Photo empruntée sur Google, appartenant au site orangemagazine.ph
de M. Night Shyamalan. 2017. U.S.A. 1h57. Avec James McAvoy, Anya Taylor-Joy, Betty Buckley,
Jessica Sula, Haley Lu Richardson, Brad William Henke, Sebastian Arcelus.
Sortie salles France: 22 Février 2017. U.S: 20 Janvier 2017
FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry.
1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit. 2017: Split.
Si M.Night Shyamalan a toujours divisé une partie du public et de la critique (même s'il faut reconnaître qu'il est capable du meilleur comme du raté), on ne peut nier sa passion, sa sincérité et son amour du genre comme il le prouve à nouveau avec Split. S'efforçant à chacun de ses projets de crédibiliser avec savoir-faire des intrigues particulièrement originales, voires singulières afin de surprendre le spectateur embarqué dans un univers fantastique que n'aurait pas renié Rod Serling (twist récurrent à l'appui), M. Night Shyamalan atteste avec Split qu'il est capable de soigner le fond et la forme avec ce même goût immodéré pour le genre. Gros succès commercial international tel qu'il ne l'avait pas connu depuis 6è sens et Incassable, Split puise son intérêt et son intensité dans l'ossature d'une intrigue bougrement originale basée sur une réelle pathologie, le "trouble dissociatif de l'identité". Une pathologie mentale définit en 1994 auquel le patient souffre de multiples personnalités après avoir été maltraité durant son enfance dans la majorité des cas (agressions physiques et sexuelles). Perturbé par ces 23 personnalités, Kevin est suivi par la psychiatre Karen Fletcher afin de canaliser ses multiples identités. Un beau jour, sur un parking, il kidnappe trois adolescentes sans connaître de prime abord les véritables motifs de cette soudaine agression. Recluses dans la cave d'un sous-sol, elles vont tenter de s'extraire de leur geôle quand bien même Kevin est sur le point d'extérioriser une 24è identité.
A partir de cette intrigue aussi passionnante que fascinante, M. Night Shyamalan insuffle une belle efficacité dans son lot de stratégies d'évasion et de confrontations violentes que se disputent victimes et bourreau entre deux séances de thérapie que ce dernier se réserve de consulter. Outre l'intensité soutenue d'un suspense ciselé, Shyamalan cultive un thriller horrifique d'autant plus substantiel sous l'impulsion d'une étude caractérielle. Car en dépit de l'attention scrupuleuse imputée au portrait schizo du malade en proie à ses démons internes et prochainement apte à engendrer un personnage d'un genre nouveau, Shyamalan souligne en parallèle le profil d'une des 3 victimes étrangement taiseuse et pondérée depuis une maltraitance sexuelle. Sur ce point, Anya Taylor-Joy s'avère presque aussi magnétique que son rival dans son jeu fiévreux de victime à la fois apeurée, perspicace et flegme si bien qu'elle ne cède jamais à la panique auprès de sa survie. En nous dévoilant sobrement par l'entremise de flashback sa condition traumatique d'une enfance maltraitée, Shyamalan établit un rapport étroit avec le kidnappeur également soumis à un passé assez commun. Au-delà de ses personnages bien dessinés (notamment au niveau de la posture anti-potiche des victimes secondaires s'efforçant de trouver une solution d'échappatoire avec inventivité, et donc sans se vautrer dans les vulgaires clichés), Split est notamment transcendé par la performance caméléon de James McAvoy. L'acteur terriblement expressif et spontané se fondant dans la peau de divers personnages avec une intensité viscérale trouble, entre fascination et doux malaise. Grâce à la disparité de son jeu sournois, sarcastique et délétère souvent imprévisible, la montée progressive du suspense gagne en intensité horrifique lors de ses accès de démence si bien que la dernière demi-heure fertile en rebondissements insuffle une angoisse en crescendo. Notamment de par la cruauté tolérée à certaines situations de survie d'où pointe le désespoir. Quand bien même Shyamalan culmine ses confrontations psychologiques et musclées par le biais d'une idée saugrenue follement astucieuse (l'auto-suggestion que le patient parvient à imprimer dans sa chair) sans jamais sombrer dans le grand-guignol de comptoir.
Croyez en la bête !
Suspense horrifique aussi tendu qu'anxiogène doublé d'un drame moral auquel l'empathie éprouvée pour le duo commun renforce le caractère crédible d'une pathologie mentale aussi atypique (sur ce point, Shyamalan réussit en prime l'exploit de ne pas faire chavirer l'intrigue dans le ridicule vers son dernier acte incongru), Split scande un superbe affrontement psychologique autour d'un plaidoyer pour la cause animale (leur condition d'embrigadement et d'exhibition) et d'une métaphore sur la bête qui sommeille en nous (en l'occurrence chez les victimes de maltraitance infantile soumises à un trauma inapaisable).
Eric Binford.
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