'une balle dans la tête!

      LA TRAQUE.
      Partant d'un scénario sans surprise plutôt folichon et d'une réalisation peu ambitieuse, City of crime répercute cependant un polar dur et intense, à l'atmosphère noire apposée pour un affrontement parfaitement efficace entre deux anti-héros acharnés et charismatiques qu'Harvey Keitel porte de tout son poids d'acteur inné.
      La bo mixant Massive Attack et Tricky ajoute de surcroit un tempo régulier assez stylé et varié, sans effet de vogue tape à l'oeil pour un rendu de petit polar prenant et dense.

      19.01.11

      LA LAME INFERNALE (La Polizia Chiede Aiuto)

                                          Photo emprunté sur Google, appartenant au site culture-prohibee.blogspot.com

      de Massimo Dallamano. 1974. 1H35. Italie. Avec Giovanna Ralli, Claudio Cassinelli, Mario Adorf, Franco Fabrizi, Farley Granger, Marina Berti, Paolo Turco, Corrado Gaipa, Micaela Pignatelli, Ferdinando Murolo...

      Titre Anglais: What have you done to your daughters ? (qu’avez-vous fait à nos enfants ?)

      FILMOGRAPHIE: Massimo Dallamano est un réalisateur et directeur de la photo Italien, ex-assistant de Sergio Leone, né le 17 avril 1917, mort le 4 novembre 1976 des suites d'un accident de voiture. 1969: La Vénus en Fourrure, 1972: Mais qu'avez vous fait à Solange ?  1973: Piège pour un tueur, 1974, Innocence et désir, La Lame Infernale, 1975: Emilie, l'enfant des Ténèbres, 1976: Section de choc.


      Jeunes et insouciantes
      Deux ans après son mythique Mais qu'avez vous fait à Solange ? Massimo Dallamano récidive avec le Giallo à travers une (nouvelle) sombre affaire de moeurs sexuelles établie du point de vue d'une corruption politique. Pour cause, un sordide groupuscule de fonctionnaires ainsi qu'un ministre notoire sont liés à un réseau de prostitution mineure auquel la police aura la lourde tâche de poursuivre en justice. Giallo rare, oublié et méconnu, la Lame Infernale demeure pourtant une des grandes réussites du genre auquel Ténèbres d'Argento semble acquérir certaines similitudes. De par la tonalité du rythme vif et percutant, la violence brutale des meurtres frénétiques (même si plutôt concis, telle cette main tranchée aspergeant un mur ensanglanté !) et surtout la rythmique d'un score entêtant adoptant une démarche clippesque. Pourvu d'un solide scénario fustigeant une société avilie par une hiérarchie policière, La Lame Infernale  est une merveille d'efficacité menée à un rythme sans faille (comme son joli titre français le suggère !). L'inspecteur Silvestri associé à une séduisante juge d'instruction vont tenter de démasquer et faire éclater au grand jour une sordide affaire de meurtres juvéniles compromettant une haute organisation de notables et politiciens. A travers une mise en scène nerveuse et assidue, accentuée de la bande son de Stelvio Cipriana, La Lame Infernale  développe un récit charpenté auprès d'un enquête fertile en rebondissements et actions cinglantes.


      Course poursuite automobile prenant en chasse une moto, homicides au hachoir d'une violence rigoureuse et suspense diaboliquement soutenu (Spoiler !!! jusqu'à sa conclusion incorrecte au risque d'en dérouter plus d'un lors de sa résolution laissée en suspens. Fin du Spoil). Un parti-pris fructueux dans le sens où Massimo Dallamano souhaite dénoncer l'omnipotence de ces politiciens véreux rendus intouchables face à une police aussi bien désarmée qu'impuissante. Qui plus est, nombre de scènes angoissantes rehaussées d'une ambiance ténébreuses s'avèrent particulièrement tendues (la poursuite dans le parking, la tentative de meurtre dans l'hôpital, la visite de la mère dans la morgue), la caméra mobile arpentant de façon obsessionnelle les lieux insécurisants. D'autres séquences autrement suggérées dégagent enfin une atmosphère licencieuse incommodante, telle l'écoute d'une cassette sur magnéto auquel est enregistré le discours d'un notable vicié s'adressant avec sadisme auprès d'une ado moralement désarmée. L'excellent Claudio Cassinelli (le Lion du Désert, Le Continent des Hommes poissons), prête son assurance en inspecteur inflexible de par sa détermination à traquer sans relâche un motard affublé d'un hachoir. D'ailleurs, l'accoutrement vestimentaire peu commun de ce dernier sera utilisé plus tard par le réalisateur Ken Hughes afin de parfaire Les Yeux de la Terreur (justement récompensé à Avoriaz en 1981 du Prix Spécial du Jury). Semblable à la plantureuse Edwige Fenech, Giovanna Ralli (Nous nous sommes tant aimés) lui partage la réplique avec un charme discret en juge d'instruction non dénuée de compétence et de caractère pour défendre ses opinions. 


      Qu'avez vous fait à nos enfants ?
      Jouissif en roue libre, de par l'impact de sa partition formidablement entraînante (au passage, l'expérimental Amese réappropriera du thème !), l'efficacité de sa mise en scène nerveuse ne laissant nul répit et son scénario particulièrement fétide alimentant un suspense tenduLa Lame Infernale constitue un fleuron du genre auquel l'autre étalon du genre, Ténèbres, s'y fait lointainement écho. 

      * Gaïus
      20.01.11.