"Miracle Mile" de Steve De Jarnatt. 1987. U.S.A. 1h27. Avec Anthony Edwards, Mare Winningham, John Agar, Lou Hancock, Mykelti Williamson, Kelly Jo Minter, Kurt Fuller, Denise Crosby.
Sortie salles France: 31 Janvier 1990. U.S: 19 Mai 1989.
FILMOGRAPHIE: Steve De Jarnatt est un réalisateur et scénariste américain.
1983: Strange Brow. 1987: Cherry 2000. 1988: Appel d'Urgence
Perle rare honteusement oubliée si bien qu'elle reste toujours inédite sous support numérique (du moins dans l'hexagone), Miracle Mile constitue un morceau de suspense vertigineux. De par l'originalité de son concept filmé en temps réel (dans une cabine téléphonique, un homme reçoit l'appel d'un inconnu affolé lui prédisant une guerre nucléaire dans un temps restreint d'1h10 !) et la montée en puissance d'une tension sensorielle que le héros nous insuffle au fil de ses pérégrinations de survie. Ce dernier tentant de retrouver à l'autre bout de la ville son nouvel amour afin de passer ses derniers instants avec elle puis tenter de quitter Los Angeles en hélicoptère parmi quelques passagers. Mais encore faut-il trouver le pilote pour les mener jusqu'à l'aéroport afin de s'exiler en avion ?
Véritable périple de tous les dangers au fil de rencontres impromptues avec des quidams parfois individualistes car si apeurés d'une éventuelle apocalypse, Appel d'Urgence hypnotise notre attention à l'instar d'une expérience crépusculaire prise sur le vif (la lueur de l'aube s'affichant progressivement au rythme d'une temporalité exiguë !). Les évènements accidentels et la romance désespérée que notre héros tente en dernier ressort de retrouver s'enchaînant sous l'aura d'un climat anxiogène rapidement influencé par la folie. Outre l'intensité alarmiste de sa situation inédite, l'intrigue joue notamment sur le scepticisme d'une telle déclaration préalablement clamée par un militaire dont on ignore s'il est saint d'esprit. Remarquablement mené par son action impromptue émaillée de quelques séquences chocs étonnamment cruelles (Spoiler ! le sort des deux flics et celui du couple afro, son final arborant sans concession une horreur sociale fin du spoiler), Appel d'Urgence nous immerge dans une situation parano au gré des comportements erratiques de protagonistes gagnés par l'amplitude d'une rumeur. Et ce jusqu'au final terrifiant illustrant avec un réalisme rigoureux de saisissantes images de panique urbaine clamée par une une foule aliénée. Sur ce point, le méconnu Steve De Jarnatt (réalisateur de séries TV et de son premier film, Cherry 2000) nous laisse sur le carreau lors de son point d'orgue anthologique si bien qu'il parvient à nous retranscrire sans fard un semblant de fin du monde en déliquescence morale !
Expérience sensorielle sévèrement pessimiste quant à l'issue tragique de sa conclusion (non exempte de romantisme onirique pour son image finale), Appel d'Urgence cultive astucieusement un suspense à couper au rasoir sous le moule d'une série B redoublant d'efficacité au fil d'une dramaturgie escarpée. Sur le thème de l'apocalypse nucléaire et de ses conséquences irréversibles, c'est à mon sens le film plus viscéralement terrifiant (et haletant !) que j'ai pu voir avec le fameux Jour d'Après de Nicolas Meyer, quand bien même le score envoûtant de Tangerine dream n'est pas étranger à l'impact émotionnel de cette course (vaine) contre la montre.
B-M. 2èx
Récompense: Prix des meilleurs effets-spéciaux au festival international du film de Catalogne.
08.12.16
04.03.11 (266 v)
Photo empruntée sur Google, appartenant au site encyclocine.com
de Nicholas Meyer. 1983. U.S.A. 2h06. Avec Jason Robards, JoBeth Williams, Steve Guttenberg, John Cullum, John Lithgow, Bibi Besch, Lori Lethin, Amy Madigan.
Diffusion TV U.S: 20 Novembre 1983. Sortie salles France: 25 Janvier 1984
FILMOGRAPHIE: Nicholas Meyer est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 24 Décembre 1945 à New-York.
1979: C'était demain. 1982: Star Trek 2. 1983: Le Jour d'Après. 1985: Volunteers. 1988: Les Imposteurs. 1991: Company Business. Star Trek 6. 1999: Vendetta.
Phénomène télévisuel lors de sa diffusion américaine à tel point qu'il créa un vent de panique chez plusieurs spectateurs (un standard téléphonique était à disposition le jour même de sa projection !), Le Jour d'Après a engendré un tel impact émotionnel que notre pays hexagonal s'est empressé de l'exploiter en salles de cinéma. Oeuvre de fiction post-apo illustrant les conséquences catastrophistes d'une troisième guerre mondiale assujettie au péril nucléaire, le Jour d'Après décrit avec un réalisme abrupt la survie d'une centaine de survivants touchés par la radioactivité. Établi en trois parties, la narration s'attache de prime abord à nous décrire la quotidienneté de diverses familles peu à peu enclins à l'inquiétude lorsque les infos télévisées annoncent un conflit politique de grande envergure entre l'URSS, l'Allemagne de l'Est et les Etats-Unis. La caractérisation des personnages nous est illustrée de manière traditionnelle dans leur principes de valeurs morales liés à l'harmonie familiale. Au fil des informations alarmistes retransmises à la télé et à la radio, l'anxiété et l'appréhension des citadins commencent à prendre une ampleur incontrôlée quand certains d'entre eux décident d'investir les centres commerciaux afin de remplir leur cadis. Alors que toute une famille se réfugie au fond d'une cave pour se prémunir d'une potentielle attaque, certains pèlerins situés à des kilomètres de leur foyer tentent de rejoindre leurs proches le plus furtivement qu'ils peuvent.
C'est au moment où les missiles américains sont envoyés vers l'URSS qu'une riposte fatale va plonger les Etats-unis dans un holocauste nucléaire d'une envergure apocalyptique. Les effets spéciaux perfectibles alternant le cheap et le réalisme (épaulé de stock-shots issus des films Un Tueur dans la foule et Meteor) réussissent néanmoins à provoquer une terreur insondable. C'est d'abord l'explosion de missiles atomiques ébauchant l'icône du fameux champignon qui nous est asséné de plein fouet devant le témoignage d'une population horrifiée. Brasiers industriels, destructions massives de cités urbaines décharnées nous sont ensuite représentées avec une vigueur visuelle proprement cauchemardesque. Pour une production télévisuelle, Nicholas Meyer frappe fort dans sa détermination à secouer le public sans esbroufe mais avec un effort de persuasion dont l'impact se révèle inévitablement éprouvant. Cette seconde partie, aussi concise qu'elle soit, réussit avec une efficience implacable à provoquer une stupeur et une terreur proprement viscérales !
La dernière partie, la plus prolixe, poignante et jusqu'au boutiste nous illustre les conséquences du désastre atomique à travers le destin d'une poignée de survivants et de ces quelques familles désunies que le réalisateur avait pris soin de nous familiariser. Avec des moyens considérables et l'entremise de centaines de figurants, le réalisateur décrit "l'après apocalypse" par l'entremise d'images saisissante de désolation. Amas de cendres sur les champs calcinés, forêt clairsemée dénuée de végétation, arbres dépouillés de feuillage, cadavres d'animaux, charniers de cadavres en décomposition ou momifiées. L'odeur du choléras et de la mort distillent dans l'air une atmosphère feutrée tandis que des pillards et terroristes sans abri tentent d'imposer la loi du plus fort. Cette dernière partie très impressionnante dans sa vision dantesque de fin d'un monde nous immerge au sein d'une Amérique agonisante où chaque survivant erre sans lueur d'espoir à la manière de zombies condamnés.
Cri d'alarme contre la menace du péril atomique si une troisième guerre mondiale devait un jour aboutir, le Jour d'Après est une impitoyable charge contre la politique de nos gouvernements en divergence insoluble. La verdeur de ces images morbides compromises à l'impact foudroyant du cataclysme nucléaire laissent en mémoire l'achèvement d'un génocide en décrépitude. Terrifiant jusqu'au malaise nauséeux, en espérant ne jamais connaître pareille infortune !
Note subsidiaire: On estime à plus de 100 millions le nombre d'Américains à avoir regardé ce téléfilm depuis sa première diffusion.
29.11.12. 4èx
B-M
Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me
de Lynne Littman. 1983. U.S.A. 1h34. Avec Jane Alexander, William Devane, Rossie Harris, Roxana Zal, Lukas Haas, Philip Anglim, Lilia Skala.
FILMOGRAPHIE: Lynne Littman est une réalisatrice, scénariste et productrice, née le 26 Juin 1941 à New-York, USA.
1973: In the Matter of kenneth. 1980: Once a Daughter. 1983: Le Dernier Testament. 1999: Freak City (télé-film). 1999: Having our say: the delanys sister's 100 years (télé-film).
Sorti la même année que Le Jour d'Après, Le dernier Testament prend le contre-pied du trauma post-apo de Nicholas Meyer pour décrire les effets collatéraux d'une bombe nucléaire sur la population civile. Car ici, point de catastrophe spectaculaire et de visions morbides de victimes décharnées sous les effets radioactifs, Lynne Littman optant la sobriété afin de mettre en valeur le caractère humain de sa tragédie. Dans une petite banlieue de San Francisco, les habitants sont soudainement avertis d'un message télévisuel leur indiquant que des engins nucléaires viennent d'exploser sur leur territoire. Une mère de famille, dont l'époux vient de s'absenter, tente de préserver ses enfants quand bien même le nombre de victimes commence à progresser.
Inédit en Dvd, Le Dernier Testament est une modeste production aussi méconnue que l'identité de sa réalisatrice mais qui s'avère pourtant digne d'intérêt dans sa puissance dramatique. En privilégiant à tous prix la force de suggestion réfutant l'esbroufe, Lynne Littman dénonce les effets dévastateurs de la bombe nucléaire avec une pudeur émotive qui force le respect. Car ici point de pathos pour nous bouleverser d'une situation aussi catastrophiste (bien que cette bourgade de San Francisco n'ait jamais été directement touchée par une explosion !) mais une retenue à imposer un sentiment de désespoir inscrit dans la constance et la décence. Ce qui intéresse surtout l'auteur, c'est le cheminement courageux d'une mère de famille pour préserver la vie de ses trois enfants avec son refus de s'y morfondre quand ses proches sont voués à l'inévitable. A travers son destin galvaudé, la réalisatrice brosse un superbe portrait maternel où accablement et lutte pour l'espoir ne cessent de s'entrechoquer. Car rendue garante depuis l'absence professionnelle de son mari, Carol va tenter de relever tous les défis moraux pour survivre après les effets secondaires de la radiation. En jouant la carte de l'intimisme, Lynne Littman nous fait également pénétrer dans la loyauté de cette famille parmi la responsabilité infantile car y accordant une belle place pour leur solidarité. Qui plus est, ce qu'il y a d'inévitablement bouleversant et implacable dans cette tragédie, c'est d'observer de manière impuissante le calvaire psychologique d'une mère toujours plus accablée par la mort de sa progéniture Et de compter sur le souvenir, la foi (après l'avoir dénigré !), la filiation, le soutien, et surtout la fermeté afin de tolérer pareil fardeau.
Bouleversant et remarquablement interprété (Jane Alexander force l'admiration dans son épreuve de force interminable !); Le Dernier Testament est un réquisitoire contre l'holocauste nucléaire inscrit dans la pudeur et la dignité humaine. Une oeuvre modeste mais fragile qu'il faut impérativement redécouvrir pour juger de son intensité émotionnelle et sa simplicité narrative allant droit à l'essentiel.
B-M
3èx
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