mercredi 15 mai 2013

MISS BALA

                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site downloadfilmkv.blogspot.com

de Gerardo Naranjo. 2011. Mexique/U.S.A. 1h53. Avec Stéphanie Sigman, Noe Hernandez, Miguel Couturier, Jose Yenque, Irene Azuela, Gabriel Heads, James Russo.

Sortie salles France: 13 Mai 2011. Mexique: 9 Septembre 2011

FILMOGRAPHIE: Nicolas Lopez est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur mexicain.
2004: Malachance. 2006: Drama/mex. 2008: Voy a explotar. 2010: Revolucion. 2011: Miss Bala


Film coup de poing d'une intensité dramatique éprouvante, Miss Alba relate avec réalisme rugueux le destin de Laura Guerrero, une jeune mexicaine postulant pour un concours de beauté afin de subvenir à sa famille. Après avoir été témoin de meurtres et de la disparition de son amie, elle est engagée par une organisation criminelle, l'Etoile, pour être impliquée contre son gré dans des missions périlleuses. Incapable d'avoir un quelconque soutien du côté de la police, elle se retrouve embarquée au sein d'une guérilla criminelle auquel l'Etoile envisage d'intenter un attentat contre le général Salomón Duarte. A l'instar d'un reportage pris sur le vif à la maîtrise technique stupéfiante, Gerardo Naranjo nous établit le constat implacable d'un état mexicain englué dans la corruption et la violence. Celui d'une criminalité omniprésente (la guerre de la drogue a fait plus de 36 000 morts entre 2006 et 2011) auquel le trafic de drogue génère plus de 25 milliards de dollars par an. Qui plus est, la ville au cours duquel se situe l'action fut préalablement considérée comme la plus violente du monde entre 1992 et 2001 (elle passera ensuite à la seconde position à partir de 2008). Ainsi, à travers le sombre destin d'une jeune otage mexicaine contrainte de travailler pour un cartel mafieux, le réalisateur nous fait pénétrer à l'intérieur de cette milice avec l'efficacité d'un souci de vérité à couper le souffle ! 


Parmi la présence de l'héroïne, nous sommes véritablement plongés dans un univers chaotique de précarité, contraints de suivre quotidiennement les exactions meurtrières de l'Etoile. Alors qu'au creux des cités urbaines, et en dépit de la présence sournoise de la police, un sentiment d'insécurité permanent s'y est instauré. Avec une belle densité psychologique, Gerardo Naranjo nous dépeint notamment un magnifique portrait de femme déchue au courage singulier. Epiée, fustigée, abusée, violée par son leader et incessamment expédiée de force vers des missions belliqueuses pour le bénéfice de la drogue, Laura Guerrero doit en alternance concourir (aussi paradoxal soit-il) au concours de Miss Alba financée par sa propre organisation. Incarné par la beauté méditerranéenne Stéphanie Sigman (dont il s'agit ici de son 2è rôle pour un long-métrage), l'actrice révèle une grâce fébrile dans son humanité déchue, sa bravoure insensée pour la survie et son désespoir forcené de ne pouvoir s'extraire de sa haute hiérarchie. Cette jeune actrice habitée par la candeur illumine l'écran de sa présence longiligne avec une pudeur émotionnelle particulièrement poignante pour sa retenue introvertie.


Jalonné de séquences d'action cinglantes étourdissantes de frénésie dans sa mise en scène virtuose et pourvu d'une ambiance ténébreuse (renforcée de la monochromie d'une photo sépia), Miss Bala fait également la part belle au suspense sous-jacent afin de connaître l'issue fataliste de cette femme objet. Un film choc hypnotique donc qui dénonce avec une vigueur implacable toute forme de corruption implantée par les puissants cartels de la drogue, tout en pointant du doigt la misogynie d'une société machiste. Louablement, cette violence radicale qui prédomine l'intrigue se refuse à toute esbroufe complaisante afin de mieux coller à la réalité sordide du sujet. On peut même d'ailleurs songer à du John Carpenter auprès de la maîtrise des séquences d'action stylisées épaulées d'un format scope.

Dédicace à Karine Philippi
15.05.13.
Bruno Matéï




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