de Giorgio Ferroni. 1972. Italie/Espagne. 1h31. Avec Gianni Garko, Agostina Belli, Cinzia De Carolis, Mark Roberts, Bill Vanders, Teresa Gimpera, Luis Suarez, De Carolis Cinzia, Umberto Raho.
Sortie en salles en Italie le 29 Avril 1972
FILMOGRAPHIE: Giorgio Ferroni est un réalisateur, acteur, monteur, producteur et scénariste italien né le 12 Avril 1908, décédé le 17 Août 1981. 1936: Pompei. 1939: Terre de feu. 1942: Macario au Far-west. 1946: Sans Famille. 1947: Tombolo, paradis noir. 1960: Le Moulin des Supplices. 1961: La Guerre de Troie. 1963: Hercule contre Moloch. 1964: Le Colosse de Rome. 1964: Hélène, Reine de Troie. 1966: Trois cavaliers pour Fort Yuma. 1966: Le Dollar Troué. 1971: La Grande Chevauchée de Robin des Bois. 1972: La Nuit des Diables. 1975: Le dur... le mou... et le pigeon.
D'après une nouvelle de Tolstoi déjà portée à l'écran par Mario Bava avec l'un des fameux sketchs des 3 visages de la peur, La Nuit des Diables renoue avec l'épouvante gothique sous la mainmise de l'éminent Giorgio Ferroni. Car 12 ans après nous avoir ému avec le splendide Moulin des Supplices, celui-ci renouvelle de manière autrement horrifique la romance morbide où perce une mélancolie d'un amour disparu faute d'une insurmontable solitude ! Le Pitch: Blessé, Nicolas est retrouvé dans un état traumatique à proximité d'une forêt. Soigné en institut psychiatrique, il est incapable de se souvenir de son passé. Epris de panique, il semble effrayée à l'idée que la lumière du jour s'obscurcit pour laisser place à la nuit. Sa frayeur s'accentue lorsqu'une jeune femme, Sdenka, vient lui rendre visite dans sa chambre de manière hospitalière. Petit à petit, Nicolas se remémore son passé traversé de fulgurances morbides ! Réalisateur prolifique, Giorgio Ferroni apporte brillamment sa seconde contribution à l'épouvante gothique à travers un climat d'étrangeté prégnant communiant les folklores du vampirisme et du zombie non sans une certaine dérive gore. Car si les scènes chocs magnifiquement filmées, voires étonnamment complaisantes, font preuve d'une poésie morbide typiquement latine, elles sont en prime rehaussées d'étonnants trucages confectionnés par le spécialiste Carlo Rambaldi. Tant et si bien qu'aujourd'hui on reste encore bluffé par son réalisme artisanal, notamment à travers les visages putréfiés filmés en fondu enchaîné à peine décelables ! Franchement bluffant. Prenant soin de magnifier le cadre si inquiétant d'une forêt sépia d'autant plus clairsemée, la Nuit des Diables suit l'itinéraire aléatoire d'un médecin contraint de solliciter refuge auprès d'une famille isolée après avoir failli renverser une inconnue en voiture. Le portrait conféré à ces métayers éloignés du monde urbain nous est soigneusement retranscrit de par leur mode de vie tatillon et leurs expressions fébriles, pour ne pas dire erratiques, émanant d'une posture résolument superstitieuse.
Pour cause, ces derniers héritiers d'un village autrefois populaire se barricadent dès la nuit tombée afin de se protéger d'une sorcière surnommée "vourdalak". Cette créature errante rodant chaque soir aux alentours de leur foyer pour tenter de les contaminer un à un en leur suçant le sang. Nicolas, déconcerté par cet improbable récit va peu à peu se rendre l'évidence que la malédiction de la sorcière n'est nullement une divagation après la disparition soudaine du patriarche. Alors qu'au même instant, il se rapproche de la belle Sdenka lors d'une complicité communément sentimentale. Avec un soin esthétique subtilement baroque, Giorgio Ferroni s'avère redoutablement inspiré pour éveiller l'étrangeté d'une scénographie rurale occulte où errent quelques rares animaux sauvages (les sangliers, les loups éplorés que l'on entend hurler la nuit font office de seconds-rôles proéminents). Qui plus est, afin de cultiver sa propre personnalité plutôt autonome, voire hétérodoxe, il y injecte à travers son sombre récit quelques éclaboussures gores disséminées par moments ainsi qu'un érotisme un chouilla osé pour l'époque afin de secouer le spectateur peu habité au spectacle aussi explicite. Quand bien même sa dernière partie particulièrement haletante renchérit de tension et de terreur lorsque chaque membre des Ciuevelak sera victime des "vourdalaks". Giorgio Ferroni ayant l'intelligence d'éveiller le doute quant à la condition démunie de la dernière victime potentiellement contaminée par ses congénères planqués derrière les bosquets. Visages blêmes de fantômes noctambules en proie à la déraison, sorcière (iconique) profanatrice de sépulture, cadavres perforés puis putréfiés au contact d'une mort violente, rires sardoniques de gosses persifleurs font partie des images saillantes de cette confrontation houleuse entre le Bien et le Mal où l'issue de secours s'avère d'autant plus sarcastique par son refus du happy-end.
Baignant dans le climat trouble d'une nature champêtre inusité de par sa poésie opaque teintée de charnalité, La Nuit des Diables illustre avec une certaine mélancolie capiteuse le conte d'épouvante à travers la détresse solitaire de ces créatures infortunées en requête de soutien. Davantage obscur et oppressant lors de sa dernière partie échevelée, La Nuit des Diables culmine sa trajectoire morbide vers une course poursuite effrontée d'où raisonne le hurlement d'une victime jamais remise de sa psyché torturée. Et le spectateur d'y avoir cru autant que lui avec un masochisme délectable sous l'impulsion de l'élégie malingre de Giorgio Gaslini. Magnifique j'vous dis.
* Bruno
20.10.23. 3èx
05.09.18.
14.12.11 (295 v)
14.12.11 (295 v)
J'avais un doute avant de voir le film et j'ai adoré l'ambiance, l'histoire et la BO
RépondreSupprimerSecond visionnage pour ma part et je l'ai beaucoup mieux apprécié (même si j'avais déjà beaucoup aimé la 1ère fois)
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