lundi 31 octobre 2011

2019, Après la chute de New-York / 2019 - Dopo la caduta di New York / 2019, After the fall of New-York


de Sergio Martino. 1983. Italie. 1h36. Avec Michael Sopkiw, Valentine Monnier, Anna Kanakis, George Eastman, Roman Geer, Vincent Scalondro, Haruhiko Yamanouchi, Edmund Purdom, Louis Ecclesia.

Sortie salles France: 11 Janvier 1984. Italie: 22 Juillet 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


En 1981 débarquent en salle Mad Max 2 et New York 1997, deux œuvres charnières de la science-fiction post-apo. Nos voisins transalpins s’empressent alors d’exploiter le filon, surenchérissant dans une frénésie homérique nourrie de bande dessinée et de western spaghetti. Deux ans après les modèles de Miller et Carpenter, Sergio Martino (auteur de quelques classiques tels Torso, La Queue du Scorpion, Mannaja ou Le Continent des Hommes-Poissons) livre sa version belliqueuse du post-nuke. D’autres cinéastes, tout aussi cupides, dévoilent à leur tour des avatars à maigre budget aussi improbables que Le Gladiateur du futur, Les Guerriers du Bronx ou Les Nouveaux Barbares, pour ne citer que les plus fameux.

Synopsis : En 2019, le monde est ravagé par une apocalypse nucléaire, causant la stérilité des dernières femmes. Les Euraks, armée téméraire infiltrée dans les zones irradiées, traquent les rares survivants pour les étudier dans l’espoir de reproduire l’espèce humaine. Exilé en Alaska, un président américain charge le mercenaire Parsifal de retrouver la dernière femme fertile. Celui-ci s’entoure de deux briscards aussi pugnaces que déglingués pour mener à bien cette mission-suicide au cœur des vestiges new-yorkais.


Érigé sous le moule de la série Z (involontairement) pittoresque, faute de budget et d’acteurs chauvins à la trogne risible, 2019, après la chute de New York peut sans conteste se targuer d’être le plus savoureux ersatz rital des classiques susnommés. Car grâce à l’habileté d’un petit maître du bis à la carrière loin d’être négligeable, cette bisserie intrépide transcende ses flagrants défauts par la fertilité d’une action pétulante et de péripéties hautement colorées. Dans la posture gogo de héros en mal de reconnaissance, le film puise son charme dans un décor décharné de carton-pâte et via ses figures grotesques irrésistiblement attachantes : gueules irradiées, braconnier chinois adepte du fouet, homme-singe à l’épiderme boursouflé (inénarrable George Eastman en Sinbad déficient !), borgne humanoïde au lasso métallique, preux mercenaire prêt au sacrifice, valeureux nabot s’éventrant par altruisme, ou encore esclave éprise du cœur du héros mad-maxien.


Dès le préambule, une aura mélancolique plane sur l’horizon diaphane d’un New York azur, porté par un air de trompette funèbre. Martino soigne son univers aride d’apocalypse, appuyé par une voix-off monocorde exposant la situation radioactive avec gravité. Après une mémorable course-poursuite façon auto-tamponneuse, menée par des gladiateurs motorisés, la trame s’aligne sur le canevas de New York 1997 : un héros anarchiste, bellâtre et inexpressif, contraint d’accomplir une mission sous la houlette d’un chef d’État sournois.

Grâce à la bonhomie de nos mercenaires, à la fois rétrogrades et extravagants (le nain sauteur Kirke est devenu, chez certains amateurs, une icône impayable), à l’action en roue libre inspirée de la BD destroy, et au dynamisme du montage, l’aventure dystopique déborde de générosité. Chaque rencontre avec des belligérants en survie ouvre sur de nouveaux tableaux hallucinés. Quelques séquences gores, typiquement italiennes dans leur audace racoleuse, viennent animer les égouts new-yorkais d’une crasse réjouissante. Si cette épopée échevelée s’avère si jubilatoire, c’est aussi grâce à la drôlerie (involontaire) de certaines répliques prononcées avec un sérieux à toute épreuve.

Ajoutons à cela une bande-son tapageuse : bruitages d’armes à feu et de coups de poing tonitruants, typiques du ciné rital, saturés par le score enlevé des frères Guido et Maurizio De Angelis, qui dynamisent jusqu’à l’épuisement les confrontations belliqueuses.


Les nains aussi ont commencé petit !
Efficacement troussé et nerveusement mis en scène sous le sceau d’une "pochette-surprise" narrative, 2019... incarne le pur divertissement décomplexé. Un miracle de ringardise qui pallie ses moyens précaires par un savoir-faire aussi inspiré qu’avisé, et par l’attachante complicité de comédiens cabotins se prêtant au jeu avec une foi inébranlable. Sans prétention (malgré ses élans de plagiat), loufoque, débridé et généreux en portraits de marginaux décadents, errant dans une scénographie rutilante (mention spéciale à ses décors urbains envoûtants), 2019, après la chute de New York demeure le meilleur succédané de Mad Max, porté par une facture Z irrésistiblement latine.

Reste une question improbable en guise de conclusion identitaire :
“Est-ce une faute grave d’être un nain ?!”

* Bruno
01.01.19. 7èx
31.10.11.

Sergio Martino

jeudi 27 octobre 2011

La Nuit des Masques / Halloween. Grand Prix de la Critique à Avoriaz 1979.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site boxofficestory.com

"Halloween" de John Carpenter. 1978. U.S.A. 1h31. Avec Donald Pleasance, Jamie Lee Curtis, Nancy Kyes, P.J. Soles, Charles Cyphers, Kyle Richards, Brian Andrews, John Michael Graham, Nancy Stephens, Arthur Malet.

Sortie salles France le 14 Mars 1979 (Int - 18 ans). U.S: 25 Octobre 1978.

FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 :The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible, 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward

 
"La Géométrie de la peur". 
Après ses premiers essais Dark Star (1974) et Assaut (1976), le jeune réalisateur John Carpenter est sollicité par les producteurs indépendants Irwin Yablans et Moustapha Akkad pour développer un scénario centré sur un psychopathe s’en prenant à des babysitters dans une petite bourgade américaine. D’abord intitulé The Babysitter Murders, le script coécrit par Carpenter et sa compagne de l’époque, Debra Hill, évolue jusqu’à fusionner avec la fête d’Halloween, période de la Toussaint où se déroule l’action.

Avec un maigre budget de 325 000 dollars et un tournage express de 21 jours sous le soleil californien, Halloween s’impose comme un succès surprise, porté par le bouche-à-oreille. Si la critique de l’époque se montre sévère avec ce modeste film d’horreur signé par un quasi inconnu, Halloween finit par générer plus de 176 millions de dollars à l’échelle mondiale (dont 47 millions aux États-Unis). Il devient le film indépendant le plus rentable de l’histoire du cinéma. En France, il n’attire que 283 934 spectateurs à sa sortie. C’est avec le temps que ce chef-d’œuvre indétrônable gagnera ses lettres de noblesse.

Haddonfield, Illinois. 1963. Une nuit d’Halloween, alors que ses parents sont absents, le jeune Michael Myers poignarde sa sœur Judith. Quand ses parents rentrent, ils découvrent leur fils figé au seuil de la maison, vêtu d’un costume, un couteau ensanglanté à la main. Quinze ans plus tard, toujours un soir d’Halloween, Michael s’échappe de l’asile psychiatrique où il était enfermé, bien décidé à revenir dans sa ville natale pour y perpétrer de nouveaux crimes. Le docteur Loomis, hanté par son patient, se rend à Haddonfield pour tenter de l’arrêter. Pendant ce temps, des babysitters se préparent pour la fête..

En 1978, à l’aube d’une carrière encore balbutiante, John Carpenter (alors âgé de 30 ans) révolutionne littéralement le cinéma d’horreur moderne, et transcende les codes naissants du slasher initié quatre ans plus tôt par Black Christmas de Bob Clark. Avec presque rien — un script minimaliste, des acteurs inconnus (à l’exception de Donald Pleasance), un budget rachitique —, Carpenter choisit de suggérer plutôt que de montrer, d’évoquer un tueur spectre, masqué, qui joue à cache-cache avec ses proies.

C’est dans cette simplicité que Halloween tire toute sa force anxiogène. Il impose une ambiance nocturne, hypnotique, où la peur sourd de chaque ombre. La musique entêtante, quasi permanente, épouse les ténèbres et fait de Michael Myers le maître invisible des lieux. Sa silhouette à peine dévoilée, sa démarche raide, son masque inexpressif deviennent l’incarnation même d’un mal silencieux. Il n’est plus un homme, mais une entité diffuse, capable de surgir dans n’importe quelle pièce de notre foyer supposé sûr.

Dans une banlieue paisible désertée de parents, Carpenter construit un huis clos étouffant autour de trois adolescentes légères et insouciantes. Seule Laurie, ravissante et solitaire, adoptée par la famille Strode, veille sur deux enfants, entre ennui et soupirs. C’est aussi à travers cette nuit d’Halloween, fête celtique dérivée des traditions britanniques, que se glisse le surnaturel : citrouilles sculptées, rituels enfantins, frissons du folklore. Michael Myers devient alors le croque-mitaine originel, ce monstre tapi dans l’ombre de nos terreurs enfantines — un fantôme sans visage, au regard mort, mécanique, impassible.

Mais l’ambition de Carpenter n’est pas de verser dans le gore, ni de multiplier les effets faciles. Halloween refuse l’esbroufe. Pas de gerbes de sang, pas de jump scares de pacotille. La peur naît ici d’un suspense diffus, lentement instillé, d’une menace qui rôde et prend son temps. L’effet meurtrier, tant redouté, est sans cesse différé. Et quand il frappe, c’est sans crier gare — sec, brutal, sans fioriture.

Le casting, subtil, renforce cette tension : les jeunes actrices, loin des stéréotypes idiots, réagissent avec un naturel crédible, ce qui rend chaque péril plus palpable. Jamie Lee Curtis, encore inconnue, incarne Laurie avec une sobriété touchante, donnant chair à ses angoisses croissantes. Donald Pleasance, quant à lui, compose un Dr Loomis paranoïaque, maladroit, errant dans le quartier comme un détective à contre-temps, possédé par sa traque.


The Babysitter Murders
Voilà ce que symbolise, au fond, l’horreur d’Halloween. Un chef-d’œuvre du slasher sans artifice, forgé pour éveiller nos peurs archaïques, celles de l’enfant terré dans le noir. Un film qui fait de la suggestion son arme absolue, et qui sublime ses limites budgétaires par l’intelligence de sa mise en scène : géométrique, tendue, millimétrée. Une leçon de tempo et d’efficacité qui grave pour toujours la silhouette spectrale de Michael Myers dans l’inconscient collectif. L’ombre du Boogeyman, éternelle, insaisissable.

*Bruno

Dédicace à Gérald Giacomini.
14.10.22
27.10.11


mercredi 26 octobre 2011

X Men, le Commencement / X Men: First class


de Matthew Vaughn. 2011. U.S.A. 2h11. Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Rose Byrne, Nicholas Hoult, Jennifer Lawrence, January Jones, Kevin Bacon, Zoe Kravitz, Oliver Platt, Jason Flemyng.

Sortie en salles en France le 01 Juin 2011. U.S: 03 Juin 2011

FILMOGRAPHIE: Matthew Vaughn est un réalisateur, producteur et scénariste anglais, né le 7 Mars 1971 à Londres.
2004: Layer Cake.
2007: Stardust, le mystère de l'Etoile
2010: Kick-Ass
2011: X Men: First Class


Préquelle de la trilogie des X Men après deux essais concluants concoctés par Brian Singer et un raté discrédité par Brett Ratner, Matthew Vaughn s'implique à transcender les personnages créés par Stan Lee et Jack Kirby, juste après nous avoir prodigué un bain de jouvence désinhibé avec l'équipée subversive de Kick-AssCharles Xavier et Erik Lenshere sont des mutants doués de pouvoirs surhumains depuis leur plus jeune âge. Ils vont devoir s'allier avec d'autres individus tout aussi exceptionnels pour créer la ligue des X mens afin de s'opposer à Sebastian Shaw, un médecin également doté de pouvoirs paranormaux et leader d'un trio de mutants mais délibéré à provoquer une 3è guerre mondiale entre la Russie et les Etats-Unis à l'aide de missiles nucléaires dissimulés à Cuba. Une lutte sans merci s'engage entre les deux clans rivaux au péril du devenir de l'humanité. 

.
X men, le commencement débute sa trame de manière cafardeuse dans son atmosphère belliqueuse nous rappelant la triste époque de l'Allemagne nazie. Ce superbe préambule acerbe s'emploie à nous dépeindre de manière réaliste le profil déchu du jeune garçon Erick Lenshere, contraint par son pouvoir mental de déplacer une pièce de monnaie apposée sur un bureau, mais témoin de l'assassinat de sa mère décrété par l'ignoble Dr Schmidt, faute de n'avoir pu cristalliser devant ce tortionnaire son talent surnaturel. Cette séquence dramatique déployant de manière démonstrative et en guise vindicative les fameux pouvoirs octroyés à Erick nous immerge dans son esprit offensé par le deuil familial et sa capacité physique à annihiler la matière par la force d'une pensée uniquement furieuse.
C'est ensuite quelques années plus tard, en 1962, que l'on retrouve notre héros dans la peau d'un traqueur de nazi, plus déterminé que jamais à retrouver les traces de son meurtrier orgueilleux. Au même moment, il va faire la rencontre du télépathe Charles Xavier, déjà affilié avec une jeune mutante du nom de Raven, rencontrée par effraction dans sa cuisine. Au fil de leur cheminement et de leur compromis, ils vont également s'affilier avec de jeunes recrus doués de phénomènes tout aussi improbables pour faire face à la coalition de Shaw et ses disciples arrogants. Des mutants engagés dans une éthique nihiliste pour entamer l'avènement d'une troisième guerre mondiale par l'entremise de missiles nucléaires déployés entre les Etats-Unis et l'URSS. Leur cynique ambition est alors résolue à décimer la démographie humaine pour devenir les maîtres d'un nouveau monde érigé par les Homo superior (nom scientifique des mutants dans l'univers des Marvel Comics).


Dans une mise en scène assidue d'une impressionnante virtuosité technique et formelle pour l'élaboration d'FX prodigieux et d'une architecture épurée, émaillée de décors classieux, Matthew Vaughn réussit personnellement à s'approprier de l'univers des X men pour les renouveler dans une mise en forme adulte d'une tempérante conviction. En dehors d'une intrigue rondement menée ne laissant que peu de répit au spectateur facilement immergé dans l'aventure trépidante, sa réussite prégnante et surtout privilégiée par la densité humaine de ses protagonistes, superbement dessinés et à la personnalité distincte parfois équivoque pour certains d'entre eux. Si tous les interprètes se révèlent parfaitement probants dans leur prestance héroïque dévoilant communément des pouvoirs surnaturels fascinants et singuliers (l'entrainement physique est un ludique exemple de leur persévérance tour à tour décuplée), l'importance substantielle des personnages clefs est largement exacerbée par deux acteurs remarquables au charisme dépouillé. La présence mature de James McAvoy dans celui de Xavier, leader télépathe diplomate enrôlé dans une doctrine pacifiste et de Michael Fassbender, Erick, le vengeur inflexible déprécié par ses états d'âmes rancuniers, davantage corrompu par sa devise meurtrière, participent pour beaucoup au caractère convaincant des enjeux encourus et à leurs exactions coordonnées pour se mesurer face à Sébastian Shaw. C'est Kevin Bacon qui s'alloue d'endosser un être mégalomane et opportuniste avide de pouvoir et notoriété. Il excelle dans son talent inné à composer un personnage délétère déployant ses funèbres ambitions grâce à sa faculté d'absorber sans vergogne l'énergie de ses antagonistes.


Sous ses travers de film d'action spectaculaire tributaire d'une narration remarquablement structurée en déployant intelligemment quelques inventifs moments d'anthologie tous plus cinglants les uns que les autres, X men, le Commencement tend à susciter une certaine réflexion sous le profil galvaudé d'Erick. Sur sa rancune engagée dans la vengeance froide et la quête du pouvoir sournoisement influencé vers l'alchimie du Mal. Sur la dualité universelle du choix inhérent de notre voie interne scindée entre le Bien et le Mal, à l'image métaphorique du syndrome de Jekyll et HydePar le personnage de Henry McCoy / Le Fauve reniant ses origines et sa difformité, c'est aussi un message de tolérance pour le droit à la différence et l'acceptation de soi, sur la faculté de pouvoir refréner ses doutes et ses craintes qui nous est illustré afin de mieux s'affirmer dans une société égoïste et conformiste. Scandé de façon subtilement épique d'un score musical intense fignolé par Henry Jackman, X men, le Commencement est un spectacle grandiose teinté de lyrisme dans sa densité psychologique qui rend honneur et sacralise le mythe souverain du super-héros répudié. 

Dédicace à Luke Mars (spécialiste de l'esprit Marvel Comics. Voir ci-dessous).
http://darkdeadlydreamer.blogspot.com/2011/10/x-men-first-class-de-matthew-vaughn.html

26.10.11
Bruno Matéï


vendredi 21 octobre 2011

Territoires. Prix du Meilleur Thriller, BIFF 2010.


de Olivier Abbou. 2010. France/Canada. 1h35. Avec Roc LaFortune, Sean Devine, Nicole Leroux, Cristina Rosato, Michael Mando, Alex Weiner, Stephen Shellen, Tim Rozon.

Sortie en salles en France le 8 Juin 2011. 

FILMOGRAPHIE: Olivier Abbou est un réalisateur et scénariste français, né le 21 Mars 1973 à Colmar. 1997: Un jour de plus. 1999: Clin d'oeil. 2000: Le Tombeur. 2003: Manon. 2007: Madame Hollywood (série TV). 2010: Territoires. 2011: Yes, we can ! (télé-film).

.
"Pour moi, la vie c'est apprendre à mourir, c'est ce que la hache représente. Il faut savoir trancher les liens qui nous retiennent à la vie avant que la mort nous y oblige."
.
Récompensé à Bruxelles mais passé inaperçu lors de sa discrète sortie en salles, le premier long-métrage du français Olivier Abbou est un électro-choc comme on en endure rarement dans l'hexagone. Car effroyablement dérangeant, âpre et oppressant, cette descente aux enfers jusqu'au-boutiste stigmatise les pratiques barbares d'une Amérique paranoïaque et xénophobe, adepte de la torture pour déprécier ses présumés coupables du terrorisme post 11 Septembre. Le pitchAprès avoir assisté à un mariage familial au Canada, un groupe d'amis s'engage dans une route forestière des Etats-Unis pour rejoindre leur bercail. Au milieu d'un sentier, deux douaniers en service leur décrète de stopper leur véhicule pour présenter leur papier. Les cinq individus d'origine étrangère sont rapidement accusés de terrorisme et vont vivre la plus cauchemardesque des situations faite d'humiliations et de sévices corporels. Au premier abord, Territoires a tout du traditionnel tortur'porn agencé au survival lorsque cinq modestes citadins se retrouvent séquestrés, humiliés et torturés par deux bouseux, anciens soldats de la guerre du Golfe ayant exercer des interrogatoires drastiques sur des prisonniers islamistes du camp de Guatanamo. Ce qui frappe d'emblée à la vue de ce shocker très éprouvant, c'est son réalisme insupportable émanant de situations toutes plus humiliantes les unes que les autres, ainsi que la qualité indéniable du casting tout en sobriété.
.

En prime, pour une première réalisation, Olivier Abbou s'alloue d'une étonnante maîtrise technique de par le maniement d'une caméra plongée au coeur d'une forêt clairsemée. La photographie désaturée et blafarde au grain prononcé va également alimenter son sentiment anxiogène et suffocant proche du malaise pour saisir le spectateur. De manière inspiré et rigoureuse, le réalisateur illustre donc avec verdeur le calvaire quotidien d'une poignée d'innocents en situation de claustration. Constamment interrogés par deux tyrans extrémistes, les humiliations récurrentes de tortures physiques mais surtout psychologiques infligées sur eux nous entraînent au coeur d'un enfer bien réel. Car à travers ce kidnapping d'aimables quidams, faute de leur physique basané, Olivier Abbou établit un parallèle avec les conditions de vie de prisonniers islamistes accusés de terrorisme et envoyés dans le camp de Guantanamo. Une base navale du sud-ouest de Cuba justifiée par le président George W. Bush où des sévices barbares leur ont été administrés par des soldats américains vindicatifs, orduriers, pour ne pas dire cyniques. Si bien que leurs aveux forcés furent souvent confessés sous la contrainte d'une violence aussi sordide qu'intolérable. Ainsi, à travers le portrait dérisoire de ces deux rednecks esseulés au fin fond d'une Amérique profonde,  l'écho d'un climat insécuritaire de tout un pays effrayé par sa paranoïa collective s'y avère tacite après que les attentats du 11 septembre frappèrent de plein fouet leur activité économique.


C'est en priorité ce sous-texte politique implacable qui exacerbe le réalisme brutal de sa narration. Un drame frigide où l'horreur inhumaine déploie toute son arrogance et sa rancune à daigner asséner sa haine raciale sur des quidams de nationalité étrangère accoutrées d'une combinaison orange. Ainsi donc, ce huis-clos de terreur infatigable nous place dans une situation si inconfortable qu'elle semble nous infliger viscéralement la même souffrance psychologique tolérée aux victimes. Quand bien même la dernière demi-heure s'octroie d'un revirement inopiné auprès de l'intrusion d'un détective privé addicte à la drogue dure suite au décès de sa fille. L'ambiance diaphane s'avère subitement plus étrange et insolite à travers ce nouveau protagoniste indemnisé pour retrouver nos héros réduits à l'état animal. Spoiler !!! Sur fond de philosophie indienne, la destinée de nos protagonistes semble tracé dans un irrémédiable no man's land et l'épilogue rebutant risque sévèrement d'en déconcerter plus d'un tant il nous laisse amèrement sur le bas côté de la chaussée. Fin du Spoil
.

Martyrs.
Solidement interprété sans fioriture, réalisé avec intelligence et d'un épouvantable nihilisme, Territoires demeure un suspense péniblement oppressant de par son intensité abrupte, autant qu'un drame désespéré d'une efficacité implacable. Sa conclusion réfutant le potentiel happy end salvateur  enfonçant un peu plus le clou dans les cimes du pessimisme si bien que le spectateur y laissera des séquelles morales sitôt le générique de fin ! Oeuvre choc remarquable d'humilité empathique pour les suspects présumés, Territoires transcende le genre horrifique avec un réalisme proche du documentaire.

Récompense: Prix du Meilleur Thriller au BIFF de Bruxelles en 2010.

21.10.11
Bruno 

Note (info wilkipedia):
Le camp de Guantanamo se trouve sur la base navale de la baie de guantanamo dans le sud-est de Cuba. Dans ce centre de détention militaire de haute sécurité, sont détenues des personnes qualifiées de "combattant illégal", capturées par l'armée américaine dans les différentes opérations qu'elle mène à l'étranger (Afghanistan, Irak, etc.) contre des millitants et "terroristes islamistes". Le choix de ce centre situé à Cuba sur une base militaire américaine a été justifié par le président George W. Bush afin de fonder juridiquement la décision de refuser de soumettre les détenus au système judiciaire fédéral américain, prenant appui sur l'extra-territorialité de la base.

Le 16 nomvembre 2008, Barack Obama, alors président-élu, a confirmé son intention de fermer le camp. Mais cette fermeture pose en particulier des problèmes de nature juridique comme le fait que des aveux ont été obtenus "sous contrainte", créant ainsi un vice de procédure, ce qui pourrait conduire la justice américaine à libérer des condamnés, dont au moins un, Khalid Cheikh Mohammed, a été jugé responsable des attentats du 11 septembre 2001. Le 22 Janvier 2009, Obama a signé un décret présidentiel ordonnant la fermeture du camp dans un délai d'un an. La prison de heute sécurité de la petite ville de Thomson dans l'Illinois, construite en 2001, mais dont les 2800 cellules ne sont pas toutes remplies, va être achetée par l'Etat fédéral. De nombreuses difficultés, tant politiques qu'administratives et juridiques, entravent la réalisation de la fermeture du camp de Guantanamo qui compte toujours 176 prisonniers en août 2010.



jeudi 20 octobre 2011

HELLRAISER 2: LES ECORCHES (Hellbound: Hellraiser 2). Version Non Censurée.

.
de Tony Randel. 1988. U.S.A. 1h43. Avec Clare Higgins, Ashley Laurence, Kenneth Cranham, Imogen Boorman, Sean Chapman, William Hope, Doug Bradley, Barbie Wilde, Simon Bamford, Nicholas Vince.

Sortie en salles en France le 5 Juillet 1989. U.S.A: 23 Décembre 1988.

FILMOGRAPHIE: Tony Randel est un réalisateur, scénariste et monteur américain né le 29 Mai 1956. Il est parfois crédit sous le nom de Anthony Randel. 1985: Def-Con 4. 1988: Hellraiser 2. 1992: Inside Out 2. Amityville 1993. 1993: Ticks. 1995: North Star: la légende de Ken le Survivant. 1996: Confiance Aveugle. 1996: Morsures. 1998: Assignment Berlin. 2007: The Double Born.


Un an après le succès de Hellraiser, c'est au réalisateur novice Tony Randel de succéder à Clive Barker pour façonner la suite des aventures de Pinhead et ses acolytes. D'après un scénario de Peter Atkins, Kirsty, survivante du premier volet, est placée dans un institut psychiatrique géré par le Docteur Channard. Ce médecin fasciné par le monde occulte des ténèbres fait infliger à certains de ses sujets diverses tortures qu'ils pratiquent eux mêmes sur leur corps scarifié. Grâce au matelas ensanglanté sur lequel mourut Julia, un de ses patients est immolé pour pouvoir subvenir à sa renaissance. Après ses longues recherches sur l'origine du cube maléfique, Channard exploite une jeune fille autiste afin de pouvoir déchiffrer ses secrets. Pendant ce temps, Kirsty reçoit un message de l'au-delà lui sollicitant de sauver son père prisonnier de l'enfer. 


On ne peut pas dire que la carrière de Tony Randel soit un exemple de réussites probantes dans le domaine du cinéma de genre. Pourtant, en 1988, il réalise avec ce deuxième métrage sa plus ambitieuse réussite en s'appropriant de l'univers SM de Hellraiser. Une suite respectueuse dans le sens où elle reprend la continuité des tragiques évènements survenus au préalable ainsi que le cheminement évolutif des survivants. Cette fois, Kirsty (la fille de Franck), est soignée dans un centre psychiatrique suite à son traumatisme subi par la confrérie de Pinhead. Epaulée d'une jeune patiente autiste, elles vont s'allier pour faire face à la nouvelle menace des cénobites et se retrouver projetées dans un dédale de l'enfer. Le prologue illustrant le profil pervers d'un médecin obsédé par la souffrance et l'agonie nous permet d'assister à quelques moments glauques du plus répugnant effet. Des malades moribonds et paranos, faute de prises de drogues hallucinogènes, sont enfermés dans les geôles des sous-sols de l'institut pour s'infliger quotidiennement des tortures innommables. Mais le clou du spectacle déviant est sans conteste cette séquence maladive auquel un schizophrène se retrouve invité dans la demeure familiale de Channard. Par son influence perfide, le cobaye à demi-nu nous laisse transparaître un corps malingre lardé de plaies et contusions.


Souffrant de visions infernales de lombrics et asticots lui grignotant la chair, il se mutile à nouveau le torse en se lacérant des coups de rasoir. Une séquence viscérale d'une rare violence et d'une audace si malsaine que la censure de l'époque ne manquera pas de l'éclipser pour sa diffusion en salles (mais aussi plus tard en dvd dans notre pays hexagonal). Quand à la résurrection de Julia, cadavre décharné en proie à la renaissance corporelle, la poésie morbide qui y émane donne lieu à des moments de sensualité baroque lorsqu'elle décide de s'embaumer le corps de bandelettes à l'instar d'une momie.
La suite ambitieuse et épique est une exploration au cœur des enfers régi par Léviathan. Une bataille sans merci nous est donc livré entre Kirsty, Tiffany, les Cénobites et notre nouveau duo mégalo formé par Julia et Channard. Ces séquences irréelles parfois décousues permettent tout de même de déployer un florilège de séquences cauchemardesques à l'inventivité formelle (couloirs interminables et dédales sans destination abritant des créatures hideuses). De surcroît, nous en saurons un peu plus sur le passé du leader Pinhead ainsi que ces comparses autrefois humains. Et de manière couillu, le réalisateur n'hésitera pas à les malmener pour les destituer de leur omnipotence avec un rival aussi orgueilleux. Justement, l'aspect le plus ludique sera cette fois-ci établi au profit du praticien Channard, créature tentaculaire inspirée de l'univers de Lovecraft. Un mutant humain avide de consécration et de défiance pour se mesurer à la stature de Leviathan, monolithe souverain aux pouvoirs ésotériques impénétrables.


Spectacle baroque et débridé déployant avec une imagination fertile un univers aussi fantasmagorique que ténébreux, Hellraiser 2 peut se targuer d'être la meilleure suite d'une saga inégale toujours plus mercantile. Hormis l'aspect anarchique d'une narration redondante dans ces incessants va-et-vient entre l'au-delà et la terre, ce divertissement hardgore (du moins en version Uncut !) affiche une ambition horrifique encore plus extravagante et effrontée que son modèle.  

* Bruno
07.01.19. 3èx
20.10.11.   


lundi 17 octobre 2011

Red State. Prix du Meilleur Film, Catalogne 2011.

 
                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kevin Smith. 2011. U.S.A. 1h28. Avec Michael Parks, Melissa Leo, John Goodman, Kyle Gallner, Stephen Root.

Commercialisé en blu-ray et dvd en France le 26 Juin 2012

FILMOGRAPHIE: Kevin Smith est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 2 Août 1970 à Red Bank, dans le New-Jersey (Etats-Unis).
1994: Clerks, 1995: Les Glandeurs, 1997: Méprise Multiple, 1999: Dogma, 2001: Jay et Bob contre-attaquent. 2004: Père et Fille. 2006: Clercks 2. 2008: Zack et Miri font un porno. 2010: Top Cops. 2011: Red State. 2014 : Tusk. 2016 : Yoga Hosers. 2016 : Holidays - segment Halloween. 2019 : Jay et Bob contre-attaquent… encore (Jay and Silent Bob Reboot). 2022 : Killroy Was Here. 2022 : Clerks 3 (Clerks III). 2024 : The 4:30 Movie. 


Kevin Smith, trublion habitué aux comédies noires décalées vire sa cuti avec Red State. Un drame implacable d'une violence réaliste âpre et rugueuse, réquisitoire contre le fanatisme religieux le plus criminel derrière une offensive policière corruptible. Comme le démontre avec effroi l'antagoniste Abin Cooper; pasteur homophobe endossé par Michael Parks vivant son rôle plus qu'il ne le joue. Kevin Smith s'étant inspiré du révérend Phelps, fondateur de l'église baptiste de Westboro réputé pour sa haine réac contre les pécheurs. 

Synopsis: Suite à une adresse du net, 3 ados prennent rendez vous avec une quadragénaire résidant dans une caravane à proximité d'un terrain forestier. Sur place, après avoir bu de la bière frelatée, ces derniers sont appréhendés pour être emprisonnés en interne d'une église régie par le père Cooper. Un intégriste réfractaire aux homosexuels et à la luxure, prônant une justice expéditive envers des innocents kidnappés par ces disciples. Or, aujourd'hui rien ne se déroulera comme prévu.
.

Vendu comme un film d'horreur, Red State n'est en rien le divertissement standard concocté pour nous offrir notre lot de sueurs froides à travers un pitch canonique. Réalisé avec brio pour son réalisme littéralement épique épaulé d'une caméra mobile agressive lors des moments les plus alarmistes, la narration stigmatise avec verdeur le fondamentalisme d'une secte religieuse édifiée par le pasteur Cooper. Un sexagénaire intégriste inculquant à ses ouailles une justice aussi aveugle qu'expéditive auprès des pêcheurs érotomanes ou gay. 
Le prologue débute comme un classique teen-movie lorsque trois jeunes lurons batifolent avec une femme mature adepte de l'échangisme. Cette situation tranquille va cependant brusquement virer de ton lorsque ceux-ci vont se retrouver piégés par la mégère au sein d'une paroisse catholique. Or, ce qui interpelle à la vue de ce pamphlet anti-religieux, c'est sa froideur glaçante, son réalisme rugueux insupportable dépendant de la caractérisation de personnages à la limite de la démence car d'une violence primale lorsqu'ils exercent leur action punitive en guise de sacrifice. D'ailleurs, le premier meurtre incongru perpétré à l'intérieur du huis-clos pastoral est d'une intensité dramatique intolérable si bien qu'il nous suscite gêne, malaise, dégoût, l'effroi le plus inconfortable. Quand bien même ces bourreaux convaincus de leurs méfaits purificateurs laisse transparaître une satisfaction malsaine d'autant plus perverse dans leur idéologie anti gay. 


Quand aux séquences d'action filmées caméra à l'épaule ou en vue subjective lors du siège à la folie furieuse contagieuse, elles offrent des moments de bravoure à clouer au siège accentués d'une bande-son cinglante afin d'exacerber l'impact stridant du carnage dénué de raison. Les rivaux en proie à la peur et la panique mais inévitablement stoïques s'adonnant au baroud d'honneur. Or, pas de héros dans ce récit âpre et d'une extrême brutalité évaluée sans compromis. Plutôt un sentiment désabusé de défaite sociale (mais aussi policière en dépit des apparences) pour ces rivaux sous effigie de l'orgueil le plus putassier à travers leur idéologie fasciste. Sachant que les flics eux mêmes corrompus vont employer le subterfuge pour se débarrasser d'une bavure impardonnable. Dans celui du prédicateur prêchant la piété dans une éthique despotique, Michael Parks est terrifiant de cynisme à travers sa tranquillité rassurante. Il crève l'écran en dégageant une aura malsaine qui inondera toute l'intrigue. John Goodman en impose autant en leader policier convaincu de braver sa déontologie afin de sortir vainqueur du terrorisme religieux. La séduisante et gracile Melissa Leo insuffle une poignante empathie dans celle d'une mère repentie osant bafouer sa doctrine conservatrice pour l'enjeu de sa postérité.


Avec sa mise en scène âpre et studieuse parfois proche du docu-vérité et la sobriété des interprètes littéralement dérangés, Red State redouble d'efficacité pour illustrer avec vigueur (parfois insupportable) un pamphlet édifiant sur les pratiques extrémistes d'adorateurs de Dieu radicalisés par une figure du Mal. Son point d'orgue explosif enfonçant le clou d'une dérision caustique de par son revirement divin particulièrement amer et grinçant. Un film choc dont on sort groogy.

*Bruno 
17.10.11.
05.02.25. Vost

Récompenses:
2011 : Meilleur film au festival international du film de Catalogne.

vendredi 14 octobre 2011

THE TREE OF LIFE. Palme d'Or Cannes 2011.

.
de Terrence Malick. 2010. U.S.A. 2h18. Avec Brad Pitt, Sean Penn, Jessica Chastain, Hunter McCracken, Joanna Going, Fiona Shaw, Laramie Eppler, Tye Sheridan, Jessica Fuselier, Nicolas Gonda, Will Wallace. 

Sortie en salles en France le 17 Mai 2011. U.S: 8 Juillet 2011.

FILMOGRAPHIE: Terrence Mallick est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 30 Novembre 1943 à Ottawa (Illinois).
1973: La Ballade Sauvage.
1978: Les Moissons du Ciel
1998: La Ligne Rouge
2005: Le Nouveau Monde
2011: The Tree of Life

.
La Palme d'Or 2011 est vraiment, vraiment rebutante !
J'ai fini par endiguer le film au bout d'1H30 (sur 2H20) tant il s'étire inlassablement dans son ambiance religieuse et nonchalante pour illustrer son thème métaphysique sur le sens de la vie terrestre. Les images fastes, limpides, immaculées, sont magnifiques, la mise en scène expérimentale use et abuse du maniement d''une caméra toujours en mouvement (un parti pris qui m'a beaucoup irrité) et les comédiens sont quelques peu déroutants, comme envoûtés par ce qu'ils ressentent et traversent. Au final, j'ai eu l'impression que l'émotion ne perçait jamais. C'est fort dommage.

A revoir peut-être car j'ai comme l'impression que ce trip existentiel est aussi réussi que raté.

.

.
Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante, qui lui donne foi en la vie. La naissance de ses deux frères l'oblige bientôt à partager cet amour inconditionnel, alors qu'il affronte l'individualisme forcené d'un père obsédé par la réussite de ses enfants. Jusqu'au jour où un tragique événement vient troubler cet équilibre précaire...



jeudi 13 octobre 2011

Les Oiseaux / The Birds


d'Alfred Hitchcock. 1963. Angleterre. 2h00. Avec Tippi Hedren, Rod Taylor, Jessica Tandy, Suzanne Pleshette, Veronica Cartwright, Ethel Griffies, Charles McGraw, Ruth McDevitt, Lonny Chapman

Sortie en salles en France le 6 Septembre 1963. U.S: 28 Mars 1963.

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980.
1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.


"C’est peut-être le film le plus terrifiant que j’ai jamais tourné." — Alfred Hitchcock

Trois ans après Psychose, Sir Alfred Hitchcock se résout, après mûre réflexion, à adapter une nouvelle de Daphné Du Maurier, The Birds. Le scénario, entièrement réapproprié par lui-même et Evan Hunter, était à l’origine destiné à la série Alfred Hitchcock présente. Mais après avoir lu que de véritables attaques de volatiles s’étaient produites dans son pays, le maître pressent qu’il tient là un nouveau tour de force d’épouvante, taillé pour le grand écran. Les Oiseaux nécessitera trois ans de préparation — en priorité pour les effets spéciaux et les maquettes — tant sa complexité technique exigea pas moins de 370 scènes truquées. Pour mesurer l’obsession maniaque du cinéaste, la seule séquence finale nécessita 32 prises, et Hitchcock la désignera comme l’un de ses tournages les plus éprouvants.

À Bodega Bay, Melanie Daniels, jeune femme mondaine, croise Mitch Brenner, avocat charmé par sa prestance. Pour l’anniversaire de sa sœur Cathy, il souhaite offrir un couple d’inséparables. Vexée par son ironie cavalière, Melanie s’empresse de les acheter elle-même, puis décide de les lui livrer... en personne. En chemin, alors qu’elle rejoint son domicile en barque, elle est brutalement attaquée par une mouette.
.

Clef de voûte de l'épouvante moderne, Les Oiseaux impressionne par son audace : faire naître l’effroi à partir de simples volatiles subitement saisis d’une rage meurtrière. La première partie du récit, tout en suggestion, esquisse une romance contrariée : celle de deux amants freinés par la jalousie opaque d’une mère possessive. Hitchcock, manipulateur masochiste, nous attache d’abord à ce triangle sentimental, distillant un suspense latent, tapi dans l’ombre. Il introduit les oiseaux non comme une menace, mais sous une forme docile, encagée, presque ludique. Leur présence se fait de plus en plus insistante, jusqu’à ce premier incident : Melanie, isolée sur sa barque, est frappée au visage par une mouette surgie de nulle part.

Puis l’envol. Et le cauchemar.


Sans se jeter dans l’action effrénée, Hitchcock retarde patiemment l’embrasement. Les oiseaux passent à l’attaque plus de 25 minutes après cette première escarmouche, déclenchant une seconde partie hallucinée. Leur violence, absurde et inexplicable, sidère. Nulle justification ne viendra : ni scientifique, ni surnaturelle. Juste une révolte animale aussi brutale qu’opaque. Et lorsque la furie s’abat, Hitchcock ne fait aucune concession : chaque agression devient une scène d’anthologie, d’un réalisme glaçant. Attaque sauvage d’enfants fuyant leur école. Déferlement sanglant sur Bodega Bay réduite à feu et cendres. Siège d’une maison de campagne, barricadée à la hâte. Chaque scène pousse l’intensité jusqu’au vertige, appuyée par un design sonore dissonant, où cris perçants, battements d’ailes frénétiques et silences lourds composent une partition de terreur viscérale.

Le duo Rod Taylor / Tippi Hedren fonctionne à merveille : lui, viril et faussement arrogant, tente d’apprivoiser cette muse au charme hautain ; elle, gracile mais volontaire, dévoile une chaleur inattendue, notamment dans ses tentatives pour amadouer une belle-mère méfiante. Jessica Tandy incarne cette dernière avec une mélancolie farouche, bouleversante dans sa peur de perdre l’amour exclusif de son fils.

.
Dénué de musique, pour mieux ancrer le cauchemar dans une réalité nue, Les Oiseaux demeure, plus de 65 ans après sa sortie, un film terrifiant, d’une efficacité redoutable. Malgré quelques plans vieillissants, la mise en scène virtuose transcende les effets datés par une montée en tension millimétrée, une violence sèche et dérangeante. L’idée, folle et géniale, d’une revanche de la nature — ces oiseaux refusant de se nourrir, comme s’ils conspiraient — nous hante longtemps après le générique. Les Oiseaux est sans doute l’un des films les plus oppressants et excentriques de son auteur, croisement inouï entre romance contrariée et apocalypse ornithellique, dans une tension psychologique constamment parasitée par l’ombre d’une mère dévorante.

13.10.11
Bruno Matéï



mercredi 12 octobre 2011

FURIE


de Brian De Palma. 1978. U.S.A. 1h57. Avec Kirk Douglas, John Cassavetes, Carrie Snodgress, Charles Durning, Amy Irving, Fiona Lewis, Andrew Stevens, Carol Eve Rossen, Rutanya Alda, Joyce Easton.

Sortie en salles en France le 4 janvier 1979. U.S: 10 Mars 1978.

FILMOGRAPHIE: Brian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted.


Deux ans après Obsession et Carrie réalisés successivement la même année, Brian De Palma renoue avec le thème de la parapsychologie dans Furie. Un film fantastique diaboliquement ficelé, conjuguant avec bonheur espionnage, action, suspense et épouvante traditionnelle, saupoudré d'une pointe de cocasserie en début d'intrigue. Entouré d'acteurs de renom (Kirk Douglas, John Cassavetes, Charles Durning, Amy Irving), ce film sous-estimé est à réhabiliter à sa juste valeur tant il exploite avec beaucoup d'efficacité et de maîtrise technique une intrigue aussi haletante que surprenante.
Doué de pouvoirs paranormaux, un jeune garçon se fait kidnapper par l'agence du gouvernement de son père. Après avoir manqué de trépasser dans un odieux traquenard commandité par un ami de longue date, le paternel décide de partir à sa recherche. Au même moment, une jeune fille, Gillian, possédant également des dons exceptionnels, communique par télékinésie avec son fils.


En s'appropriant une nouvelle fois du thème de la télékinésie préalablement établi avec l'envoûtant Carrie, Brian De Palma s'inspire d'un roman de John Farris pour nous concocter un prodigieux spectacle dans ses genres disparates. On est d'ailleurs surpris du ton ironique des premières séquences lorsque Peter Sandza est contraint de trouver des vêtements en pénétrant par effraction chez un coupe de sexagénaires décontenancés par son apparence demi-nue ! Ou encore la présence risible de ces deux policiers pris en otage par notre héros affublé d'un costume de vieillard et craignant que leur nouvelle carrosserie de fonction ne soit sévèrement cabossée lors de courses poursuites engagées contre des espions. Paradoxalement, après que ne soit intervenu une séquence d'action trépidante particulièrement intense, on pouvait craindre que notre réalisateur se vautre dans le ridicule en y mêlant successivement ce genre de situations cocasses proprement hilarantes.


Néanmoins, l'humour omniprésent des vingts premières minutes va peu à peu s'occulter pour exacerber  l'action des enjeux avec l'intervention d'un nouveau personnage caractérisé par la ravissante Amy Irving (déjà remarquée dans Carrie). Cette jeune fille profondément accablée par son pouvoir surnaturel est incapable de contrôler ses émotions au moindre contact humain, provoquant chez le sujet une hémorragie impossible à maîtriser. C'est dans une clinique spécialisée que notre témoin va être contrainte de tenter de canaliser son pouvoir alors que des visions hallucinogènes et prémonition vont lui être administrées par l'influence télékinésique de Robin, le fils martyrisé par une confrérie gouvernementale sans vergogne. D'ailleurs, la narration menée avec maîtrise technique assidue (la séquence d'anthologie entièrement filmée en "slow motion" illustrant avec minutie la fuite de Gillian à travers rues contre les ravisseurs de l'odieux Ben Childress) doit beaucoup à la prestance de cette comédienne d'une justesse psychologique admirable. Elle peut même se targuer de voler carrément la vedette à nos héros principaux incarnés par les briscards Kirk Douglas et John Cassavettes ou encore le juvénile Andrew Stevens. C'est ce portrait empathique alloué à Gillian qui rend l'oeuvre si intense et captivante. Une victime chétive totalement dépassée par son don de prescience et de télékinésie, peu à peu asservie par l'arrivisme d'un agent politique. Un affabulateur convaincu de la substituer au fils de Peter davantage irascible, toxicomane et en perte de faculté surnaturelle. Là aussi, l'accent dramatique est privilégié dans la décrépitude du jeune garçon devenu incontrôlable car totalement destitué de sa personnalité. Dans la dernière partie réfutant le happy-end salvateur, nous retrouvons Peter, plus déterminé que jamais, accompagné de Gillian pour tenter de récupérer sain et sauf Robin, plus irascible et pernicieux que jamais. Ce point d'orgue particulièrement cinglant, car déployant des séquences chocs sanglantes magnifiquement supervisées par le maître des FX, Rick Baker, prémédite une mise à mort des plus explosives !


Si l'intrigue de Furie s'avère sans grande surprise et laisse interférer quelques gênantes invraisemblances (comme l'évasion de Peter réussissant à s'extraire de l'embarcation d'un rafiot après une gigantesque explosion), la maîtrise technique de De De Palma (amples mouvements de caméra vertigineux), l'interprétation de qualité (Amy Irving crève l'écran !), le score fastueux de John William et l'efficacité d'un récit fertile en péripéties renvoient au solide divertissement. 

Note: C'est le premier rôle au cinéma de Daryl Hannah qui interprète Pam, une écolière à la cafétaria assise à la droite de Gillian (l'avais même pas r'connu !).

Récompense: Saturn Awards 1979: Meilleurs maquillages pour William Tuttle et Rick Baker, remis par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur.

12.10.11.     4
Bruno Matéï

                                          

jeudi 6 octobre 2011

Demain les Mômes. Grand Prix au festival du Rex de Paris 1976.


de Jean Pourtalé. 1975. France. 1h30. Avec Niels Arestrup, Brigitte Rouan, Emmanuelle Béart, Michel Esposito.

Récompenses: Grand Prix au 3ème Festival de film fantastique et de science fiction de Paris, ainsi que celui du Prix Spécial du Jury au Festival International de "New Orléans".

Sortie en salles en France le 18 Août 1976

FILMOGRAPHIE: Jean Pourtalé est un réalisateur français né le10 Septembre 1938 à Paris, décédé le 17 Octobre 1997. 1964: Dernier soir (court-métrage). 1969: Sylvie à l'Olympia (Court-métrage du tour de chant). 1975: Demain les Momes1980: 5% de Risques


En 1976 sort sur les écrans dans une quasi indifférence générale un premier film d'un réalisateur  méconnu alors que certaines critiques bien pensantes n'hésiteront pas à lui tourner le dos. Néanmoins, les organisateurs de deux festivals lui ouvrent la voie de la reconnaissance avec 2 prix décernés à Paris et à la Nouvelle Orléans. En l'occurrence, totalement occulté ou ignoré par le plus grand nombre d'entre nous, Demain les mômes est un ovni filmique rare et précieux, aussi réaliste et désespéré que son cousin ibérique, j'ai nommé le chef-d'oeuvre martyr Les Révoltés de l'an 2000

Le Pitch: Dans une époque future, suite à une potentielle guerre mondiale, le monde est devenu un lieu aride où quelques survivants errent sans but à la recherche d'un éventuel abri. Notre point de rencontre se situe dans le sud-ouest de la France alors que Philippe et Suzanne, réfugiés dans leur ferme champêtre, coulent des jours indolents grâce aux réserves de nourriture qu'ils ont approvisionné dans leur cave. Un jour, un groupe de quidams s'en prennent sauvagement à la jeune femme qui s'était retrouvée à l'extérieur de la maison. Philippe arrive précipitamment à sa rescousse et tire vainement avec son arme de chasse en direction des fuyards. Contraint de subsister solitairement pour cause de la disparition de sa femme, il tente de retrouver un quelconque survivant avec l'aide d'un récepteur  radiophonique. C'est alors qu'une bande de gamins font irruption à proximité de sa maison !


Avec l'entremise d'un budget restreint et de décors minimalistes, Jean Pourtalé s'attelle à retranscrire lestement un univers en décrépitude suite à un cataclysme à échelle mondiale. Par le bruit d'un son perçant les tympans de chaque victime, la terre est devenu un cimetière décharné où le peu de survivants tentent maladroitement de subsister en se méfiant de la moindre présence humaine potentiellement hostile. En quelques plans chocs et explicites à nous dévoiler l'apparence horrifiée de quelques cadavres faméliques restés aux abords des trottoirs (maquillages plutôt adroits et morbides), le réalisateur réussit à rendre crédible un univers glauque où erre le sentiment prégnant de désolation. Où seul l'aura du vent bourdonnant fait office de présence latente afin de renforcer le caractère morose de notre planète réduite en vestige. Après avoir dépeint l'existence quotidienne d'un couple d'amants réfugiés dans leur ferme du sud de la France, le danger aléatoire venu d'un trio de marginaux sans vergogne Spoil ! va inéquitablement soustraire la vie de Suzanne, la femme de ce dernier Fin du Spoil. Tandis que quelques jours plus tard, après avoir tenté de retrouver d'éventuels survivants par l'entremise d'une radio, Philippe rentre en contact avec un groupe d'enfants mutiques accompagnés d'un cinquantenaire déficient.


Insinueusement et avec souci d'authenticité proche du documentaire, Demain les Mômes nous dévoile le caractère monolithique, glacial d'une bande de marmots incapables d'éprouver un minimum de compassion face à leur nouveau protégé Philippe, homme de foi davantage désorienté et dérouté. Par petites touches, c'est la nouvelle ambition d'un homme solitaire tentant d'établir un contact amical avec cette bande organisée d'enfants sauvages qui nous ait détaillé scrupuleusement avec une sensibilité poétique, à l'instar de la superbe mélodie composée par Eric Demarsan. En intermittence, ce thème musical vire subitement de ton pour devenir beaucoup plus ombrageux, de manière à mettre l'accent sur le côté mystérieux, étrangement aphone de la présence presque surnaturelle des enfants mutiques opposés au monde des adultes. La devise de Philippe sera donc de tenter de leur inculquer le savoir vivre, l'apprentissage des valeurs humaines, le respect d'autrui dans ce monde furtivement livré à l'agonie. Dépité, vexé de tant de rancoeur de la part de ces enfants introvertis et taciturnes, Philippe va se rendre à l'évidence que l'espoir de reconstruire un monde meilleur n'est qu'une irréversible désillusion. L'excellent et trop rare Niels Arestrup apporte l'aplomb nécessaire dans sa flegme maturité à daigner éduquer avec reconnaissance des gamins dénués d'amour et d'empathie (telle cette séquence qui voit l'un des leurs trébucher du haut de la toiture de la ferme). Et en ce qui concerne le portrait de ce groupe infantile communiquant exclusivement entre eux, ils retranscrivent avec un naturel trouble un étrange comportement imbitable face à l'encontre de l'adulte qui ne souhaitait qu'une cohésion amicale. Leur présence hostile et pernicieuse participe grandement au climat singulier que le film illustre avec un réalisme terrifiant. D'ailleurs, on ne manquera pas d'établir un rapprochement avec la physionomie interlope, faussement docile des enfants des Révoltés de l'An 2000, sorti la même année en Espagne.A titre subsidiaire, on notera aussi qu'Emmanuel Béart fait ses premiers pas devant la caméra du haut de ses 12 ans.


Les Enfants du Silence.
Baignant dans un climat d'insécurité sous-jacent davantage oppressant, Demain les Mômes constitue le constat d'échec de notre humanité si bien que les enfants du jour d'après adoptent ici une cruelle revanche contre l'autorité parentale responsable de leur perte d'innocence. Son final glaçant et nihiliste renforçant d'autant plus ce sentiment aigri de perdition, cette perte de l'illusion d'où ne présage que déshumanisation et intolérance. En résulte un récit post-apo tristement pessimiste, amer et désenchanté, où les images blafardes marquent les esprits sous le pilier d'un avenir dystopique littéralement crépusculaire. 

Dédicace à Atreyu sans qui je n'aurai jamais pû redécouvrir cette perle rare et introuvable.

06.10.11
Bruno