de Stuart Gordon. 2003. 1h41. Avec Chris McKenna, Kari Wuhrer, George Wendt, Vernon Wells, Lionel Mark Smith, Timm Sharp.
Sortie salles France: 2 Octobre 2005
FILMOGRAPHIE: Stuart Gordon est un acteur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 11 Août 1947 à Chicago, dans l'Illinois. 1979: Bleacher Bums (Téléfilm), 1985: Ré-animator, 1986: From Beyond, 1987: Dolls, 1988: Kid Safe: the vidéo, 1990: Le Puits et le pendule, La Fille des Ténèbres (téléfilm), Robot Jox, 1993: Fortress, 1995: Castle Freak, 1996: Space Truckers, 1998: The Wonderful Ice Cream Suit, 2001: Dagon, 2003: King of the Ants, 2005: Edmond, Master of Horrors (2 épisodes), 2007: Stuck, 2008: Fear Itself (1 épisode).
Du cinéma brut de décoffrage où la trivialité du Mal emporte la mise.
Concentré d'ultra violence dans son lot de tortures, sévices et meurtres d'une bestialité inhumaine, King of the Ants ne nous laisse pas indemne pour son effarant constat imparti à la nature primitive de l'homme. Par l'entremise d'une intrigue aussi véreuse que fétide qu'extériorisent une poignée d'antagonistes immoraux, Stuart Gordon dérange et choque avec une intensité réaliste inédite au sein de sa riche filmo. Ayant pour mission de supprimer un comptable pour le compte d'un entrepreneur corrompu, Sean Crawley se laisse influencer par la criminalité pour la somme de 15 000 dollars. Faute de sa personnalité aussi médiocre que vulnérable, ce dernier était finalement le pion d'un odieux traquenard commandité par l'entrepreneur et ses sbires. Dès lors, faute de son arrogance et de son chantage compromettant d'importants documents, Sean va passer par une série d'épreuves où tortures morales et physiques vont le mener aux cimes de la folie, et ce avant sa nouvelle mutation identitaire.
Martyr
Récit initiatique d'un quidam victime de sa cupidité, de sa déliquescence criminelle et de ses châtiments corporels, King of the Ants retrace son chemin de croix avec un réalisme cru à couper au rasoir. Et ce jusqu'aux limites de l'insoutenable que les personnes sensibles auront sans doute du mal à encaisser. Les séquences de tortures et règlements de compte meurtriers s'enchaînant au fil d'une endurante vendetta que Sean Crawley va soudainement imposer lors d'un éveil de conscience où haine et désespoir vont lui permettre de se fondre dans la peau d'un démon exterminateur. Car après nous avoir éprouvé avec la mort gratuite d'un comptable livré à sa lâche merci, Stuart Gordon souhaite ensuite nous susciter pitié et empathie quant à la nouvelle condition soumise du meurtrier réduit à l'état d'esclavage (pour ne pas dire légume déficient épris de masochisme). Le réalisateur insistant durement sur ses lynchages quotidiens perpétrés par des complices orgueilleux se complaisant à exercer fougueusement l'innommable. Une manière radicale afin d'interroger le spectateur sur la justification de la violence punitive invoquée sur un assassin aussi lâche que ces tortionnaires. Ce déchaînement d'ultra violence souvent insupportable s'avérant le pilier émotif d'une intrigue amorale semée de rebondissements délétères si bien que l'amour s'invitera subitement par une porte de secours. Cette seconde partie moins éprouvante mais toute aussi malsaine et dérangeante s'attachant à nous décrire la rédemption "perfide" de notre exterminateur désireux d'approcher un semblant d'havre romantique avant que ces anciens démons ne le réveillent à perdurer une ultra violence jusqu'au-boutiste dans sa condition préalablement véreuse.
La bête sommeille en nous
Incongru, sardonique, ultra malsain et terriblement éprouvant quant aux éclairs d'ultra violence à la fois horrifiques et insolents, King of the Ants affiche sans complexe une expérience de cinéma extrême conçue pour mettre en lumière crue notre instinct pervers. Un objet aussi inclassable que poisseux nous livrant sans fard un portrait dérisoire de notre nature primale partagée entre la liberté de choix moral à privilégier la cause fragile du Bien ou celle beaucoup plus simple d'adhérer au Mal.Pour public averti
Bruno Matéi
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