jeudi 15 septembre 2011

LE CERCLE DES POETES DISPARUS (Dead Poets Society). César du Meilleur Film Etranger en 1990. Oscar du Meilleur Scénario en 1989.


de Peter Weir. 1989. U.S.A. 2h08. Avec Robin Williams, Robert Sean Leonard, Ethan Hawke, Josh Charles, Gale Hansen, Dylan Kussman, Allelon Ruggiero, James Waterston, Norman Lloyd, Kurtwood Smith.

Sortie en salles en France le 17 Janvier 1990. U.S: 16 Juin 1989

FILMOGRAPHIE: Peter Weir est un réalisateur et producteur australien né le 21 Août 1944 à Sydney en Australie.
1974: Les Voitures qui ont mangé Paris, 1975: Pique-nique à Hanging Rock, 1977: La Dernière Vague, 1981: Gallipoli, 1982: l'Année de tous les Dangers, 1985: Witness, 1986: Mosquito Coast, 1989: Le Cercle des Poètes Disparus, 1990: Green Card, 1993: Etat Second, 1998: The Truman Show, 2003: Master and Commander, 2011: Les Chemins de la Liberté.


C'est dans ses rêves que l'homme trouve la liberté
Gros succès public et critique lors de sa sortie en 1989, Le Cercle des Poètes Disparus aura su toucher des millions de spectateurs par sa puissance émotionnelle et son immuable éthique sur l'autonomie des êtres aptes à se transcender pour savourer l'instant suprême du moment présent.
Par l'entremise d'un scénario remarquable et de comédiens vigoureux pleins de fraicheur et de fragilité, Peter Weir a appliqué une leçon de vie, un classique inoxydable conçu pour réveiller les consciences timorées qui n'osent canaliser et surtout transcender leurs affres de l'angoisse.

En 1959, dans une stricte académie universitaire de renom, de jeunes étudiants vont faire la rencontre singulière de leur nouveau professeur de lettre anglaise, M. Keating. Cet homme anticonformiste, passionné par l'art de l'enseignement va inculquer à ses novices élèves le fluide du bonheur retrouvé,  la liberté d'accomplir ses rêves en admettant que l'instant présent est une offrande d'une richesse universelle ! 


On ne lit pas ni écrit de la poésie parce que c'est joli. On lit et écrit de la poésie car on fait partie de l'humanité.
S'il y a un film capable de réveiller les consciences, de modifier le destin de notre existence et celle des générations à venir, c'est bien ce cercle ouvert des poètes conquérants. Une confrérie estudiantine soudainement éprise de l'envie d'arborer la vie, d'embrasser avec fougue ce miracle de l'existence par l'entremise d'un professeur habité par l'amour de l'initiation. Celle de permettre à ces jeunes débutants de pouvoir s'extérioriser et d'exprimer librement leurs désirs secrets les plus passionnels.
Comme le prouve le tableau représentant d'illustres ancêtres de jeunes étudiants à la physionomie pleine d'aplomb, ces nouveaux élèves vont furtivement se résoudre à se prendre en main, se jouer de la découverte d'un nouvel univers autrement distinct et de quelle manière épurée le monde en ébullition peut devenir autrement plus fantasmatique par la poésie des vers. Une précieuse doctrine transcendant notre aura terrestre ou l'art d'apprendre et s'épanouir en osant affronter son propre destin. Par la fantaisie du rêve et l'audace désinhibée, M. Keating va déclencher auprès de ces étudiants l'étincelle de l'optimisme. Par la ténuité des mots aptes à convertir l'évolution épique de l'épopée humaine, ce capitaine romantique va leur prouver que l'individualité de chaque être renferme un potentiel d'exception.

Mais l'intransigeance égoïste d'un père de famille drastique et conservateur va totalement bouleverser et chambouler la spontanéité de nos poètes offensés quand le fils de celui-ci, passionné par le théâtre et le jeu de la comédie va désespérément se sacrifier afin de bannir une vie professionnelle antinomique qu'il n'envisageait pas. Ce suicide tragique va inévitablement réveiller la suprématie des conformistes bien pensants, leur intolérance de l'écoute de l'autre, le refus de commuter les règles de l'enseignement régi depuis des siècles par une opiniâtre discipline de fer. Dès lors, le professeur le plus équilibré, indulgeant et salutaire subira les conséquences déloyales de cette innocence meurtrie, avant que les poètes prodiges ne lui rendent un ultime hommage en guise de reconnaissance salutaire.


Robin Williams endosse peut-être ici l'un de ses meilleurs rôles, du moins l'un de ces plus sobres et mesurés dans son aisance innée, sa bonhomie instinctive à prodiguer sa philosophie existentielle auprès d'un groupe d'étudiants en pleine crise identitaire. Robert Sean Leonard est sans doute la révélation du film tant il retranscrit à merveille sa passion de s'épanouir et concrétiser son espoir d'exercer la profession artistique de la comédie vers le théâtre. Fustigé par un paternel austère extrêmement rigoureux, son destin mortuaire va cruellement bouleverser la donne. Un père tout aussi flagellé et déchu à jamais par la mort de son fils dans son iniquité de lui avoir obstruer et briser son nouveau destin immolé. Le jeune Ethan Hawke apporte également une poignante dimension humaine, une fragilité chétive dans celui d'un étudiant introverti, trop timide pour affirmer ses idées et ainsi affronter ses adversaires en pleine reconversion identitaire. Il provoque dans le fameux épilogue une digne empathie en osant entreprendre courageusement un dernier hommage à son professeur limogé de ses fonctions, en s'élevant droit devant sur sa table scolaire, comme le feront chacun de ses camarades. 


La vie est un songe, tout n'est que de vaine apparence. C'est un songe qui dure un peu plus qu'une nuit.
Ode à l'apprentissage de sa foi et ses intimes convictions, hymne à la vie et la liberté d'expression, déclaration d'amour à l'incantation de la poésie gracile, réquisitoire contre l'intolérance, les conformités et le conservatisme, Le Cercle des Poètes Disparus est tout cela à la fois et beaucoup plus encore. Un magnifique récit initiatique sur la quête rédemptrice d'accepter sa personnalité intrinsèque et de banir son inhibition au profit d'affronter les richesses extérieures. Celui d'un univers sensoriel où chaque être humain est une denrée atypique et où les mots inhérents restent les maîtres à penser afin de révolutionner ce qui nous entoure.

A Pascal...

15.09.11
Bruno Matéï

Distinctions:
1989: Oscar du Meilleur Scénario Original pour Tom Schulman.
Meilleur film, meilleure musique originale pour Maurice Jarre aux British Academy Awards.
1990: César du Meilleur Film Etranger.
Meilleur Film Etranger, Prix David di Donatello
Meilleur film Etranger au Joseph Plateau Awards
Meilleur Film Etranger au Ruban d'Argent.

                                        

1 commentaire:

  1. Je ne suis pas très fan de Weir , mais ce film là est particulièrement réussi, tant dans sa forme que dans l'interprétation sans faille.
    Chapeau bas pour le casting qui ne souffre d'aucuns défauts au point que chaque personnage est doté d'une histoire qui lui est propre.
    Bravo pour ta critique qui est juste et rend compte de toute la profondeur du film.

    Au passage j'avais complètement oublié Ethan Hawke dans le film.
    Il a depuis mis en pratique les conseils du capitaine
    semble t il , OH mon capitaine.

    ça m'a donner envie de relire de la poésie tout ça..
    Je vais me retaper " les trois petits cochons " de ZOLA tiens.
    pas Emile hein, son frère je veux dire : Gorgon.

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