Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Tobe Hooper. 1979. U.S.A. 3h05 (version intégrale). Avec David Soul, James Mason, Lance Kerwin, Bonnie Bedelia, Lew Ayres, Reggie Nalder, Ed Flanders.
Sortie salles France: 10 Septembre 1980 (dans une version tronquée). Diffusion TV U.S: 17/24 Novembre.
FILMOGRAPHIE: Tobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas). 1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.
Adapté au cinéma chez nous dans une version tronquée d'1h47, les Vampires de Salem est un télé-film d'une durée initiale de 3h05 que Tobe Hooper signa de son habile empreinte, tant et si bien qu'il s'agit d'une de ses meilleures réussites. Tiré d'un célèbre roman de Stephen King qui en adouba le résultat télévisuel, l'intrigue soigneusement charpentée nous dépeint le profil dubitatif de l'écrivain Ben Mears récemment installé dans sa ville natale, la paisible bourgade rurale de Salem's lot. Or, depuis l'arrivée de l'étrange Richard K. Straker, vieil antiquaire taiseux locataire d'une bâtisse à mauvaise réputation, Ben Mears s'interroge sur ses véritables motivations, quand bien même de mystérieuses disparitions d'ados ont lieu la nuit. A travers son agréable climat solaire implanté au coeur d'une région bucolique somme toute accueillante, les Vampires de Salem dégage un charme à la fois chaleureux et envoûtant, notamment eu égard de la fraternité des citadins, aussi véreux soient certains d'eux car n'hésitant pas à recourir à l'adultère, l'alcoolisme, voir aussi à la passion du ciné fantastique en guise d'ennui ou d'évasion. Incarné par une pléiade de seconds-couteaux familiers des genres et d'autant plus pleinement convaincants à témoigner communément d'une situation pernicieuse gravement hypnotique, les Vampires de Salem plante son univers chimérique et ses personnages bicéphales avec une scrupuleuse attention. Tobe Hooper prenant son temps à donner chair à son univers occulte par le biais d'un réalisme surnaturel ramifié et d'un souci formel cinégénique. Tant auprès de ses séquences horrifiques aussi originales qu'inquiétantes et fascinantes que de la scénographie gothique d'une bâtisse insalubre d'une vénéneuse beauté émeraude. D'ailleurs sur ce point, la vaste maison ornée de pièces secrètes et de cadavres d'animaux tantôt empaillés, tantôt putréfiés se réapproprie des codes de la hantise avec une diabolique suggestion.
D'autre part, sans sombrer dans le ridicule, les créatures vampiriques qui hantent chaque nuit de pleine lune fascinent promptement car elles nous provoquent une fascinante appréhension mêlée de malaise si bien que les maquillages concis et effets spéciaux retors (l'impression de flottement que les vampires exercent sous la brume) s'avèrent redoutablement efficaces pour là encore laisser place à une imagerie singulière. Car ne ressemblant à rien de connu, la grande réussite des Vampires de Salem demeure notamment d'y dépoussiérer le mythe vampirique dans un contexte moderne où plane pour autant un amour irrépressible pour l'épouvante archaïque eu égard du chef des vampires d'un charisme saphir, digne héritier du Nosferatu de Murnau. Outre son magnétisme visuel et narratif permanent et ses scènes chocs disséminées avec souci inventif (notamment la découverte macabre du chien, le croque-mort lentement attiré par l'essence spirituelle du cercueil ou encore l'eau bénite scintillante à l'approche d'un vampire), Les Vampires de Salem s'enrichit des prestances détonantes (pour ne pas dire déconcertantes) de James Mason, en fourbe antiquaire à l'identité quasi apatride, et de David Soul, étonnamment sobre et impliqué en chasseur de vampire toujours plus déterminé en vindicateur héroïque. On peut également applaudir l'interprétation subsidiaire à mi-parcours de Lance Kerwin en jeune ado féru de films d'horreur puis en voie d'initiation rebelle eu égard de son apprentissage à canaliser ses affres du surnaturel depuis une tragédie infortunée. Enfin la beauté naturelle de la sensuelle Bonnie Bedelia (Piège de Cristal, 58 minutes pour vivre) se décline également comme un atout de charme en sus, quand bien même sa romance entamée avec Ben se solde par une surprenante conclusion d'une alchimie onirique amère.
Une formidable réussite télévisuelle donc parvenant sans fard à rajeunir le mythe du vampire séculaire dans une stature cinégénique à la fois irrésistiblement flamboyante, fascinante et ensorcelante. Si bien que dès son générique final on rêve d'une éventuelle séquelle aussi digne que son modèle, et ce même si Larry Cohen s'y est brillamment entrepris 8 ans plus tard de manière autrement déjantée avec l'oublié et sarcastique les Enfants de Salem.
* Bruno
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