Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Alex Lutz. 2018. France. 1h42. Avec Alex Lutz, Tom Dingler, Pascale Arbillot, Nicole Calfan, Dani, Élodie Bouchez, Brigitte Roüan.
Sortie salles France: 29 Août 2018
FILMOGRAPHIE: Alex Lutz, de son vrai nom Alexandre Lutz, est un comédien, humoriste, metteur en scène, auteur de théâtre et réalisateur français, né le 24 août 1978 à Strasbourg. 2015 : Le Talent de mes amis. 2018 : Guy.
"Prenez bien soin de tous vos souvenirs car vous ne pourrez pas les revivre"
Immense cri du coeur que cette déclaration d'amour à la variété populaire par le biais d'un chanteur "ringard" (pour le nommer vulgairement comme qui dirait le bien-pensant) qu'un fils illégitime filme dans sa quotidienneté depuis son désir de remonter sur le podium à l'aide d'un album de reprises, Guy donne le vertige avec émoi sensitif ! Dans la mesure où Alex Lutz, réal et acteur habité par ses ambitions, empreinte la démarche du "documenteur" (les djeuns lui alloueront plutôt le terme "found footage") avec un vérisme plus vrai que nature. Tant et si bien que le cadre de la fiction s'efface ici promptement pour laisser place à une nouvelle réalité qu'une caméra avisée radiographie sans complaisance puisque vouée à immortaliser le tableau criant de vérité d'un chanteur sclérosé en quête (mélancolique) de seconde renaissance. Et n'y voyez aucune dérive sirupeuse de la part de l'auteur pétri de dignité pour son personnage chimérique ! Hymne à la vie, à l'amour, à l'indiscipline (ce refus de rester sage et d'y déroger la déontologie !) et surtout à la fragilité de la vieillesse qu'Alex Lutz aborde avec pudeur et tendresse parfois bouleversantes, Guy nous fait participer à un moment de ciné "docu-vérité" d'une vigueur dramatique scintillante ! (lumières des projecteurs en sus afin d'y d'assurer le spectacle en liesse !).
De par l'intensité du jeu contrarié d'Alex Lutz et du magnétisme de sa voix éraillée qu'un jeune vidéaste ausculte du bout de sa caméra amateur, Guy transpire l'émotion candide et la nostalgie du temps qui passe (images d'archive à l'appui d'une sidérante intensité évocatrice !) au rythme de chansons populaires entêtantes symptomatiques des années 60. Car derrière cet attendrissant personnage profondément humain et caractériel s'y cache un homme solitaire nanti de fragilité et de fêlures. De par ses doutes, ses regrets, sa mélancolie existentielle; ses remises en question, son complexe d'infériorité, sa réputation auprès des intellos condescendants, voir même sa jalousie auprès de la star Cloclo. Si bien que les chansons qu'il nous interprète avec sincérité indéfectible, en concert et dans l'intimité, possèdent cette même tonalité entraînante que les fans aiment chantonner en refrain. Tant auprès des ballades romantiques volontiers naïves que des thèmes pop que la tendance disco des années 70 et 80 perdurera avec succès. Outre ce sublime portrait imparti à un chanteur purement imaginaire (mais oh combien référentiel !) accédant difficilement au cycle du 3è âge, Guy nous imprime sur image un reportage sur la mémoire et le parfum de l'âme que symbolise le "souvenir" à travers cet homme dépassé par le temps et la modernité. Un album d'images fertile d'anecdotes, de confidences, de musique, de retrouvailles s'ouvre donc à nos yeux d'enfants car Guy remémore notamment l'innocence des premiers émois, des premiers amours, des premiers succès musicaux avec une intensité nostalgique profondément vertigineuse. Notamment eu égard des intervenants connus (Michel Drucker, Julien Clerc, Dany et quelques émettrices radios) et méconnus se fondant dans la fiction avec une vérité humaine confondante d'humilité.
Guy Jamet
Biopic musical lumineux par le biais d'une ringardise assumée si fédératrice, fougueuse, chaleureuse et communicative de par sa simplicité populaire, Guy fait entrer dans la légende des chanteurs oubliés un personnage méconnu aujourd'hui reconnu par le biais d'un vidéaste amateur en voie d'apprentissage auditif. S'il s'avère aussi beau, tendre et bouleversant qu'un futile coucher de soleil, Guy n'oublie pas pour autant de verser dans la drôlerie au travers de sa quotidienneté routinière ou de ses rapports intimistes jalonnés de répliques hilarantes (notamment les rapports parfois orageux entre Guy et sa jeune épouse). Inoubliable pour clore sur une note aussi spontanée que chétive si bien que, comme le résume Guy Jamet, notre destinée éphémère s'éclipse aussi vite qu'un battement de cil. Car même le souvenir n'est qu'une illusion...
Dédicace à Frederic Serbource
* Bruno
"Toutes les images disparaîtront. Elles s'évanouiront toutes d'un seul coup comme l'ont fait des millions d'images qui étaient derrière les fronts des grands-parents. Des parents eux aussi. Et l'on sera un jour dans le souvenir de nos enfants au milieu de petits enfants et de gens qui ne sont pas encore nés. Comme le désir, la mémoire ne s'arrête jamais, elle a pari les morts aux vivants, les êtres réels aux imaginaires, leur rêve à l'histoire. Tout s'effacera en une seconde. Ce sera le silence et aucun mot pour le dire. De la bouche ouverte il ne sortira rien. Ni je, ni moi. Dans les conversations autour d'une table de fête on ne sera plus qu'un prénom de plus en plus sans visage, jusqu'à disparaître dans la masse anonyme d'une lointaine génération."
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