lundi 15 mai 2017

LOGAN

                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site lestoilesheroiques.fr

de James Mangold. 2017. U.S.A. 2h17. Avec Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen, Boyd Holbrook, Stephen Merchant, Elizabeth Rodriguez, Richard E. Grant.

Sortie salles France: 1er mars 2017. U.S: 3 Mars 2017

FILMOGRAPHIE: James Mangold, de son vrai nom James Allen Mangold, est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 16 décembre 1963 à New York, dans l'État de New York, aux (États-Unis). 1995: Heavy. 1997: Cop Land. 1999: Une vie volée. 2001: Kate et Léopold. 2003: Identity. 2005: Walk the Line. 2007: 3 h 10 pour Yuma. 2010: Night and Day. 2013: Wolverine: Le Combat de l'immortel. 2017: Logan.


"On se met hors de la vie quand on a tué... Il n'y a pas de retour possible... Légitime ou non, un meurtre vous marque." 
Troisième volet imputé au personnage de Wolverine d'après Marvel Comics, Logan ressuscite le film de super-héros (en berne depuis une dizaine d'années si on excepte un ou deux sursauts) avec une grâce à la fois mélancolique et vertigineuse. Bouleversant drame familial si j'ose dire autour d'un survival mené avec une maîtrise sans fard, Logan constitue un concentré d'actions et d'émotions pures comme rarement le genre ait pu nous en offrir. Car à partir d'une intrigue linéaire relatant l'escapade d'un quatuor de super-héros contre l'armée, James Mangold en extrait un monstrueux divertissement inopinément sombre et sauvage. Sans concession, la vélocité des rixes entre bons et méchants s'avérant d'une barbarie viscérale lors des coups de griffes violemment assénés contre l'ennemi, quand bien même on se surprend de l'acuité dramatique des moments les plus cruels comme le soulignera une circonstance faussement rassurante. Sans céder à l'outrance ou le racolage comme il en pullulent chez les films de supers-héros mainstream, Logan demeure le p'tit canard subversif si bien que les séquences d'action chorégraphiées s'enchaînent (à en avoir parfois le tournis !) et se renouvellent au profit d'un récit substantiel faisant honneur à ses personnages tourmentés.


Modèle d'efficacité par sa structure soigneusement charpentée alternant bravoures homériques et émotion intimiste en la présence de Logan et de sa fille mais aussi de seconds-rôles malmenés (Xavier et Caliban), Logan distille un climat élégiaque (score au clavecin à l'appui !) au sein d'une campagne solaire contrastant avec la désillusion d'un Logan à bout de souffle dans sa retraite anticipée (il est proche du suicide). A travers ses dures expressions où se disputent l'irascibilité alcoolique, le désespoir latent mais aussi la rage de vaincre lors de furieux accès de révolte, Hugh Jackman nous délivre sans doute son plus grand rôle dans ce personnage sclérosé volontiers individualiste au point de délaisser le sort de sa partenaire incessamment traquée par des soldats sans vergogne. On peut d'ailleurs souligner le parti-pris réaliste du réalisateur à nous illustrer lors d'un bref passage explicatif la condition esclave de ces enfants martyrs souvent sacrifiés sous l'autel d'une hiérarchie militaire mégalo. Souvent mutique mais d'un charisme plutôt mature par son regard aussi bien revêche que torve, la petite Dafne Keen partage la vedette de son ascendant avec aplomb, soupçons d'arrogance et une émotion toujours plus fragilisée au fil de sa relation tendue avec son père. A eux deux, ils forment un duo improbable d'une belle dimension humaniste dans leur initiation fraternelle et familiale si bien que le réalisateur en extirpe au final un déchirant requiem avant de nous conclure une leçon de sagesse et de tolérance contre le venin de la haine meurtrière.


Transcendé par la densité humaniste de ces personnages en proie au doute, à la crainte de la vieillesse mais aussi à l'espoir de refonder un semblant de famille, Logan frappe en plein coeur dans son maelstrom d'émotions à la fois brutes et éthérées, notamment lorsque son sujet cible l'exploitation des enfants pour une cause belliciste. Au coeur des affrontements barbares émane une oeuvre initiatique épurée, pleine de bruit, de fureur et d'élégie, où perce une émotion lyrique. Un divertissement adulte avec une âme et un coeur, tel est l'emblème des grands classiques. 

Bruno Matéï

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire