mardi 31 janvier 2017

Cronos

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

de Guillermo Del Toro. 1993. Mexique. 1h34. Avec Federico Luppi, Ron Perlman, Claudio Brook, Margarita Isabel, Tamara Shanath, Daniel Giménez Cacho.

Sortie salle Mexique: 3 Décembre 1993. France (uniquement en Dvd): 18 Août 2001.

FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique). 1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim. 2015: Crimson Peak.


Quelle bien étrange écrin que ce Cronos, premier long du maître Guillermo Del Toro réalisé en à peine 45 jours. Fascinant à plus d'un titre car détournant les codes avec originalité et inspiration, le récit se focalise sur la découverte d'une curieuse relique qu'un antiquaire vient d'acquérir du fond de son magasin. Appartenant autrefois à un alchimiste, cet objet de couleur or formant un scarabée possède la faculté de rendre la vie éternelle à celui qui se laisserait perforer par son dard. Dès lors, sous le témoignage curieux de sa petite fille, le grand-père sombre dans une addiction incontrôlée au moment même où un magnat à l'agonie s'efforce de se procurer le talisman parmi l'appui de son brutal neveu. Eclairé d'une photo désaturée au sein de décors domestiques rétros, Cronos emprunte le mythe du vampirisme de manière à la fois baroque et singulière si bien que le film ne ressemble à rien de connu. Dominé par la prestance charismatique du grand Federico Luppi parfaitement à l'aise dans sa fonction véreuse de zombie en régénération, Cronos renoue avec la noblesse d'un fantastique pur et dur car façonnant un univers surnaturel irrésistiblement envoûtant, de par son réalisme blafard sortant des sentiers battus. 


Outre le fait de croire facilement à ce que l'on nous raconte, la force du récit réside notamment dans l'art et la manière iconoclaste de le conter sans les artifices usuels du genre et sous l'impulsion d'une poésie macabre inattendue ! Je songe aux rapports intimes que s'échangent respectueusement la petite fille et son grand-père, communément complices d'une découverte improbable impartie à la vie éternelle. Métaphore sur l'addiction et la peur de la vieillesse entraînant inexorablement la mort; Cronos est également une forme de catharsis afin d'accepter l'hérédité du trépas comme le souligne à terme la résolution morale du héros refusant de se laisser berner par sa seconde peau. Semé de clins d'oeil aux classiques du fantastique moderne (on songe inévitablement à Hellraiser pour la boite de Pandore et son initiation à une douleur finalement apaisante), sa structure narrative détonne et déroute dans son refus de se plier aux conventions du genre. Notre anti-héros sévèrement malmené par un tortionnaire étant contraint de subir divers sévices corporels avant de mourir et de pouvoir renaître de prime abord dans un piteux état grâce au scarabée d'or. Ce dernier n'ayant pas comme motivation éculée (à une rare exception !) de se procurer du sang frais pour subvenir à ses besoins nutritionnels ! Il en émane une drôle d'ambiance quelque peu débridée, décalée; à la limite de la cocasserie lors des confrontations musclées avec le neveu décervelé (formidable Ron Perlman par sa présence mastard décomplexée).


Moi Vampire, chronique de la douleur. 
Série B horrifique particulièrement efficace et fascinante de par son schéma narratif hétérodoxe hérité du cinéma d'auteur, Cronos possède de sérieux atouts pour embarquer le spectateur dans une bien étrange histoire de vampirisme face au témoignage d'une innocence beaucoup plus lucide et téméraire qu'elle n'y parait. Il y émane un splendide conte macabre tout à la fois étonnamment baroque et imprévisible, parfois même assez viscéral à travers la caractérisation sclérosée du mort-vivant en quête de rédemption. Du grand cinéma Fantastique au demeurant. 

B-D
12.09.24. 4èx. VESTFR

Récompenses: Festival de Cannes 1993 : Prix Mercedes-Benz
Guadalajara Mexican Film Festival 1993 : prix DICINE
Festival international du film de Catalogne 1993 : meilleur acteur pour Federico Luppi, meilleur scénario pour Guillermo del Toro
Festival international du nouveau cinéma latino-américain de La Havane 1993 : meilleure affiche, meilleur premier film pour Guillermo del Toro
Premio Ariel 1993 : Ariel d'or pour Guillermo del Toro, meilleur acteur dans un rôle mineur pour Daniel Giménez Cacho, meilleure direction pour Guillermo del Toro, meilleur premier film pour Guillermo del Toro, meilleure histoire originale pour Guillermo del Toro, meilleure direction artistique pour Tolita Figueroa, meilleur scénario pour Guillermo del Toro, meilleurs effets spéciaux pour Laurencio Cordero
Festival international du film fantastique de Bruxelles 1994 : Corbeau d'argent
Fantasporto 1994 : meilleur film, prix du public et meilleur acteur pour Federico Luppi
Saturn Awards 1995 : meilleure sortie vidéo
Premios ACE 1995 : meilleur premier film pour Guillermo del Toro
Fantafestival 1995 : meilleur réalisateur pour Guillermo del Toro

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