The Hole (After The Hole). Prix "Spécial police" à Cognac 2001.

de Nick Hamm. 2001. Angleterre. 1h42. Avec Thora Birch, Keira Knightley, Desmond Harrington, Laurence Fox, Daniel Brocklebank.

Prix "Spécial police" au festival du film policier à Cognac en 2011

Sortie en salles en France le 20 Juin 2001. Angleterre: 20 Avril 2001.

FILMOGRAPHIE: Nick Hamm est un réalisateur et producteur né en 1957 à Belfast, en Irlande du Nord.1989: The Bottom Line (doc).1990: The Bill (série TV, 2 épisodes). 1991: The harmfulness of Tobacco. Out of the Blue (télé-film). 1992: Soldier Soldier (série TV, 3 épisodes). 1993: Micky Love (télé-film). Briefest Encounter (télé-film). Dancing Queen (télé-film). 1998: Martha, Frank, Daniel et Lawrence. Talk of Angels. 2001: The Hole. 2004: Godsend, expérience interdite. 2011: Killing Bono

Réalisateur britannique assez méconnu en France, si ce n’est pour son grotesque Godsend sorti en 2004, Nick Hamm signait trois ans plus tôt un thriller coup de poing, singulier malgré son affiche trompeusement branchée. Adapté du roman After the Hole de Guy Burt (1993), The Hole s’impose comme un cauchemar opaque et glacé, où la ruse d’un scénario tortueux nous entraîne dans le dédale d’une idylle impitoyable.

Synopsis: Quatre étudiants d’une université anglaise décident de passer trois jours dans un bunker désaffecté. Prétexte idéal pour Liz, éperdument amoureuse de Michael, de s’isoler avec lui dans cet abri barricadé. Mais l’expérience tourne au piège : les jeunes se retrouvent enfermés dix-huit jours durant, et seule Liz parvient à s’échapper de ce blockhaus devenu tombeau. Une psychologue tente alors de démêler l’horrible vérité dans les récits épars de cette rescapée traumatisée.

Récompensé à Cognac l’année de sa sortie, The Hole mérite cette distinction tant il orchestre avec intelligence et sordide réalisme un suspense plus subtil qu’il n’y paraît. Le film épouse le point de vue fragile de Liz, unique survivante, dans ses confidences à la psychologue. Dès l’entame, un doute corrosif s’installe : faut-il croire la version d’une adolescente amoureuse d’un coureur de jupons insensible ? La confusion plane, et le spectateur s’interroge sur l’existence éventuelle d’autres survivants. Ce n’est qu’avec l’enquête policière que l’évidence s’impose : Liz est l’unique rescapée d’un charnier inconcevable. Reste à comprendre comment ses amis sont morts, pourquoi, et sous quelle main. C’est ce que Liz, acculée, se résout à livrer.

L’atmosphère suffocante de ce huis clos ténébreux nous étreint sans répit. Le récit, pernicieux et incertain dans les faits rapportés, nous enferme dans un jeu cruel où l’amour avorté se mue en massacre. Au fil des jours, la faim, la soif, la saleté, la fatigue déchiquettent ces corps jeunes et insouciants. Les personnalités, d’abord légères et joviales, se fissurent sous la peur de mourir et l’obsession de survivre. Cette humanité en décomposition, révoltée et hagarde, bouleverse et dérange, jusqu’à ce que l’énigme s’ouvre sur sa vérité la plus abjecte.

Soutenu par une partition sombre et monocorde, porté par des comédiens d’une densité remarquable (mention spéciale à une Keira Knightley jamais aussi provocante et sulfureuse), The Hole déploie un suspense cruel, imprégné de cynisme. Son atmosphère glauque et suffocante, sa cruauté infligée aux victimes, nous conduisent inexorablement vers une conclusion cinglante, aussi incongrue que glaçante.

— le cinéphile du cœur noir
31.08.25. 3èx

09.09.11.