jeudi 9 mars 2017

THEATRE DE SANG

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"Theatre of Blood" de Douglas Hickox. 1973. Angleterre. 1h44. Avec Vincent Price, Diana Rigg, Ian Hendry, Harry Andrews, Coral Browne, Robert Coote, Jack Hawkins, Michael Hordern, Arthur Lowe.

Sortie salles France: 16 Août 1973. U.S: 5 avril 1973

FILMOGRAPHIEDouglas Hickox est un réalisateur britannique, surtout connu comme réalisateur de films d'action, né le 10 janvier 1929 à Londres, ville où il est mort le 25 juillet 1988. 1959 : Behemoth the Sea Monster coréalisé avec Eugène Lourié. 1963 : It's All Over Town. 1964 : Just for You. 1969 : Les bicyclettes de Belsize. 1970 : Le Frère, la sœur et l'autre. 1972 : La Cible hurlante. 1973 : Théâtre de sang. 1975 : Brannigan. 1976 : Intervention Delta. 1979 : L'Ultime Attaque. 1983: The Hound of the Baskervilles (TV). 1984 : The Master of Ballantrae (TV). 1985 : Blackout


Clairement influencé par le succès de l'Abominable Dr Phibes, Douglas Hickox recrute le notoire Vincent Price et reprends les mêmes codes narratifs (vengeance diabolique perpétrée par un mort revenu d'outre-tombe, humour noir en roue libre par le biais de ses mises en scènes morbides, romance en berne avec sa fille prévenante) pour parfaire Théâtre de Sang. Satire au vitriol des critiques aussi bien intransigeantes que bien-pensantes, cette farce macabre compte prioritairement sur l'efficacité de ses scènes chocs à la fois redoutablement cruelles et singulières pour divertir un public complice. Car prenant pour anti-héros un personnage emphatique issu du milieu du théâtre, Théâtre de Sang se focalise sur la vengeance de Lionheart depuis que des journalistes auront préféré imputer un prestigieux trophée au profit d'un acteur concurrent.


Baignant dans un climat de douce folie où le baroque se dispute à l'excentricité, Théâtre de Sang s'édifie en jubilatoire jeu de massacres sous le pilier d'une intrigue simple mais habile (notamment la manière dont Lionheart est parvenue à s'extirper de la mort puis sa rencontre impromptue avec sa nouvelle troupe de théâtre). Un hommage persifleur aux pièces de Shakespeare et au cinéma d'épouvante hérité des grands classiques (l'Homme au masque de cire, le Fantôme de l'opéra à titres d'exemples). Dans un rôle à nouveau déclamatoire, Vincent Price jubile à se glisser dans la peau d'un acteur sardonique élaborant les pièges machiavéliques sous l'intonation de célèbres citations que Shakespeare lui aura inculqué à travers ses adaptations. Assez proche de son personnage de Phibes, Price évite néanmoins de le singer ou de le caricaturer si bien qu'il se permet ici plus d'extravagance dans ses moult déguisements avec une liberté de ton au naturel décomplexé (le personnage du coiffeur gay à la coiffure psychédélique ou celui du chef cuisto affublé de moustaches affinées). Au niveau des mises à mort inventives, on se surprend de leur cruauté tolérée (la séquence du gavage parmi la recette aux p'tits chiens donnent franchement la nausée) quand bien même certains effets gores ne manquent parfois pas d'audaces avec l'appui d'une violence tranchée (la première victime battue à mort). Enfin, en filigrane, on peut également énoncer une réflexion sur le rapport obsessionnel à la passion lorsqu'un homme épris de vengeance finit en désespoir de cause par sombrer dans une folie meurtrière finalement suicidaire.


Sans atteindre le niveau du chef-d'oeuvre L'Abominable Dr Phibes, Théâtre de Sang constitue autant un hommage décalé aux tragédies de Shakespeare et une diatribe contre les critiques pisse-froids qu'un savoureux divertissement sardonique aussi badin que débridé. A redécouvrir avec un plaisir sadique bonnard. 

Bruno Dussart
2èx

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