Photo empruntée sur Google, appartenant tvclassik.com
de Glen Morgan. 2001. U.S.A. 1h40. Avec Crispin Glover, Laura Harring, Jackie Burroughs, R. Lee Ermey, William S. Taylor, Kim McKamy.
Sortie salles France: 17 Septembre 2003. U.S: 15 Mars 2003
FILMOGRAPHIE: Glen Morgan est un scénariste, producteur et réalisateur américain né à Syracuse (New York) en 1962. 2003 : Willard. 2006 : Black Christmas. 2016 : X-Files (saison 10 épisode 4).
Remake d'une sympathique mais obsolète série B réalisée en 1971 par Daniel Mann, Willard demeure une fructueuse déclinaison sous la houlette de Glen Morgan. Si bien que ce dernier parfaitement inspiré par le roman de Stephane Gilbert (Ratman's Notebooks) transcende de loin son modèle grâce à la maîtrise de sa réalisation aussi bien inventive que stylisée (photo sépia à l'appui afin renforcer la scénographie gothique de la demeure vétuste), à l'efficacité des séquences-chocs d'une intensité dramatique (à l'instar de cette séquence anthologique d'une cruauté mélancolique quant au guet-apens meurtrier improvisé auprès d'un chat désorienté !) et au jeu halluciné de Crispin Glover en employé névrosé d'une haine refoulée. Les petits yeux éraillés dans son costard de croque-mort, ce dernier insuffle une présence iconique dans sa posture sépulcrale où se contredisent les sentiments d'impuissance, de désarroi et de rébellion en ascension. En patron véreux dénué d'une once de charité, R. Lee Ermey lui partage la vedette avec l'aplomb qu'on lui connait dans une exécrable posture d'orgueil méprisant.
En dépit de la sympathique assistance de Laura Harring en secrétaire prévenante, je préfère vanter la silhouette aussi bien longiligne que nécrosée de Jackie Burroughs (inoubliable mégère dans Simetière !) endossant la maman possessive de Willard avec un charisme famélique proprement terrifiant. Outre l'attrait ludique d'un schéma narratif semblable à son modèle (à peu de choses près), Willard s'avère autrement plus convaincant lorsque le réalisateur s'efforce sans peine à nous faire croire au domptage amical de l'anti-héros avec sa meute de rats. Décuplés en masse, ces derniers s'avérant franchement impressionnants lorsqu'ils accourent dans une hiérarchie militaire pour déchiqueter portes, fenêtres et pneus de voiture avant de passer à l'acte criminel sous l'allégeance de leur mentor. Autour de la relation amiteuse entamée entre Willard et son chouchou, Socrate, le redoutable Ben tente de lui voler sa place avec une jalousie pernicieuse. Glen Morgan recourant notamment à des séquences haletantes beaucoup plus spectaculaires et horrifiques que son modèle (ce qui lui manquait cruellement !), et ce sans céder à une quelconque gratuité. Les séquences horrifiques s'enchaînant au rythme de la progression criminelle de Willard et avant que les rats ne lui tiennent tête sous l'impériosité de Ben.
Sardonique et cruel (son épilogue référentiel à Psycho, les châtiments invoqués au chat, à Socrate et à l'entrepreneur !) et surtout plus crédible, horrifique et intense que son modèle, Willard constitue l'idéal prototype du remake salutaire.
Eric Binford
3èx
Photo empruntée sur Google, appartenant au site todoelterrordelmundo.blogspot.com
de Daniel Mann. 1971. U.S.A. 1H35. Avec Bruce Davison, Elsa Lanchester, Ernest Borgnine, Sondra Locke, Michael Dante
Date de sortie : 18 juin 1971
FILMOGRAPHIE: Daniel Mann est un réalisateur américain né le 8 août 1912 à Brooklyn, New York (États-Unis) et décédé le 21 novembre 1991 à Los Angeles des suites d'une insuffisance cardiaque. 1952 : Reviens petite Sheba , 1954 : About Mrs. Leslie, 1955 : La Rose tatouée, 1955 : Une femme en enfer, 1956 : La Petite maison de thé, 1958 : Vague de chaleur, 1959 : The Last Angry Man, 1960 : The Mountain Road, 1960 : La Vénus au vison, 1961 : Le troisième homme était une femme, 1962 : Five Finger Exercise, 1962 : L'Inconnu du gang des jeux, 1963 : Who's Been Sleeping in My Bed?, 1966 : Our Man Flint, 1966 : Judith, 1968 : For Love of Ivy, 1969 : A Dream of Kings, 1971 : Willard, 1972 : La Poursuite sauvage, 1973 : Interval, 1973 : Maurie, 1974 : Lost in the Stars, 1975 : Le Voyage de la peur, 1978 : Matilda
A l'origine du projet, il y a un roman, Ratman's Notebooks de Stephen Gilbert, paru en 1968 aux Etats Unis. Trois ans plus tard, le réalisateur Daniel Mann le transpose à l'écran en prenant pour vedette le débutant Bruce Davison (une sobre prestation perfectible mais néanmoins convaincante !) ainsi que d'éminents seconds-rôles parmi lesquels Elsa Lanchester (La Fiancée de Frankenstein), Sondra Locke et Ernest Borgnine. A sa sortie en salles, le film récolte un joli succès si bien qu'une suite beaucoup moins sombre (car plus familiale) intitulée Ben sera rapidement mise en chantier sous la houlette du cinéaste Phil Karlson. Timoré et introverti, Willard est un jeune employé d'une entreprise ayant des rapports houleux avec son patron tyrannique. Après le travail, il s'isole en compagnie de sa mère alitée dans leur grande bâtisse gothique quand bien même quelques acolytes de celle-ci viennent parfois leur rendre visite. Un jour, Willard se distrait de l'intrusion d'un rongeur dans son jardin. Le début d'une étrange et tragique histoire d'amitié va se nouer entre eux. Pour ceux ayant vécu leur adolescence à l'époque charnière des années 80 n'ont jamais pu oublier sa première diffusion TV du lundi soir dans le cadre de l'émission l'Avenir du futur. Alors que le lendemain, durant la cour de récré, on s'empressait de relater avec fascination passionnelle le fameux film d'épouvante diffusé à une heure de grande écoute !
46 ans plus tard, que reste-t'il de ce petit classique des années 70 après qu'un excellent remake fut mis en chantier en 2003 par Glenn Morgan ? On ne peut pas dire que la réalisation académique et le montage elliptique soient au beau fixe, et ce même si un charme désuet s'y fait ressentir à travers cette attachante histoire d'amitié entre un homme et deux rats que Daniel Mann nous content avec une sensible attention. En prime, sa partition musicale archaïque, en quasi décalage avec l'époque dans lequel il fut conçu prêterait même à confusion si bien qu'on croirait que le film pourrait dater des années 50 ! Outre ses couacs et son aspect vétuste émanant d'une réalisation beaucoup trop canonique, Willard parvient encore à nous séduire et nous toucher grâce à son récit à la fois débridé et dramatique évoquant les rapports troubles entre Willard et son escorte de rats. Quand bien même Daniel Mann fustige au passage l'exploitation ouvrière auprès de la dictature d'un patron vénal (formidable Ernest Borgnine dans ses outrances gouailleuses !), ce dernier étant prioritairement responsable de la déliquescence morale de son employé prochainement voué à une rancoeur vindicative. Willard s'impose alors en conte horrifique à travers ce portrait fragile d'un célibataire endurci constamment raillé et discrédité par son entourage amical (si on excepte sa vaine liaison avec une secrétaire), professionnel, voir même familial (sa mère possessive le considère comme un raté en dehors de son bon caractère), si bien que sa nouvelle relation entamée avec les rats va enfin lui permettre de se forger une autorité et s'affirmer auprès des autres lors d'un règlement de compte meurtrier. Un acte de rancoeur finalement aussi couard qu'ingrat, tant auprès de la victime assassinée que des rongeurs exploités à des fins criminelles puis finalement sacrifiés au profit de la nouvelle indépendance de leur mentor.
La nuit du Rat
En dépit de ces scories susmentionnés, Willard reste un divertissement aussi bien attachant que bonnard dans son lot de séquences intimistes et incidents progressivement horrifiques, certes désuets, mais néanmoins crédibles quant aux rapports de domination/soumission (et vice versa) imputés entre Willard et Ben. Réflexion sur leurs rapports de force où possessivité, jalousie et désir de surpasser son allié empruntent le cheminement de la sédition, Willard ne manque pas de provoquer l'empathie à travers le portrait sensible d'un marginal livré au désespoir de la solitude.
Note: Il s'agit d'un des premiers rôles de Bruce Davison au cinéma. Dans le remake, il incarne le père de Willard.
Eric Binford16.05.17
27.01.11. 92
FILMOGRAPHIE: Daniel Mann est un réalisateur américain né le 8 août 1912 à Brooklyn, New York (États-Unis) et décédé le 21 novembre 1991 à Los Angeles des suites d'une insuffisance cardiaque. 1952 : Reviens petite Sheba , 1954 : About Mrs. Leslie, 1955 : La Rose tatouée, 1955 : Une femme en enfer, 1956 : La Petite maison de thé, 1958 : Vague de chaleur, 1959 : The Last Angry Man, 1960 : The Mountain Road, 1960 : La Vénus au vison, 1961 : Le troisième homme était une femme, 1962 : Five Finger Exercise, 1962 : L'Inconnu du gang des jeux, 1963 : Who's Been Sleeping in My Bed?, 1966 : Our Man Flint, 1966 : Judith, 1968 : For Love of Ivy, 1969 : A Dream of Kings, 1971 : Willard, 1972 : La Poursuite sauvage, 1973 : Interval, 1973 : Maurie, 1974 : Lost in the Stars, 1975 : Le Voyage de la peur, 1978 : Matilda
A l'origine du projet, il y a un roman, Ratman's Notebooks de Stephen Gilbert, paru en 1968 aux Etats Unis. Trois ans plus tard, le réalisateur Daniel Mann le transpose à l'écran en prenant pour vedette le débutant Bruce Davison (une sobre prestation perfectible mais néanmoins convaincante !) ainsi que d'éminents seconds-rôles parmi lesquels Elsa Lanchester (La Fiancée de Frankenstein), Sondra Locke et Ernest Borgnine. A sa sortie en salles, le film récolte un joli succès si bien qu'une suite beaucoup moins sombre (car plus familiale) intitulée Ben sera rapidement mise en chantier sous la houlette du cinéaste Phil Karlson. Timoré et introverti, Willard est un jeune employé d'une entreprise ayant des rapports houleux avec son patron tyrannique. Après le travail, il s'isole en compagnie de sa mère alitée dans leur grande bâtisse gothique quand bien même quelques acolytes de celle-ci viennent parfois leur rendre visite. Un jour, Willard se distrait de l'intrusion d'un rongeur dans son jardin. Le début d'une étrange et tragique histoire d'amitié va se nouer entre eux. Pour ceux ayant vécu leur adolescence à l'époque charnière des années 80 n'ont jamais pu oublier sa première diffusion TV du lundi soir dans le cadre de l'émission l'Avenir du futur. Alors que le lendemain, durant la cour de récré, on s'empressait de relater avec fascination passionnelle le fameux film d'épouvante diffusé à une heure de grande écoute !
46 ans plus tard, que reste-t'il de ce petit classique des années 70 après qu'un excellent remake fut mis en chantier en 2003 par Glenn Morgan ? On ne peut pas dire que la réalisation académique et le montage elliptique soient au beau fixe, et ce même si un charme désuet s'y fait ressentir à travers cette attachante histoire d'amitié entre un homme et deux rats que Daniel Mann nous content avec une sensible attention. En prime, sa partition musicale archaïque, en quasi décalage avec l'époque dans lequel il fut conçu prêterait même à confusion si bien qu'on croirait que le film pourrait dater des années 50 ! Outre ses couacs et son aspect vétuste émanant d'une réalisation beaucoup trop canonique, Willard parvient encore à nous séduire et nous toucher grâce à son récit à la fois débridé et dramatique évoquant les rapports troubles entre Willard et son escorte de rats. Quand bien même Daniel Mann fustige au passage l'exploitation ouvrière auprès de la dictature d'un patron vénal (formidable Ernest Borgnine dans ses outrances gouailleuses !), ce dernier étant prioritairement responsable de la déliquescence morale de son employé prochainement voué à une rancoeur vindicative. Willard s'impose alors en conte horrifique à travers ce portrait fragile d'un célibataire endurci constamment raillé et discrédité par son entourage amical (si on excepte sa vaine liaison avec une secrétaire), professionnel, voir même familial (sa mère possessive le considère comme un raté en dehors de son bon caractère), si bien que sa nouvelle relation entamée avec les rats va enfin lui permettre de se forger une autorité et s'affirmer auprès des autres lors d'un règlement de compte meurtrier. Un acte de rancoeur finalement aussi couard qu'ingrat, tant auprès de la victime assassinée que des rongeurs exploités à des fins criminelles puis finalement sacrifiés au profit de la nouvelle indépendance de leur mentor.
La nuit du Rat
En dépit de ces scories susmentionnés, Willard reste un divertissement aussi bien attachant que bonnard dans son lot de séquences intimistes et incidents progressivement horrifiques, certes désuets, mais néanmoins crédibles quant aux rapports de domination/soumission (et vice versa) imputés entre Willard et Ben. Réflexion sur leurs rapports de force où possessivité, jalousie et désir de surpasser son allié empruntent le cheminement de la sédition, Willard ne manque pas de provoquer l'empathie à travers le portrait sensible d'un marginal livré au désespoir de la solitude.
Note: Il s'agit d'un des premiers rôles de Bruce Davison au cinéma. Dans le remake, il incarne le père de Willard.
Eric Binford16.05.17
27.01.11. 92
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