de Sam Raimi. 1981. U.S.A. 1h25. Avec Bruce Campbell, Ellen Sandweiss, Richard DeManincor, Betsy Baker, Theresa Tilly.
Sortie salles U.S: 15 Octobre 1981 (première à Détroit). 15 Avril 1983 en sortie nationale.
France: Mai 1982 au Marché du film de Cannes. Novembre 1982 au Rex de Paris. 24 Août 1983 en sortie nationale.
FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.
L’opéra de la terreur !
Le film d’horreur le plus férocement original, dixit un Stephen King abasourdi ! Depuis sa sortie rentable en salles et son illustre succès en VHS, Evil Dead s’est imposé au panthéon des films d’horreur les plus impressionnants de l’histoire. L’emblème moderne du « ouh, fais-moi peur ! », alors même que son récit puise dans les clichés usuels de l’épouvante traditionnelle : une forêt bucolique, ténébreuse, régie par des démons sataniques.
Réalisé avec des bouts de ficelle et une poignée de comédiens amateurs, cette première œuvre d’un jeune cinéaste surdoué est un moment de folie furieuse jamais contemplé sur toile. Car conçu comme un train fantôme erratique, Evil Dead est une sarabande infernale, une nuit démoniaque et irrationnelle, dans laquelle un groupe de vacanciers a la déveine de croiser les forces du mal. En empruntant le schéma classique du film de possession et le cadre du slasher champêtre, Sam Raimi se réapproprie les conventions avec une insolence jubilatoire.
Entre ses touches d’onirisme macabre et sa profusion de gore aux accents frénétiques, Evil Dead provoque l’euphorie par sa mise en scène virtuose. D’une efficacité redoutable, Raimi transcende son script éculé en jouant la carte de la provocation et de l’action cinglante dans un esprit de grand-guignol carnavalesque. Fort de son ingéniosité bricolée, il secoue le spectateur et joue avec ses nerfs, face à ces protagonistes soumis, un à un, à l’emprise démoniaque.
À la bande-son tonitruante, où ricanements moqueurs se disputent aux hurlements d’effroi, Evil Dead distille une panique masochiste chez son spectateur voyeur. Jamais série B n’aura rendu si palpable — et terrifiante — une scénographie forestière, où l’entité démoniaque semble s’infiltrer jusque dans la pellicule. À ce titre, et en frôlant miraculeusement l’écueil du ridicule, la scène du viol de Cheryl reste un moment d’anthologie, couillu, chargé d’une verve visuelle aux connotations sexuelles — c’est d’ailleurs pour cette transgression que l’Angleterre assigna Raimi devant les tribunaux.
La tension diffuse devient de plus en plus prégnante, la férocité cauchemardesque atteint son apogée lors d’une ultime demi-heure totalement débridée, quand le dernier survivant, esseulé, se retrouve confiné dans la cabane maudite, à lutter vaillamment contre les démons ricaneurs.
C’est ce qu’on appelle aussi : une déclaration d’amour. Celle d’un artiste entièrement habité par ses innovations d’alchimiste ricaneur.
*Eric Binford01.05.13. (23è visionnage)
Récompenses: Prix du Public et le Prix de la Meilleure Première Œuvre au Festival du Rex à Paris en 1982.
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